10/12/2019
Locédia, éphémère (42)
Et tu me poussas doucement dehors, avec un baiser envoyé de loin qui m’atteignit comme un coup de poing. Je me retrouvais hors de la salle de bain et descendis lentement les marches de l’escalier, envahi par un vide difficile à supporter. Je me réfugiais dans le salon, m’appliquant à nouveau sur la sonate de Mozart, sans toutefois trouver le jeu convenable, perdu dans mes pensées. Puis je m’arrêtais, revêtu de désir. Il enveloppait mon corps d’une chaleur glaciale. Je m’imaginais ouvrir la porte de la salle de bain et te contempler nue dans la baignoire, m’accueillant, offerte, ouverte, extatique. Tes seins parfaits, que tu as l’habitude de soupeser à deux mains, se dressent hors de l’eau, prisonnier de la légère buée du bain chaud que tu as laissé couler. Quelques gouttes de condensation glissent sur leur courbe. Je te contemple, revêtue d’amour inatteignable, fantôme pâle, jusqu’à refermer la porte, en proie aux tourments de mon imagination.
Tu es des éléments la terre et l’eau
Prêtresse du feu que tu entretiens
Nécessaire à la vie comme l’air
Centre de l’humain, indissociable du divin
Tu es l’essence des réalités ambigües
A la fois plus haute et plus basse
Sainte et pécheresse, ange et démon
Vouée à l’état de ta féminité
Tu es l’inspiratrice et la compassion
Étrangère à l’histoire qui ne serait pas sans toi
Héroïque dans la peine de tous les jours
Modèle du repos et de l’immobilité
Tu es l’ordonnatrice des mystères familiers
Régnant sur les enfants et les vieillards
Occupée sans cesse de ce lieu de l’être
Où tu est chez toi, où je ne suis que par toi
Tu es l’attente et la réponse
L’habitante des profondeurs
Celle qui est et qui n’apparaît pas
La souffrance, le silence et la joie
Tu es la plante fragile, mais éternelle
Calme et fraiche, enracinée et mortelle
Présence de l’éternité dans le temps
Immobile dans l’inévitable mouvement cosmique
Je suis ce que tu n’es pas, l’histoire
Attentif à l’existence dynamique des objets
Utilisateur du temps sans pouvoir en jouir
Je suis l’acte, tu es la nature
07:35 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, amour, recherche de soi | Imprimer
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