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28/09/2014

Mariage

Hors de toute foi, j’étais convaincu que l’enjeu de la vie commune consiste à se découvrir soi-même en découvrant l’autre, et à favoriser chez l’autre la même découverte.

Le royaume, Emmanuel Carrère, p.21

 

L'amour est un mystère et il naît par le mystère : mystère de la nature masculine pour la femme et mystère de la nature féminine pour l'homme.

Le mariage consacre l'accession au mystère, la découverte de l'autre.

Cette découverte passe par plusieurs étapes :

  • La découverte du corps de l'autre,
  • L’épanouissement de notre propre nature,
  • la compréhension profonde des natures féminine et masculine. 

Par la consécration du mariage, la découverte du corps de l’autre acquiert une signification sacrée. C'est en effet le corps de l'autre qui devient maintenant le corps de "l'homme" ou le corps de la "femme". C'est dans ce seul corps que je réaliserai le mystère masculin ou féminin. Je n'ai pas besoin de connaître d'autres corps puisque celui-ci, dans sa nudité et son innocence amoureuse, symbolise tous les corps d'homme ou de femme. Le corps d'autres hommes ou d'autres femmes n'est plus source de désir puisque le corps de mon mari ou de mon épouse renferme à lui seul le mystère masculin ou féminin. Il est à chaque nouvelle rencontre source de découverte, d'émerveillement, d'épanouissement parce qu'il est la seule porte ouvrant sur le mystère.

          C'est pour cette raison qu'il n'est pas bon de déflorer le mystère avant le mariage. Contrairement à ce que disent de nombreux psychologues qui n'ont aucune idée de la notion de mystère et qui ne voient dans l'union des corps que la satisfaction du désir, le corps de l'autre doit être rêvé, idéalisé avant d'être doucement, avec pudeur, avec émotion, découvert. Ce n'est qu'alors que chaque rencontre sera une ouverture sur le mystère, une découverte sans cesse renouvelée, une source d'épanouissement et non de plaisir égocentrique.

Nous marchons sur le même chemin, d'un commun accord, avec le même amour et avec la même vision du chemin menant vers le bonheur, mais pas de la même manière. Cette différence tient à la nature sexuée de l'être. L'homme et la femme n'ont pas les mêmes réactions, les mêmes comportements, les mêmes schémas de pensée. Même si leur vision intellectuelle, leur explication du monde est semblable, la manière de sentir le monde et de le vivre est différente.

        Ce qu'auparavant j'aurai difficilement supporté (vivre avec quelqu'un d'aussi différent de nature), est maintenant pour moi source de joie et d'enrichissement. Là encore agit le mystère de l'amour. Je découvre en l'autre une nouvelle façon d'appréhender le monde, une nouvelle vision du monde. De même que le corps de l'aimé(e) devient symbole de l'homme ou de la femme, de même sa manière d'être m'ouvre au monde des hommes ou des femmes. A travers lui ou elle, je comprends maintenant ce qui jusqu'à présent m'avait échappé.

          Parallèlement à cette ouverture de mon propre monde vers celui des êtres de sexe opposé à travers l'aimé(e), la présence de celui-ci ou de celle-ci me confirme dans ma propre nature et l'épanouit. Les différentes tendances de celle-ci s'unissent, se resserrent, pour converger. Devant lui ou elle, je me confirme dans mon propre rôle d'homme ou de femme, parce qu'il ou elle attend cela de moi, comme moi j'attends cela de lui ou d'elle.

          Cette découverte de la nature de l'autre et l'épanouissement de sa propre nature doivent peu à peu rendre conscient ce qui jusqu'à présent était inconscient : la différence profonde de nature entre l'homme et la femme, et leur complémentarité. C'est cette compréhension de la différence et de la complémentarité des natures qui va permettre de cheminer en harmonie. Sans cette compréhension, la différence agace et peut conduire aux frictions. L'homme macho raille la sentimentalité féminine parce qu'il est incapable de sentiments. La femme couveuse resserre sa protection à tous les aspects de la vis du mari, neutralisant son besoin d'agir et de penser.

          La compréhension de la nature de l'autre, la perception de sa complémentarité, nécessitent un effort d'ouverture, de dépassement de l'égocentrisme, ce qui en soit est source d'épanouissement.

27/09/2014

Culture

Dans un premier sens du terme, la culture est la mise en valeur d’une terre pour y faire pousser  de quoi nourrir les êtres. La culture a donc pour fin la nourriture et l’épanouissement du corps de l’homme. Ce fut un progrès considérable que ce passage de la cueillette à la culture. L’homme s’y enrichit non seulement matériellement, mais également conceptuellement. Il passe par un intermédiaire qui devient indispensable et qui mérite tous ses efforts, la terre, pour enrichir son environnement et le rendre plus apte à l’enrichir lui-même.

Progressivement le sens du mot s’est élargi à un environnement général favorable au développement d’une espèce. C’est ainsi que l’on parle de bouillon de culture pour désigner un milieu nutritif approprié au développement des microbes. Pour l’homme on parle également de la culture physique en tant que pratique d’exercices et de mouvements permettant d’assurer le développement harmonieux du corps.

Enfin, le terme culture en est venu à désigner un ensemble d’activités et de processus mentaux permettant à un ensemble humain de s’élever au-dessus de sa condition purement naturelle et de se distinguer d’autres groupes. Ainsi la culture s’acquiert et n’est pas de l’ordre du naturel. L’Unesco en donne une définition intéressante : « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » (Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet - 6 août 1982).

Plus récemment on a distingué la culture individuelle de la culture collective. La première, dite culture générale, correspond à l’ensemble des connaissances qu’un être humain a sur le monde. Elle inclut des connaissances très diversifiées qui donne une valeur à chaque être d’une manière différente de l’avoir. Elle lui donne un surplus d’être au-delà des richesses matérielles. Certes, certains y voient  une conception élitiste de la culture qui s’oppose plus ou moins à la conception collective de la culture qui permet le vivre ensemble en harmonie et, in fine, de créer une civilisation propre qui se distingue des autres. Disons que la culture collective est un système de croyances, de valeurs, de coutumes et de comportements se transmettant de génération en génération et qui permet d’affronter les autres et de s’épanouir dans le monde. La civilisation englobe la culture et montre le résultat de celle-ci dans les réalisations matérielles et immatérielles qu’elle laisse en héritage.

Mais allons un peu plus loin. Comme l’explique Jean-Paul II (discours à l’Unesco à Paris, le 2 juin 1980), la culture est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient d’avantage homme, « est » davantage, accède davantage à l’ « être ». La culture élève l’homme au-dessus de sa réalité naturelle pour lui faire découvrir sa réalité surnaturelle. La culture spiritualise la matière, la soumet aux forces spirituelles de l’homme et, dans le même temps, lui permet d’incarner matériellement sa spiritualité. Elle procède ainsi d’un double mouvement entre le naturel et le surnaturel dans lequel l’humain est à la fois acteur et spectateur.

Et pour revenir à la définition première de la culture, il s’agit d’un terreau qui facilite l’épanouissement de l’homme grâce à l’apport des générations passées et de la société spécifique dans laquelle il vit. Ce terreau collectif lui permet de participer lui-même à cet enrichissement de la société grâce à son enrichissement personnel. Ainsi culture générale d’un individu et culture collective ne s’oppose pas, contrairement à ce que prétendent certains sociologues, mais se complètent et s’enrichissent mutuellement.

26/09/2014

L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, un roman d’Haruki Murakami

Haruki Murakami nous avait habitués à des livres à lire d’une seule traite. Là, c’est en dents de scie que s’effectue la lecture. Lassitude et ennui au cours des 75 premières pages. On ne sait quand cela va démarrer. On attend. Cela ne démarre pas. Cela s’enlise dans un magma d’histoires d’amitié et l’on se dit à tout moment que l’on va définitivement fermer le livre. Il ne prend de l’intérêt que lorsquelivre,roman,japonais,histoire Tsukuru décide de mettre au clair l’épisode de sa vie qui l’a marqué au point de quasiment mourir de désintérêt pour le monde.

Appartenant à un groupe d’amis très fortement soudés, trois garçons et deux filles, il en avait été chassé du jour au lendemain sans savoir pourquoi. Nous ne voulons plus te voir lui avaient-ils dit sans aucune explication. Il vécut tout ce temps tel un somnambule, ou comme un mort qui n’a pas encore compris qu’il était mort. (…) Tsukuru était tombé dans l’estomac de la mort, un vide stagnant et obscur dans lequel il avait passé des jours sans date.

Un jour, il rencontre Sara Kimoto avec laquelle il se lit d’abord d’amitié, puis d'intimité. Très psychologue, elle sent la difficulté de Tsukuru à se comprendre lui-même. Il y avait un endroit spécial sur le corps de Tsukuru, dont il n’avait en général pas conscience, une toute petite zone extrêmement sensible. Quelque part dans son dos. Une partie tendre et délicate, le plus souvent couverte, cachée, invisible de l’extérieur, que sa main n’arrivait pas à atteindre. (…) Los de leur première rencontre, il avait eu la sensation qu’un doigt anonyme avait clairement appuyé sur l’interrupteur. Ce jour-là ils avaient beaucoup parlé, mais il ne se souvenait pas de quoi. Puis, il fait connaissance à la piscine (il y a toujours une histoire de piscine dans les livres de Murakami) avec un jeune homme, Haida. Ils deviennent amis, se rencontrent souvent, discutent tard le soir. Mais Haida disparait à nouveau de sa vie, on ne sait pourquoi.

Sara suggère à Tsukuru de chercher à savoir pourquoi ses amis l’avaient rejeté. Le livre prend alors une autre tournure. C’est presqu’une sorte de roman policier : pourquoi Tsukuru fut-il abandonné aussi brutalement par ses amis. Il va interroger d’abord les deux autres garçons du groupe, puis finalement la seule fille encore vivante dont la rencontre en Finlande est assez émouvante. Il apprend les raisons de son rejet du groupe. Est-il guéri de son sentiment d’être autre, sans consistance ? Non, il réfléchit, s’accroche à Sara. Mais progressivement le livre s’enlise à nouveau, il ne sait ce qu’il est et on ne saisit pas non plus ce qu’il va devenir. Derrière les mots se cache le vrai Tsukuru, un homme de trente-cinq ans qui n’arrive pas à saisir le sens de sa vie. Va-t-il réellement nouer sa vie avec Sara comme il semble en avoir envie, ou va-t-il poursuivre son errance sans aucun but. On ne le saura jamais. Le lecteur reste sur sa faim, sans comprendre pourquoi.

Le livre est bien écrit, il s’étire, s’étire au point que le récit semble céder. Il se resserre avant, à nouveau, de se relâcher et s’étirer sans cependant se rompre. Tsukuru choisit-il Sara ? Celle-ci choisit-elle l’autre homme qu’un jour Tsukuru avait aperçu avec elle ? Quoi qu’il arrive, si Sara ne me choisit pas demain, j’en mourrai vraiment, songea Tsukuru. Que ce soit une mort réelle ou métaphysique, cela ne changera pas grand-chose. Mais peut-être que, cette fois, je rendrai pour de bon mon dernier souffle.

25/09/2014

Neuf heures

Neuf heures…
La ville dort, l’ombre veille
Les yeux ouverts sur ton image
Je t’entends ébaucher de tes lèvres vivantes
Mon nom comme un murmure insaisissable

Au-delà des collines
Derrière l’amas de fer et de béton
Qui crée notre séparation
Tous les mots prononcés
Tous les rires jetés en l’air
Rebondissent sur le miroir
De ton regard tourné vers moi

Neuf heures encore…
Comme un sourire inépuisable
Lorsque le soleil apparaissant
Sur tes cheveux épars
Parmi les aiguilles de pin

Proche et lointaine
Vivante ou morte
Ton absence évanouie sur cette heure
 Cerne mon visage attentif

Encore quelques secondes
Quelques minutes volées
Une caresse rêvée et malhabile
Et la nuit reprendra son bien
Pour l’ensevelir parmi les étoiles

© Loup Francart

24/09/2014

La grande vague au large de Kanawaga, de Katsushika Hokusaï

Hokasaï est un grand peintre et dessinateur japonais du début du XIXème siècle (1760-1849). Remarquable par l’ampleur de sa production, il est également un innovateur forcené. Attachons-nous seulement à cette estampe terrifiante d’émotion dans l’action, « La grande vague au large de Kanawaga ».

Elle pourrait être appelée la stabilité dans l’instabilité. La stabilité : le mont Fuji, symbole de la durée et de l’esthétisme pour le Japon. L’instabilité : les vagues, dont la grande qui menace d’engloutir les barques et, au-delà, le mont Fuji lui-même ou plutôt sa représentation. La mer devient un être vivant, une sorte d’animal mythique aux mille doigts tentaculaire qui menace de s’emparer des canots. Ceux-ci glissent sur la surface de l’eau, entraînés par la courbure des flots. Ils épousent la forme de chaque vague, arrondis, les hommes couchés sur leurs rames, comme attendant le choc monstrueux. Au loin, le ciel est noir et plus clair dans son développement. C’est un contraste inverse de ce que l’on pourrait attendre. La tempête se caractérise normalement par une obscurité immédiate, même si, dans le lointain, les éclaircies apparaissent. Peut-être peut-on y voir l’expression du zen, la voie du juste milieu entre la stabilité et l’instabilité, entre le blanc et le noir, entre la vie naturelle et la vie surnaturelle.

23/09/2014

Regards multiples

 Le Sentier des Arts

 vous invite au vernissage de l'exposition de

 Loup Francart

 Regards multiples

 le jeudi 9 octobre à 19h

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 Exposition du 10 au 12 octobre

 tous les jours de 11h à 19h

 16 cité Berbère 75009 Paris

  

La cité Bergère est accessible à la fois par le 23 rue

Bergère et par le 6 rue du Faubourg Montmartre

 

Venez nombreux au cours de ces trois jours. Vous découvrirez l'art cinétique et pourrez bénéficier de la dédicace du livre :

"Petits bouts de rien"

22/09/2014

Vide-grenier et l'opéra è mobile

Hier, dimanche, jour d’errements insolites dans Paris, vide-grenier du 2ème arrondissement, rue de la Banque. Une mairie rue de la Banque, n’est-ce pas rassurant ! Une multitude gens vendaient jusqu’à leur chemise, en mal de partage. Mais de nombreux objets se pressaient sur le trottoir, abandonnés ou présentés avec art, avec le sourire enjôleur du propriétaire ou la face rebutante du vendeur. La mine y fait beaucoup dans l’achat d’un objet. Etre vendeur est un métier, mais plus vraisemblablement une passion, un instinct ou même une vocation.

Au loin nous voyons un rassemblement devant la mairie. Que se passe-t-il ? Nous approchons. Les gens sont figés, presque la bouche ouverte, attentifs, le sourire aux lèvres, à l’écoute du chant qui monte dans la rue avec force.

Mozart… Un opéra… La flute enchantée… Pamina dans tous ses états… Une Reine de la Nuit asiatique, intimidée, mais divine… Un Papageno noir comme du cirage, mais chantant merveilleusement… Tamino, petit, pas rasé, avec une voix d’or et un charme naturel… Un présentateur, également d’origine asiatique, mais parlant un français impeccable, accompagnant au piano les chanteurs et présentant en quelques mots très drôles, vifs, légers, le déroulement de l’opéra.

Quel bonheur que cette troupe des rues qui chante merveilleusement, avec naturel, pour des gens qui ne connaissent pas ce style de musique et qui finissent par être scotchés à leur jeu. Oui, ils étaient nombreux ces spectateurs, de petites filles assises aux pieds de leurs mamans, des mères s’asseyant dans la rue et écoutant avec béatitude, des hommes et des femmes immobiles, regardant ces chanteurs de moins de trente ans, écoutant leurs voix puissants et agiles et applaudissant à tout rompre devant les vocalises.

Subjugués, nous avons tous eu du mal à repartir vers les objets étalés. En dehors des flûtes, rien ne semblaient nous intéresser. La tête encore pleine de sons, nous étions shootés et sous l’emprise de la drogue : l’opéra chez nous, dans la rue, avec la fine fleur de la jeunesse française, qui, pourtant, n’en avait pas l’air. Mais que les airs de la Flute enchantée étaient émouvants !

Lorsqu'ils renouvelleront leurs exploits, nous y seront !

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