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27/03/2020

En toute liberté

Les animaux sont en vacances
De mémoire d’homme, cela fait longtemps
Qu’une telle chose ne leur est pas arrivée

Hier même, je courais dans la campagne
Lorsque je vis un chevreuil curieux
Sortir la tête d’un champ de colza
Me narguer à deux longueurs d’humain
Puis décider de bondir au-dessus de la route
D’un envol majestueux et puissant
Pour gambader dans un pré à l’herbe rase
Et poursuivre sa route paisiblement
Sautillant du derrière comme un elfe
Semblant me dire à voix basse :
« Ne bouge pas, le virus est près de toi ! »

Ce matin, au lever du soleil
Un étourneau est venu nous réveiller
En cognant au carreau effrontément
Nous crûmes d’abord qu’il dormait encore
Mais il recommença plusieurs fois sa demande
Montrant sa tête environnée de plumes
Dans une effervescence de bon aloi
Osant même, d'un clin d’œil espiègle
Nous dire avec douceur : « Viens, viens
Il est temps de se lever, le soleil est là ! »
Alors nous nous sommes redressés et il partit
À tire d’ailes dans le froid de l’aurore

Même les vaches n’ont plus le même regard
Nous ne les intéressons plus
Elles ne vous jettent pas un demi-œil
Ne s’intéressant qu’aux pissenlits doucereux
Trempant leur museau dans l’eau sale
Du chemin boueux sur lequel vous vous trouvez

Il y a trois jours, je longeais le chemin
Autorisé par un papier plié dans ma poche
Lorsqu’une belette se précipita sous mes pieds
Soit elle ne m’avait pas vu ou entendu
Soit elle montrait son peu d’attention
Aux humains inoffensifs en ces jours de vacances
Elle disparut prestement lorsqu’elle comprit
Qu’une chaussure est portée par un homme

Oui, c’est la grande décontraction
Chez les animaux de toute taille
Étonnés du silence impressionnant
Qui règne sur une campagne déserte
Laissant libre cours aux espiègleries
Dans le dos des humains qui ne disent mot

©  Loup Francart

24/03/2020

Confinement

Plus un mouvement
Le temps s’est arrêté
L’humain n’ose bouger
Seule la nature poursuit
Sa ronde, impavide

Plus un bruit
Les mouvements ont cessé
L’homme ne se déplace que dans sa boite
Seuls les animaux vivent
Leur vie, étonnés

Plus un chat
La guerre a mis fin
A la lutte finale
Seuls les enfants rient
et impriment des mots, réjouis

Plus de caresses
L’apathie s’est installée
Le cerveau est embué
Seul le silence règne
Sur la campagne, étouffant

Plus même un regard
Chacun contemple le vide
Et rêve au temps bénit
Ou seules les paroles emplissaient la rue
Et courraient entre les maisons, libres

Aujourd’hui, plus rien n’atteint
L’humain cloitré dans sa boite
Il n’ouvre plus la bouche
Seul, il regarde le ciel et murmure :
Qu’avons-nous fait au Bon Dieu ?

 

22/03/2020

Entends-tu ?

Qu’ouïs-je ?
Non, je ne ouïs rien.
Je n’ouïs que le silence.
Et l’autre, me ouït-il ?

Jouis-je ?
Oui, je jouis de tout.
Je jouis de l’absence.
Et l’autre jouit-il ?

Ouïs-je la jouissance
Qui coule dans mes veines ?
Oui, je m’épanouis
Sans même m’évanouir.

Mais non, le béni-oui-oui
Ne peut jouir sans ouïr.
C’est inouï ; il se réjouit
Et… S’enf(o)uit…

©  Loup Francart

20/03/2020

L'impudence

Ma joie est dans l’ignorance
Mon bonheur s’épanche dans l’inexpérience
Je cherche ce que j’ignore, sans méfiance,
Puis, je découvre l’inexistence…

Je fouille donc les abîmes de l’incompétence
Et reviens orné des palmes d’une nouvelle naissance
Fort d’un plein auparavant sans nuance
Revêtu d’indécence et de munificence

Quelle jouissance, douce et bienfaisante
Que cette crème onctueuse et séduisante
Qui éblouit le monde et sa croissance
Et le rend vulnérable à la puissance

Je caresse alors le squelette de la déliquescence
Et l’emmène aux sommets de l’inconnaissance,
Ce lieu dont peu connaissent l’existence
Et qui conduit à l’évanescence…

Depuis, j’erre dans la redondance
Je contemple enfin la transcendance
Dans laquelle l’ascendance
Devient connaissance et surabondance…

©  Loup Francart

14/03/2020

L'univers

U… un… uni… hiver… ver… vers…

Cela commence par la vingt-et-unième lettre.
Pourquoi n’est-ce pas la première et la dernière,
Un contenant empli de finis, lui-même infini,
Le mystère tenu dans la main de Dieu,
Réfugié dans la chaleur de son être ?
Ce n’est qu’une courbe recueillant le monde,
Cette goutte de parfum qui résume
La petitesse et la puissance rassemblées,
Féminin et masculin unis en un tout
Qui gonfle la poitrine du souffle de l’Unique.
Il pourrait être clos, un O parfait,
Un zéro empli de lui-même,
Gonflé d’importance, vide d'absence.
Mais il reste ouvert. Sur quoi ?
Nul ne le sait pour l’instant.
Il se construit sans cesse, de néant,
Pour devenir le monde, le Tout,
Seul dans le rien, caressé par le doigt
De Dieu, une larme d’attendrissement
Qui soulève les corps, les cœurs et les âmes
Et qui reposent dans le souffle divin.
Mais qu’il fait froid en son absence.
L’hiver éternel s’étend vers l’inimaginable,
Un au-delà incertain, une glu sans fond
Où grouillent les vers, vraie face de la matière,
A l’origine de l’espace et du temps,
Branes, filaments, cordes sous-tension
Qui semble nous dire que l’univers n’est pas seul.
Ferait-il partie d’un ensemble plus large
Dans lequel les Big-bang se succèdent ?
Seuls les poètes peuvent concevoir un tel fait,
Ces vibrations parvenant à l’oreille de Dieu,
Le chatouillant pour lui rappeler la solitude
Des choses et des hommes sans son souffle
Qui fait inexorablement monter les âmes vers lui.
Voilà pourquoi l’univers ne peut être
Ni ouvert, ni fermé, un monde replié sur lui-même,
Aspirant à l’union dans la main du destin…

13/03/2020

L'inconscience

 

Figurez-vous que l’autre jour j’ai croisé l’inconscience. une véritable engeance ! Lourde de déficience, elle se promenait sans surveillance dans les rues pleine d’affluence, faisant bombance, mais sans indécence. Elle avait bien des tendances à la malfaisance, mais tout de même, se promener sans élégance, la panse en béance, devant la télésurveillance, me fit réfléchir : quelle alliance avec l'impudence !

L’inconscience, est une défense contre la malchance. Elle balance, en toute flamboyance,  entre la délinquance et l’imprudence. Elle compte finalement sur l’État-providence, osant la dissidence avec une telle évidence, faisant fi de toute conséquence. Les offenses deviennent transcendance, redondance sans discordance, d’une influence sans équivalence.

La grandiloquence frôle l’imprudence, face à une présidence pleine d’ambivalence. Désormais, finit la patience, aucune nonchalance, seule la providence sauve de l’outrecuidance.  

Depuis, sa descendance garde son indépendance et lance, en confidence, son unique chance, la prévoyance ! La résilience est devenue l’unique obédience pour faire face à l’imprévoyance. En urgence, la vaillance devient exigence, voire intransigeance.

11/03/2020

Trou blanc

 

Le trou noir n’est noir que parce qu’il est invisible
On peut penser que le trou blanc est observable
Pour l’instant, personne n’en a vu, même pas un

Le trou noir est un avaleur de matière usée
Une sorte de poubelle pour étoiles fatiguées
Le trou blanc expulse de la matière renouvelée
Après un passage dans un trou de ver
Une sorte de tambour de machine à laver

Mais alors puisqu’il y a de la matière noire
Peut-on imaginer de la matière blanche
Pourquoi pas, mais elle aveugle tellement
Qu’elle est impossible à voir à l’œil nu
Doit-on la munir d’un cache sexe pour l’apercevoir
Mais la matière aurait-elle besoin de sexe
L’antimatière serait-elle de la matière inversée
Mâle ou femelle ou encore femelle ou mâle
Ce trou est-il une matrice, un utérus géant
Permettant la renaissance du noir en blanc
S’emparant d’une matière à bout de souffle
Et la régénérant en la dotant d’un nouveau souffle vital

Ainsi l’univers serait éternel, se ressuscitant sans cesse
En transformation permanente, toujours neuf
Un soleil impérissable dont le prestidigitateur
Serait un Dieu au souffle éternel
Créant le mouvement qui lui-même crée
L’espace, le temps et la matière

Alors laissons-nous entraîner par son haleine
Et, léger comme l’antimatière, volons dans les cieux
Sans nous laissez prendre dans le filet des astres !

©  Loup Francart

 

04/03/2020

Tableau d'Auguste Haessler

oeuvre d'Auguste Haessler.jpg

L’inconnue dérive et marche sur les flots, écarquillant les yeux.
Le marécage s’enhardit, il boutonne ses maigres fleurs.
Le scorbut déverse sa rancœur, la fièvre saigne les pentes escarpées.
Le volcan lave ses blessures, criant de froid en enflammant le reflux.

Elle s’avance cachée, les yeux baissés, sereine,
à mi-chemin entre l’imaginaire et une réalité éphémère,
enfouie dans l’onde calme d’un jour d’été,
évanescente devant les forces de la nature.

©  Loup Francart

 

02/03/2020

Impudence

Ma joie est dans l’ignorance
Mon bonheur s’épanche dans l’inexpérience
Je cherche ce que j’ignore, sans méfiance,
Puis, je découvre l’inexistence…

Je fouille donc les abîmes de l’incompétence
Et reviens orné des palmes d’une nouvelle naissance
Fort d’un plein auparavant sans nuance
Revêtu d’indécence et de munificence

Quelle jouissance, douce et bienfaisante
Que cette crème onctueuse et séduisante
Qui éblouit le monde et sa croissance
Et le rend vulnérable à la puissance

Je caresse alors le squelette de la déliquescence
Et l’emmène aux sommets de l’inconnaissance,
Ce lieu dont peu connaissent l’existence
Et qui conduit à l’évanescence…

Depuis, j’erre dans la redondance
Je contemple enfin la transcendance
Dans laquelle l’ascendance
Devient connaissance et surabondance…

©  Loup Francart

Ignorance

Au retour de la rue encombrée
Des paroles mièvres des passants,
Il s’arrêta au tournant de l’escalier,
S’assis sur une étroite marche
Et contempla le colimaçon de ses aspirations.
Il creusa loin et en profondeur
Pour prendre conscience de la futilité
D’un coup d’œil sérieux sur sa vie.
Il ne tenait rien dans ses doigts,
Sinon un mince morceau de chair
Qui se débattait mollement
Dans la poussière cosmique
Ou se noyait éperdument
Au bord du rivage escarpé.
Où est passé l’animal agile
Qui courrait, endiablé, au gré des saisons,
Sautant d’une pierre à l’autre,
Fouillant toujours plus la surface
De l’étendue brillante et nue
Qui s’ouvrait devant lui.
Il en conçut une certaine gêne,
Comme une larme de crocodile,
Verte et grosse comme le poing,
Un avocat encombrant et tenace
Qui conduit à l’écrasement.
Où donc vais-je courir
Devant cette patinoire luisante
Qui glisse sur la peau
Et donne le vertige de l’absence ?
Il avança d’un pas précautionneux
Tâta le plan froid et morne
Se dit qu’il conduisait à la vie
Et pourtant il n’osait y croire.
Un pied, puis l’autre, à plat,
Les deux jambes bien tendues,
La main sur la rambarde,
Le cœur battant la chamade,
Il risqua un pas, précautionneusement,
Puis poussa sur l’autre pied.
Ce fut un trou d’air qui le prit dans ses bras
Une valse lente et aventureuse
Dans les bras d’une femme inconnue
Belle comme la musaraigne
Qui passe entre les meubles
Et court se réfugier auprès de l’ombre,
Effarouchée de se trouver là,
Bercée par le bonheur
D’un jour nouveau et inattendu.

Depuis, il fuit éperdument
La terre ferme et rugueuse
Et se contemple, étincelant,
Dans le miroir de sa félicité.
Elle se tient là, auprès de lui,
Amoureuse de l’homme
Qui lui sauva la vie,
Sans connaître son existence antérieure.
Elle est bien, et lui de même.
Ils ont atteint leur raison d’être :
Mourir pour vivre un avenir inconnu !

©  Loup Francart

27/02/2020

tangage

La langue tangue derrière les calanques
Sous quelle gangue caches-tu ta banque
Quelle novlangue interdit aux saltimbanques
De piller la planque avec des tanks

Les doigts pleins d’encre de chine
Elle porcine à Messine devant la piscine
Fascinée, la médecine ne voit pas Alphonsine
Jouer les bécassines devant l’officine

Il assassina sa cousine en spadassin
Inoculant le vaccin, les mains sur ses seins
A dessein, s’assit sur le coussin
Et, succinctement, fit sonner le tocsin

Enfin, n’en tenant plus, il monta sur le talus
Et ne dut son demi-salut qu’au merlu
Qui coula le chalut au port salut...
Ah, quelle plus-value pour les farfelus !

©  Loup Francart

21/02/2020

Quand l’ombre des lignes de mes paumes

Quand l’ombre des lignes de mes paumes
S’allonge tendrement à l’insu de tes rides
Sur l’ombre de ta joue au velours bienfaisant
Chacun de mes doigts rêve à ce souvenir

J’ai beau les promener à la même hauteur
Dans le même égarement ou la même folie
Sur le souvenir du baiser vers ma joue
Ils ne retrouvent pas leur ignorance vagabonde

Quand je dessinais au long de ton profil
Un doigt d’inquiétude au regard de bonheur
Je surprenais à l’espace de tes lèvres un sourire
Dont je traçais vers les étoiles la courbe silencieuse

Et le parfum de chacun de tes doigts, un à un,
Dont je tente, dans le creux de ma main, de me souvenir
Je dois longuement chercher pour en trouver la trace subtile
Bientôt, j’aurai perdu jusqu’à l’ombre du goût de tes lèvres

©  Loup Francart

18/02/2020

Gris

Le monde est gris
Connais-tu la couleur de l’histoire ?

Selon les cas, il y a des gris lumineux
Des halos de tendresse flottant au vent
Faisant claquer les étendards du bien-être
Et reposer les corps sur des nuages blancs
Mais ils sont si maigres qu’ils s’absentent
Du paysage habituel du climat social

D’autres fois, le gris devient foncé
Son œil courroucé se teinte de verre
Qui reflète l’ambiance des matins verts
Fermez les yeux et buvez un coup
Rien ne se perd et tout se gagne
Dans le brouhaha de l’information

Certains imaginent sans jamais voir
Le produit de leur rêverie nocturne
Il est vrai qu’ils ne savent plus réellement
Ce qu’est la folie des couleurs empêtrées
Dans de petites liaisons dangereuses
Et contraignent à s’assoir par terre

Il arrive même que le gris se noie
Ou lave ses effets dans la cuvette noire
Des interrogations clairsemées sur la toile
Les passoires du correct relâchent leur ignorance
Et bouillent d’impatience au regard
De l’envie des humbles et des sans dents

Quand serons-nous délivrés de ces délires
Qui naviguent à tire d’ailes dans les plumes
Sans jamais tomber dans les trous
D’une absence d’histoires scabreuses
Monte d’un cran au-dessus de ces gris
Qui toujours encombrent ta vision

Cela forme-t-il une histoire vraie
Ou au moins un conte à dormir debout ?
Ne confondons pas les volutes glauques
De racontars à l’imagination sans fin
Avec le doux zéphyr caressant
De la vérité cachée dans les plis de l’histoire

 

16/02/2020

Rouge et blanc

 

Au fond de toi, le rouge

20-02-11 Trou flamboyant.jpg

Rien ne te trouble
Il est bien là, le trou de l’épingle
Rond parfait, blanc sur le rouge
Un trou dans le ciel, perçant
Comme le cri de l’alouette

Rien ne bouge en toi
Tu es là, debout sur la tranche
Humant l’air chargé de rêves
Qui siffle au travers de l’ouverture
Mais ne dévoile aucun de ses projets
Immobile, la campagne s’ouvre
En deçà du rouge pourpre
Mais le point blanc échappe
A ton attention exacerbée
Les sons clairs du feuillage
Renforcent ton impression

Rien ne t’étonne, malgré tes craintes
Tu aimes ce moment intense
Où l’éternité s’éprend de toi
Et s’incline à tes pieds
Tu t’oublies et deviens nuage
Les membres enlacés de lauriers
Les oreilles encapuchonnées de vert

Rien… Je ne vois plus rien
Je passe à travers l’anneau
L’air est si pur qu’il n’est plus
Je suis la transparence

Mais, suis-je encore ?

©  Loup Francart

14/02/2020

Folie ?

 

Fou, l’était-il, cet homme vert de rage ?
Un point rouge au front, il se mit à l’abri
N’avait-il pas osé plonger dans le bleu des eaux
Et déambuler dans le jaune des moissons
Seul le blanc lui sied, mais sur fond noir
Alors il peut partir vers l’absence de couleurs
Là où rien ne se voit, mais où tout se sent
Il se laissa couler dans l’onde incolore
Et s’évanouit à leurs yeux de verre
Sans pouvoir prédire leur avenir incertain

©  Loup Francart

12/02/2020

Belle

 

Mais qu’elle est belle

dans ce mouvement serré

va au paradis…

 

20-02-11 Belle.jpg

©  Loup Francart

09/02/2020

vent ou fuite ?

C’est le bourdonnement inlassable du vent
Qui arrache les pensées et fait fuir la conscience
Il prétend connaître le monde des vivants
Mais la solitude efface la croyance

L’aridité est là, la poésie s’enfuit
Seuls demeurent les cœurs et la fuite en avant
Appuie, appuie, appuie sur le coupe-circuit
Ou ton corps passera, qu'il soit ou non savant

©  Loup Francart

06/02/2020

Peur

J’ai peur, peur de quoi ? De rien…
Mais j’ai peur d’avoir peur… De quoi ?
Je frisonne de peur, glacé de crainte
Sans savoir pourquoi !
Cette peur n’est pas crédible,
Elle s’enfonce en moi
M’environne de brouillard
Me donne des ailes vertes
Et une moustache bleue
Je plane au-dessus du nid
Sans savoir où me poser
Mais rien ne me décide
A garer mes pattes fragiles
Sur la surface étoilée…
J’y laisserais ma peau
Ou au moins mon calme
Je garde mes paroles pour moi
Regardant au loin les monts
Et marche sans vergogne
Jusqu’au bout de la route
Dans l’épaisseur de mon ennui
Va et ne dis rien, rien ne va plus
Plus lucide que la peur
L’absence me fait froid dans le dos
Car on ne sait où elle se tient
Je ferme les mains sur le rien
Et pourtant tu m’accompagne
De ton sourire moqueur
Et je vois dans tes yeux
L’ombre de ta satisfaction…
Allez, va et ne pense plus
La pensée est la peur des faibles
Et l’escalier des rêves…

©  Loup Francart

05/02/2020

Je suis couché

Je suis couché, ver de terre

Du creux des ténèbres montait une voix
La nuit fermait sa main étoilée
Sur les pierres sales et les fous

Tu riais. J’écoutais le chant de la terre

Cœur, un rond de douceur chaude
La flamme du désir
S’élève dans la houle de nos corps

Centaure aux bras d’étau
Vaste plaine

L’œil des juges prend les paupières baissées
Sur l’eau noire aux cercles rouges
Ta bouche s’ouvrait sur ton corps mobile
Le lac des caresses se mêlait aux torrents

L’ambre de ton cou se noyait au fond de nos mains avides

©  Loup Francart (1967)

04/02/2020

Chine (pictaïku)

Chine impériale :

derrière tes murs de papier,

quel virus t'atteint ?

 

20-02-04 Languettes.jpg

02/02/2020

Temps présent

Demain sera toujours un autre jour…
Comment voir encore les jeunes filles
Deviser et rire dans les rues de Paris
Alors que la vie déroule son tapis
Sur les bosses du désaccord
Fuyez, mes amis, entre les pavés
Que vous avez longuement foulés
Perdez-vous dans les montagnes obscures
Ou noyez-vous dans la froideur de l’océan
Mais surtout ne restez pas sur le passage
Des révoltés haineux sans conscience
Seuls les innocents marchent sans espoir
Ni même crainte d’un avenir imprévisible

©  Loup Francart

27/01/2020

Délire

 

Entrée dans le coton
Brouillard sans visage
Ombre de lui-même
Devenu autre et semblable
Il ne peut résister
Le mirage devient vrai
Plus rien n’existe que l’évocation
Il enfle sous les sollicitations
L’imagination le relance
L’irrépressible l’envahit
Et l’entraîne vers la chute
S’ouvre un délire bref
Le comble du bonheur

Dans quelques heures, de nouveau
Il fermera les yeux, s’ouvrira à l’inconnu
Et plongera dans l’existence noire…

©  Loup Francart

25/01/2020

Esclavage

 

Les hommes, comme d’éternels esclaves
Entraînent chaque jour la roue du passé
Ne connaissant d’elle que ce point de tangence
Qui imprègne dans le sol l’instant de sa présence
Derrière ne restent que les traces du regret du passé
Et au-devant l’espoir du futur dans un jardin sauvage

 

©  Loup Francart ( (écrit en janvier 1968)

23/01/2020

Ici et maintenant

Ils pendent aux murs comme des drapeaux
Délaissés, ils s’affaissent de tristesse
Qui donc viendrait voir ces oripeaux
Entourés de baguettes luisantes ?
Pourtant au cœur saignent leur volonté
De devenir les plaignants du grand jour
Quand l’homme se terrera de honte
Et couvrira ses épaules d’opprobre
Chaque tableau devient l’oriflamme
D’un monde converti à l’insolite
L’enfant est à leurs pieds, nu et vertueux
La faim le tient éveillé, les yeux las
La rage au ventre, bleu de froid
Tordu comme un vieil arbre craquant
Et les murs s’affaissent en silence
Sans un regard vers la débâcle
Oui, le monde est vaste, mais l’homme petit
Comme un moineau sur sa branche
A bientôt, le remord aux lèvres
Seul luit le bonheur d’être, ici et maintenant…

©  Loup Francart

20/01/2020

Ire

Vivre ou mourir :
Que choisir ?

Mieux vaut sortir
Et sourire
Sans renchérir
ou obéir

Séduire
Ne pas s’enfuir
Et chérir
Sans défaillir

Concourir ?
Quel rond-de-cuir !

©  Loup Francart

16/01/2020

Déchirure

Déchiré…
Les fils du papier flottent au vent
La rectitude des bords écarte la maladresse
Comment attaquer le parfait ?
Et pourtant combien il est tentant
De se réduire au simple fil du rasoir
Elle attaque des dents le tranchant
Explose d’un hochement de tête
Enrage de ne pouvoir déchirer sa minceur
Jusqu’au moment où il faiblit
Quelle victoire cette déchirure !
Alors elle poursuit son œuvre destructrice
Sans guide, sans règle de droiture
Se laissant aller par instinct et jeu
Les fibres se séparent indistinctement
Pouces et mains maintenant l’ouverture
L’œil égaré, impuissant et inquiet
Du plein naît le vide entraperçu
Une brèche ouverte sur l’inconnu
Comme un déchirement de l’être
Et un fer rouge dans le corps
Cette fois-ci elle sait que le cœur
A une autre consistance que le corps
Qu’il peut saigner sans déchirure visible
Rien que parce qu’il a cru, un moment
A la musique des anges, à l’attendrissement
Du couteau sur la gorge offerte
Adieu la consistance et la fidélité
C’est un monde sans valeurs
Qui te convoque au tribunal
Et rien ne t’a préparé à cette mascarade
De l’être englué dans la société

Va…
Ne te retourne pas
Garde ta virginité de prêtresse
Et pleure les larmes de ton cœur
En admirant l’incision sur ton flanc
Qui verse sa liqueur odorante
Pour protester de son innocence…

©  Loup Francart

12/01/2020

La cité perdue

Les tours d’acier se penchent sur le nid de la cité
Regard de leurs hublots sur le jardin des plantes
L’écureuil tressaille et le serpent avance en catimini
Comme les bras de velours sur la plage des plaisirs
Sans un bruit ni même un clin d’œil coquin
Paris te tient et l’air s’évade vers d’autres cieux
Ceux du rêve adouci de peaux de pêche
Enrobé des éclats de verre des amants séparés
Hommes debout sur leurs certitudes et envies
Femmes retournées aux seins vigoureux
Mêlés par inadvertance dans la sauce onctueuse
Des frottements insolites et des caresses osseuses
Le cri acerbe du veilleur engendre le trouble
Et tait les rires sous l’oreiller de la jeunesse
Sous le soleil couchant se lève les ombres
Qui auscultent les caves où danse l’avenir
Rien ne va plus dans la cité extasiée et frivole
La poésie prend son envol et s’exile dans sa maigreur
Laissant à l’abandon les cancrelats charognards

©  Loup Francart

08/01/2020

Chien

Il est revenu le tout-fou
Il n’a pas les yeux dans sa poche
Il sait tout de suite où se trouve le meilleur

Alors il tire la laisse du bonheur
Jappe de petits sons aigus par intermittence
Agite son museau partout où il peut

L’extase le prend, il en rit d’aise
Et met son menton sur vos cuisses
Fermant les yeux avec soupir
Esquissant un animal sourire serein

La fidélité est un bonheur
Qui oserait l’abandonner
Et pourtant que de contradictions
D’atermoiements et de non-dits

Il est là, simple. Il te regarde
Et tu vois dans son attitude
La naissance d’un bonheur parfait
Au-delà de la raison et du naturel

©  Loup Francart

06/01/2020

Au-delà

La verticalité s’empare de toi
Elle gonfle tes poumons et te propulse
Au-delà de toi-même dans la clarté
Réjouissant l'ouverture de ton être

L’horizontalité te défie et t’active
Elle court sous tes pas et t’entraîne
A, malgré tout, survivre et agir
Pour découvrir ce qui est au-delà de toi

Entre les deux, la beauté des bras étendus
La force qui sort de leurs troncs puissants
Oasis de vie, permanence de l’amour
Une boursouflure d’innocence naturelle

Ces trois aspects forment l’entier
Du désir de vie et d’amour de l’univers
Qui te distend les joues et t’entraîne
Vers cet au-delà inconnu à découvrir

 

IMG_0003.JPG

©  Loup Francart

 

01/01/2020

Bonne année 2020

Selon chacun, l’année passe
Enchante, déprime, laisse indifférent
Une année est une vie en bocal
Un condensé de rêves et de phantasmes

J’étais il y a une minute
Je suis depuis une seconde
Je deviendrai dans quelques dixièmes
Où est-elle cette vie adulée ?

La vraie vie n’a pas de durée
Elle coule, immuable
Et, heureuse, te regarde vivre
Hors du temps et de l’espace

Le paradis est là, ouvre les yeux !
Bonne année dans la nuit des temps !

©  Loup Francart