30/12/2012
Réminiscence
Réminiscence, perdue dans les plis
D’un cerveau encombré de souvenirs
La lueur d’une inquiétude nerveuse
Comme une puce maligne et agitée
L’image ressurgie de jugements
Abruptes et sans fondement
Comme un aigle volant au-dessus
Du nid douillet des habitudes
Pourquoi t’es-tu donné ainsi ?
Nous avons tous de ces instants
De doute et d’artifices
Qu’en faire, sinon les revivre
Avec le recul de l’âge et du temps
Et reconstituer les heures sombres
De moments oubliés, enfouis, anéantis
Cette armure, construite patiemment
Te protège du passé noire
Fendillée, elle laisse s’échapper
L’odeur pestilentielle des cuisines
D’une vie sombre et inconnue
Nettoyage intempestif des recoins
D’une mémoire défaillante
L’écouvillon fonctionne, agité
Et ouvre des réseaux inconnus
Entre ces vies différentes
Rapprochant ainsi des détails
De liens jusqu’alors inusité
Un son, un goût, une odeur
Et valse la sécurité d’un passé
Bien ancré dans ces certitudes
En volutes de fumée s’échappent
Ces instants honnis et oubliés
Et on s’allège, on se dégage
On se laisse fumer, plumer
Jusqu’à l’absence et le renouvellement
Oui, on est prêt à tout,
Le cœur léger et ferme
C’est ainsi que nous sommes
Pauvres humains
Comme des oiseaux volant
Dans un ciel dégagé
07:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, littérature, écriture, poésie | Imprimer
29/12/2012
Impressions visuelles
Regardez le centre, la petite croix avec un point noir. Vous verrez bientôt apparaître des formes insoupçonnées, un monde imaginaire et mouvant. Et si vous louchez un peu, alors vous verrez bien d’autres formes. C’est un véritable kaléidoscope fabriqué avec de simples rectangles noirs et blancs.
Mais quel travail si l'on sait que ce tableau fait 1,50x1,50m.
07:12 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, art cinétique, peinture, dessin, abstrait | Imprimer
28/12/2012
Retour à l’intime, la collection Giuliana et Tommaso Setari, à la maison rouge
L’opuscule qui nous est remis à l’entrée précise que cette neuvième collection est une étape hors des sentiers battus. J’ajouterai, pour être plus exact, que c’est un saut dans l’artefact au sens où l’artéfact est un effet (lat. factum) artificiel (lat. ars, artis). Le terme désigne à l'origine un phénomène créé de toute pièce par les conditions expérimentales, un effet indésirable, un parasite. Mieux même, « dans plusieurs domaines scientifiques, un artéfact est un phénomène ou un signal artificiel dont l’apparition, liée à la méthode utilisée lors d’une expérience, provoque une erreur d'analyse » (article Wikipedia). A lire l’opuscule et à voir les œuvres, c’est à peu près ce que l’on ressent.
Avant d’entrer dans la première salle, on voit au bout du couloir une glace sur laquelle est reportée une photographie, celle d’un homme des années 50. « Posé à même le sol pour être de plain-pied avec le spectateur, qui partage ainsi l’espace du tableau avec la silhouette anonyme de cet homme au tabouret. L’œuvre intègre à la fois l’espace (environnant) et le temps (les reflets successifs qui s’inscrivent sur sa surface) ». L’effet est intéressant, décoratif même, mais est-ce une œuvre d’art ?
Et je poursuis ma lecture de l’opuscule pensant trouver dans le texte ce que je ne vois pas. Le problème est qu’au fil des descriptions, je ne vois même pas de quelle description il s’agit. Je me rappelle un tableau abstrait de couleur fade, si fade qu’il semblait lavé à l’eau de mer. Mais où se trouve sa description dans le document. Après de nombreuses diversions, je finis par la trouver. « D’abord proche d’une abstraction informelle, elle se démarque à partir de 1965 par son utilisation de matière translucide, le Sicofoil, qui laisse passer la lumière, les motifs d’arabesques, infiniment répétées, que l’artiste rapproche elle-même de l’art islamique dans des couleurs vives… » Zut, cela ne doit pas être cela ! Ah, c’est peut-être cela : « L’énergie qui se dégage du tableau crée un contrepoint à la délicatesse chromatique des œuvre d’Ettore Spalletti…. La couleur prend un aspect velouté, aérien, grâce à une technique basée sur celle de la fresque ; les structures sont recouvertes de plusieurs couches de mélange de pigments poncées successivement, pour obtenir une surface poudreuse… Une impression d’harmonie et de sensualité se dégage de la simplicité formelle de cette installation. » Bon, bref, je ne sais où trouver la description de ce tableau.
Poursuivons ! « La vasque de verre de Lucialo Fabro (Iconografia Gandhi, 1975) rend hommage à des hommes ayant sacrifié leur vie pour leur cause. Le soin que l’œuvre réclame (l’eau doit toujours rester au même niveau) prend dès lors valeur de rituel, perpétuant la mémoire du grand homme, dont le nom est gravé sur le cylindre de verre. » Quel hommage : c’est une œuvre parce que la chaleur laisse évaporer l’eau !
Nous nous arrêterons sur cette description : « L’atmosphère est au recueillement dans cette salle que rassemble des œuvres autour de la thématique de l’absence et de la mort. L’italienne Vanessa Beecroft est essentiellement connue pour ses performances exposant, le temps d’une soirée ou d’un vernissage, des corps humains archétypiques, présentés dans une mise en scène aseptisée et artificielle. Ici toutefois, il ne s’agit pas d’un corps parfait, mais d’un corps meurtri. La fascination pour la beauté que Beecroft exploite d’habitude se mêle à une fascination pour le morbide. » Il s’agit d’une femme nue, offerte, mais couverte de plaies, effectivement morbide. Non, ce n’est pas elle, mais qui est-ce ? J’aurai dû noter chacune des œuvres !
Et plus on avance vers la sortie, plus les thèmes et leurs commentaires semblent dissociés. On se demande de quoi l’on parle ! Peut-on parler d’œuvres absconses ou de commentaires sur-élogieux ?
Oui, il s’agit bien d’artefact et non d’art de facto !
07:41 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art contemporain, peinture, sculpture, photographie, mode, arts plastiques | Imprimer
27/12/2012
La musique religieuse chinoise
Cette note est la suite de celle du 17 octobre 2011, intitulée "La musique Extrême-orientale" que vous pouvez consulter en cliquant ici : http://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/archive/201...
"Si une note se produit, c'est dans le cœur humain qu'elle a pris naissance. Si le cœur humain est ému, c'est par l'action des objets. Sous l'impression des objets, il s'émeut, et son émotion se manifeste par des sons. Les sons se répondent entre eux, ainsi, ils se différencient. C'est lorsqu'ils présentent des différences qu'ils prennent le nom des notes."
Ainsi commence le Yüeh Chi, partie du Li Chi ou Mémorial des rites, qui expose la doctrine officielle de la Chine sur la musique. Rédigé au 1° siècle avant notre ère, son existence est beaucoup plus ancienne.
Selon le Yüeh Chi:
· La musique est la langue naturelle des sentiments. Ceux-ci expriment la relation de la conscience avec l'univers, du sujet avec l'objet, du moi avec le non-moi. Le son est le signe de cette relation. Le son ne devient musique que lorsqu'il succède à plusieurs sons. Ils expriment alors l'émotion, les états mouvants du cœur.
· La musique agit sur les sentiments. Il y a une musique qui inspire la vertu, une autre qui corrompt les mœurs. Comme dans la Grèce antique, les chinois estiment que la musique fait partie de la morale.
· Le fondement de la musique est l'harmonie de toute la nature. Intimement liée aux rites dont elle est inséparable, l'harmonie embrasse le ciel et la terre, exprimant les relations du Ying et du Yang. La musique est associée au ciel, à la lumière, au principe mâle, au Yang; les rites à la terre, à l'obscurité, au principe femelle, au Yin.
"La musique recherche l'harmonie. Elle est associée aux plus hautes valeurs spirituelles: elle est du domaine du ciel. Les rites tendent à percevoir les différences, ils sont du domaine de la terre. C'est pourquoi les sages ont composé de la musique pour qu'elle puisse correspondre au Ciel et qu'ils ont institué les rites, pour qu'ils correspondent à la terre. Ainsi, quand les rites et la musique se manifestent en toute perfection, le ciel et la terre sont en parfait accord."
· La musique n'est pas faite pour exalter les passions, mais pour les modérer. Ce qui importe, c'est la pensée qu'elle exprime et non la sensation qu'elle donne. Par la musique, l'humanité se rapproche de la sagesse.
· Les cinq notes de la gamme pentatonique s'intègrent aux cinq éléments (terre, métal, bois, feu et eau), aux cinq directions de l'espace (centre, ouest, est, nord et sud), aux cinq planètes (Mercure, Saturne, Jupiter, Mars et Vénus) et aux cinq couleurs (jaune, blanc, bleu, rouge, noir).
Et pour illustrer cela, voici les chants de la prière du matin au temple bouddhiste de Hong Fa, à Shen Zhen :
07:28 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique orientale, chine, cérémonie, liu, gamme, pentacorde | Imprimer
26/12/2012
Train de nuit
Défilent les boutons blancs ou jaunes
Derrière la chevelure de Madame
Elle baille discrètement, souriante
Elle semble s’excuser du regard
Et la voiture file dans le noir
Partie dans l’ouate du voyage
Elle échappe à la raison pure
Pour errer avec sollicitude et patience
Sur les vapeurs de rêve entrecroisées
Des nantis d’un billet désiré
Dehors les autres, ceux qui nient
La nécessité de disposer d’un papier
Pour s’enfuir dans l’éther dilué
Et le maître des lieux, casqué
Demande à chacun son obole
Le sésame érodé tel un talisman
Le crayon sur l’oreille grasse
Il pérore avec la voyageuse
Qui ignore sa langue vivante
Et pépie des caquètements
Pour signifier sa colère montante
Je tends mon autographe signé
D’un quelconque bureaucrate
Il me sourit, patient et distrait
Le poinçonne avec application
Puis poursuit sa course dévoreuse
D’autres trous à perforer, toujours plus
Je me love dans un angle
Fermant les yeux sur le lac
Noir et morne de la vitre
Jusqu’à ce qu’enfin
Le sommeil vienne
Etouffé et boutonneux
Pour revigorer ce corps sans vie
07:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, littérature, poésie | Imprimer
25/12/2012
Vivre la nativité
Dans sa sagesse, chaque année, l’Eglise nous offre de vivre et de revivre l’expérience chrétienne.
Car c’est bien à une expérience qu’elle nous invite au-delà de la vision théologique. Chaque année, l’Eglise m’invite à la conversion dans le temps de l’Avent ; chaque année, l’Eglise m’invite à vivre la naissance du Christ en moi ; chaque année, l’Eglise m’invite à mourir à moi-même comme le Christ le fit lors de sa passion ; et chaque année, l’Eglise m’invite à participer à la gloire du Père dans la lumière de la Pâque. Chaque année de ma vie, je suis invité à approfondir ce cycle merveilleux de l’expérience chrétienne. Lié au cycle naturel des saisons, il se déroule en spirale, à l’égal de ma vie humaine, avec ses élans et ses chutes, avec sa puissance et ma pauvreté, avec la distance toujours vécue qu’il y a entre l’expérience de la vie divine en nous et l’expérience de notre pesanteur à la faire perdurer en nous.
La liturgie du temps de Noël nous convie à méditer les trois aspects du mystère de l’Incarnation. D’abord la naissance éternelle du Verbe qui reçoit éternellement la nature divine du Père. C’est à ce titre qu’est lu dans la messe du jour de Noël le prologue de l’évangile de Saint Jean : Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout s’est fait... Ensuite, la naissance temporelle du Verbe dans l’histoire des hommes : et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous... Enfin, la naissance spirituelle du Verbe en chacun de nous pour donner vie à l’Eglise, corps mystique du Christ : tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
07:24 Publié dans 62. Liturgie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : noël, spiritualité, religion, naissance, liturgie | Imprimer
24/12/2012
Musique religieuse chinoise
http://www.youtube.com/watch?v=zuvGyqCkwDM&NR=1&feature=endscreen
Où est-ce ? Peut-être en Chine. Pékin, Shanghai ? La cérémonie est probablement bouddhiste, reconstituée sur la scène d’un théâtre. C’est beau, c’est évidemment très médiatique ou théâtral, avec effets de sons, de lumières, de mouvements et bien sûr un présentateur à l’occidental. Mais derrière toutes ces apparences, il y a quelque chose qui dépasse la simple représentation : le mystère des traditions religieuses. Et derrière la tradition primordiale qui concerne le fond même de la religion (En qui croyons-nous et quel est notre Dieu ?) on trouve la musique, qui, comme la forme de la liturgie, permet d’accéder à l’au-delà des apparences. Et l’on s’étonne ! On pourrait se croire dans un monastère chrétien. C’est parfois assez proche du chant ambrosien ou du chant vieux romain, voire du chant grégorien. N’est-il pas étonnant que deux civilisations que rien ne rapproche, s’éveillent à l’invisible et à l’inaudible par les sons. La même expérience du « numineux », la même quête d’un monde absolument autre (R. Otto, Le sacré, Paris, 1929, p.22).
Voir en 52. Liturgie, la note du 29 décembre 2010, intitulée « Réflexions sur la musique sacrée ».
Cependant, même si les similitudes sont réelles, la forme et l’expression du chant sont fondamentalement différentes.
La forme est modale et pentatonique, ce qui signifie que la gamme sur une octave ne comprend que cinq notes et non sept comme notre gamme tempérée. Et cette gamme peut former des modes d’une étendue plus large que l'octave et comportant des fondamentales et dominantes très variées.
Voir en 42. Théorie de la musique, la note du 17 octobre 2011, intitulée « La musique extrême-orientale ».
On peut également noter que le chant lui-même est assez différent du chant occidental dans sa manière de le produire. Les modulations sont le plus souvent nasales, les sons sortent de la gorge en utilisent assez peu la caisse de résonance du conduit vocal.
Nous analyserons dans les jours qui viennent toute cette musique d'Extrême-Orient. Pour l'instant emplissons-nous de ces chants qui réjouissent l'âme, malgré leur monotonie.
07:10 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chant sacré, musique religieuse, gamme pentatonique, numineux, spiritualité | Imprimer