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07/12/2019

Puissance

"Dieu est puissant, mais il ne rejette personne." (Job  35-5)

 

La véritable puissance consiste à agir en se laissant ignorer. Elle est dans la force de l'âme et non dans celle du corps ou de l'intelligence. On ne la remarque pas, mais on l'imite inconsciemment. Elle s'impose par sa seule existence, sans autres moyens intermédiaires.

La puissance est protection et n'a rien à voir avec la crainte qu'elle inspire.

 

 

 

 

07:29 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : force, foi |  Imprimer

06/12/2019

Naïf

Naïf ou trop habile
Qui donc le saurait mieux que toi ?

Le naïf est confiant
Il te prête ses pensées
Elles défilent sous ton nez
Parfois tu attrapes le bonheur
Un bon mot qui part tout seul
Et te comble sans savoir pourquoi
Un malheur est toujours possible
Lorsque tu dédaignes l’avertissement
Ainsi sont morts l’oiseau sans ailes
Et le chanteur sans voix

Le naïf est-il dupe ou niais ?
L’un d’eux me dit un jour
Pourquoi sortir puisqu’il faudra entrer
Un autre me susurra
Pourquoi entrer puisqu’il faudra sortir
Ils restèrent entre deux
Un pied sur chaque partie
Sans même pouvoir se séparer
Va voir, ils y sont encore !

Le naïf ou le rusé
Prendre l’un pour l’autre
C’est courir à sa perte
Ou recevoir la fortune
Sur un damier noir et blanc
Sans laisser d’alternatives

Le naïf serait-il un simple
Telle la fleur verte
Qui trompe son monde et meurt
De sa plaisanterie colorée
Mieux même, il peint les visages
De ses trois doigts triangulés
Et vend ses tableaux aux pauvres

Le naïf te croît, toi l’insaisissable
Tu apparais distant et nu
Tu cours à l’ombre des oliviers
Embrassant les belles femmes
Riant des enfants bavards
Pleurant avec les vieillards
Certes, tu es naïf, mais si simple
Qu’on repart le cœur nettoyé

©  Loup Francart

05/12/2019

Locédia, éphémère (41)

Tu te levas alors pour explorer l’appartement, curieuse de ce nouvel espace que ton ignorance rendait extravagant. Je t’accompagnais dans chaque pièce, écoutant ton babillage, commentaires pleins de drôleries sur les objets journaliers que je ne voyais plus. Cette exploration me dépouillait progressivement de mes réticences à me livrer à tes manipulations enchanteresses. Nous revînmes au salon et tu me donnas tes lèvres pleines, entières, gonflées d’une volonté nouvelle que je n’arrivais pas à cerner.  Après quelques instants d’une intimité inexprimable, tu rompis l’ensorcellement en me demandant si tu pouvais prendre un bain. J’avoue avoir été surpris par cette demande, inhabituelle pour quelqu’un qui vient pour la première fois dans l’espace d’intimité de la vie quotidienne d’un être qu’il connaît peu. Je t’accompagnais à travers les couloirs et escaliers menant à cette salle donnant sur une cour intérieure. Elle était encombrée, biscornue, avec une baignoire légèrement écaillée par nos jeux d’enfants, lorsque notre mère nous faisait attendre pour aller dans la cuisine surveiller l’ébullition d’une casserole. Je te donnais une serviette de bain, t’embrassais à nouveau, pensant que ton corps allait être offert à la grande glace qui permettait aux coutumiers de la maison de s’habiller de pied en cap et de se voir dans la totalité de leur densité. Avant que je ne te quitte, tu avais regardé le luminator qui se trouvait dans un autre recoin de la salle de bain. Il dispensait une douche de lumière étincelante, tombant en pluie sur le corps dévêtu, le revêtant d’optimisme pour la journée. Avant d’y pénétrer, il fallait prendre soin de se laver entièrement, puis de se sécher soigneusement sous peine de brûlures graves. Mais lorsqu’on se donnait aux éclats coupants et crus des jets propagés par les milliers de petits trous pratiqués dans la poignée, on oubliait la tiédeur habituelle d’un quotidien insipide pour plonger dans un vide rafraîchissant. Je vis ton regard sur la machine, je vis la brève étincelle d’envie qu’il contenait et te dis que tu pouvais t’en servir, à condition que tu respecte bien les consignes écrites suspendues au dessus de la porte d’entrée en verre opaque.

Tu avais déjà commencé à te déshabiller, relevant ta robe après avoir posé ton pied sur la baignoire. Je te regardais remonter tes mains jusqu’au creux de ta cuisse pour saisir la naissance du bas et l’enrouler autour de ta jambe, lentement, avec application. Et progressivement se dévoilait l’intimité de tes mouvements, de ce qui te permettait de courir et de danser sans souci, tes cuisses fermes et légères, tes genoux fragiles, émouvants, libérés du tissu bouffant du bas de ta tenue, et ton pied, discret, menu et animé. Tu me regardas, sans rien dire, un sourire aux lèvres et me dis :

_ Vas. Je me fais belle pour toi, pour que ton regard soit plus sûr et que tes gestes se libèrent. Je te veux pour moi seule, pure, peut-être pas vierge, mais soumise à mon étonnement devant ton assiduité. Je te veux, présent d’une consistance réelle, comme le pain à table ou la cigarette fumante sur le rebord du cendrier.

04/12/2019

Beauté

La beauté est le parfum de l’univers
Si subtile est son pouvoir
Qu’on ne peut la saisir directement
Pourtant elle tranche au sabre
Au-delà du désir de l’intelligence

Infime part du réel
Elle te plonge dans l’infini du monde
Une goutte de senteur
Qui te fait exsuder le meilleur de toi-même
Ombre des sens
Caresse de l’ineffable qui agite la chevelure
Mâle silence
Frémissant des signes du printemps
Tendre douceur
De l’émotion des corps rapprochés
Bref aperçu
De l’innocence de l’enfance dévoilée

La beauté seule
Donne le goût de la naissance du cosmos
Tu ne sais ce qu’elle est
Mais tu sais sa présence
Recueillie dans le calice de tes mains jointes

Tu t’incline sans bruit
Et rend grâce, environné de l’inexprimable

©  Loup Francart

03/12/2019

Le silence de l'âme

Celui qui sait ne parle pas
Celui qui parle ne sait pas
Lao Tseu

La connaissance suprême accessible à l’homme est une connaissance qui vient de l’âme. L’homme qui possède cette connaissance s’aperçoit qu’il ne sait rien au sens de la connaissance intellectuelle. Il n’a donc rien à dire parce que ce qu’il sait est inexprimable avec les mots et parce que les autres ne le comprennent pas. C’est un vide comblé par la compréhension directe alors que la connaissance intellectuelle est un savoir dans le vide.

La connaissance de l’âme ne s’acquiert pas par la volonté, car l’effort de l’âme et un effort de passivité attentive. La volonté n’atteint pas l’âme, étant un phénomène actif et physique.

L’attention étant un phénomène passif, elle peut intéresser le corps, l’intellect et l’âme, car elle rejette toute distraction, tout conditionnement.

02/12/2019

Reine d'un jour

Tu es morte et éprise de vie
Tout bouillonne en toi
Mais tu n’es pas servi
Par ton petit doigt

Qui compte le plus pour toi
Serait-ce ta peau de requin
Ou la sortie des bois
En te tenant par la main

J’ai pris ta plainte
Et ta lampe s’allume
T’exclames-tu, en conjointe
Fidèle dans la brume

Avance au large
Plonge dans l’arène
Mais sans surcharge
Ô toi, ma reine

©  Loup Francart