30/01/2015
Destinée
Descendre les marches vers l’eau douce
Laisser tomber ses vêtements
Se présenter nu devant la reine
Celle qui choisit ton destin
En jaugeant les heureux bénéficiaires
Et courir se cacher parmi les joncs
Tout ceci en rêve indolore et sans saveur
Telle était la vie sur l’île de la Marquise
Morceau de terre acquis sur les flots
Inconnu des hommes du continent
Seules les femmes légères et sveltes
Se promenaient parmi les orangers
Respirant en petits halètements
L’odeur sacrée des fruits célestes
Et la reine tendant la main donnée
Vous indique celle qui sera vôtre
Elle se présente charmante et vive
Souriant de ses dents blanches
Elle ne porte que sa liberté dévoilée
Quelques cheveux au bas du buste
Et ses pommes replètes entre les bras
Elle marche comme une princesse
Mais a déjà un sourire canaille
Et vous regarde comme une proie
Vous êtes celui qu’elle a choisi
D’un clin d’œil rapide et discret
Et votre nudité attire ses regards
Oui, c’est lui, le futur dévoilé
L’homme de mes rêves et envies
Sur qui je porte un œil prude
Il exprime ma vitalité et ma faiblesse
Il a le regard tendre et novice
Des hommes sortis de l’enfance
Un matin au soleil du printemps
Il luit de tous ses pores dilatés
Et enfonce sa présence
Au plus profond de ma passion
Ah, ma reine… Mariez-nous
Et partons pour ce voyage d’une vie
Tendus vers l’horizon
Haletant de baisers
Avant de nous mêler
A satiété
© Loup Francart
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26/01/2015
Errance
Vous arrive-t-il d’être en mal d’être ?
Vous êtes réveillé par une absurdité
Un rêve mal placé sous le crâne
Qui vous harcelle et vous étouffe
Vous suffoquez sans pouvoir respirer
Les bulles du souvenir de la nuit
Remontent en vous inexorablement
Vous revivez les moments pénibles
Où votre amour propre fut en jeu
Et vous palpez les pierres noires
Qui hantent vos profondeurs
Et vous entraînent au désespoir
Vous rampez avec courage et ténacité
Pour respirer parfois ce ravissement
De l’air ténu du chant des anges
Qui vous permet de tenir malgré tout
Malgré les coupures ininterrompues
Des mots, des sentiments et du désir
Fragile, vous êtes, comme l’araignée
Qui se rattache viscéralement à son fil
Vous ouvrez les bras, en chute libre
Tentant de planer dans la fange
De votre inhibition et affolement
Où donc avez-vous la tête et le cœur ?
Plus rien ne vous soutient
Ni le passé, encore moins le présent
Seul l’avenir peut vous faire signe
Et vous entraîner vers une amélioration
De vos relations avec vous-même
Enfin !
La crise s’en est allée
Oublié cet orage en vous
Parti ce furoncle maudit
Qui entraîne votre moi
Vers l’enfer de l’existence
Une étreinte, une caresse
Un signe de l’invisible
A dénoué votre être
Et vous baignez
Dans ce réel
Où rien
N’est
moi
Est-ce Toi. Qui ?
© Loup Francart
07:19 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, existence, spleen, mal de vivre, désespoir | Imprimer
22/01/2015
Echo
Enfants, nous nous plaisions à crier…
Le bruit c’est la vie, puissante
Nous aimions cet étrange son
Qui s’étirait comme un chewing-gum
Et n’en finissait pas de mourir
Telle la queue d’un crocodile qui diminue
Et qui s’agite jusqu’au bout en soubresaut
De sons diffus, de plus en plus rares
Mais qui s’embellissent au fil du temps
Le premier son est oublié
Le dernier mis en valeur
Il peut être puissant comme le A
Il peut être ténu comme le E
Ou gratter l’oreille de sa pointe
Ou étouffer comme un plat de gruau
Il peut s’onduler comme le U
L’oreille suit cette course
Mais elle finit par perdre la trace
De ce ricochet entre les immeubles
De l’entendement et du bon sens
Ne reste que le silence, unique
La nuit après l’aveuglement du jour
Un instant de repos mérité
Comme un bain dans la chaleur de l’été
Les enfants aiment répéter à satiété
Alors repart un son inusité
Pour apprendre l’art de la répétition
C’est une sorte de poésie profane
Qui court le long de l’échine
Et se déracine dans l’espace
Jusqu’à mourir d’atonie
Vous vous sentez lessivé
Ce tremblement compulsif
Vous donne le vertige...
Marcher sur un fil à mille pieds
N’est pas un exercice commun
Parfois l’envie de plonger vous prend
Mais vous vous retenez sagement
Et avancez sur la pointe des pieds
Sans jamais, oh non, les mouiller
Le son meurt comme la vague
Au bord de la consistance
De ces grains de sable qui ornent
La côte de l’imagination délirante
Et qui boivent le hurlement
De la masse d’eau s’effondrant
Vous reprenez souffle et espoir
Mais rien ne vous empêche
De crier à nouveau votre désespoir
Aux anges et aux lutins ailés
Qui s’enchantent de ces débordements
Et s’enivrent de votre folie
Toujours crions encore
Ce qui passe par la tête
Et finit dans le ciel étoilé
Qui nous renvoie sa joie
De nous entendre hurler
© Loup Francart
07:15 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
18/01/2015
Frontière
Il y a de nombreuses frontières
Ces fils de soie qui démarquent l’existence
Entre deux êtres, entre deux pensées
Mais la première frontière
Est celle qui vous coupe en deux
Celle du dehors et du dedans
Elle est ténue comme une bulle de savon
Vous soufflez dessus, elle disparaît
Où est-elle ? Noyée dans l’espace
Disparue du temps, sans consistance
Suis-je celui que tu vois
Ou celui qui me ressent ?
Suis-je cette maladive tendresse
Qui court sous des dehors chatoyant
Ou encore cet oblong animal
Dont toutes les cellules se touchent ?
Quand l’extérieur devient l’intérieur
Et inversement, en un court instant
Où tout chavire dans la tête et le cœur
Alors l’immortalité vous prend
Et vous berce de ses attraits
Tu es et tu n’es pas
La frontière s’en est allée
L’omelette est faite
Le jaune et le blanc se sont mariés
Et cela crée un immense lac
Où le regard se perd en louchant
Oui, j’ai ma consistance entière
Frappez à la porte de l’être
Il vous dévoilera ses secrets
Le gong de ses battements de cœur
L’odeur délicieuse de ses rêves
La sortie de route de ses pensées
Le grattement de ses insuffisances
Le chatouillement de ses humeurs
Le dehors vous importune-t-il ?
Tournez-vous vers le dedans
Plongez dans votre piscine personnelle
Faites glisser l’archet sur la souffrance
Pour en tire des sons de miséricorde
Puis,
dans la solitude de votre être
Contemplez ce ruissellement sauvage
Qui coule dans vos veines
Et vous enivre d’un alcool pétillant
Je n’ai plus de frontière. Je suis
Unique et mal foutu, être vivant
Et bien vivant, devant une vie d’extase
Où le soleil tourne sur lui-même
Le jour où il s’arrête ne viendra jamais
Je serai mort avant
Envolé dans la chaleur de l’absence
Du moi devenu toi ou nous
Quelle misère… Plus de frontière !
© Loup Francart
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, plénitude, existence, moi, soi | Imprimer
14/01/2015
Circuit
Il se leva, déjà dressé sur sa couche
Il ne se retourna pas, sûr de lui
Elle restait seule dans ce lit
Dormant comme une souche
En route ! Il sortit dans la nuit
Le regard éveillé, tendu
Il distinguait le circuit
Cet anneau aux cercles défendus
Il enfila ses gants de cuir
Fit quelques mouvements subtils
Était-ce suffisant pour conduire ?
Rien ne lui sembla hostile
Il enfourcha la machine
S’équilibra sur la selle
Naturellement courbant l’échine
Pour l’épousaille charnel
Sous ses doigts, le bouton
Petit, rond, attirant le regard
Il pressa l’éclat du laiton
L’orage retentit, braillard
Seul le casque manquait à l’appel
Il choisit le rouge couleur sang
Qui était froid comme un scalpel
Puis, passa la vitesse sereinement
Le premier tour fut raisonnable
Il écoutait le chant clair du moteur
Ce son aimé parce qu’indéfinissable
Enfin, il activa le propulseur
Alors, collé à son engin
Le cœur soulevé, ouvert
Il prit son destin en main
Et partit vers l’univers
Courbé sur le réservoir
L’œil sans une larme
Il se laissa aller sans pouvoir
Interrompre le vacarme
Première courbe enjôleuse
Redresse la bête, la bê…ête
Celle-ci poursuivit, audacieuse
Elle semblait pourtant honnête
Il ne put redresser
Il resta de marbre
Mal embossé
Droit dans l’arbre
Eclatement
Explosion
Exactement
La dérision
Elle dormait toujours
Sans savoir son malheur
Elle rêvait d’amour
En attente de douleur
Dans ses yeux rieurs
La pluie lava la peine
Pas besoin de fossoyeur
Elle fut… La reine, sereine…
© Loup Francart
07:38 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vitesse, griserie, passion | Imprimer
10/01/2015
Fugue de mots
Une mèche de cheveux
Une flèche de camaïeu
Surtout ne dis pas
Le fourretout du repas
La bobèche des adieux
Empêche l’invincible insidieux
D'être dissout par l'épiscopat
Partout où règnent les béats
Reviens, ne t‘enfuit pas
Les Troyens ont leurs appâts
Qui les mènent jusqu’aux cieux
Plus rien ne t’interrogea
Au sein du conglomérat
Tu te promènes avec les dieux
© Loup Francart
07:43 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
06/01/2015
Quelques souvenirs de plus
Quelques souvenirs de plus
Quelques regrets en moins
De quoi nous parles-tu
Toi que rien ne touche ni ne broie ?
Hier tu m’as donné la leçon de vie
Aujourd’hui tu regardes l’effet
Rien n’est issu du tout
Il n’y a que le juste milieu
Quelques souvenirs de plus
Quelques regrets en moins
Tu rêves en caleçon long
Perché sur ton trois mâts
Demain, que sera-t-il ?
Nul ne le sait si ce n’est
Celui qui parle pour ne rien dire
Ou qui se tait pour toujours
Quelques souvenirs de plus
Quelques regrets en moins
Pourquoi te dessaisir
De quelques minutes de vie ?
Aujourd’hui tu n’es plus
Le temps et l’espace sont brouillés
Quand était-ce ce charivari ?
Où se trouve celui qui pense ?
Quelques souvenirs de plus
Quelques regrets en moins
Il est parti dans ce lointain pays
Où plus rien n’occupe la pensée
© Loup Francart
07:27 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
02/01/2015
Heure
Je n’ai pas une heure à moi, s’exclame-t-elle
Et pourtant que de temps elle passe à rêver
Aux jours heureux où elle allait seule
Se promener au village, la jupe courte
Retroussée sur ses genoux dorés
Tous l’admiraient avant qu’elle disparaisse
Un jour de pluie, fondue comme neige au soleil
Depuis les hommes courent à sa recherche
Et ne trouvent que le vide sidéral
Qui recouvre sa vie désespérée
Rien ne viendra d’elle-même. Ni le lys
Ni la rose ne peuvent la sauver
Elle était pourtant belle comme la main
Qui caresse le ventre des phoques
Ou comme la joue odorante et câline
Des femmes en mal d’être et de vie
Mais l’heure est achevée, trompeuse
Elle a tourné la tête du patient
Et comme la mécanique céleste
A déposé l’annonce à la chambrée
Qui sonna cette cinquième partie du jour
Une heure, c’est soixante minutes
Une minute, c’est soixante secondes
En êtes-vous si sûr ?
Elle vivait les heures comme en suçant
Un bonbon à la guimauve
Elle pouvait s’allonger en ver de terre
Elle pouvait rapetisser en gnome
Chaque heure devenait la dernière
Au-delà de la seconde rien que le vide
D’ailleurs on constatait qu’elle errait
Ignorante de son savoir à venir
Il lui venait d’un coup, comme une pioche
Qui cogne sur le sel et le rend mesurable
Elle n’était payée que cent sous de l’heure
Pour une œuvre de salut public
Regarder l’horloge et annoncer son écoulement
Dans un temps devenu brouillard
Il lui arrivait de passer un mauvais quart d’heure
Arcboutée sur la petite aiguille
Pour l’empêcher de franchir
Le cap fatidique d’une journée
Elle rentrait épuisée de ces séances
Où le froid et l’effort se conjuguaient
Et l’entraînaient dans la folie
Les heures devenaient mortelles
Elles ne s’écoulaient plus
Et rampaient sous ses pieds malhabiles
La faisant choir du haut de ses vingt ans
Elle connut l’amour sans le vivre
Elle mourut à vingt ans et une heure
Vécue son dernier quart d’heure
Lovée sur elle-même, en prière
La prière de quarante heures
De son corps on ne sait rien
Il s’est évanoui le lendemain
Lorsqu’on ouvrit la salle
Où elle reposait, seule et vierge…
Depuis la vie est un désert !
© Loup Francart
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28/12/2014
Vous arrive-t-il de danser dans la nuit ?
Vous arrive-t-il parfois
En une nuit froide et verte
De courir à la pluie et danser
Nu dans le jardin du père
Vous lancez vos grands rires
Aux étoiles fraichement abattues
Et monte en vous l’ombre
Et le bruit du déhanchement
Du fond de votre boiterie
Vous laissez votre indifférence
Et pleurez en une fois
Sur vos illusions perdues
Mais ce néant qui vous entoure
Vous fait plus fort encore
Que le buis odorant et vieilli
Vous contemplez les eaux usées
Qui s’écoulent en silence
Et y jetez le caillou rageur
Pour emplir votre solitude
D’un plouf retentissant
Où vas-tu ainsi, criez-vous
A votre ombre mouvante
Qui vous entraîne vers le large
Vous ne pouvez résister
Et plongez dans l’eau noire
Irréel vous naissez dans la nuit
Seule une lumière vous guide
Vers la tranche des livres
Vous êtes derrière la bibliothèque
Et feuilletez le décor de la vie
Sans savoir ce qui s’y passe
Et les pages s’égrainent solitaires
Entre les gouttes de pluie
Et la chaleur exubérante
Des fous qui vous entourent
Mais sans doute est-ce vous-même
Qui divaguez dans votre cube
Même en levant les bras
Vous n’arrivez pas à sortir
De ce songe endiablé
Enfin naît le jour attendu
Vous retrouvez vos esprits
Envolée la peur de l’avenir
S’ouvre à nouveau l’espérance
D’une vie nouvelle et tendre
Auprès de celle que vous choyez
Parce qu’elle est le nord
Et le sud et l’est, et même l’ouest
De votre intuition ailée
© Loup Francart
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23/12/2014
Le mal
Le mal se donne les apparences du bien
Il revêt ses habits sacerdotaux
Pour mieux séduire le passant
Il passe dans les rues illuminées
Et récite ses litanies ronflantes
Tout va mal, proclame-t-il
Vous êtes mal parti !
Il ne dit jamais où le monde va
Il s’engouffre dans sa diatribe
Et se gondole de plaisir malsain
De mal en pis il avance
A visage découvert, tête haute
L’œil égrillard, la jambe poilue
Il danse une gigue déhanchée
Et sa musique de bastringue
Fait grincer les dents acidulées
Certains se laissent séduire
Ils courent à tout vent, en toute liberté
Ils suivent le danseur qui s’exhibe
Et pavane devant la foule extasiée
La voie du bien est barrée
Impasse peut-on lire difficilement
Elle est noire comme le ciel
Dans une nuit sans lune
Elle décourage les plus motivés
Qui soupirent à moindre frais
Mal vous en a pris
Vous êtes mal en cour
Mal aimé et mal cuit
Vous errez sans mal dans l’univers
Le cerveau enflé, l’œil désœuvré
Çà la fout mal cette scène
Vous vous sentez au plus mal
Diminué et mal entendant
Mais en vous-même, rayonnant
Vous chantez l’ave maria
Des roses sans épines
Vous regardez au loin
L’étoile du berger
Qui revêt sa lumière éblouissante
Et s’éloigne en catimini
Le mal se donne les apparences du bien
Mais le bien n’a pas de vêtement
Il est la vérité nue, discrète
Et embaume ce monde piquant
De subtils élans du cœur
Nettoyé et attendri
Vous repartez, délivré de cet héritage
Qui tourne mal et s’enfonce
Dans les souterrains de l’abandon
Le bien vaut plus, mais qu’il est mal !
© Loup Francart
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20/12/2014
Avent
L’Avent, c’est le temps délicieux de l’attente
Quand l’obscurité demeure votre seul recours
Vous plongez en vous-même hors de tout discours
Jusqu’à ce que la vacuité vous tente
En un instant la main de Dieu vous prend, hagard
Et vous immerge dans l’abîme cosmique
Le rien devient le tout, vous régnez sur l’Arctique
Vous êtes ensorcelé par ce divin brouillard
Vierge vous devenez, comme la femme
Ouverte sur le monde sans même un requiem
Transfiguré, vous naissez à l’innocence
L’enfant naîtra en vous de l’esprit apaisé
Vous porterez sur les cimes un regard aisé
L’univers se parera de bienveillance
© Loup Francart
07:33 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
16/12/2014
Entre en toi-même
Entre en toi-même et laisse couler le miel
De ton absence et ta détermination
Plonge entier et nu dans l’eau sacrificielle
Coupe-toi de ce monde sans hésitation
Dans ce vide abyssal deviens toi-même
Laisse résonner en toi le cri de la mort
Mais ne crois pas à la magie du baptême
Ni n’y cherche une sorte de réconfort
Parti sur le miroir de l’eau silencieuse
Laisse errer ta personne dispendieuse
Et va au large vers l’existence sans fin
Tel le fou exclu tu iras sans limite
Et poursuivra ce voyage en ermite
Tu n’auras plus à te soucier des aigrefins
© Loup Francart
07:13 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
12/12/2014
Séparation
C'est en ton absence que je crois en toi
Lorsque tu baguenaudes au soleil et
Loin de tout et de tous te laisses enchanter
Par l'air pur et fragile de ta liberté
Alors je m'étire et m'imagine
La danse incongrue du vide sidéral
Qui te traverse, empli de souvenirs
Et fait de toi l'inclassable égérie
Dans mon lit, revêtu de froidure
Mon imagination se peuple
De passants drolatiques
Et de rêves ambigus
Je te rêve en paroles
Et t'étreins en pensée
Les paroles passent
Mais le rêve perdure, prenant...
© Loup Francart
07:32 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
08/12/2014
La pauvre vieille
Elle tenait encore debout, mais comment faisait-elle ?
Dans la nuit tombante, j’ai failli marcher dessus
Petit tas de vêtements sans consistance réelle
Je n’ai vu de sa chair blême que sa main tendue
Les gens circulaient sans la voir, la pauvre vieille
Affairés dans leur tête, échangeant mille soucis
Jamais ils n’oseraient lui tenir la chandelle
Elle se tenait là, ferme sur ses jambes endurcies
Le noir des nuits se mêlait au deuil de ses vingt ans
Elle en paraissait dix de moins, fine tellement
Que son manteau lui tenait lieu d’habitation
Et sous la pluie aigre qu'elle endurait sobrement
Je ne vis jamais ses yeux vêtus d’un pansement…
Elle partit à pas menus, comme en méditation
© Loup Francart
07:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
04/12/2014
Matin
Hier encore je marchais en rêve dans une rue sublime
Où la transparence de l’air et le sourire du passant
Soulevait le cœur et rendait la marche alerte
Des femmes au regard profond passaient devant les vitrines
Les enfants courraient de ci de là sans un cri
L’homme seul allait pied nu dans la poussière
Pesant le poids du monde dans sa démarche lourde
Il avançait sans s’arrêter un seul instant
Sans même admirer le sourire maternel
Et le rire joyeux et tendre de l’enfance délivrée
Il poursuivait sa route les pieds poudreux
Le regard fiévreux, le front empli de mille soucis
Elle avança altière dans la lumière du matin
Tenant haute sur ses chevilles sa jupe plissée
Dévoilant ses mollets de verre sur ses bas étirés
Portant son ombrelle comme un casque vainqueur
L’amour n’eut pas pu être plus convainquant
Avançant sans traîtrise dans la brume du matin
Elle portait sa tête blonde sans ostentation
Et ses cheveux de paille flottaient dans la brise
Elle allait passer près de lui quand elle s’arrêta :
– Qu’est donc cet être sans vie qui passe à ma hauteur ?
Lève donc les yeux et admire ma poitrine
Baigne ton souffle dans mon haleine tiède
Respire le parfum qui m’entoure, frais et vivifiant
Et revit ses instants inoubliables et décoiffant
Où la fine brillance de la rosée sature la pensée
Et la laisse s’échapper dans la vanité du moment
Tu ne reverras jamais plus cette échappée folle
Et ma marche assurée par la franchise de l’heure
L’homme alors leva son bras décharné et anxieux
Et condamna irrémédiablement la femme d’un geste vif
Et se faisant il partit en fumée épaisse et pesante
Jusqu’à ce que la clarté dissolve son odeur pestilentielle
Alors, délivrée de son reproche silencieux
Elle se mit nue dans la rue et entraîna les enfants
Dans une ronde infernale, virevoltant sans vergogne
Entre les pavés où l’intention n’était pas à la hauteur
De son cynisme encanaillé entre ses dents jaunis
Elle poursuivit sa route, sautant les caniveaux
Riant de sa folie, emmenant les enfants dans la moiteur
D’un jour qui n’avait rien d’humain...
La sorcière a posé son emprise sur la rue si calme
D’un matin ordinaire peuplé de fantômes sans vie
© Loup Francart
07:40 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
30/11/2014
Poussière
Elle lui fit mordre la poussière. Qu’était-elle, cette furie ?
Pourtant ses cheveux d’or lui donnaient l’air guilleret
Il tenta sa chance, cherchant à l’embrasser à pleine bouche
Sans dire mot elle lui prit le col, le regarda sans haine
Et d’une hanche adroite le fit passer sur sa tête
Souviens-toi, une femme est un roseau de douceur
Pour qui sait l’approcher avec mérite et respect
Elle ne jette pas la poussière aux yeux du monde
Elle se tient droite, implorante et discrète
Et t’entraine dans son sillage odorant et subtil
Tu es poussière et tu retourneras à la poussière
Le vent te chassera de tes lieux habituels
Tu erreras en solitaire autour de tes envies
Paillettes de cristaux, gemmes éblouissantes
Et le temps passera, rafraichissant la nuit
Bien souvent les hommes se réduisent en poussière
D’autre fois ils baisent la poussière de ses pas
Ses pas adorés parce que menus et annonciateurs
De caresses et tendresses tant recherchées la nuit
Quand le vaincu pleure son combat perdu
Mais n’est-ce point ces poussières cosmiques
Qui se formèrent un jour au-dessus de nos têtes
Pour devenir soleil et lune en harmonie
L’une soutenue par l’autre, froidure et brûlure
Grains en devenir, tourbillon d’ivresse cosmique
Elle vole, perceptible dans le rayon du matin
Lorsque les yeux ouverts sur le jour naissant
Tu contemples ton avenir en brillance
Et te prends à rêver, la larme à l’œil
A celle qui souffle sur la poussière de ta vie
© Loup Francart
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
26/11/2014
Les rats
Ils sortent par milliers des plaques d’égouts
Des soupiraux, des portes et des fenêtres
Qu’arrive-t-il à cette masse de poils
Qui surgit ventre à terre dans la nuit ?
Sur le seuil d’une porte un enfant est assis
Il joue d’une flûte de bois au son aigrelet
Avec deux doigts qui s’agitent frénétiquement
Et impriment au ciel la valse lente des étoiles
Et chaque rat se sent revivre et danse
Sans pouvoir s’arrêter même au lever du jour
Leurs membres sont reclus de fatigue
Mais la danse leur tient au ventre
Quel étonnant spectacle que cette samba
Accompagnée de frôlement de fourrure
Qui font grincer des dents les passants
Et rire les petites filles aux jambes claires
Quand donc cessera ce vacarme insolite
Y a-t-il encore dans ce Paris aux caves sourdes
Un rat non mélomane perclus de rhumatismes
Qui dort sous la gouttière bouchée ?
Non, tous sont là, enchantés et joyeux
Ils dansent à pleines jambes, le tutu de travers
Souriant de leurs longues dents de lait
Pensant aux enfants qui vont sortir des portes
Tout à coup l’un d’entre eux donne l’alarme
Le tintement de l’ouverture électrique
Déclenche l’hallali à la porte de l’immeuble
Ils se précipitent tous dans l’ouverture...
Ce qu’il se passa au-delà de l’entrée
Ne peut être raconté...
Les journaux en parlèrent le lendemain
Mais personne ne sut le triste sort
Des enfants de l’immeuble 69
Dans la rue des Martyrs
Dont les caves s’effondrèrent
Dans un frôlement de poussière
Seul l’évêque Denis, décapité
Qui marcha jusqu’à la basilique
Connait cette histoire ignorée
Car il portait sa tête à hauteur des soupiraux
© Loup Francart
Cette rue fut ainsi nommée car c'est celle qu'aurait empruntée, selon une très ancienne tradition, saint Denis, premier évêque de Paris, martyr, sous l'Empire romain. Après avoir été décapité, il marcha sur cette route, tenant sa tête entre les mains, pour s'écrouler quelques kilomètres plus au nord, où fut fondée la basilique de Saint-Denis. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Rue_des_Martyrs)
07:18 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
22/11/2014
Le grand repos
Elle est venue l’heure sans en connaître le lieu
Tu as senti cette crevasse qui s’ouvrait en toi
Un éclair et puis rien que ce silence mélodieux
Et ce pas dans le vide qui te laisse pantois
As-tu encore le droit de vivre sans connaître
Le temps et l’espace de ta détermination
Ou sais-tu déjà à qui remettre ta lettre
De démission à faire sans vertes ablutions
S’ouvre sous tes pieds fragiles l’ouverture
D’un univers sans fin et même sans reliure
Tu tombes évanoui dans les plis de l’oubli
Et tu ressors lavé de toute forfaiture
Planant en solitaire et déployant toute voilure
Jusqu’à l’instant mythique du bref coupe-circuit
© Loup Francart
07:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
18/11/2014
Cosmos
Où cours-tu ? Ne peux-tu rester calme ?
Entre en toi-même et admire cet espace
La liberté est là, présente et enchanteresse
Une brise douce sous un soleil radieux
Tel le bouchon de champagne qui saute
Tu changes de monde et de portage
La grande classe du cosmos est ouverte
Tu t’y promènes les mains au dos
Et contemples les croisements galactiques
Le siphon du monde ancien vers le nouveau
Te rend plus léger. Le liquide devient gaz
Qui t’élève en toi-même. La vie s’écoule
Les secondes résonnent en toi patiemment
Le temps s’arrête ou, au moins, ralentit
Les images se dédoublent en louchant
Qu’emporterai-je dans cette nouvelle destinée ?
Quelques miettes d’amour, un brin d’amitié
Un trou d’air à la surface des pensées
Et le passage émouvant de mes turpitudes
Aux yeux de ceux qui restent
Merci la terre, le cosmos m’appelle
Désormais je me glisse, mince et serein
Dans l’espace virtuel de la page blanche
Pour y déposer la tache de l’immortalité
© Loup Francart
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13/11/2014
La chambre à grâce
Il arrive que je sente en moi des fuites.
Quelques temps je regonfle mon fond,
Puis, flottant au vent de l’inconduite,
Je repars, à nouveau, vêtu en caméléon.
D’autres fois, le cœur n’y est plus.
La fuite s’accentue jusqu’au trou d’air.
Ce n’est pas que je me sente exclu,
Mais je n’ai plus l’allant de l’écuyère.
Les batteries usées de la tempérance
M’inclinent à la modestie. Trou noir !
Je n’attends pas cette panne de conscience.
Elle survient comme un coup de tranchoir.
L’air me manque, j’étouffe et suffoque ;
Je panique telle la grenouille mal à l’aise
Dans l’eau qui chauffe et la rend équivoque.
Sur mon véhicule, je ne suis plus qu’un obèse.
Sans s’annoncer, elle survient en catimini.
La chute s’accentue, mais je me regonfle
A cette bouffée rafraichissante de paradis,
Telle une caresse vers l’homme qui ronfle.
Je m’éveille à moi-même, l’esprit purifié.
J’aborde cette étape avec circonspection.
Suis-je certain de pouvoir m’évader ?
Je redoute encore une nouvelle crevaison.
Pourtant je repars les naseaux ouverts,
Humant ce ciel limpide en amoureux,
Appréciant ces mouvements de l’air
Qui m’agitent et me font un être radieux.
L’audace revient à grands coups de pagaie.
J’ai chassé en une pensée mes angoisses.
Gonflé à bloc, enivré et béat, je me recrée.
Au fond de l'être, j'ai trouvé la chambre à grâce…
© Loup Francart
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09/11/2014
Lui
Longtemps elle l’a rêvé, il est là l’homme radieux.
Qu’est-il devant elle, la charmante résolue ?
Il vient, se sachant découvert et craignant Dieu.
Elle le regarde, mais signifie-t-il l’absolu ?
Lui qui n’a jamais rêvé devant une femme nue,
S’interroge sur son destin d’homme délétère.
Le guerrier a-t-il encore le pouvoir malvenu
D’outrepasser son rôle et passer la frontière ?
Elle est pourtant ténue cette limite imaginée.
Tendre le bras, pailleté d’or… Vêtue de nuée...
Elle ouvre son regard d’ange et le contemple.
L’homme n’est qu’un double incertain d’elle-même.
Il a moins de forme et se peut-il qu’il m’aime ?
Elle le reconnait et, seule, le conduit au temple.
© Loup Francart
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04/11/2014
Annonce
Hier, couché sans sentiments ni appréhension
L’aménité de l’air incitait à l’absence.
Tu sombras dans un sommeil englué et profond.
Rien ne viendrait troubler ta béate défaillance.
Tu te levas dans la nuit, l’œil encore endormi.
Au dehors la douceur assassinait l’automne.
Noir d’encre, sans couleur, hors de toute académie,
La furie sans parole, perverse et tatillonne.
Qui vit ce ciel encombré, serré sous la lune
D’une éclaircie parcimonieuse et tendre,
Mariage du jour, mêlée de l’infortune ?
Jusqu’au cœur de l’obscurité, rien à attendre.
De lourds nuages volaient très bas. Levant le doigt,
Tu les comptas entiers sans pouvoir les partager.
Ils annonçaient les eaux promises, avec la joie,
Sans incision, d’une mort de l’été annoncée.
C’est bien le dernier jour des rêves alanguis,
Reposant dans l’océan, bercé par la vague,
Avant les cataractes qui te laissent groggy,
Sans soutien solide ni même au doigt une bague.
© Loup Francart
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31/10/2014
Vitalité
Laisse monter en toi le délire de mots
Ferme les yeux à l’apostat !
Elle partit d’un jet, courant sur le pré
Encombrée de sa robe de mariée
Elle nous quitta sans bruit
Pfuit… Plus rien devant nous
J’eus beau chercher sa taille
Je ne trouvais que le bruissement
Des fils de soie de sa ceinture
Qui se dévidaient entre mes doigts
Alors moi aussi je me mis à courir
Derrière les courants d’air
Prenant garde de ne pas m’enrhumer
Jamais je ne pus la rattraper
Nous parcourûmes le monde
Puissant dans nos besaces
L’espoir de nous retrouver
Et de nous jeter dans les bras l’un de l’autre
Mais elle s’échappait plus vite
Allez savoir pourquoi
Elle sentait le stupre et la caresse
Mais volait comme une princesse
Nous passâmes au pôle nord
Refroidis jusque sous les aisselles
Nous parcourûmes le désert
Pleurant de soif derrière l’ombre
Nous naviguâmes toutes voiles dehors
Jusqu’aux confins de la terre
L’œil sur l’horizon, la main sur la barre
Sans jamais rencontrer un être vivant
Aujourd’hui, je poursuis nos fantasmes
Seul, sans pilote ni moteur
Ronronnant petitement, nu sous le soleil
Et me brûle au rêve de mes prédécesseurs
Où donc es-tu passé sous ta robe de taffetas ?
Ton fantôme court-il encore, invisible
Aux regards des hommes en attente
D’un plus grand désespoir ou abandon
Fuis-tu toujours sous l’opprobre
De cette matinée aérienne
Quand tu te levas avant de dire oui
Et sortis sereine sans un pleur
Plus rien ne pourra cacher
Cette blessure béante à ton flanc
Celle de la séparation mortelle
D’avec l’homme d’une vie morose
Altière tu nous quittas, tête haute
Les larmes aux yeux, mais souriante
Et marchas vers ton destin
L’adoration sans faille de la vitalité
© Loup Francart
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27/10/2014
Danse
Ils étaient trois
Trois pigeons sur le bord d’un toit
Dans le carreau de ma fenêtre
Ils dansaient la valse des pigeons
Non… Il était seul, sans autre aide
Que celui du rebord de pierre
Sur lequel il s’épanchait
Sous l’œil impavide des deux autres
La gorge haute, il se dressait
Et avançait à petits pas
Puis deux tours sur lui-même
Sans autre forme de procès
Il revenait vers eux, crânement
Reprenait ses deux tours
En sens inverse, en métronome
Puis repartait en riant
Vraisemblablement, il délivrait
Aux deux autres un message
Que je ne compris pas
Je le voyais, aller et venir
Il poursuivit sa complainte
Devant le manque de réaction
De ces compagnons ahuris
Et s’arrêta, interrogatif
– Ne voyez-vous pas, compatriotes
Que j’esquisse la danse sacrée
Des pigeons délurés
Jamais je ne tombe ni m’étourdis
Oui, il est temps de partir
Devant tant d’incrédulité
D’ailleurs l’un d’eux
Se jeta dans le vide
L’autre, penaud et embarrassé
Voulut conclure ce message
Il se redressa courroucé
Et monta droit dans les cieux
Le danseur resta unique
Sur le bord du toit
Là où toi et moi
Ouvrons nos cœurs de chair
Alors il partit lui aussi
D’un coup d’aile, un froufrou
Qui traversa la rue
Et vint frapper l’attente
Oui, trois pigeons au coin du toit
Dont un dansait la valse
Pour les deux autres
Qui ne virent rien
© Loup Francart
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22/10/2014
Double
Il est parti celui qui est plus que moi-même
Et je ne sais même plus qui je suis devenu
Un grand noir s’est installé, froid de marbre
Je m’y cogne la tête. Elle est toute cabossée
Où es-tu passé mon frère, toi qui m’accompagnais
Au cours du périple inhumain de la vie ?
Dans un brouillard intense, j’erre, solitaire
Je marche les yeux fermés, les oreilles bouchées
Le nez au vent, les mains en avant
Sans revivre ces jours intenses et rafraîchissants
D’une présence personnelle et troublante
Moi-même devenu autre et pourtant moi
Errant dans l’absurdité du monde déchu
Percé de courants d’air et de gaz purulent
Quel malheur ce départ !
Il est parti celui qui est plus que moi-même
Et je ne sais même plus si je suis.
© Loup Francart
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19/10/2014
L'ombre
Longtemps, je ne l’ai pas remarquée
Elle passait inaperçue à mes yeux
Peut-être ne voyais-je pas le soleil ?
Un jour cependant, ou plutôt un soir
Elle m’est apparue, fragile
Comme une ombre d’elle-même
C’était bien mon ombre à moi
Oui, elle me ressemblait
Même profil, encore que j’ai du mal
A contempler mon profil altier
Sans utiliser une glace fraiche
Embuée à sa sortie du frigo
Depuis elle ne m’a plus quitté
Je la trimbale avec moi
C’est ma sœur, encombrante
Elle veut parfois passer devant moi
Elle me pousse vers le chambranle
Et se propulse en courant d’air
Pour entrer la première, rosissant
Devant les regards acérés
Oui, elle me fait de l’ombre
Cette enveloppe sombre
Qui se détache de moi
Sans avoir le courage de me quitter
Parfois elle me sourit
– Qu’en penses-tu ?
Semble-t-elle me demander
J’avoue ne plus savoir
Si elle est mon double
Ou si elle se joue de mes hésitations
Je la contemple se mouvoir
Et sourire à tous, enchantée
De ce subterfuge honteux
Et je dois moi-même sourire
Pour ne pas délier ce mariage
Hors nature avec mon double
Oui, il lui arrive de se coucher
A mes pieds, vers midi,
Et de me dire – Ne bouge plus
Je suis bien près de toi
Laisse-moi reposer contre toi
Me réchauffer à ton corps brûlé
Enflamme-moi dans tes bras
Et courre plonger dans l’eau
Là où les rayons de l’astre
Ne peuvent m’atteindre
Je pourrai alors te laisser en paix
Blottie dans ton corps refroidi
Jusqu’à devenir transparente
– Quelle idée, lui ai-je répondu
Sans toi je ne serai plus
Si tu deviens invisible
C’est que moi-même ne suis plus
Même dans l’eau claire
J’ai besoin de ma consistance
Comment pourrai-je nager ?
Je coulerai et disparaîtrai
A jamais aux yeux de tous
Et c’est ainsi qu’un jour
Il y a déjà longtemps
Je devins transparent
Invisible
Nu
Comme une amibe
Même au microscope
Mes voisins ne m’ont pas trouvé
Ils pleurèrent quelques jours
Puis, de guerre lasse
Me laissèrent partir vers d’autres cieux
Dans ce pays où la lumière
Envahit tout, y compris les êtres
Là l’ombre n’existe pas
Et ne fait plus peur aux femmes
Elles ne se remaquillent plus
Sûres de leur effet sur l’unique
Sans doublure vertueuse
Qui les regarde béatement
Volant de ses petites ailes
Autour de leur personne
Qui rayonne de bonheur
Sans l’ombre d’un doute
© Loup Francart
07:53 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, poème, écriture | Imprimer
15/10/2014
Ange
Quelle expression ! Il est aux anges.
Serait-il confit de sucre et d’olives
Dans un sourire figé et malheureux
Comme le chevalier du ciel
Certains en font le saut
Ils s’élancent de la falaise
De leurs idées préconçues
Et plongent dans la folie
D’autres, en cheveux fins
Enlacent leur possession
D’un filet protecteur
Pour mieux les conserver
Les anges de mer
Planent dans les eaux
Et font de l’ombre
Aux plongeurs ensommeillés
Ils se mangent également
Ces fins vermicelles argentés
Flottant dans leur potage
Comme des bras de poulpe
Peut-être vivront-ils assez longtemps
Pour entreprendre l’estomac
Et vous courber en deux
Dans une crampe dithyrambique
Avec une patience d’ange
Elle contourne le viril
Et le retourne sur le gril
Pour convertir son égo
Les enfants comme les anges
Volent en paquets rieurs
Ils s’amusent de l’effroi
Qu’ils causent inconsciemment
Parfois même, ils se moquent
Des remontrances outragées
Que font dans le village
Les guetteurs de scandale
Pourtant ils existent ces anges
Qui protègent la victime
De l’inlassable opprobre
Des veilleuses à la fenêtre
Mon ange s’exclame la mère
Mais ange est-il celui-ci
Qui court en sabots
Dans la neige de l’innocence
L’ange est fidèle et serein
Il ne cache pas sa préférence
Pour le meilleur de l’homme
Il l’enrobe de ses bras protecteurs
Certains cependant se sont révoltés
Et on acquit l’indépendance
Mais pour quoi faire ?
Ils errent dans le noir et le froid
Déchus, ils recherchent compagnie
Et tendent leur bâton sucré
A ceux qui méditent en silence
Sans savoir vers quoi pencher
Les quatre cavaliers de l’Apocalypse
Ministres de la vengeance divine
Epuisent en rond leurs montures
Pour assurer une victoire amère
Mais il est des anges féminins
Qui font craquer l’homme quel qu’il soit
D’un regard assuré et d’une caresse maligne
Le cœur retourné, le baiser sur la bouche
L’ange de lumière ne se dévoile
Qu'à ceux qui se laisse aller
Dans les bras de l’absence
En toute innocence
Toi, mon ange,
Qu’es-tu pour m’attirer à toi
Ouvrir mon âme asséchée
Et la couvrir de baisers ?
© Loup Francart
07:02 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
11/10/2014
Moi et Toi
Moi et Toi. Qui de nous deux ?
Serais-tu celle que je suis ?
Suis-je celui que tu es ?
Nous sommes deux ou un
Selon le cas, selon l’heure.
La nuit, dans l’obscurité,
Je prends ta main pour la mienne.
Tu me caresses le visage
Et ton souffle veille sur mon corps.
Enveloppé de douceur
Je ne sais plus où je suis.
Suis-je même encore moi-même ?
Je m’approche de ton être.
Tu deviens ce que je suis
Et je suis ce que tu es.
Ensemble nous marchons
Dans notre tête enrubannée
Et portons haut et fort
Notre volonté de vaincre
Ceux qui ne savent pas
Qu’ils sont un en étant deux.
Moi et Toi. Qui sommes-nous ?
Nous sommes l’un multiple
Et rien ne nous détachera.
Si ! Sans doute… la mort.
Mais qu’est-elle finalement
Au regard de l’amour.
© Loup Francart
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07/10/2014
Elle avait des bagues
Elle avait des bagues plein les doigts
Peut-être pour cacher leur fragilité?
Des bagues en poils d’éléphant.
D’autres en eussent fait un manteau,
Le chameau est si commun.
Il eut sans doute été trop lourd
A soutenir par la tige d’acier
Où repose la pyramide de verre.
La tête, comme les doigts, entourée de bagues
Se tisse une couronne d’innocence volontaire.
© Loup Francart
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03/10/2014
Qu'es-tu, toi qui n'es rien
Qu’es-tu, toi qui n’es rien ?
D’où viens-tu, toi qui n’as pas été ?
Où vas-tu, toi qui deviens tout ?
Je me cherche à l’extérieur de moi-même
Je me trouve derrière la frontière
Elle est de verre, invisible, incolore
Je la trouve en un clin d’œil
Mais cette enveloppe est vide
Et d’une richesse infinie
Rien ne vient la troubler
Enfermé dans cette coquille de noix
Je promène mon inexistence
Au-delà des planètes et des galaxies
Tu es ce que je ne suis pas
Je suis de chair et d’os
Tu me donnes l’inexistence
Un être sans squelette
Je flotte entre les strates
Des univers cloisonnés
La lumière se dévoile
Et me rend aveugle
Oui, qui est-il lui qui est tout ?
© Loup Francart
07:38 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer