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18/12/2017

Le mur quantique de la noosphère (1)

La poésie et l’imagination peuvent amener à des découvertes surprenantes. Cette nuit, devisant avec moi-même dans la cuisine devant un bol de café, s’assimilèrent en un éclair le monde physique et le monde des idées, c’est-à-dire la noosphère. Dans ce dernier monde, on navigue entre des idées, des impressions, des sentiments, des réactions, bref, en un univers ordonné et cohérent dès l’instant où l’on a su le découvrir avec rationalité et en tirer quelques règles relativement simples. Cette cohérence est donnée par la parole qui lie entre elles les représentations visuelles, sonores, tactiles, gustatives, odorantes et qui permet de les exprimer et de les partager. On pourrait dire que la parole est comme la gravité, elle maintient en cohérence le monde des idées qui nous entoure et nous permet d’appréhender la vie.

L’homme a toujours senti une attirance pour aller au-delà de notre monde physique. Tous les grands mystiques, chercheurs, artistes ont tenté de faire comprendre à leurs contemporains cette vision d’un monde tout autre qui les a transformés. Ils se sont exprimés selon l’objet de leurs recherches, mais derrière les apparences, c’est bien une même présence qui les attire et à laquelle ils consacrent leur vie. Certes, ce nouveau monde n’est pas perceptible directement et ne se dévoile jamais clairement. Mais des éclairs d’intuitions ont fait franchi le mur à ces élus et pénétrer dans le calme et la tempête, là où le temps et l’espace n’existe plus. On pourrait comparer cela à un trou noir du monde de la matière, mais c’est ici un trou blanc qui éclaire et guide la vision. Quelle exaltation les saisit ! Ces éclairs les transforment, les allègent, les enchantent. Revenu dans le monde habituel, ils ont contemplé leur vie et décidé d’approfondir cette surprise stupéfiante : il y a un monde invisible derrière le monde visible.

De même qu’il y a une frontière conceptuelle entre le monde de la physique gravitationnelle et le monde de la physique quantique, l’un et l’autre se comportant avec des lois différentes, on constate, par expérience personnelle, l’existence d’une frontière entre le moi bien ancré dans notre monde physique habituel et le soi appartenant au monde du sacré ou monde des symboles dont parle Jung. Peut-être même peut-on dire que ce monde qui se dévoile à nous est en lui-même une frontière qui mène au monde spirituel, frontière entre le moi et l’âme. Disons frontière parce que cet état est trouble et fait vivre dans les deux mondes sans que le choix soit fait définitivement par celui qui l’expérimente. Numineux, tel est le terme que certains emploient. Et ce terme est volontairement à double sens : d’une part, fascination à l’égard de la perception du divin et séduction  par cette présence immatérielle, d’autre part effroi et terreur  face à l’incompréhensible et au mystère. L’expérience de ce numineux est donc trouble et difficilement définissable, de même que l’expérience entre le monde physique géré par la gravitation et le monde quantique dont les lois sont fondamentalement différentes. Ainsi, dans le monde quantique, on peut être et ne pas être en même temps, comme l’a mis en évidence l’expérience du chat de Schrödinger à laquelle le physicien Everett a donné une étrange explication. L’univers serait une immense onde quantique, somme des possibilités et impossibilités de tout ce qu’il contient, imaginables ou non, toutes ces possibilités existant simultanément, comme autant de chats à la fois morts ou vivants. Toutes les possibilités existent à chaque instant, mais elles ne sont pas visibles. Il existerait donc une inconcevable multitude d’univers parallèles où toutes les possibilités sont réalité.

Pour ce qui est du monde de la pensée que l’on pourrait également appelé monde de l’information, on constate la même frontière entre le monde du rationnel (celui de la noosphère, somme des pensées sur le monde physique) et le monde spirituel ou monde du sacré, seul accessible par le numineux, état trouble et indéfinissable qui contraint l’être à revoir sa vision de l’univers et de la vie. Mais ce n’est que l’ouverture sur plusieurs mondes : le soi permet d’accéder à la connaissance de l’âme, entité du monde spirituel, puis, au-delà, au monde du Tout divin que certains appellent le Tout autre pour ne pas employer un terme rappelant celui de "Dieu", trop empli d'appropriations exclusives.

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