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09/07/2013

La vérité

Nul ne peut découvrir la vérité avant d’être vrai.

Qu’est-ce qu’être vrai ? C’est unir en soi la pensée, l’action et la parole. Alors la vérité se dévoile d’elle-même.

Ce n’est possible que lorsque le moi est éteint. Tant que l’être fonctionne en mode égocentrique, il ne peut connaître la vérité. Au bout de lui-même, lorsqu’il n’est plus à lui-même, il trouve la vérité.

Mais pouvons-nous nous séparer de nous-même ?

27/03/2013

The Desert Music, de Steve Reich (1982/1983)


https://www.youtube.com/watch?v=iDEVOO0mRYM 


 Steve Reich est né à New York en 1936. Compositeur, il est l’un des inventeurs de la musique minimaliste. Mais il préfère l’expression de phasing music, « par analogie avec la notion de déphasage présente en physique entre deux ondes ou en traitement du signal entre deux signaux périodiques. (…) Pour les instrumentistes, l'exécution du phasing peut être extrêmement difficile d'un point de vue technique. Il s'est révélé bien plus facile que pendant que l'un des musiciens adopte un tempo constant, l'autre passe par des périodes d'accélération momentanées, parfois appelées « transitions floues »4. Ces transitions sont notées sur la partition par des pointillés, pour indiquer d'accélérer le tempo jusqu'à obtenir le déphasage désiré, puis revenir au tempo initial. En général, le nombre de répétitions du motif de base entre chaque transition est laissé libre, au choix des instrumentistes. »  (http://fr.wikipedia.org/wiki/Phasing)

 

Le chant des dunes est profond et sourd. C’est un chant de paix et de méditation qui est bien loin de ce qu’on entend ici. Pourquoi le compositeur a-t-il appelé cette pièce la musique du désert ? N’y a-t-il pas similitude entre les deux ? Aussi bizarre que cela paraisse, il semble bien que oui. Ce sont probablement les vibrations qui permettent ce rapprochement. Vibration des sons comme les dunes sont des vibrations des formes et comme les grains de sable engendrent des vibrations qui finissent par ressembler à un chant. Alors il suffit d’agrémenter l’orchestre d’un chœur pour que la cuisine prenne et nous fournisse un met inconnu et ineffable.  Certes, tous n’apprécie pas forcément ce genre musical. D’autres vous diront que c’est plutôt une musique qui consacre les bruits de la civilisation moderne que le désert. On peut le penser.

Laissons-nous aller sans réfléchir. Prenons de la hauteur. Elevons-nous au dessus de ces dunes de sables. Nous voici dans le désert, le regard sur l’enchevêtrement des monticules qui bougent tous les jours. Finalement le travail de la nature n’est-il pas semblable au travail des hommes. Une répétition et des ruptures à un rythme effréné. Tout dépend de la distance que nous mettons à contempler ces travaux.

Alors dansons les pieds dans le sable, accompagnés des cris des mouettes et des sorciers !

22/03/2013

Nous ne sommes plus qu’un, et pourtant…

http://www.youtube.com/watch?v=uQ4jdgVacms

 Déesses et dieux, peu importe combien ils sont. Ils n’ont qu’un seul corps, mais mille mains et bras. Ils représentent la compassion sous ses mille facettes. On l’appelle le "Seigneur qui observe depuis le haut". Il se nomme Avalokiteshvara, celui qui regarde les souffrances avec compassion. C’est la divinité la plus populaire et la plus sollicitée du Tibet. Elle possède mille bras avec un œil dans la paume de chaque main, montrant qu’elle veille sur une infinité d’êtres vivants pour prendre soin d’eux.

Ses noms changent suivant les pays : Avalokiteshvara vient du sanskrit, il s’appelle Tchenrézi pour les tibétains, Lokeśvara pour les Khmers, Quán Thế Âm pour les vietnamiens, Quan Yin en chinois, Kannon en japonais.

La récitation de son mantra Om mani padme hum (dérivé du sanskrit), accompagnée de la visualisation de son mandala, permet d’entrer dans notre sagesse innée, la nature du Bouddha.

Vous allez sans doute trouver ce rapprochement insolite, sinon odieux :

“Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n'ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres.” (Rom 12:4–5).

Mais n’y a-t-il pas des similitudes ?

 

La danse des mille mains de Bouddha constitue une méthode d'entraînement au travail de l'énergie interne qui vise à faire rentrer et à guider l'énergie dans le corps. Regardez ce qu’ils arrivent à faire, malgré le fait qu’ils sont handicapés :

http://www.youtube.com/watch?v=Ov_iJQGq6DI


Alors, même si la musique et la mise en scène sont sans doute très médiatiques,

n'en reste-t-il pas quelque chose qui nous sort de nous-même ?

07/03/2013

La vocation de l’homme : Olivier Clément

La vocation de l’homme : accomplir son humanité en devenant Dieu par grâce, c’est-à-dire pleinement vivant. (Olivier Clément, Sources, les mystiques chrétiens des origines, textes et commentaires, Stock, 1982, p.71)

 

J’ai eu le privilège d’être élève d’Olivier Clément. Un petit homme rond, dont le visage s’éclairait dès l’instant où il entrait dans son cours. christianisme, religion, mystique, humanité, méditationEtait-ce d’ailleurs un cours ? Non, plutôt une sorte de monologue transfigurant, d'où la poésie jaillissait en même temps que l’idée de l’homme, image de Dieu. Il se référait au texte qu’il avait préparé. Mais très vite, il abandonnait son papier et s’échauffait  de sa vision du monde. L’écouter revenait à remonter aux sources de notre être. Il n’étalait aucun concept, aucune philosophie compliquée. Pour lui, la théologie n’était nullement intellectuelle, elle était respiration, naturelle et enchanteresse. Il faisait part de son expérience de la vie, de ces moments où l’être se sent autre, élevé au-dessus de la matière. C’était à travers l’évocation d’une soirée d’été, d’un matin au bord de la mer, d’un voyage à la montagne. Et il disait toute sa joie de se découvrir homme, frontière entre le visible et l’invisible, le charnel et le spirituel, dans une situation d’incarnation, comme un médiateur entre la création et le créateur (idem, p.72). Il n’était pas bel homme, mais lorsqu’il évoquait ces moments, avec poésie, son visage s’éclairait et devenait lumineux.

C’était un homme simple. Il avait été élevé dans un milieu déchristianisé, agnostique, anticlérical. Son environnement était marqué par le « paganisme et l'athéisme militant socialiste », où la mort n'est que le néant, Dieu une invention des hommes et Jésus un mythe. Adolescent et jeune homme, il fait l’expérience de l’angoisse de l’homme devant le mystère de l’existence. À l'université de Montpellier, il plonge dans l'histoire des grandes religions et des civilisations. Après son agrégation d’histoire, il se retrouve dans le maquis. Il lit, il dévore, il médite les livres de Vladimir Lossky et Paul Evokimov : « À un moment donné, Dieu est venu me chercher et je l'ai suivi. J'ai mis entre parenthèses tout ce que je savais sur les religions. Je lui ai fait confiance. » Il fut baptisé à l'âge de 30 ans.

Il m’avait reçu plusieurs fois chez lui, à Ménilmontant. Il habitait un petit appartement dans une sorte d’HLM. Nous parlions de cette grâce qui nous avait touchés, de sa vision de l’humain. Oui, il croyait au progrès, à l’évolution de l’humanité, mais pas à celui du hasard et de la nécessité, dont le moteur ne serait que purement humain et aléatoire. Il croyait à la parousie et la présence permanente du divin dans la construction de l’humanité, tout en laissant l’homme libre de ses choix. L’histoire de l’humanité était pour lui profondément liée à l’histoire de chaque homme et à ses efforts pour laisser transparaître le divin dans sa vie.

Olivier Clément était un grand homme, porteur d’espérance, un homme comme on en rencontre peu, car rares sont ceux qui osent parler de ce qui les motive intimement et savent en faire part aux autres. Il a ainsi réalisé pleinement sa vocation, en devenant vraiment vivant, à l’image et à la ressemblance du divin.

 

 

Olivier Clément (1921-2009)

Théologien laïc et historien, né le 18 novembre 1921 à Aniane (Hérault), Olivier Clément s’est converti au Christ après une longue recherche dans l'athéisme et les spiritualités asiatiques. Il est devenu l'un des témoins les plus estimés et les plus féconds de l'orthodoxie en Occident. Ayant étudié la théologie notamment sous Vladimir Lossky (1903-1958) et Paul Evdokimov (1901-1970), il devient un des pionniers et colonnes du renouveau théologique orthodoxe du XXe siècle. Agrégé d'histoire, il a longtemps enseigné au lycée Louis-le-Grand à Paris. Professeur à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, il est l'un des fondateurs de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale. Auteur fécond et apprécié, il a publié une trentaine d'ouvrages et une centaine d’articles consacrés à l'histoire, la théologie, la spiritualité et la vie de l'Église orthodoxe, et à la rencontre de l'orthodoxie avec le christianisme occidental, les religions non-chrétiennes et la modernité. Pendant plusieurs décennies, il a été secrétaire de rédaction de Contacts, Revue française de théologie et de spiritualité orthodoxe. Il reçut plusieurs distinctions honorifiques, dont : Docteur honoris causa de l'université de Louvain-la-Neuve (Belgique), de la Faculté de théologie orthodoxe de Bucarest (Roumanie) et de l'Université catholique Sacred Heart du Connecticut (États-Unis). Père de famille et grand-père, il est décédé à Paris le 15 janvier 2009.

From:
Pages orthodoxes La Transfiguration http://www.pagesorthodoxes.net/index.htm#index

 

09/11/2012

Apprendre à vivre et à mourir

« Il faut apprendre à vivre tout au long de sa vie, et, ce qui t'étonnera davantage, il faut, sa vie durant, apprendre à mourir. », disait Sénèque.

On ne peut monter haut sur une échelle en sautant à cloche pied. Tantôt à droite, tantôt à gauche, on s’élève alors sans fatigue.

De même, on ne comprend la vie qu’en comprenant la mort, et inversement. Mais, dans le même temps, on ne sait rien de la vie et de la mort. Car la vie, comme la mort, c’est apprendre. La vie est là pour nous dire de ne pas s’attacher à nous-même, à nos préoccupations, à nos habitudes. La mort est là pour nous détacher de nous-même et nous contraindre à nous interroger en faisant abstraction de notre petite personne.

S’aimer soi-même est indispensable à une vie épanouissante, mais s’oublier soi-même est indispensable à une mort bien vécue. Alors, efforçons-nous de sortir de notre narcissisme ! Aimons-nous en tant que personne unique dont le seul objet est de découvrir que les autres sont également uniques et digne d'être aimés.

20/10/2012

Faire ou être ?

Faire, faire, faire… On a tellement à faire qu’on n’a plus le temps d’être. Etre là, sans rien faire : est-ce possible ?

Ce matin, je ferme mon ordinateur. Il est cinq heures. Mais au moment de me recoucher, je me rends compte que je n’ai aucunement sommeil. Que faire ? Rien ! Et ce rien devient quelque chose d’important. En un instant je suis. C’est une autre sensation. Je suis là, maintenant et je prends un poids différent. Je ne suis pas hors de moi comme lorsque je réfléchis. Non, je n’ai rien en tête, je suis léger comme l’air et pourtant lourd de richesses cachées, mais impalpables. Passage du connu à l’inconnu. Entrée dans le nuage d’inconnaissance où tout n’est rien et où le rien est tout. La vie suspendue sous le lampadaire parce qu’il fait nuit, qu’il n’y a aucun bruit, et que rien ne me mobilise, ni sentiment, ni pensée.

Certes, cela ne dure pas. La preuve, je l’écris et déjà je fais. Je suis revenu au point de départ. Et pourtant, quel bel intermède !

 

31/07/2012

Mandala abstrait

 

http://www.youtube.com/watch?v=N10A8wKlGAs&feature=related

Partir vers un autre monde, si différent, en esprit, par l’ouïe et la vue, et laisser son imagination vagabonder dans le vide de la pensée. Les images se succèdent, sans autre vision que cet astre fantomatique qui se promène dans l’univers, seul, voyageant à des milliers d’années-lumière, occupant toutes vos pensées.

 

Om Tryambakam Yajaamahe
Sugandhim Pushti Vardhanam
Urvaarukamiva Bandhanaan
Mritor Muksheeya Ma-Amritaat

« Aum, nous adorons celui qui a trois yeux
Shiva, celui qui rayonne et qui nourrit tous les êtres
Puisse-t-il nous libérer de la mort et nous rendre immortels
Comme le fruit qui est cueilli de l’arbre »
op'art,art cinétique,peinture,dessin,mandala,méditation,spiritualité

Aum, son primordial, à l’origine de tous les mots, sortant de la gorge, roulant sur la langue et terminant sa course sur les lèvres. Utilisé dans de nombreux mantras, comme c’est le cas ici, la vibration engendrée par le son facilite l’éveil de la conscience.

Cette construction du chant se retrouve dans de nombreuses traditions religieuses par l’usage de l’ison (note tenue en accompagnement du chant) et d’une phrase courte, répétitive, facilitant le repos du mental, amenant progressivement l’absence de pensée et l’entrée en soi-même. Etonnant d’ailleurs comme ce chant est proche de la musique occidentale de style religieux : longue tenue d’une même note, le Do de notre gamme, qui est la note centrale sur laquelle tourne l’ensemble du chant et de son accompagnement par l’ison. Et le chant se déroule sur trois notes, comme dans la plupart des chants primitifs, Mi, puis Ré, avec deux autres notes accessoires, un Fa diminué et un Sol à l’octave inférieure, point de départ de l’aum, parfois à peine ébauché avant le Do.

 

Ce tableau est une sorte de mandala moderne, support de méditation. Volontairement abstrait, il utilise l’art optique pour imprégner l’œil des mêmes sensations que l’oreille. L’œil s’égare dans cette sphère jusqu’à ne plus chercher. Alors on trouve la paix dans un monde en changement permanent.

 

 

12-07-16 Déplacement.jpg

 

 

13/04/2012

Deuxième méditation sur la beauté, de François Cheng

  

François Cheng pose la question importante : « L’univers n’est pas obligé d’être beau, mais il est beau ; cela signifierait-il quelque chose pour nous ? »

 Oui, l’univers et les êtres qui l’habitent sont beaux. Alors se pose la question suivante : « Cette beauté naturelle que nous observons, est-elle une qualité originelle, intrinsèque à l’univers qui se fait, ou résulte-t-elle d’un hasard, d’un accident ? »

 Ne cherchons pas à trancher entre la thèse du hasard et de la nécessité et une thèse plus inspirante. Observons simplement que notre sens du sacré ne vient pas seulement du vrai, mais également du beau, c’est-à-dire de quelque chose qui frappe par son énigmatique splendeur, qui éblouit et subjugue. L’univers est plus qu’une donnée, il se révèle un don invitant à la reconnaissance et la célébration.

 La beauté est quelque chose de virtuellement là, depuis toujours là, un désir qui jaillit de l’intérieur des êtres ou de l’Etre, telle une fontaine inépuisable qui, plus que figure anonyme et isolée, se manifeste comme présence rayonnante et reliante, laquelle incite à l’acquiescement, à l’interaction, à la transfiguration.

  

La beauté appelle à une autre vie que l’on peut vivre pleinement dès ici-bas. Consacrons du temps à côtoyer la beauté, quelle qu’elle soit. Laissons-nous nous emplir de beauté, cela nous aidera à vivre sans pour autant nous voiler la face devant le malheur.

 

 

28/10/2011

Prière de Monsieur Olier

 

Jean-Jacques Olier (1608-1657) était prêtre du diocèse de Paris. D’abord mondain, il subit une grave crise spirituelle à partir de 1639 et finit par s’abandonner complètement à l’Esprit Saint qui le délivre de cette épreuve. En 1641, il établit une communauté de prière, d’étude, de lecture de la bible et d’adoration eucharistique, puis crée le premier séminaire à Vaugirard. Il se consacre en parallèle à la confession et la direction spirituelle.

Il a écrit de nombreux textes spirituels dont cette prière :

O Jésus, vivant en Marie,

venez et vivez en vos serviteurs,

dans votre Esprit de sainteté,

dans la plénitude de votre force,

dans la perfection de vos voies,

dans la vérité de vos vertus,

dans la communion de vos mystères ;

dominez sur toute puissance ennemie,

dans votre Esprit,

à la gloire du Père.

Amen.

 

Ce chant de méditation peut être accompagné par un bourdon (note tenue pendant la durée de la pièce, encore appelée ison dans le chant byzantin) de deux notes (ré et la).

Certes, le Si semble choquant aux oreilles de musique classique, mais c’est ce qui donne au chant une dimension spirituelle et non simplement musicale. Bien sûr, la tonalité peut être relevée selon la voix des chanteurs (ici alto et basse).

O Jésus vivant en Marie.jpg

En format PDF pour impression:  o jesus vivant en marie.pdf

 

 

31/08/2011

Vacances 1 : premier jour

 

Un coin de jardin où seul un arbre mort pointe ses branchages vers un ciel lourd de nuages, vision d’hiver qui introduit un décalage subtil entre la réalité et ce réveil dans une maison inconnue, mais accueillante. Je sortis du lit, impatient de m’éclaircir l’esprit et de humer un contexte nouveau. Après m’être fait une tasse de café, je m’installais dans le jardin, sous ce ciel nuageux, dans cette atmosphère lourde, ponctuée au loin de quelques grondements de tonnerre diffus.

En sortant je perçus cette odeur spécifique des bords de mer (comme l’odeur propre à chaque être humain lorsque l’on franchit le pas vers une certaine promiscuité), pas réellement des émanations d’iode, trop lourdes et capiteuses pour être appréciées par les gens de l’intérieur, mais plutôt une odeur de poussière-sable chaud-vignes folles-écume des flots. Elle revint à ma mémoire et m’ouvrit les perspectives d’un passé révolu, cris d’enfants, extase des rochers sous lesquels un malheureux crabe se réfugie « Il mord ? », disent-ils, en avançant la main sans jamais aller jusqu’au bout de leur geste. « Prenez-le, prenez-le ! »  Alors vous vous lancez dans une entreprise difficile, prendre un crabe par le haut de sa coquille sans vous faire mordre par leurs pattes à pince très mobiles. « Oh, qu’il est beau, on l’emmène », vous disent-ils et vous devez le déposer dans le seau qu’ils ont rempli d’un peu d’eau avec une poigné de sable frais au fond pour lui faire un nid.

Assis dans le jardin, regardant les moutons courir dans le champ du ciel, rêvant sans bien savoir à quoi, simplement préoccupé de respirer cet air vivifiant et chargé de souvenirs, je vis deux tourterelles gris cendrés se poser à deux mètres de moi sur la pelouse, à un endroit où l’herbe manquait par l’usure des piétinements ou par absence de volonté. Elles étaient plus petites que les pigeons des villes, plus menues et fragiles, mais au caractère bien trempé, avançant fièrement et balançant leur cou à chaque pas comme pour approuver leur décision et montrer leur détermination. Dès qu’elles trouvaient une graine ou un petit caillou rond pour broyer celle-ci dans leur estomac, elles se penchaient avec élégance et les saisissaient d’un bec rapide comme une main hâtive s’empresse de saisir un objet convoité. « Comme il est curieux que ces oiseaux n’aient qu’une préoccupation : manger, manger encore, manger toujours ! », me dis-je, sachant que cette affirmation exagérée était quelque peu mensongère. « Ne sommes-nous finalement pas également dépendants de la nourriture, certes de façon moins prononcée, mais c’est un lent cheminement que celui de l’animal à l’homme, très certainement marqué par un certain détachement des besoins primaires du corps pour s’enquérir des questions de l’esprit. Oui, la spécificité de l’homme tient à ce détachement du nécessaire pour s’élever vers d’autres cieux ou d’autres préoccupations. »  Et d’un battement d’ailes, les tourterelles prirent leur envol, brisant ces réflexions incongrues un premier matin dans l’île.

Une dernière impression : la tiédeur d’une brise, comme une caresse douce, remontant le long du corps pour s’évanouir plus loin, vous laissant une réaction agréable, mais indéfinissable, de sensations passées et de bonheur diffus. Cette manière de vous caresser lentement, comme une plume sur l’avant-bras, est spécifique à ce lieu. « Ah, ça y est, je suis revenu au pays ! », me dis-je, plongé à nouveau dans l’atmosphère doucereuse de ces journées d’été, où la chaleur crée un bocal de sensations diverses, lascives, ensommeillées et enfantines. C’était la même brise que celle des régates du quinze août, lorsque vers midi, quand la course bat son plein, le vent se calme en un instant et ne laisse plus traîner que quelques souffles pervers et désordonnés pour emporter de quelques mètres le voilier qui s’endort dans les vaguelettes et se laisse déporter par le courant. Alors, à bord, s’installe la torpeur de ces jours de soleil et peu à peu elle se propage par contamination à l’ensemble de l’équipage, jusqu’au moment où le capitaine s’écrie : « Le vent… Il revient, tenez-vous prêts ! »

 

 

12/08/2011

Solitude et partage

 

Chacun porte en lui la contradiction du désir de solitude et de la soif de partage.

Partage de la solitude, ce pourrait être le titre d’un livre, l’ébauche d’un rêve, une réclame de l’âme, mais c’est aussi la finalité de toute une vie.

La solitude est nécessaire à l’homme pour construire sa vision personnelle du monde. Ce sont des moments à privilégier, à condition de pouvoir et savoir les occuper. A quoi sert la solitude ? Méditer et créer. La méditation est l’interrogation ultime et permanente sur ses propres buts, non pas ceux que la société cherche à vous faire endosser, mais ceux que l’on désire vraiment pour soi-même. Il est complexe de pouvoir les identifier. On doit éliminer les faux buts, ceux dont l’objectif est de se créer une image réconfortante de soi, reflet de l’image que l’on cherche à donner aux autres. Au-delà, on doit identifier les buts personnels à rechercher, puis éliminer ceux que l’on ne pourra jamais atteindre parce que la vie et les circonstances font que nous n’avons pas la force, la compétence, l’expérience ou même simplement la volonté, de les mettre en œuvre. Alors il reste un trésor à faire bouillir doucement dans son moi profond comme un pot au feu qui mitonne au coin du poêle. Mais ce trésor, encore faut-il le mettre en œuvre !

La création est l’expression de notre vision intime du monde. Elle est variable dans ses domaines et son intensité pour chaque homme. Le facteur Cheval est un exemple de cette force de conviction que donne la création d’une œuvre. Mais tous les grands artistes, savants, entrepreneurs, politiciens qui ont su créer cette vision intérieure, on atteint le but de leur vie. Mais comment communiquer cette vision intime du monde ?

C’est ici qu’intervient le partage, un vrai partage, avec de vraies personnes, non pas les êtres dont le seul but est de masquer la peur de solitude par un verbiage permanent dans une mondanité superficielle ou encore par une réserve  révélant une incapacité à communiquer avec une certaine profondeur sous prétexte que les secrets intimes ne se partagent pas. Partager, c’est entrer dans l’intimité de l’autre, dans son être essentiel, pour atteindre cette dimension intérieure qui seule permet un accomplissement total de notre vie. Ce partage n’a rien à voir avec les rapports habituels des gens entre eux. Il ne s’agit pas de convaincre l’autre, mais d’exposer sa propre vision en sachant que la vision de l’autre est forcément différente et que c’est cette différence qui crée sa richesse. Alors, comme les eaux du fleuve se mélangent à la mer, on efface progressivement sa propre histoire, on perd de sa propre importance, et l’on communie au mystère du monde et de l’homme, du bout des doigts, avec modération, mais en pleine connaissance de cause.

Cette relation intime entre la solitude et le partage est le secret d’une vie pleine et entière, l’accomplissement du lien nécessaire entre le moi et le soi.

 

 

02/05/2011

Marcher sur un chemin de terre (promenade campagnarde)

 

Marcher sur un chemin de terre, quand encore la rosée mouille les chaussures et fait de chaque feuille une larme de fraicheur, et se laisser aller au rythme lent d’une marche sans but autre qu’une promenade, quel délice !

Déjà le soleil engage sa course folle à travers l’espace d’un ciel d’azur et ouvre de larges taches sur la verdoyance. Ebloui, l’on se laisse aller les yeux mi-clos, au long d’un chemin qui est plus qu’un sentier, mais moins qu’une allée. Entourés de frondaisons, rétrécis dans la pâleur lumineuse perçant celles-ci, nous marchons, devisant joyeusement sans y prendre garde.

 

Arrêt magique… A un détour du chemin, nous découvrons une sorte de halo éblouissant, sortant de l’ombre des feuillaisons, mystère vivant de la nature qui offre au contemplateur des visions de l’incommensurable beauté de la création.

 

 

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Le mystère s’épaissit lorsque nous tombâmes sur un second trou blanc, à l’égal des trous noirs dont les astrophysiciens nous content les caractéristiques. Un trou noir est un corps qui empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper en raison d’un champ gravitationnel très intense. N’émettant pas de lumière, il est alors perçu noir. Ils ne sont décrits que par un très petit nombre de paramètres : la masse, la charge électrique et le moment cinétique. Ces trous ouvraient sur un autre monde, celui du rêve dans lequel la masse est sans consistance, la charge électrique déterminante et le moment cinétique spécifique. Ce moment entraîne l’espace et le temps dans son voisinage.

Ainsi la contemplation d’un trou blanc pourrait nous conduire à une sortie de notre univers mental pour nous induire à des comportements illogiques dans notre monde.

 

 

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Forts de cette déduction, nous prîmes de multiples précautions à son abord : avancée lente à pas menus et écoute discrète, le regard tendu vers les bords du trou blanc avant de pouvoir avancer jusqu’au moment où l’épaisseur du trou s’évanouit pour laisser place à un paysage d’une autre atmosphère, comme sortie d’un chapeau incontrôlable. La vraie campagne contre une feuillaison enjôleuse et geôlière. Ouverture sur un paysage à l’horizon lointain, aux mouvements ondulés dont les recoupements couverts de chênes pleins et sereins d’un vert composé donnent à ce tableau une beauté diffuse, que l’on ne saurait définir.

La promenade continua, suspendue aux nouveaux trous blancs que nous pourrions rencontrer au hasard d’une courbe du chemin. En voici un nouveau, qui est encore plus mystérieux au premier abord, mais qui se révéla assez décevant.

 

 

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Ainsi notre promenade nous conduisit aux confins d’un univers visible, là où se trouve une zone qui délimite la région d’où lumière et matière ne peuvent s’échapper, et que les astrophysiciens appellent « horizon des évènements ». Au-delà, seule l’imagination permet de naviguer à ses risques et périls. Nous n’en manquions pas et faillîmes ne plus revenir.

 

Les trous blancs sont des instants merveilleux à saisir chaque fois qu’ils se présentent. Hors du temps et de l’espace, l’esprit erre dans l’extase d’une compréhension innée qui ne vient pas de lui. Cette extase, qui n’est qu’un grand vide qui envahit l’être, laisse la place à la création ou l’exaltation de la beauté du monde et de son imprévisibilité.

Alors, dans cet instant magique, naît un sentiment de gratitude envers ce que Graf Dürckheim appelle le numineux, c’est-à-dire la manifestation d’une transcendance absolument autre qui nous empoigne et nous conduit à une autre vision du monde et de nous-mêmes, libre de toute contingence.

 

 

 

 

01/05/2011

Genèse1 (fin)

 

Voici la fin de l'introduction à la Genèse, méditation sur nos origines qui devient inéluctablement méditation sur le sens de notre vie et notre achèvement.

 

EPILOGUE : re‑création

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        "La foi est la porte des mystères. Ce que les yeux du corps sont pour les choses sensibles, la foi l'est pour les yeux cachés de l'âme. De même que nous avons deux yeux corporels, nous avons deux yeux spirituels (...) et chacun a sa propre vision. Par l'un nous voyons les secrets de la gloire de dieu cachés dans les êtres (...). Par l'autre nous contemplons la gloire de la sainte nature de Dieu, lorsqu'il veut bien nous faire entrer dans les mystères."

Isaac le Syrien

 

 

            Par la dé-création, l'homme spirituel entre en communion avec Dieu. Cette première phase de la contemplation conduit alors, par grâce, à la contemplation de la nature et de la connaissance des êtres, c'est-à-dire aux "secrets de la gloire de Dieu cachés dans les êtres."

            Dieu dévoilé dans l'âme dévoile le monde. Derrière l'image visible transparaît alors le sens invisible. L'homme ayant changé sa vision dans la lumière divine voit Dieu en toute chose.

            Le royaume de Dieu n'est plus alors une réalité lointaine qui nous concernera après la mort. Il est là, présent dans le monde, envers de l'endroit. L'ayant découvert en lui, le saint le voit autour de lui.

 

            L'homme entame alors une dernière étape, sorte de récréation de lui-même et de sa vision du monde. Il redécouvre le mystère de la nativité, du Dieu qui descend dans la matière, dans son être propre, pour le recréer à son image et à sa ressemblance.

 

        "Prendre conscience de notre être véritable, c'est réaliser le sens de notre vie en relation avec le cosmos tout entier, c'est nous identifier à la divinité qui pénètre toute vie, qui est derrière chaque pensée que nous avons, chaque forme que nous voyons, chaque fleur que nous rencontrons."

Ma Anandamayi

 

"La nativité apparaît ainsi comme une récréation secrète. L'origine assumée, restaurée, tout désormais tend vers l'ultime, déjà présent au cœur de l'histoire, comme un germe de feu. Le Christ révèle pleinement à l'homme, l'homme trouve pleinement en Christ, cette image de Dieu qui le fonde, l'aimant, et qu'il lui appartient maintenant de transformer en ressemblance."

Olivier Clément

 

 

*    *

 

Enfin, n'oublions pas qu'être à l'image et à la ressemblance, c'est avant tout voir en l'autre l'image et la ressemblance de Dieu :

 

"On atteint la perfection de la connaissance lorsqu'on voit Dieu en chaque homme."

Ramakrisna

 

 

 Cette méditation est à lire non pas de manière fragmentée, mais en entrant peu à peu dans le texte jusqu'à ce qu'il transforme. Aussi, pour disposer du texte complet, cliquez ci-dessous :

 

Genese.pdf 

 

 

13/04/2011

Méditation de Genèse 1 : du 1er au 7ème jour (suite de Genèse du 29 mars)

 

 

               "La plus belle et la plus profonde émotion que nous puissions expérimenter est la sensation mystique. C'est la semence de toute science véritable. Celui à qui cette émotion est étrangère, qui n'a plus la possibilité de s'étonner et d'être frappé de respect, celui-là est comme s'il était mort. Savoir que ce qui nous est impénétrable exige réellement, et se manifeste à travers la plus haute sagesse, la plus rayonnante beauté que nos faibles facultés peuvent comprendre seulement dans leur forme la plus primitive, cette connaissance, ce sentiment, est au centre de la vraie religion."

Albert Einstein

 

 

 

 

Avant le premier jour

 

* Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre

 

Ce commencement qui nous semble à l'évidence le commencement des temps, est une mauvaise traduction du mot hébreu "bereshit". Le latin "in principio" et le grec "arche" traduisent mieux le sens intemporel du terme hébreu.

Certains exégètes considèrent ce premier verset comme un résumé de ce qui va suivre. Saint Augustin considère quant à lui qu'il s'agit du premier acte créateur, un acte qui se situe hors du temps. Manifestement, ce ciel et cette terre ne sont pas notre ciel et notre terre, créés aux 2° et 3° jours.

 Ce commencement ne marquerait-il pas l'apparition de deux états, de deux possibilités d'être en dehors de l'Etre unique de Dieu. Le premier état serait céleste, divin, mais distinct de Dieu ; le second, évolutif, étant seul imaginable à l'homme. Ce commencement serait donc une limite conceptuelle au‑delà de laquelle la pensée humaine ne peut pénétrer.

Admirons la profondeur du texte en notant que ce premier verset pose en premier lieu le caractère fondamental de notre monde : la dualité. Nous évoluons dans un monde dualiste où rien n'est concevable sans oppositions, différences, changements, impermanence. La pensée humaine elle-même ne peut être qu'en raison de ce caractère dualiste. Au‑delà de la dualité, il n'y a plus de pensée.  

                   

  * La terre était informe et vide

 

Ce verset est sans doute le plus fascinant du récit. Il conduit la pensée jusqu'à sa limite : l'absence de quelque chose. Certains diront qu'il s'agit du néant. Ne serait-ce pas plutôt un état virginal. L'univers, ou ce qui sera l'univers, est vierge. Ce sont les eaux primordiales entourées du néant. C'est l'apparition d'un état qui va permettre à un monde nouveau d'être. L'Esprit de Dieu est là, veillant sur cette nouvelle possibilité d'être avant même qu'elle ne soit. Sans ce souffle divin, les eaux ne seraient pas. Cependant les eaux et le souffle divin sont distincts.

 

 

  

Premier jour

 

Dans cette possibilité d'être que sont les eaux primordiales, Dieu va faire surgir la lumière, premier état matériel de l'univers.

 

 Avant la théorie de la relativité restreinte d'Einstein, les savants avaient décrit l'univers comme le contenant de deux éléments distincts, la matière et l'énergie. Einstein a montré, dans la célèbre équation E = mc2, que la matière est de l'énergie et que l'énergie est de la matière.

 Deux cosmologistes, l'abbé Lemaitre, un jésuite belge, et l'américain Gamow, donnent comme origine à l'univers un prodigieux et unique atome primitif, sorte de noyau de feu fait de pure énergie. Ainsi, la lumière, ou l'énergie, serait bien à l'origine de l'univers. C'est à partir de cet événement que l'espace, le temps, la matière vont pouvoir exister.

           

 Notons aussi que la physique moderne a mis en évidence que la vitesse de la lumière est la plus haute vitesse possible dans l'univers et la seule constante universelle. Sa vitesse ne varie pas en fonction du cadre espace-temps (équation de la transformation de Lorentz).

           

 Enfin remarquons que les savants n'ont encore pu déterminer la nature même de la lumière. Celle-ci, à l'expérience, se révèle tantôt corpusculaire, tantôt ondulatoire. En fait ce sont les conditions de l'expérience, l'observateur lui-même, qui crée le résultat du phénomène observé. Nous sommes ici à la limite des possibilités d'appréhension de l'homme. Celui-ci, spectateur et acteur dans l'univers, est prisonnier de lui-même. Sa raison ne peut aller au‑delà de ce qui constitue les bases de sa propre existence.

Ce premier jour, c'est le big-bang, proposé en 1927 par le chanoine catholique belge Georges Lemaître. Cette théorie de l’expansion de l’Univers fut ensuite mise en évidence par Edwin Hubble en 1929. Consultez les sites consacrés au big-bang et à la première photo de l'univers:

 

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 From : http://fr.wikipedia.org/wiki/Big_Bang

 

     

 Deuxième jour

 

Qui, en regardant le ciel un soir d'été, n'a jamais été saisi par le spectacle angoissant et fascinant de l’univers ? Fugitivement l'être entier se laisse pénétrer par l'immensité de l'espace, par l'inexorable écoulement du temps, par la froideur de la matière stellaire. Empli d'humilité, l'homme entrevoit les limites de la pensée, du savoir, en raison même de sa dépendance cosmique.

 

 Ce deuxième jour est celui où Dieu pose le cadre de notre monde : cadre conceptuel dans lequel la pensée va pouvoir s'exercer, cadre matériel qui est l'univers. Séparant les eaux du dessus des eaux d'en dessous, Dieu limite l'univers et en fait quelque chose de fini, un système propre à lui-même, se développant selon ses lois propres. Après avoir fait apparaître l'énergie et par là la matière originelle, il la limite dans l'espace et par là dans le temps.

 C'est encore Albert Einstein qui, dans la théorie de la relativité générale, mit en évidence que l'univers pouvait être décrit comme un "continuum à quatre dimensions" : l'espace (à trois dimensions), le temps (quatrième dimension) et la masse sont indissociables. Toute réalité existe la fois dans l'espace et dans le temps, et les deux sont inséparables. L'espace est simplement l'ordre de relation des choses entre elles. Si rien ne l'occupe, il n'est rien. En d'autres termes, sans matière, pas d'espace. Et de même que l'espace est seulement un ordre possible des objets matériels, de même le temps est seulement un ordre possible des événements.

 

L'univers se définit donc par la masse de matière qu'il contient. Cette masse originelle reste fermée sur elle-même, immense courbe cosmique close. Dans cet univers, il n'y a pas de lignes droites, seulement de grands cercles, et l'espace, quoique fini, est sans limites.

 

Une bulle de savon ridée à la surface en est peut-être la meilleure représentation. L'univers ne se trouve pas à l'intérieur de la bulle de savon, mais à sa surface, et nous devons toujours nous souvenir que, tandis que la surface de la bulle de savon a deux dimensions, la bulle de l'univers en a quatre, trois dimensions d'espace et une dimension de temps. La substance à travers laquelle la bulle a été soufflée, la mousse de savon, n'est qu'un espace vide. De plus, les observations astronomiques ont montré que toutes les galaxies de l'univers s'éloignent les unes des autres à des vitesses considérables comme si la bulle de savon grossissait en permanence.

 

Voir : http://ciel.science-et-vie.com/2010/07/05/lunivers-entier...

 

 

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Photo de l'univers prise par le satellite Planck.  Depuis sa lointaine orbite, parallèle à celle de la Terre, à 1,5 million de km d’ici, le télescope spatial de l’Agence spatiale européenne (ESA) vient tout juste d’achever la première partie de sa mission : scanner le ciel entier avec son télescope.

   

Enfin, cet univers fini n'est pas seulement une limite matérielle pour l'homme. Il représente également une limite conceptuelle, c'est à dire qu'il limite la pensée qui ne peut fonctionner que dans le cadre espace-temps-objets.

 

Jean E. Charron, auteur d'une théorie unitaire de l'univers, fait apparaître trois niveaux successifs d'appréhension du monde qui nous entoure :

- Le connu, qui s'appuie sur l'observation (méthode phénoménologique), mais qui ne peut faire abstraction de l'observateur. Son langage dit objectif s'appuie sur la notion d'objets.

- Le réel, qui est une généralisation du connu permettant d'accéder à une description de la nature indépendante de l'observateur. Son langage est symbolique. Ainsi la géométrie est le langage approprié à une description de l'univers.

- Enfin, ce n'est pas parce que l'on décrit l'univers au moyen de la géométrie que l'univers est de la géométrie. Ce qu'est l'univers, nous n'en savons rien. Nous n'en connaissons que l'image rationnelle que s'en est faite l'intelligence rationnelle. On ne peut savoir "ce qu'est l'univers" que par intuition, et, par définition, l'intuition est personnelle, donc ne peut constituer les éléments d'une science. Elle ne peut s'exprimer, se faire partager, qu'à l'aide d'un langage symbolique qui ne donne qu'une description et non ce qui "est".

 

  

 Conclusion

A chacun de poursuivre au‑delà cette méditation : apparition de la vie végétale, puis animale, enfin de l'homme. Elle nous a conduits de l'origine du monde à l'homme. Nous avons vu que le problème de l'appréhension de cette origine est moins matérielle que conceptuelle : la pensée rationnelle, fondée sur la dualité, ne peut aller au‑delà d'une certaine frontière. Le monde englobe l'homme ; l'homme, en tant qu'être matériel, est inséparable de l’univers ; il ne peut donc en franchir les limites.

 

 

         En appendice et à titre de curiosité sur ces réflexions qui ne sont pas nouvelles, empruntons ces dix propositions aux "Commentaria en scripturam sacram", de Cornélis Cornelissen von des Steen (1567-1637), jésuite belge, professeur d'écriture sainte à Louvain, puis à Rome.

 

1. Le monde des corps n'est pas éternel, car il a été créé par Dieu au commencement des temps.

2. Toute la création n'a pas eu lieu en un moment, mais elle s'est parfaite peu à peu dans les ères successives.

3. Le premier état de la terre était chaotique.

4. Le premier phénomène dans notre monde fut une grande lumière, ou un feu.

5. La loi que Dieu s'est imposée en créant le monde, c'est que les choses les plus simples et imparfaites apparussent d'abord et que les plus parfaites et complexes se produisent ensuite.

6. La terre, qui plus tard devait apparaître comme sèche et commencer à se couvrir de verdure, a émergé des eaux.

7. Pendant quelque temps, il n'y eut sur terre nulle vie, ni végétale, ni animale.

8. Les plantes terrestres ont émergé avant que les êtres nageant, rampant, marchant, eussent animé les eaux, l'air et la terre.

9. Les mammifères ne sont nés qu'après d'autres animaux moins parfaits et tandis que déjà les eaux grouillaient d'animaux divers.

10. La création de l'homme marque la fin du règne animal.

 

 

 

 

 

18/03/2011

Mandala

 

Le terme Mandala signifie « cercle ». Plus largement, un mandala est un support de méditation, composé de triangles, de carrés et de cercles imbriqués qui modéliserait notre nature profonde de manière inconsciente.

En fait, il représente l’ordre du monde avec ses quatre points cardinaux et laisse apparaître plusieurs plans successifs qui correspondent à nos diverses personnalités. Le centre du mandala représente l’unité fondamentale de l’être autour de laquelle se construisent ces différents moi.

D’après C.G.Jung (1875-1961), le mandala symbolise, après la traversée des moi, la découverte du noyau spirituel de l'être, le Soi, aboutissant à la réconciliation intérieure et à une nouvelle intégrité de l'être.

 

  

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14/03/2011

Vivre en contemplation

 

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Vivre en contemplation,

N’est-ce pas se contempler soi-même,

N’est-ce pas se regarder dans le miroir

De l’étang qui lui-même reflète l’éclat du soleil ?

 

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J’examine mes sensations diverses,

Je les analyse selon les rencontres,

Celle d’un éclat reflété sur l’eau,

Celle d’un cri dans le silence du vent,

Celle d’un canard qui s’envole à mon approche.

Et de tout cela je me construis,

Je me reconstruis, brisé en mille morceaux,

Pour franchir le miroir des souvenirs

Jusqu’au silence bienfaisant de l’absence de pensée.

 

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Au loin, derrière l’étang, dans les bois,

Des enfants jouent bruyamment.

J’entends leurs cris étouffés,

Des bribes de paroles et de rires,

Sans pouvoir discerner le lieu de leur présence.

Puis à nouveau, le silence,

Entrecoupé d’un tressaillement de moteur

Et prolongé par le frémissement de la bise.

 

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Silence. L’eau même s’immobilise

Et se pare de petits scintillements

Qui constituent autant de reflets

Des pensées qui partent au fil de l’eau.