Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/12/2019

Joie

C'est en passant d'un sommet à l'autre que se trouve la joie

et non en suivant les courbes de niveau de l'existence.

 

14/12/2019

Locédia, éphémère (43)

Et j’attends, perdu dans cette perspective de m’évanouir en toi, de trouver la finitude des jours dans ton corps offert. J’attends dans l’espérance d’une vie nouvelle où deux ne fait plus qu’un et ou un se construit à deux. J’aurai pu entrer dans la salle de bain, te saisir dans mes bras et plonger dans l’eau parfumé, habillé, enivré, inconscient. J’aurai pu aussi frapper à la porte et te dire, sans te voir, ce que tu avais bouleversé en moi. J’aurais enfin pu m’enfuir comprenant subitement l’ensorcellement que je vivais. Rien de tout cela. J’attends, vide de ton désir.

tu ressors, fraiche, souriante, épanouie. Tes cheveux se balancent au bout de ton cou, au même rythme que tes boucles d’oreille. Tu me tends les lèvres, espiègle et mutine. Mais tu me dis que tu dois partir, sans explication, pressée de quitter cette atmosphère trop intime ou ces lieux trop personnels auxquels tu n’es pas habituée. Tu ramasses ton manteau et pars sans te retourner, me laissant seul, égaré, m’interrogeant sur cette volte-face incompréhensible.

13/12/2019

Ecran

Un écran est avant tout protecteur
Ainsi tu mets des gants pour ne pas te brûler
Des lunettes pour regarder le soleil
Tu revêts un vêtement pour ne pas être nu

Parfois avec une épingle tu perces l’apparence
Et contemple l’abîme dans le tunnel
Tu vis une vie double derrière ta parure
Caché au regard de l’autre par feinte
Es-tu, toi ou celui qui se cache derrière ?

Tu glisses un doigt dans l’ouverture
Et tentes de divertir ta conscience innocemment
Mais tu ne peux toucher l’objet de tes convoitises
Tel le Graal nourricier, mais inaccessible
D’abord ignoré, tu sentis sa présence
Le jour où fut visible en toi l’amour

Désormais tu le portes en sautoir
Et ton cœur n’en rougit pas malgré l’obscurité
L’écran s’ouvre, écarte ses lèvres chéries
Et donne à voir ce qui semble inexpugnable

Le désespoir t’abandonne, la joie t’envahit
L’air entre dans tes poumons
Désormais plus rien ne te dérange
Tu es là, droit, le regard au loin
Et accomplit ton destin inconnu
Sans te poser la question du sens
Ni celle de l’absence

L’écran se dévoile et prend sa part
Que caches-t-il ? L’homme…

©  Loup Francart

12/12/2019

Renoncement à soi

Le renoncement à soi consiste à placer l’action avant l’idée. Le vide étant comblé par l’amour de l’univers, d’autrui et de Dieu, l’action ne peut être orientée que vers le bien. Si l’idée vient avant l’action, celle-ci  n’est qu’une imitation, une imposition de l’idée. L’action est alors l’esclave de l’idée et n’est qu’idéalisation qui est la drogue de notre temps.

Gide avait bien analysé cet esclavage de l’action par l’idée, mais sa solution de l’acte gratuit est fausse et mène à un idéalisme encore plus dangereux, car l’acte gratuit ne peut être vrai que dans le renoncement à soi. Un acte gratuit en vue de la possession de son être réel ne peut être que destructeur et nuisible, car il est uniquement tourné vers le sujet qui le pratique et est une manifestation exclusive du moi. La définition gidienne de l’acte gratuit est d’être un acte qui n’a pas de raison d’être (c’est-à-dire non soumis au principe de causalité). Malheureusement, il y a toujours une raison d’être qui est celle de ne pas en avoir. Il s’ensuit que l’acte gratuit n’est pas une preuve de notre liberté, mais plutôt de notre asservissement à nous-mêmes.

L’acte gratuit n’est dans la vérité que par le renoncement à soi. Il est l’acte gratuit au vrai sens du terme, c’est-à-dire un acte fait de reconnaissance à Dieu.

11/12/2019

Interstice

 

Un interstice
Besoins et rêves mêlés
A portée de main

 

12-09-22 E32 Rayures multiples.jpg

 

10/12/2019

Locédia, éphémère (42)

Et tu me poussas doucement dehors, avec un baiser envoyé de loin qui m’atteignit comme un coup de poing. Je me retrouvais hors de la salle de bain et descendis lentement les marches de l’escalier, envahi par un vide difficile à supporter. Je me réfugiais dans le salon, m’appliquant à nouveau sur la sonate de Mozart, sans toutefois trouver le jeu convenable, perdu dans mes pensées. Puis je m’arrêtais, revêtu de désir. Il enveloppait mon corps d’une chaleur glaciale. Je m’imaginais ouvrir la porte de la salle de bain et te contempler nue dans la baignoire, m’accueillant, offerte, ouverte, extatique. Tes seins parfaits, que tu as l’habitude de soupeser à deux mains, se dressent hors de l’eau, prisonnier de la légère buée du bain chaud que tu as laissé couler. Quelques gouttes de condensation glissent sur leur courbe. Je te contemple, revêtue d’amour inatteignable, fantôme pâle, jusqu’à refermer la porte, en proie aux tourments de mon imagination.

Tu es des éléments la terre et l’eau
Prêtresse du feu que tu entretiens
Nécessaire à la vie comme l’air
Centre de l’humain, indissociable du divin


Tu es l’essence des réalités ambigües
A la fois plus haute et plus basse
Sainte et pécheresse, ange et démon
Vouée à l’état de ta féminité

Tu es l’inspiratrice et la compassion
Étrangère à l’histoire qui ne serait pas sans toi
Héroïque dans la peine de tous les jours
Modèle du repos et de l’immobilité

Tu es l’ordonnatrice des mystères familiers
Régnant sur les enfants et les vieillards
Occupée sans cesse de ce lieu de l’être
Où tu est chez toi, où je ne suis que par toi

Tu es l’attente et la réponse
L’habitante des profondeurs
Celle qui est et qui n’apparaît pas
La souffrance, le silence et la joie

Tu es la plante fragile, mais éternelle
Calme et fraiche, enracinée et mortelle
Présence de l’éternité dans le temps
Immobile dans l’inévitable mouvement cosmique


Je suis ce que tu n’es pas, l’histoire
Attentif à l’existence dynamique des objets
Utilisateur du temps sans pouvoir en jouir
Je suis l’acte, tu es la nature

 

09/12/2019

Je ne sais pourquoi

Je ne sais pourquoi
D’un si divin espoir
Occuper tous les soirs
Puis tomber en désarroi.

Je ne sais pourquoi
D’un si fol désespoir
Nourrir le morne couloir
Des pensées de mon choix.

Je ne sais pourquoi
D’un si ardent vouloir
Tirailler mon devoir
Pour mourir de bon aloi.

©  LF (écrit le 30 08 63)