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23/07/2014

Entre ciel et terre

Entre ciel et terre,
L’odeur argentée des basses eaux
Et la plainte lointaine des oiseaux.
Là voyage l’être,
Au fil de l’horizon bleuté,
Dans le son cristallin du clocher.
L’inconnu entre les mains
Je contemple
La vie et la mort entrelacées.

© Loup Francart

Ile de Ré, un jour d'orage...

22/07/2014

Noosphère

La première pensée, que fut-elle ?

Comment dans cet assemblage de neurones
Est née une idée abstraite, sans consistance ?

Plus qu’une sensation, plus qu’un sentiment
Elle marqua son auteur d’une auréole
Et lui délivra l’avenir de l’humanité

Mais qu’est-ce qu’une première pensée ?
Un premier mot, un premier son,
L’établissement d’un premier rapport
Entre deux objets proches et différents

Serait-ce une étincelle jaillissante
Comme un geyser sorti de terre
Une première réflexion : poule ou œuf
Un premier outil pour séparer,
Le second pour assembler !

Un premier concept émergé de nuit
Dans la froideur d’un ciel scintillant
Devant le vide de l’univers
Le plein d’une terre trop matérielle
Le choc et la rencontre de deux mondes
Qui s’entrecroisent sans se comprendre


Une première création inutile et honnie
Des habitudes inscrites dans la faim
Le danger, le sommeil, la rage
Et qui d’un regard ou d’une ouïe attentive
Fit frissonner la peau poilue
Et entrer dans le monde intérieur
Et grandir un espace non profané

 

Ne dépassons pas le nombre sept
Nombre vivifiant de signification
Il consacre une renaissance
Un autre cycle d’épisodes
Marqué de nouveaux liens
Jusqu’à la dissociation bien-mal

La première pensée fut-elle une souffrance
Ou plus simplement une réjouissance
Ou encore l’atonie d’une non compréhension ?
Mais quand donc est survenue
La seconde idée : en un même lieu ?

Peut-être est-elle née d’un homme
Qui s’interrogeait sur l’existence
D’un autre homme, imaginaire
Et suffoquant de cette absence

Venu du fond des âges, lentement
S’est formé ce nuage impalpable
Qui recouvre l’homme de rosée

Et maintenant une planète s’en empare
S’entoure de rêves ou de mathématiques

Je suis et j’en viens à penser...

© Loup Francart

poésie,écriture,poème,littérature

 

 

 

C'est vrai, n'oublions pas ! Allez voir le 21 juillet... Parution du livre ...

18/07/2014

Dernier poème d'amour

Quelques poèmes encore, d’amour évidemment
Et nous partirons ensemble pour cet au-delà
Qui nous fit rêver les jours de désespoir…
Le rêve va s’achever, il va devenir réalité

Nous nous en irons la main dans la main
Les yeux sous le regard de l’autre
Les lèvres tendues vers l’autre visage
Celui de l’aimé(e) de toujours et de partout

Jamais je n’oublierai le poids de ton abandon
Jamais je ne retrouverai les plis de ta nudité
Tu resteras l’unique, fille et femme
De mes vingt ans et autres années passées

Je t’ai frôlée, j’ai approfondi l’inconnue
De ton corps et de ton âme, ensemble
Nous avons erré dans la vie noire
Et vogué dans une liberté éclatante

Quelle belle promesse nous nous sommes faite
Un jour de printemps sur le seuil d’une église
Savions-nous alors qu’elle nous engloutirait
Dans ces plongeons nocturnes de délivrance

C’est encore avec joie et des larmes d’abandon
Que nous partirons vers ce nouveau monde
Où les âmes n’ont plus de corps
Où les corps ont perdu leur gravité

Peut-être ne serons-nous ni homme ni femme…
Mais nous nous reconnaîtrons malgré tout
Par le tremblement de nos êtres
Au-delà du désir… Dans la transcendance…

© Loup Francart

poésie,écriture,poème,littérature

 

 

C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

14/07/2014

Oublier son moi ordinaire

Tiens ! Je l’ai perdu. Où est-il donc passé ?
Toute la nuit j’ai couru pour m’en séparer
Au matin, il a disparu, brusquement
Je me suis délesté et élevé, mais vers quoi ?

Je passe en rêve, regardant le monde
Quelle agitation extrême et délicieuse
Un lokoum au goût de miel poisseux
Et pourtant j’en suis détaché, allégé

Certes les paysages de cette absence
N'ont pas le charme de l’attachement
Leur brillance est plate comme l’horizon
Je piétine le macadam des certitudes

Mai où donc se trouve ce moi recherché
Peu importe ! Quelle absence de pensées...
Seul compte le lent glissement huilé
Du corps transparent sur l’horizontalité

Je ne peux le rattraper, il fuit vite
Je le regarde partir, comme un enfant
Et me dit : enfin, loin des inquiétudes…
Mais… Te souviens-tu de ton nom ?

© Loup Francart

poésie,écriture,poème,littérature

 

 

C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

 

 

  

10/07/2014

Le monde, qu’est-ce ?

Le monde, qu’est-ce ? Un brin d’herbe
Entre les dents d’un ivrogne fou
Qui court dans les vagues de l’avenir
Sans savoir s’il ira jusqu’au bout

Une fracture entre les images
Comme une déchirure ouverte
Dans l’âme qui repose acide
Sans même une main rafraichissante

Le parfum d’une musique endolorie
Chatouille nos sens exacerbés
Il s’échappe de la fente terrestre
Et plonge dans l’ouïe engourdie

Le monde, c’est cet instant provisoire
Qui fait chavirer la vision connue
Et l’entraîne vers un caléidoscope
De sons, d’images et de parfums

Pour le plus grand bien
Des humains qui s’ennuient
Sur ce plancher fragile
S’ouvrant sur l’absence

Plonge dans l’ouverture
Trempe-toi dans l’étrange
Secoue ta lourdeur
Et flotte sur le rêve

Quel voyage ! D’abord le vide, puis le manque d’espace
Et bientôt l’arrêt du temps. Tout est figé
Je ne suis qu’un point dans l’immensité du monde
Et ce point est devenu l’univers, rêve d’un jour

© Loup Francart

06/07/2014

La couleur de l'avenir

Rouge, noir, blanc, jaune
Tels sont les hommes !
Pourquoi n’y a-t-il pas
Des messieurs verts
Et des femmes bleues ?

Sur le continent de l’imagination
Entre deux tasses de café
J’ai rencontré le prince doré
Dans la lumière de la ville

Il m’a dit sa rencontre
Avec l’élégant professeur
Son regard aviné et craintif
Devant la couleur de la vie
Pourquoi devoir dormir encore
Quand déjà arrive la fin ?

L’homme dans sa couleur
Garde sa transparence
Il est être humain
Vivant et pensant
Et rien ne pourra
L’empêcher de regarder l’autre
Avec des yeux de verre

Oui, nous sommes tous esclaves
De notre couleur de peau
Seuls les sentiments ont la couleur
Des baisers furtifs et odorants
Qui s’envolent certains jours
Dans les sables du désert

Depuis j’erre chaque nuit
Dans une mer de glace
Regardant les bateaux qui fuient
Les femmes qui s’envolent
Et les enfants qui rient

Et moi, seul, isolé,
Je me tourne vers moi-même
Entrouvrant mes plaies
Respirant l’odeur aigre
Des craintes ancestrales…
Qu’attends-tu pour partir
Vers les pays rutilants
Au baume acéré de l’oubli ?

Rien ne sera plus comme avant
Porte ton regard au loin
Lève le bras pour monter
Dans la caravane de la conviction
Et part au loin vers l’inconnu
Où l’homme ne porte
Que la couleur de l'avenir

© Loup Francart

02/07/2014

Atonie

Il pleut… Le ciel, chargé de noir et gris
Laisse tomber sa mauvaise humeur
Sieste, pour renouveler l’optimisme
Et faire un pied de nez à la morosité

Réveil des profondeurs, lentes et longues
Les connexions entre les neurones
Lumière et ombres entrelacées
On émerge, sans passion ni émotion

L’œil entrouvert vous dit l’atonie
D’un jour sans fin ni euphorisant
L’oscillomètre redevient plat
Nouvelle plongée dans la nuit

Enfin… Honteux de cette prolongation
Le corps vous pousse à sortir du terrier
La grisaille vous environne, molle
Debout, oui, mais pour quoi faire ?

Alors commence l’errance d’une après-midi
Que rien ne distingue d’un matin
Si ce n’est ce léger décalage
Des images imprimées dans le cerveau

Le chatouillement d’une vibration interne
Vous traverse l’épiderme en bataille
Quelle était bonne cette grotte irréelle
Où vous attendiez, impassible, l’instant

Subtil, révolu, inespéré, ensorcelé
De la soupe épaissie des sensations
En absence d’émotion et de sentiment
Comme le poisson dans son bocal

Allons, secoue-toi ! Remue tes souvenirs
Plonge dans l’eau froide du réel
Lance-toi. Fais jaillir l’étincelle
Et brûle tes réserves de sagesse

Cri…ss… tout se remet en marche…
Les couleurs se ravivent et rosissent
Le cervelet qui transpire, hilare
Les dernières gouttes de l’ennui

Dieu, que l’après-midi fut longue…

© Loup Francart

28/06/2014

Le langage universel

Si l’enfant qui tient son cône de glace
Savait qu’il porte le plus grand mystère
Celui de l’origine  et du devenir
De notre univers dont les galaxies
Filent dans le cosmos et s’éloignent
Toujours plus loin de notre compréhension

A sa pointe, rien, une poussière, si petite
Si ténue, si dépourvue de visibilité
Que l’homme la balaye d’un souffle
Qu’est-elle ? Nul ne le sait
Le mur de Planck cache la vérité
Si évidente, mais inatteignable

A l’autre bout du cône, le vide, le rien
Vers lequel se précipitent les astres
Certes il leur faudra du temps pour mourir
Leur vitesse augmente sans cesse
Ils fuient ce monde comme le prisonnier
S’évade en esprit et reste libre

Et plus ces objets, semblent-ils inanimés
S’éloignent et prennent de la vitesse
Plus leur propre temps ralentit
Plus cette fuite leur semble vaine
Ils courent, mais comme pour le vieillard usé
Chaque foulée est si courte qu’elle l’englue

La gravitation courbe leur propre temps !
Il s’entortille comme le fil de fer
Jusqu’à ne plus faire qu’un point
Puis s’évade vers un imaginaire pur
Que seules les algèbres déformées
Peuvent appréhender à l’échelle de Planck

Le temps devient espace, il ne coule plus
L’espace est immobile et mesurable
Le temps imaginaire et l’espace présent
Se mêlent, s’emberlificotent,
Jouent à cache-cache. Qui êtes-vous ?
L’univers n’est plus, il perd sa consistance

Quelle soupe étrange, une vraie tempête
Inappréciable, inabordable, un maelström
De particules invisibles et tenaces
Qui tiennent le monde entre leurs mains
Sans être soumises à sa loi habituelle…
Une énergie noire qui guide vers l’avenir !

Le temps s’arrête, c’est un trou noir
Il s’enfonce hors de l’univers, il fuit
Tous courent vers la mort assurée
Le sourire aux lèvres, la tête haute
Ils franchissent le mur de Planck
Ils ne sont plus, ils ont perdu l’espace-temps

L’univers est soumis aux mêmes lois
Que l’humain. Le trou noir de la mort
Ne serait-il pas gage de renaissance
Dans un autre univers sous une autre forme ?
Cette fuite du temps, cette accélération folle
N’est pas l’entropie, mais la surprise de la vie

Certes l’intelligence collective n’en est pas là
Elle creuse son sillon en inversant la loi
Plus elle avance, plus le temps se dévoile
Il est la clef de la compréhension du monde
Un jour viendra où le langage des savants
La mathématique universelle, dévoilera

La pensée de Dieu à la pointe du cône de glace

© Loup Francart

24/06/2014

J’étais et ne serai jamais plus

J’étais et ne serai jamais plus

Ce bébé qui hurle dans un lit de fer
Auquel sa mère est attachée
Et qui dort benoîtement
Au moment de sortir

Cet enfant frondeur et espiègle
Qui n’en fait qu’à sa tête
Et donne des coups de pied
Dans les portes du ciel

L’adolescent réservé et rêveur
Qui regarde les filles aimables
Et leur parle en onomatopées
Les yeux doux, il n’ose leur parler

Le jeune homme au premier pas seul
Qui rit du pouvoir nouvellement acquis
Et considère du haut de sa foi en lui-même
Tous les petits défauts des grands de ce monde

L’homme qui veille sur sa famille
Après avoir découvert une moitié
Promise depuis des lustres
A laquelle il a rêvé chaque nuit

L’homme mûr qui courre sans cesse
Pour faire valoir sa personne
Au marché des inégalités
Et à la surenchère surabondante

L’aguerri qui contemple son destin
Et l’approuve, même imprévu
Il partit marcheur sur corde raide
Et finit détrousseur de touristes

Le vieux beau plus tout jeune
Qui se berce d’illusion
Et tente toujours sa séduction
Auprès des égéries ricanant

Le vieillard qui contemple las
Ce monde écervelé et chahuteur
Auquel il a participé ardemment
Et qui perturbe sa somnolence
 
Le grabataire qui s’enferme
Dans ses souvenirs échevelés
Et radote sur ses désirs
Sans pouvoir les mener à bien

Le mourant qui s’interroge
Et tout bien considéré prétend
Que la vie vaut d’être vécue
Même si la moisson est maigre

Le cadavre enfoui sous terre
Qui du haut de l’éternité
Ne sait que penser
De ce séjour enchanté

J’étais et ne serai jamais plus
Ce nuage qui déleste sur la terre
La pluie de ses insuffisances
Et mouille de larmes son univers

© Loup Francart

20/06/2014

Passage d’une voiture dans la rue à minuit et quatre heures

Dans les seuls bruits de la nuit
Vient ce grand tremblement
Roulement sur les pavés
Il monte dans l’oreille
Il grandit, élégant
Et m’envahit
Impact…
Il s’éloigne
Il se fait oublier
Il se couvre de silence
Mais reste présent, encore
Jusqu’à la lointaine absence
De tout suspect… Il est minuit…

4 heures
Qui d’autre
Se tient éveillé
Contemple le monde
Au creux de l’œil parfait
Allumé dans l’obscurité ailée
Ferme tes oreilles, ouvre ton regard
Seul secours dans les ténèbres destructrices
Flash ! Tout se dévoile. J’ai saisi la fuite du temps
Peu importe l’espace qui court avec vivacité
L’être se dévoile dans ce mouvement
Il respire l’absence d’oxygène
Et s’enivre de ce mystère
Qui éclaire l’univers
La seule parole
Une lumière
Unique

© Loup Francart

16/06/2014

Alpha et Oméga

Derrière le cœur
Soupirent les mots.
Craquelure de l’apparence,
Chute du personnage.
Au-delà, l’apesanteur,
L’aspiration, la dissolution.

Tu es l’alpha de l’être,
L’appel du bonheur,
L’oubli de mes pauvretés.
J’aspire à m’éveiller
Et m’endors, lové,
Au creux de mes insuffisances.

Tu es l’oméga des inspirations,
Lieu de nos éternités rêvées,
Quand, épuisés par nous-mêmes,
Nous recueillons le vide
Au fond de nos mains ouvertes.
Je m’éveille à la nudité de l’âme.

© Loup Francart

12/06/2014

Une morte gisant dans la mousse

Une morte gisant dans la mousse des arbres
Comme un corbeau aux branches des palétuviers
Elle rit de ses ongles de chair, le marbre
De ses rides s’écrase sur ce noir ouvrier

Les oiseaux, une pie, ricanent de leur langage envieux
Et s’amusent à lui picorer ses dents recroquevillées
Le silence voile l’épais tremblement de chaleur
Qui s’allonge bruyamment sur ses flancs agenouillés

Un soleil rouge écarte ses doigts enflammés
Et sourit aux crevasses de l’écorce noircie par ses regards
Seul un insecte aux yeux verts comme des soucoupes fumées
Allonge ses pattes velues pour y prendre sa part

Et, pendant ce temps, elle rit de ses lèvres claires
Comme la chair des citrons sous la lune
Ses cheveux alourdis volent au vent de la colère
Et s’éparpillent en procession sur les dunes

L’air est sale et mauve et a le goût
De l’aurore aux antilopes sans sommeil
Qui glissent leur tête suspendue à mille cous
A la cadence des pendules aux poils vermeils

© Loup Francart

08/06/2014

Profusion ou confusion

Une telle profusion, un jour à la nuit pure
Le vol des corbeaux s’en est allé, remplacé
Par celui des idées folles d’un jour d’été
Emprisonnant le temps ailé dans sa pliure

Seule l’eau coule encore au milieu du front
Le cyclope ouvre un œil béant et inquiet
D’où provient donc ce trou fixe et replet
Qui expose vertement son origine sans fond

L’air surchargé de lourdeur et de parfum abusif
S’envole en volutes gracieuses et vertes
Qui montent sans fatigue proclamer l’alerte
Attrapant au passage le turban du calife

Lumière et ombre, immobilisme et chute
D’un inconnu enfoui entre deux feuilles
En charge dernièrement d’organiser l’accueil
De l’éternité béante en pleine culbute

La pureté retrouve sa verte origine
Les reflets dansant la sarabande sur le feuillage
Ensorcellent notre entendement sans âge
L’âme s’ouvre, dévoilant le yang et le yin

© Loup Francart

04/06/2014

Elégance

Simplicité et grâce
Deux signes qui ne trompent pas
Et quand on pense élégance
On rêve élégante

L’élégant se distingue
Il dispose de vêtements
Et s’entoure de colifichets

L’élégante respire
Et son souffle vous enchante

L’un est un habillage
L’autre la vie même
Et cette manifestation légère
Ouvre à l’invisible

La grâce étend son ombre
Et découvre des paysages
Irréels et délicats
Un battement de cils
Et tout est dit !

Ce clic silencieux pénètre
La couche rugueuse de l’apathie
Un sifflement de surprise
S’échappe de cette ouverture

Touché, vous vous éloignez
En titubant, les yeux retournés
Sur l’harmonie délicieuse
Entrée un instant dans votre vie

Vous partez ragaillardi
Marchant avec sérénité
Empli de beauté intérieure


Gonflé à l’hélium, insouciant
Vous poursuivez en lévitation

© Loup Francart

31/05/2014

Equilibre

Vertu annoncée française, comme le cartésianisme
Souvent contredite par la réalité des faits
Elle soutient l’opinion et la conforte dans son arrogance.
Ne serait-ce pas de l’inertie dont parlent nos citoyens ?

Certes l’équilibre  des façades de nos châteaux altiers
Donnent un sens harmonieux aux apparences
La réalité n’est-elle pas toute autre, plus statique
Cet équilibre est fondé sur deux béquilles égales

Le véritable équilibre ne serait-il pas impression ?
Balance des sentiments, des émotions, des perceptions
L’équilibre de la terreur de l’égalité des cerveaux
Les poids seraient-ils la preuve de la même consistance ?

L’équilibre ne se trouve pas, il advient et s’impose !
Il est léger comme l’air au soleil, vapeur de bonheur
Un souffle et sa constance se brise, altérée
Il fuit la logique et le poids des mots recherchés

L’équilibre des pouvoirs contrebalance l’autorité
Est-ce une vertu française, un souhait non exprimé ?
Ici la vie est contraire à la parole, contradiction
Entre l’intégrité austère et l’amitié chaude

Aucune prédominance, pas de passe-droit
L’œil à l’horizon, la face non corrompue
Transpirant sous la bise de l’intégrité
Le citoyen ravive sa fureur révolutionnaire

Mais l’équilibre n’est-il pas harmonie ?
Comme deux sons emmêlés chers à l’oreille
Ils vont dans les chemins de la vie heureuse
Et se détendent sur l’herbe caressée de rires

Vraiment, quel avenir sans équilibre
De quel côté pencher : raison ou imagination ?
Le papillon noir s’élève dans l’azur
Il monte, vide, empli d’espoir, sans pensée

© Loup Francart

27/05/2014

L'arc de la nuit

De retour sur l’arc de la nuit
J’approfondis ton absence…

Un trou immense s’est ouvert
Sous les pieds de l’infortune…

Perdue la moitié consistante
Qui donne sa dimension
Au jour comme à l’obscurité…

Ici le noir remplace le vert
Le gris implique l’ombre
Courbant les branches
De lourdeur invisible…

Pourquoi chercher toujours
Au-delà de l’invisibilité
La lueur d’une autre
Quand déjà tu t’élances
Et romps avec l’habitude ?

Oui, le silence t’atteint
Et tu pars, vertueuse
Au long de la route,
Inaccessible et distante

Moi, vide et errant
Je reste sur la plaine
Et feuillette le livre
Des jours sans partage

© Loup Francart

23/05/2014

Sous la pluie

Sous la pluie de notre déraison
Les regards abrités de tes paupières
Abordaient la venue des saisons
Du métal de leurs facettes altières


L’image vide,
Les mains à la pesanteur de l’âme
Je rêve parfois...

© Loup Francart

19/05/2014

Automobile

C’est ma maison, nous crie
Le sans domicile fixe
Elle est encombrée de paquets
Elle regorge d’ardeur
Car c’est le seul lieu
Où plus rien ne l’atteint

C’est mon apparence
Dit le vantard aimable
Il la brique chaque jour
Pour mettre en évidence
Son indigence personnelle
Mais sa brillance s’efface vite

C’est mon cheval de course
Regarde ce moteur en V
Il ne traine pas des pieds
Oui, il court plus vite
Que son ombre enfumée
Et pourtant elle reste à ses côtés

C’est mon salon à vivre
Chante la dame emplumée
Elle reçoit deux à deux
Converse aimablement
Et part à la première alerte
D’une atteinte à son hospitalité

C’est l’accueil pour le sans patrie
Elle devient droit d’asile
Ile au milieu des terres
Refuge du contestataire
De la femme opprimée
De l’enfant sans parent

Pour les plus simples
Ceux qui n’ont pas de rêve
Qui n’ont pas l’âme d’un poète
Ce n’est qu’un moyen
De faire don d’ubiquité
Ou même de bilocation

Le permis est obligatoire
Pour laisser l’imagination
Concrétiser ses rêves
La réalité nous rattrape
Tournez la clé dans l’antivol
Et partez tous phares allumés

 © Loup Francart

15/05/2014

Monde(s)

Il y a deux mondes
L’un, extérieur, s’ouvre sans difficulté
Il apparaît à l’œil
Au sortir de la nuit
Et vous vous y agitez
Comme un poisson dans l’eau

L’autre, intérieur, se cache en vous
Vous ne le savez pas
Et le jour où vous prenez une longue-vue
Pour admirer votre moi
Vous trouvez un monde inconnu
Derrière une barrière franche

Comment l’avez-vous enjambée ?
Vous l’ignorez
Ce nouveau monde est là
En vous, ouvert lui aussi
Tel un puits sans fond
Vous tombez sans parachute
Vous errez dans votre propre moi
Sans connaissance du paysage

Et un ange s’empare de vous
Vous prend dans ses ailes
Ralenti votre chute
Vous aide à contempler
Ce vide immense et lumineux
Où vous respirez l’air chaud
Qui s’échappe du brûleur
Par petits à-coups

Vous vous élevez dans l’air
Surchauffé de bonheur
Jusqu’à vous diluer dans l’azur
Et oublier ce moi
Qui vous encombre
Dans l’autre monde

Désormais plus besoin des béquilles
Du savoir et de l’expérience
Tout vous est donné
Dans cette ascension
Qui commence par une chute

Le tout et le rien se rejoignent
En un équilibre miraculeux

Vous êtes libre
Sans vous soucier de liberté

© Loup Francart

11/05/2014

L'élégance

L’élégance est-elle synonyme de nostalgie ?

L’élégance trahit-elle un manque de confiance
Ou permet-elle de vivre dans l’ombre du recul ?

Elle est la grâce sans fioriture, froide et altière
Elle regarde le monde sans dédain caché
Mais elle rassemble une indifférence hautaine

Elle est la marque des hommes et des femmes
Qui respirent différemment, plus sûrs d’eux
Et qui vont dans la vie avec l’apparence
Du chat qui tombe d’une fenêtre ouverte

L’élégance, c’est ce geste de la main gantée
Qui dessine dans l’air des volutes parfumés
On sent d’instinct cette odeur sans faille
Fraîche, veloutée, sans faux pli ni faux col
Qui transforme l’être en encens inconnu

L’élégance se cache sous ce regard aiguisé
L’œil franc et solide de l’innocence retrouvée
Elle flotte sur la brume des impressions
Sans s’entacher d’attitudes et de poses
Elle se réfère à une vision lointaine
Et marche sans souci vers ses derniers jours

Certes, l’élégance a des échasses dorées
Elle se tient sans autre forme de procès
Raide et souple, vivante et lointaine
Elle ne soupçonne pas ce vide immense
Qui la différencie des habitudes sauvages
Elle ne cherche pas à communiquer son bien
Elle procède d’un tremblement léger, sans défaut

Et chacun, à voir cet aplomb de marbre
Cette démarche ailée coulant sur le trottoir
Ce sourire désarmant, sans arrière-pensée
Ce remuement du bras en souplesse naturelle
Cette mèche de cheveux jaillie du chapeau
Ce basculement des hanches nourri de certitude
Ressent encore au fond de l’être échaudé
Ce pincement subtil envers la féminité

Car l’élégance est féminine, ronde et avisée
Elle se targue de caresses non dites
Elle s’ouvre sans le dire aux autres
Elle va dans le monde les yeux ouverts
Marche sans faille jusqu’à l’ultime théâtre
Sans crainte et sans reproche, vivante et vraie
Avec l’assurance et l’ambivalence sereines
Du passant qui va et vient sans voir l’autre
Coulant son regard sur l’objet de ses rêves

Oui… L’élégance, c’est ferme et doux…

© Loup Francart

07/05/2014

L'enfant rieur

Assis, à genoux ou encore debout
Ils attendent comme les lapins à leur terrier
Le dernier rayon de soleil de cette journée
Ignorants et béats ou bien proches d’être fous

Pourtant le jour fut actif, même endiablé
Tout fut fait pour te retourner
Le pivert te cassa la tête sans rien trouver
Tu poursuivis sans même nous regarder

Merci aux farfadets, aux lutins et aux gnomes
Ils choisissent leurs grands électeurs
Parmi la population de leurs grands hommes
Et que choisissent-ils : l’enfant rieur !

N’oublie pas, Marie, le bain bouillonnant
Pris au matin du troisième et dernier jour
Libérée de ton ombre, tu t’avançais en chantant
T’adressant au peuple en dernier recours :

Fraiche, jolie malgré tout, jeune encore
Je vous avertis du grand danger
Tous nous redeviendrons la terre foulée aux pieds
Alors pourquoi tant d’efforts ?

Merci à tous pour ce séjour amincissant
 La lame du rasoir a tranché
Plus ne sera comme avant.
Alors quel enfant rieur accepte de nous guider ?

 © Loup Francart

03/05/2014

L'âme

Si vous ouvrez le dictionnaire
L’âme serait un principe...
Celui-ci serait-il réel ou imaginaire ?
Est-ce un axiome qui participe ?

Alors pourquoi certains l’égarent ?
Ont-ils une poche secrète
Ou errent-ils, fumant leur cigare
En attente de révélations indiscrètes ?

D’autres la vendent au diable
Et courent le monde, nus
Leur ombre devient falsifiable
Ont-ils été ou ne sont-ils plus ?

Et toi, individu ou créature
Sens-tu en toi ce double aimable
Devenu ta réelle signature
Et qui te rend si fiable

L’âme, personne ne la touche
Aucun ne la voit des yeux
Mais si tu pars à la retouche
N’oublie pas ce double irrespectueux

Il est toi-même et mieux
Il t’encourage et prend son envol
Va avec lui sans crainte d’adieu
Il fait de toi un bénévole...

Sur terre comme au ciel
Où donc loge-t-on l’âme
Dans un corps immatériel
Ou dans le cœur d’une femme ?

Ne pleure plus, ô mon âme
Tu peux quitter la chair
Ne crains pas la césure de la lame
Abandonne ce triste partenaire !

© Loup Francart

29/04/2014

Désir

Il te prend en un instant
S’imposant sans crier gare
Et te transporte dans les affres
D’un vouloir exacerbé

C’est une frustration sans fin
Une exaltation incontrôlable
L’irruption d’une démangeaison
Jusqu’à l’assouvissement

Ce peut aussi être une aspiration
Vers d’autres cieux et nuages
Une échappée enchanteresse
Jusqu’à la chute sans filet

Le désir peut durer
Il conduit à la folie
Il zappe l’intellect
Et te réduit à l’objet

Tu soupires et pleures
Ta liberté perdue
Ce poids sur ton cœur
Te coupe de l’inattendu

Comment t’en débarrasser ?
Sors à minuit sous la lune
Invoque l’inspiratrice des songes
Et laisse les larmes couler des yeux

Elle t’accordera sans peine
La délivrance des pauvres
Et t’éloignera de ton désir
Dans la possession du rêve

© Loup Francart

25/04/2014

Partir

Nous dis-tu tout ce qui compte pour toi ?
L’oiseau bavard et le bruissement de l’eau
La grâce des femmes et la force des hommes
La dure réalité et l’enchantement du rêve

Nous dis-tu tout ce qui motive ton désir d’agir ?
Illuminer ton chemin et lui donner un but
Approfondir l’inconnu et sauter dans le vide
Caresser la matière et t’ouvrir l’esprit

Ne nous dis pas ce qui te glace
Tes échecs en tendant les bras à l’infortune
Tes regrets de ce que tu n’as pas fait
Ta froideur devant qui vient à toi

Laisse tomber ton bagage trop lourd
Libère-toi de cet encombrant voile
Qui obscurcit ta vision et ta marche
Et part nu sans un regard en arrière

© Loup Francart

21/04/2014

Question... Réponse

La nuit porte conseil
Que faire ?
Se vider de soi-même
Mettre sur son autel
L’absence et la question
Attendre au creux de la nuit

La mécanique cognitive
Déroule ses procédures
Vous ne le savez pas
Qu’y a-t-il derrière les neurones
Les connections s’établissent
Le pays des rêves règne
Sur la chair assoupie

Matin, comme au premier jour
Le regard vers l’autel
Vous espérez la réponse
Et derrière la brume du sommeil
Apparaît l’insensé
Comme une fleur odorante
Ce vide immense que tu contemplais
Te donne la connaissance intégrale
L’intuition menue  d’une avancée

Quel est donc ce mouvement
Qui t’entraîne au-delà de toi
Afin d'extraire l’ineffable
Et mourir pour vivre ?

© Loup Francart

17/04/2014

Il est fini le temps

Il est fini le temps où nous allions ensemble
Etroitement, contempler l’étendue verte
Des eaux glacées de l’étang sauvage

La brume se coulait en épaisses couches
Entre les arbrisseaux et les cris d’oiseaux
Jusqu’à pénétrer l’oreille d’un pâle son
Celui des troncs de bois s’entrechoquant

Était-ce le soir, ou à l’aurore, que nous nous regardions
Tu portais l’ombre pâle de tes jours maladifs
Et je caressais lentement ton visage
Jusqu’au dévoilement de ta seconde peau

Alors tu t’enflammais d’émerveillement
Tu parlais sans cesse de notre amour
Qui n’en finissait pas de vivre
Une glissade ininterrompue sur la surface de verre

J’aurais voulu courir jusqu’à l’horizon
Là où la cime des arbres rejoint le ciel
Et chanter le chant celte du fond des bois
Pour remettre en route l’étouffement du paysage

Je posais la main sur ton épaule
Je caressais la courbure tendre de ta nuque
Je m’approchais de ton parfum sacré
Embrassant ainsi la naissance du monde

© Loup Francart

13/04/2014

Le parc Monceau

Ce parc immense aux longs bras déliés
De feuillages enchevêtrés et vert pâle
Ouvre ses allées aux passants à pas menus

Il est midi bien que le soleil ne soit pas au zénith
Une légère brume encombre encore ses pelouses
Les mères passent, poussant leur landau
Où repose, les yeux fermés, l’enfant chéri

Un homme, assis, revêtu d’un manteau noir
Mange à pleine fourchette dans un pot cartonné
Jusqu’à quelle errance des ventres peut-on aller !

Les enfants des écoles ne sont pas là. Que des adultes
Assis ou couchés dans l’herbe grasse des parterres
Parlant, dormant, grignotant, seul ou en groupe

Et douze petits coups résonnent, imperceptiblement
Perdus dans le brouhaha incessant de la circulation

L’heure avance. Voici les enfants enfiévrés
Courant sous les frondaisons en gestes étirés
La vie dans l’instant, pas une seconde en place

Tiens, un kangourou ! L’homme court en hauteur
Il n’avance pratiquement pas. Il monte
Il descend, au rythme sautillant de ses pas. Où va-t-il ainsi ?

Le ciel bleu gris, ouaté, s’abaisse jusqu’au sol
De maigres rayons émergent, blancs comme le feu

Ferme les yeux, que la machine à laver les idées
Ronronne autour de toi. Tu n’es plus là
Englouti dans ce trou béant de verdure
Au milieu des immeubles, sentinelles impitoyables
Ton fantôme erre dans les feuillages, la poussière et le soleil

© Loup Francart

09/04/2014

Faut-il sacrifier aux rites ?

Faut-il sacrifier aux rites ?
L’encens s’écoule en volutes
Les chasubles s’ébrouent
La parole envoûte les sens…
Une confusion décourageante
S’empare des corps et des esprits

Ombre et lumière
Foi et raison
Sincérité et habitude...
Enferme-toi en toi-même
Délivre-toi de cette pesanteur
Balaie la poussière de tes pensées
Et danse sur la flamme
Rougeoyante et tenace
De l’expérience inconnue…
Les charbons ardents
De l’indécision t’enchaînent ?
Fais sauter le cadenas
Et gambade librement
Dans l’éclaircie qui vient…
Que le corps est léger
Lorsque l’œil se regarde
Et ne voit que l’espace
Qui monte tel un ballon
Entre les gouttes de souvenir…

Enfant j’aimais entendre
Les voix mâles des hommes
Au fond du chœur, en écho
Aux voix grêles des femmes
Et d’une assemblée bigarrée
Et le prêtre délivrait
Du haut de la chaire
La parole sacrée et bienfaisante:
« Paix sur la terre »

Mais y a-t-il des hommes de bonne volonté
Des hommes libres et consentants
Le cœur ouvert et l’âme vierge ?
Les gestes séculaires rassurent
Ils plongent dans le rituel
Et délivre la conscience
Des choix qui restent à faire
Et qui se renouvellent
Instant après instant

Une goutte d’encens
Sur la lame brûlante
Du couperet du temps…
La chute… percutante !

A terre les anges l’enlevèrent
Il monta droit aux cieux
Ses lunettes terrestres tombèrent
Mes amis, quel adieu !

Ici ne reste que le poids
Des souvenirs d’un être
En recherche de soi
Et d’un applaudimètre !

© Loup Francart

05/04/2014

Le poète fou

Cette nuit lui vint une idée farfelue. Comment faire côtoyer l’ensemble de règles concrètes et rationnelles devant régir la production poétique avec la réflexion esthétique c’est-à-dire la perception de la beauté ? C’est toute l’évolution poétique des XVIIIème et XIXème siècles. En effet, soit le poète met l’accent sur la règle et avant tout sur la rime, soit il écrit en vers libre et recherche les images plutôt que la forme. Comme il laissait encore errer sa pensée, et c’était bien normal en raison de l’heure, lui vint cette idée stupide : la rime est toujours à la fin de deux ou plusieurs vers, pourquoi n’y a-t-il pas de rime en début de vers ? Serait-ce plus choquant d’établir la musique des mots d’emblée plutôt que de la noyer dans le brouhaha de l’expression ? En musique, le plus souvent, la mélodie est exprimée de prime abord, puis modifiée au fur et à mesure du développement du génie du compositeur. Elle est courte, simple et donne la mesure de celui-ci.

Alors, essayons-nous à ces rimes à l’envers ! Il note d’abord que c’est plus simple à faire : lorsque la rime ne vient pas, il suffit d’ouvrir le dictionnaire pour trouver de nombreux mots qui commence par les mêmes sons : ainsi le mot abeille, poétique en soi, rimerait avec abécédaire, aberrance ou même abêtissant. L’image créée par la conjonction des deux termes manque certes d’attrait, mais on peut trouver mieux : loup, louvoyer, loufoque, louper, louer, louange, loupe, etc. En tentant de vérifier cette évidence de rime à l’envers, il en vint à chercher une strophe.

Il lui apparut aussitôt que ce n’était pas aussi simple que cela, parce que la plupart des phrases commence par un article : un, le, la, des, etc. Leur suppression laisse une impression bizarre sur la langue, comme un petit caillou dans un plat de lentilles. Il est certes possible de commencer par un verbe et d’en faire des injonctions telles que sautez… chantez…, mais cela limite déjà singulièrement l’usage de la langue française. Il aussi possible de commencer par un adjectif : lumineux était le soleil du matin. C’est une forme poétique assez courante, alors pourquoi pas ? On peut même aborder un vers par un nom : Crépuscule combien de poètes exploitent ton nom ! Mais tous ces subterfuges ne sont que des tromperies de langage. Comment parler d’images évocatrices en n’utilisant que ces formes désuètes ?

Pacte tenu un jour

Pactole assuré toujours !

Ah oui ! C’est une forme de langage qui convient bien au proverbe. Le vers frappe, mais s’agit-il d’une image poétique ? C’est moins sûr.

Il est encore possible de compliquer un peu cette réflexion. Un rime au début et à la fin d’un vers. Cela nécessite une gymnastique plus périlleuse, mais combien plus captivante :

Glauque est l’océan

Global le mécréant

Mais on reste dans le proverbe maquillé ou dans l’injonction désordonnée.

 

Là-dessus, il endossa le vêtement du sommeil

Lapidaire, il s’endormit en rêvant à l’abeille

© Loup Francart

01/04/2014

L'absurde... un premier avril

Quel mot délirant
Il n’a qu’une seule rime :
Kurde !
Un mot sans existence légale…

Abs… Cela commence mal
Comme l’absence ou l’abstrait
Joignez-les ensemble
Abs…urde… est-ce une langue
Oui, peut-être, mais qui fourche
C’est normal
L’absurdité est contraire à la raison
Alors… abs…tinence !

C’est ainsi qu’il se trouve seul
Environné de pommiers
Une couronne sur la tête
Pour déclamer les vers
D’un peintre en bâtiment...
L’entourent des êtres chers
Le renard sans queue
L’agneau poêlé bêlant bêtement
La jeune fille, encore jeune
Mais sûrement plus fille
L’enfant roi sans casquette
Qui hurle par plaisir

Rien n’existe, mais c’est là
Dans la tête, comme un gong
Quelle fièvre vous prend ?
Mais l’abs…urde n’est-il pas
Proche de l’abs…olu ?

On raisonne sur l’absolu
Mais on agit dans la réalité
La frontière des deux mondes
N’est-elle pas un absurde raisonnable
Entrer dans l’absurde irrationnel
Ou demeurer dans l’abs…sens
N’est-ce pas une frontière vague ?

Un système royal l’ABS
L’anti-blocage des roues
La raison s’en porte mieux
Les dents courent le long de la roue
Et empêchent la catastrophe
La raison tourne, dans le vide
Elle existe toujours, inutilement
Alors que l’absurde ne peut exister

Le fou n’existe pas dans l’absurde
Il a sa raison à lui
Elle court dans ses rouages
Qui tournent parfois à l’envers
Vous puisez dans le sac à idées
Mais rien de logique
Ne sort du broyage…
Quelle ineptie !

L’imaginaire n’est pas le non-sens
 C’est la voie royale
Pour pouvoir voler
Et s’évader d’un monde raisonnable…
En avril, découvre-toi
de tous les fils de la raison
et entre dans la fournaise
de l'absolu chimérique

© Loup Francart