06/01/2013
Chant bouddhiste chinois
Reprenons les chants sur lesquels nous avons donné une première impression le lundi 24 décembre et tentons d'analyser comment ces chants sont contruits en nous référant à la théorie établie le 2 janvier :
(http://www.youtube.com/watch?v=zuvGyqCkwDM&NR=1&feature=endscreen)
En 0:07:00
Chant en mode féminin 1 ou en mode tché :
La gamme chantée est :
mi b – fa / la b – si b – do
1 - 1,5 - 1 - 1
Elle est chantée sur l’étendue
si b – do // mi b – fa / la b – si b – do
avec les intervalles
1 - 1,5 - 1 - 1,5 - 1 - 1
dominante : la b
finale : do.
Il s’agit du mode pentatonique
do – ré / fa – sol – la
1 - 1,5 - 1 - 1
Employé sur une étendue
La – sol // do – ré / fa – sol – la
Avec pour dominante le fa et finale le sol.
En 0.33.00
Chant en mode masculin :
La gamme pentatonique utilisée est :
ré – mi – fa# / la – si
1 - 1 - 1,5 - 1
Elle est chantée sur l’étendue
si // ré – mi – fa# / la – si // ré – mi – fa#
avec les intervalles
1,5 - 1 - 1 - 1,5 - 1 - 1,5 - 1 - 1
dominante : la et fa#
finale : tantôt le mi, le ré ou même le si inférieur.
Il s’agit du mode pentatonique masculin
do – ré – mi / sol – la
employé sur l’étendue
la // do – ré – mi / sol – la // do - ré – mi
dominante : 5ème degré, soit la
finale : ré, do ou même le la inférieur
En 1:08:45 :
Chant en mode masculin :
Le chant devient presque polyphonique ou plutôt il s’accompagne d’un ison à la manière des orthodoxes.
Le mode pentatonique utilisé est
sol – la – si / ré – mi
1 - 1 - 1,5 - 1
Elle est chantée sur la même étendue, à deux voix :
. les premières sur le chant principal indiqué ci-dessus,
. les secondes sur le ré et mi supérieur qui forme une ison sur le chant principal.
07:10 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique extrême-orient, chine, bouddhisme, modes musicaux, gamme pentatonique | Imprimer
05/01/2013
Innondation 2
Pendant longtemps j’ai cru
Que la rivière débordait
Parce que trop d’eau, trop d’eau
Mais peut-être n’est-ce pas vrai ?
Trop contrainte, elle s’étale
Elle se laisse aller, bienheureuse
Et va caresser ce qu’elle ne voit jamais
Ces rives enchantées et fleuries
Elle va chatouiller les pieds nus
D’arbres évaporés naviguant sur la terre
Elle soulève leurs bottes
Et dépose un baiser en silence
Elle poursuit sa quête vaine
De terres à découvrir, à recouvrir
Ces gouttes laissées sur le feuillage
Elle prend ses vacances, hilare
Et se donne à cœur joie
Et s’approche des maisons
Pour y jeter un œil malicieux
Qu’y-a-il dans la cave ?
La cuisine est-elle propre ?
Le salon mérite-t-il le détour ?
Les jardins sont visités
Et revêtus de la douceur boueuse
Des alluvions descendant des collines
Elle poursuit sa route, guillerette
Vagabonde dans des lieux insolites
Cimetière aux portails rouillés
Guinguettes aux tendres échanges
En ville, elle se lâche dans les rues
Et enserre la prison d’une langue froide
Elle repart dans d’autres platitudes
Champs dorés, prés verdoyants
Puis, bientôt, sables accumulés
Aux méandres paresseux et frivoles
Avant de plonger dans l’inconnue
La grande sœur délirante et pudique
Qui accueille toutes les orphelines
En mal d’évasion et d’indélicatesse
07:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, écriture, poème | Imprimer
04/01/2013
Les heures souterraines, roman de Delphine de Vigan
La journée du 20 mai pour deux êtres, homme et femme, à qui l’on veut faire croire, par l’intermédiaire du lecteur, qu’ils sont faits pour s’entendre. Et pourtant, leurs situations sont tellement différentes. L’un, Thibault, ne sait s’il aime ou non sa compagne qui, elle-même, ne semble pas l’aimer. L’autre, Mathilde, veuve, deux enfants, est en butte au harcèlement moral de son patron qui, pour une faute insignifiante, l’écarte progressivement de toute activité. Si la situation paraît convaincante pour la seconde, elle frise le ridicule pour le premier. Quel remplissage.
Il est néanmoins intéressant de suivre la lente décomposition de cette femme qui avait tout pour réussir et qui se trouve, d’abord de manière insignifiante, puis outrancière, écartée de tout pouvoir et même de toute relation dans l’entreprise. La démarche est bien décrite, ses doutes, ses interrogations, ses craintes, sa torpeur et, finalement, son impuissance. Elle résiste pourtant, elle tient envers et contre tout. Mais elle finit par donner sa démission, sans aucune contrepartie.
En parallèle, on vit avec Thibault, ou plutôt, on erre avec Thibault de patient en patient, car il est médecin. Ses réflexions sont maigres, ses maladresses fréquentes, rien qui ne vaille la peine de s’y attarder.
Ils se rencontrent à la fin du livre. On est impatient de savoir ce qui va se passer. Mais la fin est sans relief, comme un œuf au plat mangé sur la table de la cuisine au retour du travail. Que deviendront-ils ? On ne le sait. Ils errent dans ce désert d’une vie urbaine où les sentiments, espoirs et raisons de vivre se sont évaporés. Quelle vision de la vie, plus proche de la mort que de la résistance.
Face au harcèlement moral d’une personne, son supérieur bien sûr, le seul moyen est de tenir sur un projet que l’on sait valable et de démontrer son intérêt en contournant l’objecteur, c’est-à-dire en le faisant approuver par une entité supérieure. Lorsqu’il est reconnu et approuvé par des gens très variés, alors il est possible d’affronter le harceleur qui, même s’il ne veut pas reconnaître ses torts, est bien contraint d’accepter votre projet. Cela demande persévérance, aucun découragement, des vérifications permanentes (il ne s’agit pas de se tromper) et l’entretien de relations avec vos anciens subordonnés.
Ne comptez pas sur les autres pour prendre votre défense et protester contre votre harceleur. Ils se retrouveraient dans votre cas. Dans tous les cas, vous serez éjecté. Mais vous trouverez autre chose, gagnant. In fine, il croira avoir eu votre peau, mais vous en sortirez grandi.
Donnez-vous un projet, croyez-y, travaillez, établissez de nouveaux réseaux qui contournent l’obstacle. Vous en trouverez un bien, immanquablement.
06:26 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, société, psychologie | Imprimer
03/01/2013
Notre idéal de vie
En lisant « Le Petit Sauvage », roman d’Alexandre Jardin (nous en reparlerons), on en vient immanquablement à s’interroger sur sa vie d’adulte. Ai-je bien réalisé la vie dont j’ai rêvé enfant, ou plutôt l’idéal de vie qui constitue le plus profond de ce que j’ai rêvé d’être ? Alexandre choisit le retour à l’enfance de ses huit ou de ses treize ans. Mais il échoue, rattrapé par l’écoulement des ans. Le retour à l’enfance ne peut être un idéal de vie. Ce serait se rogner les ailes. La seule vraie enfance est celle qui reste devant nous. Mais encore faut-il ne pas la perdre de vue.
Ne jamais oublier l’idéal que nous nous sommes fixé. Mais d’abord quel est-il ? En y réfléchissant, il m’apparaît que l’important est de conduire au maximum de leurs possibilités chacune des parties de mon être, même si ce maximum n’atteint pas le niveau d’un prix Nobel. Tout le monde ne peut prétendre à cette récompense, ni même à une renommée internationale ou même nationale. Au fond, peu importe la reconnaissance que peuvent avoir les autres de ce que vous avez fait. L’essentiel est de l’avoir fait et de sentir que vous vous êtes épanoui à développer cette partie de vous-même.
La quête du graal, c’est la quête de soi-même. Vous courrez derrière jusqu’au jour où vous comprenez que l’important n’est pas de se trouver, mais de parcourir le chemin qui vous permettra de vous trouver. Epuiser toutes les possibilités de chacune des parties de son être, les amener à leur maximum, partie après partie, jusqu’à faire le tour de soi-même. Et si vous avez bien compris cet idéal de vie, vous n'atteindrez jamais ce tour de vous-même. Vous mourrez en cherchant encore et encore à améliorer telle ou telle partie de votre personnalité que vous n’avez pas encore développée.
En chemin, c’est-à-dire tout au long de la vie, ne pas se laisser attirer par ce qu’attendent les autres de vous. Ils vous voient à telle place, ou à telle autre, dans telle ou telle position sociale, professionnelle, familiale, etc. Non, être soi-même, c’est ne jamais déroger à la règle principale : se donner à fond pour toujours découvrir, embrasser le monde, lui apporter notre contribution, sans jamais chercher à en recueillir des intérêts. Et pour cela toujours s’améliorer, innover, s’enrichir sans esprit de patrimoine. Il suffit que chaque étape corresponde à une possibilité d’épanouissement pour vous-même.
Alors vous approchez du bonheur, sans jamais le saisir totalement. Vous avez sur vos lèvres cet avant-goût de paradis, vous buvez le lait de la félicité, mais sans jamais en profiter. Simplement, le laisser s’écouler et vous y baigner.
La vie est un apprentissage. Le jour où l’on n’a plus rien à apprendre, on meurt, même si l’on se croit toujours vivant.
07:05 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, philosophie, épanouissement, réalisation de soi | Imprimer
02/01/2013
La musique chinoise d'origine populaire
C'est la musique typique de l'Extrême-Orient, utilisant une gamme de base pentatonique à tons entiers et tierces mineures sans demi-tons, soit les intervalles 1 - 1,5 - 1 - 1 - 1,5. Cette gamme, née de la théorie des quintes montantes et des quartes descendantes, ne comporte pas de Si, ni de Mi.
Dans sa version traditionnelle, elle utilise deux modes avec le même registre et les mêmes fondamentales et dominantes, les modes masculin et féminin, et un 2° mode féminin, avec une autre fondamentale et sans dominante.
Dans sa version savante initiale, chaque note de la gamme de base donne naissance à un mode qui porte le nom de la tonique. En combinant ces 5 modes avec les 12 liu furent formés 60 tons différents.
Deux notes complémentaires furent ajoutées à cette gamme pentatonique pour former une gamme de 7 sons à l'époque Tchéou (1134-256 av. J-C). Elles se trouvent à moins un demi-ton de la note fondamentale du dicorde et du tricorde : l'une s'appelle "pien-tche", c'est à dire tche modifié, l'autre "pien kong". Les 7 modes se forment en prenant chacun des 7 degrés pour servir de tonique. La combinaison des 7 modes avec les 12 liu a produit 84 tons différents.
Chaque mode a son propre caractère :
. mode la b, si b, do, ré, mi b, fa, sol, la b : frais et profond;
. mode ré, mi, fa #, sol, la, si, do, ré : élégant et raffiné;
. mode la, si, do, ré, mi, fa, sol : l'ordre et le calme;
. mode sol, la, si b, de, ré, mi b, fa, sol : la tendresse et les pleurs.
07:11 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique chinoise, gamme pentatonique | Imprimer
01/01/2013
Premier de l'an
Premier de l’an,
Premier jour de l’année 2013
Rien de l’extérieur ne semble le rappeler
La rivière coule comme à l’accoutumée
Les voitures passent lentement sur la route
Le chien d’Emile vaque à ses besoins
Non, rien n’est différent des autres jours
Et pourtant…
Les nuages se chargent de couleurs
Les arbres frissonnent d’air ambiant
Les oiseaux pépient derrière la vitre
Le héron dans le pré se couvre de blanc
Rien n’est changé, mais tout respire
Tout aspire à une autre vie,
Mais en sommes-nous conscients ?
Certes, nous avons fêté ce passage
Le verre à la main, les yeux dans les yeux
Mais quel passage ?
La fumée qui sort des cheminées
Reste à trainasser sur le sol
Elle ne monte pas droite vers le ciel
Mais emprunte des voies détournées
Elle s’effondre sur elle-même
Et semble dire, à quoi bon !
La journée s’éternise, bleutée, mélancolique
Tout s’entasse en ce jour béni
Sans vouloir sortir du décor fabriqué
L’on tente de s’y confondre...
Abandon...
Est-ce vraiment un jour spécifique
Où rien n’est comme avant
Et rien ne sera comme après ?
Je découpe aussitôt une heure du jour
Et tente de la recoller ailleurs
Mais elle ne tient pas sur la page du temps
Seul ce jour l’accueille, en surplus
Qu’y a-t-il dessus ?
On ne sait pas que l’on vieillit
Ce jour nous le rappelle
Amusons-nous du temps qui passe
Et pleurons ce que nous n’avons pas fait
Alors que nous en avions le temps
Réjouissons-nous de ce que nous avons vécu et fait
Et nos rêves deviendront réalité dans cette nouvelle année
Tournons-nous vers l’avenir
Admirons ce champ immense
De toutes les possibilités
Et laissons errer notre fantôme
Sur cette patinoire reluisante
Une nouvelle année,
Quelle glissade !
10:18 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, littérature, écriture, poésie | Imprimer
31/12/2012
La femme qui attendait, roman d’Andreï Makine
Une femme si intensément destinée au bonheur (ne serait-ce qu’à un bonheur purement physique, oui, à un banal bien-être charnel) et qui choisit, on dirait avec insouciance, la solitude, la fidélité envers un absent, le refus d’aimer…
Ainsi commence ce roman qui tourne autour du corps de la femme, une femme qui refuse de croire à la mort de son fiancé plus de trente ans plus tard. Et ce refus est parfois synonyme de mort. Il se traduit par le froid des paysages, les changements de temps, le bruit de la glace qui tombe des toits. Et d’autres fois, il devient pleine vie, au-delà des apparences, grâce au soleil d’un printemps qui met du temps à venir, à une fleur ramassée dans la campagne.
Et c’est bien à une retraite que nous convie l’auteur, retraite au-delà de la vie, dans cette après-vie, avec de vieilles personnes près de la mort : Elle dort dans une sorte de mort anticipée, au lieu du temps qu’elle a suspendu à l’âge de seize ans, marchant en somnambule parmi ces vieilles qui lui rappellent la guerre et le départ de son soldat… Elle vit un après-vie, les morts doivent voir ce qu’elle voit…
Peu à peu, il apprivoise cette femme, avec douceur, mais désir de son corps. Elle est belle malgré son âge. Elle semble pleine de désirs cachés. Il apprend ses rêves : J’ai attendu le train de Moscou… Cela m’arrive de temps en temps. Toujours presque le même rêve : la nuit, le quai, il descend, se dirige vers moi… Cette fois, c’était peut-être encore plus réel qu’avant. J’étais sûre qu’il viendrait. J’y suis allée, j’ai attendu. Tout cela est déraisonnable, je sais. Mais si je n’y étais pas allée, un lien se serait rompu… Et ce ne serait plus la peine d’attendre… Il apprend à la connaître doucement : Ses paupières battaient lentement, elle leva sur moi un regard, vague et attendri, qui ne me voyait pas, qui allait me voir après le passage des ombres qui étaient en train de traverser. Je devinais que durant cette cécité, je pouvais tout me permettre. Je pouvais lui prendre la main, je touchais déjà cette main, mes doigts remontaient sans peser sur son avant-bras. Nous étions assis côte à côte et la sensation d’avoir cette femme en ma possession était d’une force et d’une tendresse extrêmes.
Elle finit par se donner à lui, égarée, enfantine en amour, fière de sa condition féminine : Cette femme sûre disparut dès les premières étreintes. Elle ne savait pas qui elle était en amour. Grand corps féminin aux inexpériences adolescentes. Puis une véhémence musculeuse, combative, imposant sa cadence au plaisir. Et de nouveau, presque l’absence, la résignation d’une dormeuse, la tête renversée, les yeux clos, la lèvre fortement mordue. Un éloignement si complet, celui d’une morte, qu’à un moment, me détachant d’elle, je lui empoignais les épaules, la secouait, trompé par sa fixité. Elle entrouvrit les yeux, teintés de larmes, me sourit et ce sourire se mua, respectant notre jeu, en un rictus trouble de femme ivre. Son corps remua.
C’est un roman poétique, empli de la féérie des saisons de glace, des forêts immenses, des villages sans âme. Et progressivement se déroule l’histoire, dans laquelle l’imagination a autant d’importance que le réel vécu. Un rêve que l’auteur vit de manière très concrète, attaché à de petits riens qui sont autant de construction de la réalité. Il se prépare à repartir, sortir de cette après-vie qui semble la vie normale de ce village de vieilles femmes sur laquelle veille une femme plus jeune, encore désirable. Oui, c’est un beau roman !
07:10 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, femme, vie, féminité, solitude, philosophie | Imprimer