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23/03/2019

Pause

Tu es rentrée si lasse
Ton cœur effréné s’étirant
Que tu t’es endormie
Dans la chaleur du printemps
Environnée du vol des oiseaux
Et bercée par le chatoiement des flots

Ce n’était que silence
Et même l’éclaircie des sons
N’empêchait pas le rythme
D’un sommeil paisible

Ce premier jour du printemps
S’emplissait de fragrances sauvages
Et de quiétude apparente


Mais derrière l’impression trompeuse
La vie s’activait, claironnante
Si visible en tension des corps
Vibrante sous le duvet de la peau
Enivrant l’air de pulpeuses élancées
Et de caresses pénétrantes

La vie reprend, disait l’eau qui court
En chantant d’une voix fluette

La tête bleuie par l’azur
Tu pars  dans ce rêve limpide
D’une nouvelle vie à honorer
Délivrée de tout miasme
D’un passé encombrant

©  Loup Francart

22/03/2019

La beauté

 

Un éclair et le silence
Une présence née de l’absence
Au-delà du trop-plein de vie

L’écho de l’être se révèle
La beauté est là et s'impose


Elle est entrée à l’instant
Où tout s’est effacé
Sauf les battements de ton cœur

La vie s’en va et percute l’être

Rencontre de l’invisible

©  Loup Francart

18/03/2019

Survivre

Il va sans savoir où et marche sur les pas perdus
Il revient en arrière et retrouve ses pieds
Ils sont bien crottés, ce qu’il n’avait point vu
Et tirent derrière eux la lourdeur de l’acier    

A-t-il perdu la main et provoqué le pire ?
N’a-t-il point transpiré et produit son effort ?
Il n’a pourtant rien dit ni poussé un soupir
Laissant le vent malin faire le choix du sort

Telle une girouette au mât d’un paquebot
De droite et de gauche, monté sur l’escabeau
Il suit l’horizon sans voir un obstacle

Que la vie est drôle et l’homme sans souvenirs
Pour penser poursuivre et même se rajeunir
Dans l’ombre de la mort comme par miracle

©  Loup Francart

17/03/2019

L'inertie

 

L’inertie est une propriété et, parfois, un état
Elle peut donc appartenir en propre à un objet
A un être vivant et donc, aussi, à un humain

Cette propriété est justement un manque de propriété
Rien ne sort de l’inerte, même pas l’inertie
L’inerte est un mur impossible à modifier

L’inertie physique, en premier lieu, est plus qu’un signe
Cessez de respirer, vous ne tardez pas à mourir

L’inertie mentale fait de vous bien pire
Vous ne pensez et agissez que par l’autre

Quant à l’inertie spirituelle, c’est devenue un lieu commun
Qui fait de l’homme l’égal des pourceaux
Assujetti aux mouvements de pensées minoritaires
Qui font la loi démocratique au nom de l’individu
Plutôt que d’une majorité réelle et honnête

Alors sortons de notre inertie
Ne laissons pas les censeurs
Faire place à un correct incorrect
Faisons entendre la voix de ceux qui ne revendiquent plus !

©  Loup Francart

14/03/2019

Les mots

 

Le mont peut-il médire
Etienne seul peut le dire
A-t-on toujours besoin de mots
Pour en faire des maux
Lorsqu’il convient de maudire
Ou, encore, de s’esbaudir



Voir le blog d’Etienne de Montéty « Encore un mot »:

« Les mots sont la plus belle conquête de l’homme. Ils nourrissent notre quotidien, enrichissent notre pensée et notre conversation. Mot d’auteurs ou bas mot, mot grossier, fin mot, demi-mot ou mots croisés, sans parler des mots et camées chers à Théophile Gautier, les mots en disent long sur notre époque. Et même un peu plus. Chaque jour a son mot à dire. Il suffit de l’attraper et de jouer avec lui. Les mots ne demandent pas mieux. »

 From: http://blog.lefigaro.fr/encore-un-mot/etienne-de-montety....

Etienne de Montéty est né en 1965. Il dirige le Figaro littéraire depuis 2006 mais fréquente les mots depuis qu'il a appris à parler, à lire et à écrire.

12/03/2019

Veines et artères

Veines et artères
L’ombre des veines sur le front
Me tresse une couronne de douleur
Le sang circule sans défaillance
Mais son flot est en furie

Comment faire passer cette rage
Qui s’est installée en hauteur
Et crée une tempête bien huilée
Qui met la tête dans un étau

Je suis aplati entre deux planches
Et promène ma face de lune
Aux yeux écarquillés des anges

Tout à l’heure viendra celui
Qui saura faire dire à la chair prélevée
De quoi est fait ou ce qu’est devenu
Cette pelote de tuyaux emmêlés
Qui dérive dans l’imagination
De celui qui dort en toute quiétude
Et ne sait ce qu’il deviendra

Serre, serre le nuage des hauteurs
Imprime entre tes yeux ta tempérance
Et rêve aux temps où rien
Ne devançait ton pas libre et serein
D’une ombre éclairant ta nuit noire

©  Loup Francart

08/03/2019

Moment de vie

 

Toi… Rien...
Pas même le cri d’un oiseau
Un silence si audible
Qu’il étouffe l’humain
Ferme l’œil, palpe ton cœur
Que tremble ta glotte
Et pleure la caresse maladroite
Venue du fond des âges

Moi… Tout…
L’être et la femme
Le bruit des pas sur l’âme
La résonance du couloir
Qui mène à la chambre
Allégé, je tempère
Un saut dans l’inconnu
Et le baiser au bout des lèvres

Que donner qui n’existe déjà
Le temps seul, sans espace
L’éternité ou l’instant
Je ne sais
Et toi, le sais-tu ?

 ©  Loup Francart

07/03/2019

Blanche

A la société de poésie française, se tient un atelier de poésie libre dont la particularité est la source d'inspiration : un tableau. Chacun crée son poème sur ce que lui inspire le tableau. Les résultats sont particulièrement divers, l'inspiration varie selon ce que chacun y voit.

Je ne sais malheureusement qui a peint ce tableau.

19-02-25 oeuvre mars.jpg

Blanche dégrafa sa chemise

Ouvrit son cœur

Pleura sur ses turpitudes

Et, les yeux clos

Contempla l’innocence reconquise  

©  Loup Francart

04/03/2019

L'être et la chair

L’être ne suffit pas, il faut aussi la chair.
Même si rien ne va plus, l’envie reste en jachère.
Lourde et impérieuse, elle s’impose aussi à vous,
Les défis de l’amour vous tiennent au garde-à-vous.

Face à la volupté, est-il plus noble cause
Que de chercher le noir et s’évanouir de soi.
La chair conduit l’homme à la métempsychose,
Mais qu’est belle la femme sur son quant-à-soi.

Rien ne la rattache au monde des vivants.
Dans sa féminité, elle change de dimension ;
Sa seule transparence la conduit au couvent
Et peut faire déchoir l’envie d’initiation.

Pourtant qu’est douce l’heure du frottement des corps
Dans l’odeur du désir et l’attrait du bonheur.
Même si celui-ci vous crée un autre sort,
Vous resterez tenté de donner votre cœur.

©  Loup Francart

28/02/2019

Relier

 

Il se leva et fut. Dans la nuit, il s’enfuit.
Au matin, il errait et la bougie revit.

Quand est-il apparu ce morceau de soleil
Qui vibre dans l’air et défie les abeilles.

Cet instant sublime ne peut être aperçu,
Car Rien, jusqu’au moment où l’aube est apparue.

Tiens-toi sur la corde raide, ni à gauche ni à droite,
Là où ce fil vivant fait la voie étroite.

©  Loup Francart

 

Poème inspiré par la poésie chinoise :

"Ici, nul drame, nul discours, le poème réfléchit un simple instant de la nature. Mince l'horizon des mots, immense le regard du poète. Entre lui, la la nature et le poème s'établit une coïncidence silencieuse. Le poème chinois n'est pas tant une description qu'un reflet quintessencié du monde.

Restituer à la fois l'être du paysage et les paysages de l'être.

Saisir ces instants-déclics où se dévoilent la lumière du vide".

Voir La montagne vide, anthologie de la poésie chinoise IIIe - XIe siècle, traduite et présentée par P. Carré et Z. Bianu, spiritualités vivantes, Albin Michel, 1987, p.9 et 10.

 

27/02/2019

Vivre avec un poète

Vivre avec un poète n’est pas chose aisée,
Car on sait que toute situation est observée,
Qu’elle soit ordinaire, drôle ou insolite,
Elle est bonne à devenir un objet de poésie.
Cela germe dans la tête du poète soudainement
Et se dévide la litanie des vers sans fin.
Ils finissent un jour, auréolés de gloire,
Ou, par jalousie, jetés à l’opprobre,
Ou, encore, emplis de la honte de l’indifférence.
Mourir dans la peau d’un poète est simple,
Il suffit d’écrire et de se laisser aller.

©  Loup Francart

26/02/2019

L'enchanteresse

Sait-elle ce qu’est la mort, cette vision frêle
Qui court le long des murs et repose sur trois pieds.
Elle tient lieu de beauté, sans être naturelle
Et se pare d’artifice sans autre marchepied.

Elle débarqua un jour et fit un beau bazar,
Perdue aux méandres du fleuve de la mort.
Elle erra longuement en vertu des hasards
Et secoua ses atours en laissant tous ses torts.

Rien ne vient des malheurs, tout reste à craindre.
Y a-t-il plus jaloux que l’homme et la femme,
Ensemble et séparés, cherchant à se joindre,
Hors toute intimité aux pieds de l’infâme.

Ainsi devenus un, ils se regardent enfin,
Revêtus des délices, parés de mille feux,
Avant de s’étonner, sans jamais avoir faim,
De la fin d’une vie à l’heure du couvre-feu.

C’est alors que défilent les vertus du passé, 
Les odieux souvenirs, les glorieux matins,
Les prières du soir, les ombres effacées,
Pour enchanter les jours et mourir en catin.

©  Loup Francart

23/02/2019

Fontaine

D’une fontaine de maux
Jaillissent par monts et par vaux
Entourés d’un vif halo
Ces mots :

Anubis n’a pas ri
Il ne s’est pas nourri
Comme ces verts philanthropes
De ces galeux métatropes

Une étoile inconnue
Dans le ciel a été vue
Il s’agissait des joyaux
D’un ver luisant dans l’eau

Quelle belle faribole
L’orage la carambole
Elle est tombée du puits
Elle a basculé sans bruit

©  Loup Francart

20/02/2019

Faux

Un faux départ ne peut faire une vraie arrivée
Un faux pas de même n’empêche pas de courir
Seul un faux prétexte te permet de t’échapper
Si tu es accusé du péché de sourire

Bien qu’aussi le faux rire soit toujours possible
Il est recommandé de n’être pas faux cul
Répandre le faux demeure inaccessible
De tristes faux-propos ne font pas le vécu

N’est-il pas méritant d’user de faux billets
Pour sans vergogne s’acheter un faux-filet
Jurer toujours de n’être pas un faux jeton
Pour que les faux amis s'esquivent à tâtons

Alors, pour une fois, engage de faux frais
Ne cherche pas à distinguer le faux du vrai
Ne fait pas un fromage du recours au faux mage
Rend à la vérité un dernier hommage

©  Loup Francart

17/02/2019

L'art spéculateur

La peinture n’est pas ce que l’on croit
Elle n’enchante ni enfants ni vieillards
Elle ne divinise plus les amateurs d’art
Elle est devenue un tas d’or et de pierreries
Que se partage une multitude de spéculateurs
Seul face au blanc de la toile
L’artiste, si l’on peut l’appeler ainsi
Peint les billets de banque ressurgis
D’une mémoire sélective
Il ne crée plus la beauté intègre
Il ne dispense plus le fumet du rêve
Il s’accroche aux chiffres d’une bourse
Dispendieuse et mathématique
Qui fait bondir son cœur
Et gonfle son portefeuille
Est-il question de couleurs ou de traits ?
Seule s’empare de l’artiste la fièvre
De vallées de pièces d’or et d’orfèvrerie
Peu importe l’harmonie
Peu importe la consonance
Peu importe l’équilibre
Seul compte le devenir
D’un chef-d’œuvre imaginaire
Que s’arracheront les héritiers
D’un monde sans rêves ni cauchemars
Quelle robe immaculée que celle du banquier
Et quelle fragrance que celui de l’or
Qui coule à flots du tube de couleur
Tout est gris, mais si séduisant !

©  Loup Francart

16/02/2019

Aube

Le vert s’est recouvert de sa pellicule
De blancheur froide et enveloppante
Les princes de la nuit ont encore
Joué un tour aux anges du jour

Que diable, où sourire maintenant ?
Devons-nous aller jusqu’à la glace
Pour comprendre le froid qui règne ?

Seuls les grands arbres restent verts
Revêtus d’une couronne imposante
Réchauffée par la main ensoleillée
D’un matin au ciel translucide

Au fond des vals,une brume persistante
Emmitoufle les cours d’eau
Et leur permet un dernier sommeil
Avant leur fuite vers les mers lointaines

A l’horizon, la forêt bat son plein
De clarté et d’aisance recueillie
Pourquoi monter plus haut
Puisque déjà la terre m’apparaît
Et me dit lumière et plénitude

Ainsi va la vie, fière et fuyante
Devant l’avancée des heures
Et l’approche des humains

©  Loup Francart

12/02/2019

Trop tôt

Elle regarda la campagne
L’eau dans la rigole
L’herbe imbibée
Son pied fourchu
Et la trace de ses pas

Il épiait ses mouvements
Admirait sa souplesse
La courbe tendre
De son dos
Sa fourrure lustrée

Il avança de deux pas
Huma sa suavité
Pressé d’en finir
Frissonnant de bonheur
Enrobé de certitude

Elle est toi, se dit-il
Détend ton corps
Entend sa chair
Salive d’envie
Et rêve d’innocence

Il s’apprêtait à bondir
Ne pouvant plus tenir
Tremblant de certitude
L’œil vitreux
Sûr de la proie engloutie

Elle bondit de désespoir
Poussa un cri plaintif
Fuyant l’ombre de la mort
Et tomba sous les dents
D’un éclair argenté

Cette dernière vision
La consola de la perte
De n’avoir pu vivre
L’émoustillant sursaut
De l’amour offert

 ©  Loup Francart

06/02/2019

Le silence

Le silence est en moi
Il n’est pas froid
Juste un glaçon sous l’aisselle

Il marche sans bruit
Et te touche l’épaule
Sans dire d’où il vient

Je l’ai goûté un jour
La fenêtre ouverte
Une nuit d’été
Il sentait le citron
Et faisait crisser les dents

Enfin j’ai fini par le voir

Regarde-le entre tes deux jambes
Certes la position est bizarre
Mais elle demeure renversante
Pour n’entendre que l’absence

Tu peux penser le silence
Tu n’obtiens qu’un rien
Même pas audible
Une parenthèse sans points
Et sans aucune suspension
Inaccessible aux mathématiques
Un trou dans la feuille blanche
Ouvert sur un non-fini
Et même l’indéfini
Qui n’est pas l’infini

Et pourtant ton cœur
Se penche sur ce silence sacré
Ouvre ses corolles
Et pleure de ne pas entendre
Le silence de bienvenue
Dans le monde des sourds

©  Loup Francart

02/02/2019

Retour sur image

 

La société moderne puise ses pouvoirs
Dans sa capacité à aplanir les faits
Y a-t-il plus rassurant qu’un retour
Sur ce qui s’est passé et a été révélé ?
L’image se floute et dérobe sa nature
D’autres images interfèrent et révèlent
Ce qui ne fut plus qu’un fait anodin
Ou, inversement, un événement puissant
On vit ainsi le fou du roi étaler sa folie
Et toujours échapper au crime de lèse-majesté
La police seule autorisée à bâtir les chiffres
D’obscurs citoyens revêtus des gilets du désespoir
L’annonce d’une politique énergétique
Destinée à remplir les caisses de l’État
Au détriment d’une écologie de façade
Tout ceci au nom de la vérité de l’image
Elle-même tronquée, truquée, troussée
Et présentée enrobée des contours
D’une apparente sagesse irrécusable

Oui, c’est toujours la guerre du sens
Dans la perception du sixième sens
Tout, y compris le mensonge,  tombe sous le sens
Hors du sens commun de la majorité

Reprenez vos esprits !
Fouillez au-delà de l’apparence
Et laissez-vous aller à contresens
C’est-à-dire hors du sens giratoire
Sans accepter la perte de sens
De tous les événements
Et de toutes les interprétations

©  Loup Francart

31/01/2019

Paysage campagnard Dombes

 

18-12-31 Paysages campagnards 1-VD.JPG

Ombre et lumière

Glacial le vol du canard

Quelle chaleur au coeur

 

30/01/2019

L'appétence

Il en est de l’appétence comme du dégoût
On va au bout de soi et même plus loin
Dans les limbes engendrés par le désir
Ou par l’euphémisme de l’amertume

Ainsi en est-il de l’appétence de la nuit
Des moments où le monde se déchire
Où l’homme devient brut et possesseur
Remuant les organes des sens et du désir

Seul un filet de raison peut encore le sauver
Et le protéger de rêves délicats et zélés
Qui l’envahissent et le submergent
Jusqu’à éteindre ses envies et folies

Les uns se retournent bouleversés
Par un geste quotidien ou une odeur
Qui les repousse aux confins de l’être
Là où rien n’existe que la convoitise

Les autres redeviennent enfant boudeur
À fleur de peau du manque d’objets
Courant çà et là en recherche
D’une absence qui donne la fièvre

D’autres encore jouent au chat sans souris
Et guettent ils ne savent quoi
En attente d’un bien imaginaire
Jusqu’à la réjouissance finale

Mais combien semblent meilleurs
Ceux qui savent rester impavides
Et contempler sans aucun tremblement
Cette fin expiatoire du mouvement

Ils détiennent la paix et la puissance
Ils n’ont plus l’attirance dévoilée
Ni même le désir sublimé
Des pécheurs redevenus vierges

Ces hommes au front haut et clair
Regardent au-delà de la frontière
Du bien et du mal, vers l’inconnu
Que leur offre leur transparence

Tends la main, avance ton pied
Mais surtout, ne touche pas
Ceux qui ne font plus partie
Du monde de la concupiscence

Regarde ces voyants éblouis
Les yeux ouverts sur l’infini
Et laisse aller ton regard
Au fond de toi, enfin repu

 

28/01/2019

L'amitié

 

L’amitié est cette poussière d’or
Qui s’accumule dans le gouffre
Séparant un être d’un autre
Les comblant d’un bonheur subtil
Qui tient à l’équilibre instable
Entre leurs ressemblances et différences

Peu importe présence ou absence
Peu importe les gestes ou la parole
Peu importe même raison ou sentiment
Dès le premier regard
Dès le premier sourire
Se réveille le lien indéfini
Et pourtant si prenant
Qui unit les deux êtres
Et les revêt d’or et d’éternité

©  Loup Francart

26/01/2019

Souvenir

 

Elle ne savait comment changer de pied en cap
Et adopter la vie en regardant la mort
Il lui arrivait de rire de son handicap
Et de sourire sans éprouver de remords

C’était un sourire d’enfant au regard clair
Comme le pli d’un drap sur les genoux étirés
Derrière ses yeux, on devinait la galère
Et l’envie soudaine et violente d’admirer

Que pouvais-je lui offrir qu’elle n’eût point connu ?
Ni le son aigrelet de l’araignée tissant
Ni le pelage du chat qui miaule en riant

Juste un peu de larmes venant d’yeux inconnus
Un peu de caresses de mains hésitantes
Et de doux baisers sur ses lèvres en attente

©  Loup Francart

23/01/2019

Hiver

La trouée aveuglante des réverbères
Écrase l’hiver fluet et l’intimide
Majestueux, chaque flocon devient cerbère
Et cache sa brillance en chute fluide

Rien ne dit au passant l’enfer de sa chute
Et le rire des lutins qui passent à travers
Seul résonne encore l’air émis par la flûte
Dans laquelle s’époumonent de rares trouvères

Le pâle hiver est entré en catimini
La fenêtre s’obscurcit, voilée de buée
L’œil pleure à la recherche des nuées

Et toi, contemplant ce monde indéfini
Au chaud, tu recueilles le mystère de l’univers
T’endormant bercé par la venue de l’hiver

©  Loup Francart

19/01/2019

Retournement

Ce n’est qu’un courant d’air
Fuir cette forteresse
Où l’on ne sait où aller
Enfermés dans nos contradictions

Cette nuit, en douceur
Nous nous sommes levés
Avons pris des chemins détournés
Nous n’avons pas posé de questions
Nous n’attendions pas de réponses

Le courant d’air nous a pris sous son aile
Et nous a mis en marche
Nous avons suivi sans savoir où aller
Même pas une intuition

Non, un simple courant d’air
Nous a mis en marche

Nous sommes sortis sur la terrasse
Délivrés du poids des pierres
Affranchis des habitudes

Il était moi et j’étais lui
Nous étions nous et lui et moi
Les pleurs nous étouffaient
Nous nous jetions dans les bras d’inconnus
Et pleurions ensemble de contritions
Délivrés de notre misère sociétale

Le cœur en tempête
Nous fûmes pris dans l’ouragan
Qui emporte tout sur son passage
Et ne laisse qu’un trou
Où il suffit de plonger
Pour baigner d’amour
Et pleurer de délivrance

 

©  Loup Francart

16/01/2019

Transparence

Feuille blanche
Le cerveau vide
Il s’enfuit
Où va-t-il ?

Il peut s’enfouir
La tête dans le sable
Il peut grimper
La tête dans les nuages
Il peut fantasmer
La tête dans le nombril

Où qu’il soit cependant
Il ne peut échapper
À un moment ou un autre
À la mort de son personnage

Que restera-t-il de l’homme ?
Tout ce qu’il n’a cessé de voir
Et n’a jamais connu
Une bulle de pensée
Et la transparence du vivant

 ©  Loup Francart

13/01/2019

Réveil

Encore une fois, tu échappes à l’absence
Et tu t’éveilles empli de toi-même
Au centre de ta bulle d’illusions

Ne laisse pas errer ton imagination
Va aux confins de la connaissance
Là où commence l’ignorance

Malgré ta détresse, conforte-toi
Résolument, force ton destin
Et reviens vide de toi et plein du monde !

©  Loup Francart

10/01/2019

Rêve

 

Elle se leva, proclama son innocence
Pleura largement sur ses épreuves
Et nous conduisit au fond du jardin
Là, en paroles incompréhensibles
Elle tenta d’expliquer son malheur
Entourée savamment du noir de la nuit
«  Pardon mes amies, j’œuvre à tord
Sur cette scène obscure et glissante
Et j’enrage de devoir subir cet affront
Mais rien ne m’engage à tout dire
Mon être se dissocie et ma voix s’éteint
Je suis perdue et m’en excuse
Ouvrez vos yeux et vos oreilles
Elle va apparaître et parler »
Alors on vit une lueur monter
Bleue, froide, grinçante et amère
Son buste raide et maladroit
S’agitant et proclamant :
« Ah, quel mal y a-t-il à rêver
Que le monde n’est qu’une mascarade
Sans existence réelle et palpable
Touchez-moi si vous l’osez
Et vous disparaîtrez sans savoir
Où les dieux vous envoient
C’est leur privilège unique
Ils vous déracinent en douceur
Vous ouvrent le nombril et vous fouillent
Jusqu’à sortir de votre être en attente
Celui qui ne sait pas qu’il est
Ils vous composent une destinée sans passion
Flottant dans les courants d’air
Naviguant entre les astres chauds
Passant de bouche à oreille
Entrant dans votre intimité
Jusqu’à extraire de votre personne
Cette étincelle si réelle et vivante
Que vous disparaissez sans le savoir »
Sur ce, le spectre poussa un râle
Tourbillonna sur lui-même
Et s’évanouit à nos yeux incrédules
Qui était-elle pour parler ainsi
Au-dessus des lois humaines ?
Elle nous regarda sans complaisance
Leva les yeux au ciel, tapa du pied
Grondant de l’intérieur
Elle écarta ses vêtements
Et s’ouvrit le nombril
Un long tunnel apparut
La lueur se montrait au loin
Comme un mirage délicat
Dans lequel il convenait de sauter
Ce que firent certains que l’on ne revit plus

Était-ce un rêve ou un cauchemar ?

 ©  Loup Francart

06/01/2019

Bouquet

La rose traverse l’hiver
Laissant flétrir ses pétales
En tortillons affutés
Et pendre sa végétation assoiffée.
Le vase reste de marbre
Où l’eau déborde d’envie.
Ma vue ne porte pas plus loin.
C’est déjà beaucoup pour un scarabée !

©  Loup Francart

01/01/2019

Voeux 2019

 

Tu peux envoyer des vœux à tous, c’est une gageure !
Les vœux aux dieux, sont un engagement
A soi-même, c’est une résolution
Enfin aux êtres chers et ce devient un souhait
Mais le meilleur vœu que tu puisses faire
C’est un jour de découvrir et de chérir
Celui qui, en toi, existe, éternel et vivant
Puis, d’en faire ton ambassadeur
Tous les jours de l’année
Jusqu’à l’an prochain
Alors tu pourras recevoir
Les vœux de la terre entière

 

Bonne année 2019