Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/12/2011

Cinquième symphonie de Beethoven … façon moderne

 

Quelle extraordinaire imagination ont les musiciens modernes pour assaisonner la 5ème de Beethoven. A toutes les sauces : les uns utilisent le thème, d’autres mélangent le classique orchestral et la guitare électrique ; d’autres innovent carrément  avec force bruits et batteries ; d’autres transforment en danse mêlée de bruits de foule la furie beethovenienne du premier mouvement.

Quelle cmusique classique,musique metal,metal rockuisine ! On utilise tous les instruments, du hachoir au fendoir de boucher, en passant par la meule pour l’affûtage de couteaux de désosseur. Parfois, les choses se passent plus en douceur, un assaisonnement mêlé de senteurs diverses : thym, mais aussi formol ; gingembre avec sauce crevettes ; menthe à la manière britannique moderne, aigre et métallique.

La préparation est longue, avec beaucoup de répétition et force gestes et circonvolutions, comme lorsque l’on monte les blancs en neige en tournant toujours dans le même sens. Mais cela monte progressivement dans un bruit de casseroles qui s’entrechoquent, assourdies par les torchons de cuisine vivement agités. Parfois les cris étouffés des cuisiniers apportent une note humaine qui semble néanmoins animale. Et cela dure le temps que l’oreille s’imprègne de ces sons inconnus et bizarres et rende hommage à l’inventeur de sonorités incongrues. Alors lentement, sans même vous en rendre compte, vous esquissez avec la jambe un rythme que l’ouïe refuse, vous accompagnez de claquements de doigts inconscients cette première ébauche de mouvement et progressivement vous laissez encombrer d’un tremblement léger partant du corps et envahissant votre esprit pour s’en emparer, bon gré, mal gré, et l’emplir de percussions sévères, parfois chatoyantes, souvent sur-audibles, toujours extravagantes.

La recette étant prête, encore faut-il l’arranger sur un plat et l’enjoliver de quelques feuilles diverses, salade avec huile d’olives pour faire passer, cornichons acides à l’oreille, faisant grincer les dents, ou encore un peu de sucreries sous forme de confitures étouffant les timbres ou figues molles résonnant creux.

Enfin, le plat se présente à vous, parfois beau à l’œil, d’une beauté de surface, sans consistance à l’oreille, comme cette interprétation de Vanessa Mae, qui manque totalement d’imagination (répétitions et crin-crin) :
http://www.youtube.com/watch?v=HYNCvf1AF3E&feature=re...

Il peut aussi faire penser à ces vermicelles chinois qui tremblent dans l’assiette avec un peu de sauce soja pour masquer un goût incertain, accompagnés de légumes bouillis qui s’entrechoquent avec des bruits métalliques comme s’ils manquaient de cuisson. On est noyé de multitude de sonorités patchwork qui s’entremêlent jusqu’à l’écœurement :
http://www.youtube.com/watch?v=wl2GtGBonTY&feature=re...

Il se présente aussi en flots de bruits sourds et lourds, agrémentés de force grognements et petits bruits acides comme un plateau de fruits de mer étalés sur la glace que l’on mange avec une vinaigrette entrecoupée d’échalotes. Il faut une bonne dose de pain et de beurre pour arriver au final. Mais on y arrive, car, finalement, c’est assez proche de la recette initiale, même si l’assaisonnement est totalement différent. C’est comme si l’on mangeait un bœuf bourguignon à la sauce huître et cuisiné façon chinoise :
http://www.youtube.com/watch?v=kWVMf4rdYYc&feature=re...

Au fond, n’est-ce pas cela la mondialisation. Toutes les cuisines du monde sur un même plateau. En musique, c’est sans doute un peu fatigant et décalé. Mange-t-on un faisan bouilli ou fait-on griller un artichaut à la poêle ? Cela pèse sur l’estomac et laisse un goût bizarre, comme un fromage sucré !

Et, pendant ce temps, le pauvre Beethoven, sourd, ne sait pas ce que l’on fait de sa musique divine.