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08/06/2014

Profusion ou confusion

Une telle profusion, un jour à la nuit pure
Le vol des corbeaux s’en est allé, remplacé
Par celui des idées folles d’un jour d’été
Emprisonnant le temps ailé dans sa pliure

Seule l’eau coule encore au milieu du front
Le cyclope ouvre un œil béant et inquiet
D’où provient donc ce trou fixe et replet
Qui expose vertement son origine sans fond

L’air surchargé de lourdeur et de parfum abusif
S’envole en volutes gracieuses et vertes
Qui montent sans fatigue proclamer l’alerte
Attrapant au passage le turban du calife

Lumière et ombre, immobilisme et chute
D’un inconnu enfoui entre deux feuilles
En charge dernièrement d’organiser l’accueil
De l’éternité béante en pleine culbute

La pureté retrouve sa verte origine
Les reflets dansant la sarabande sur le feuillage
Ensorcellent notre entendement sans âge
L’âme s’ouvre, dévoilant le yang et le yin

© Loup Francart

07/06/2014

Calligraphie et soufisme

En prolongement de la réflexion sur le Sheikh al-‘Arabî ad-Darqâwî, ouvrons les yeux et les oreilles à l’art soufi qui n’est pas seulement celui de derviches tourneurs.

 https://www.youtube.com/watch?v=V2Z2w081Ga8&list=RDV2Z2w081Ga8#t=504

La calligraphie fait de l’écriture arabe un art. Elle englobe le plus souvent un mot ou une phrase du Coran, à la différence de la calligraphie européenne du Moyen-Age qui s’exerce sur la première lettre et est enluminée. « L’écriture arabe a beaucoup évolué au cours de son histoire, prenant des formes variées suivant les supports et les usages. À partir de l’écriture arabe, les calligraphes ont été amenés à créer, selon les époques et les lieux, un certain nombre de styles. L’art de la calligraphie arabe a évolué vers deux formes maîtresses : le Koufique (rigide et anguleux) et le Naskhi (cursif, souple et arrondi). Ces deux styles de base ont engendré une multitude d’autres calligraphies. » (From : http://www.firdaous.com/0013-la-calligraphie-arabe-et-isl...)

Comme les musulmans refusent toute représentation de Dieu, leur art est abstrait. La beauté tient à sa géométrie et celle-ci s’inspire des formes naturelles stylisées (fleurs, feuilles, tiges, etc.) sans toutefois chercher à copier la création.

La calligraphie arabe se caractérise soit par l’élégance de ses courbes qui se complètent, s’entrecroisent, se déploient en parallèles ou par ses droites également parallèles, dressées vers le ciel ou nageant à l’horizontal. Le tout est complété par des points, le plus souvent carrés. La forme générale du dessin est toujours finie. Elle peut être ronde, ovale, parfois représenter un objet, un animal. C’est un tout en soi, qui s’ouvre sur une autre compréhension, difficile à définir, une ouverture.

La musique est fondée sur des modes ou maqâm, structure modale, sans hauteur absolue universelle. Chaque mode détermine un style mélodique, une atmosphère, induits par les intervalles, la marche mélodico-rythmique, les ornements, les formules et les cadences. Le maqâm permet l’improvisation, le chant épique ou spirituel lié étroitement au texte.

La psalmodie, quant à elle, établit le lien entre l’oral et l’écrit, entre le chant et la calligraphie.

06/06/2014

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, film de Felix Herngren

Allan Karlson a aujourd’hui cent ans. Tout est prêt pour fêter cet heureux événement. Mais il passe par la fenêtre et s’enfuit, les charentaises aux pieds. Il ne sait où aller, échoue à la gare routière et prend un billet pour une toute petite ville. Alors commence les aventures du vieux, insolites : des situations rocambolesques, des personnages truculents, des souvenirs impossibles dans le XXème siècle, jusqu’au jour de l’entrée dans la maison de retraite.

Allan avait un métier : artificier ou plutôt dynamiteur. Il fit ses premiers essais tout jeune. Après un certain nombre de péripéties, il en vint à conseiller Robert Oppenheimer sur la manière de provoquer l’explosion de l’uranium. Promu savant atomique, il conseille les grands de ce monde : Truman, Franco, Staline et d’autres. Ses aventures sont alors sans fin.

Mais est-ce un film si drôle que cela ? Aucun comique chez les personnages. Ils sont normaux, anormalement normaux dans leur genre, et pas désopilants. Chacun poursuit son idée sans en démordre. Seules les situations sont drôles. On rit bien sûr lors des accidents de voitures, des déconvenues du gang, des oublis du vieux.  Mais au final tout ceci est trop déjanté pour constituer une véritable histoire qui tient la route. Ce sont des explosions de situations qui n’ont pas de suite dans les idées et instaurent des destructions successives du récit sans réelle connivence avec le spectateur.

05/06/2014

Rudolf Hoflehner

Sculpteur, mais aussi peintre, graveur et lithographe, Hoflehner est né à Linz en 1916. Il fait sa première exposition de sculpture en 1951. En 1955 il entreprend un voyage en Grèce qui le marque profondément. Il sculpte alors des invocations de la mythologie grecque, tel Sisyphe, monumental (2,20m de haut). Ce sont des blocs de métal soudés, bruts, parcourus de sillons ou au contraire lisses, emboités les uns dans les autres, marqués d’une violence abrupte. Mythique, cette sculpture, grandiose, évoque les dieux grecs.

Hoflehner est un peu l’image d’un dieu herculéen, qui reproduit des sculptures pesantes, mais toujours debout, en verticale.  

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L’homme était costaud, mais fin. Il suffit de voir ses dessins de sculpture pour comprendre cette force de caractère mêlée à une extrême sensibilité. 

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 Ces dernières sculptures, vers 1964, sont plus fines, presqu’aériennes, empreintes d’apesanteur. Mort en 1995, cet artiste mérite qu’on lui consacre un juste hommage.

 Hoflehner6.jpg.jpg

04/06/2014

Elégance

Simplicité et grâce
Deux signes qui ne trompent pas
Et quand on pense élégance
On rêve élégante

L’élégant se distingue
Il dispose de vêtements
Et s’entoure de colifichets

L’élégante respire
Et son souffle vous enchante

L’un est un habillage
L’autre la vie même
Et cette manifestation légère
Ouvre à l’invisible

La grâce étend son ombre
Et découvre des paysages
Irréels et délicats
Un battement de cils
Et tout est dit !

Ce clic silencieux pénètre
La couche rugueuse de l’apathie
Un sifflement de surprise
S’échappe de cette ouverture

Touché, vous vous éloignez
En titubant, les yeux retournés
Sur l’harmonie délicieuse
Entrée un instant dans votre vie

Vous partez ragaillardi
Marchant avec sérénité
Empli de beauté intérieure


Gonflé à l’hélium, insouciant
Vous poursuivez en lévitation

© Loup Francart

03/06/2014

Envie et espoir

L’envie, un besoin, un impératif très enfantin qui glisse vers l’adolescence et l’âge mûr jusqu’à encore émettre son clignotant dans les dernières années. « Oh, Maman, j’en ai tant envie ! » Et vous attendez ce jour de Noël avec une impatience extrême jusqu’au moment où vous l’avez. C’est bien dans la jeunesse que les envies sont les plus impérieuses. Adolescent, un cyclomoteur fut l’objet d’une folle expectative, avec ses rebondissements, ses pleurs et la joie de la possession.

Il y a trois types d’envie. Le plus simple et qui n’est nullement répréhensible est le désir d’avoir ou de faire quelque chose, que quelque chose arrive. C’est une convoitise qui vous prend à la gorge, qui obsède vos pensées, qui vous rend malade jusqu’à sa satisfaction. Ainsi en est-il de l’homme qui achète une voiture hors de prix et qui invite sa femme à faire un tour pour lui dévoiler sa merveille. Il en est de même de la femme qui a acheté une robe également hors de prix et qui invite son mari à l’admirer le soir après un bon diner bien arrosé. Seule la banque ne s’en remet pas.

Un deuxième type d’envie, plus ennuyeux à gérer, est le désir de ce qu’un autre possède. On entre alors dans la démesure. On est prêt à dépenser beaucoup plus que ce que nous mettrions normalement. Prêt à se presque ruiner pour montrer que l’on peut posséder la même chose, que l’on est aussi riche, aussi pourvu, bref mettre en avant l’orgueil, la vantardise et le satisfecit. Ce genre d’envie, une fois satisfait, ne vous donne plus cette tension raisonnée du corps et de l’esprit pour l’objet convoité. Vous l’avez, votre envie est passée… La vie continue.

Le troisième type d’envie est ce sentiment de frustration face au bonheur d'autrui et à ses avantages. C’est un désir qui ne peut être satisfait. Il vous fait mourir à petit feu. Vous tendez la main au travers des grilles d’une prison imaginaire, la paume vers le ciel sans attendre qu’il y tombe quelque chose. Vous le savez, mais ne pouvez vous en empêcher. Votre esprit se rapetisse, vous vivez dans une boite de sardine à rêver d’une vie hors de proportions avec vos compétences et à vos aspirations. Désir fréquent que celui de l’envieux de la vie de l’autre. C’est un moteur tyrannique qui a ses bons et mauvais côtés. Mieux vaut l’abandonner en chemin et partir à l’aventure sans savoir où l’on va.

Et pourtant, peut-on perdre toute envie ? Peut-on vivre sans désir ? C’est ce passage de l’envie à l’espoir qui marque le tournant d’une vie. L’espoir est sans envie. Il illumine le parcours sans jamais le contraindre. Il éclaire la pensée et l’action sans jamais y mêler le désir. C’est un guide qui conduit au bonheur que l’on n’atteint bien évidemment jamais totalement. Mais ces plumes caressantes du bonheur suffisent à combler une vie agitée. Trop, c’est trop !

02/06/2014

Homme

Il est. Est-il jeune ou dans la force de l’âge, irascible ou avenant ? Il est romantique et fait penser aux chanteurs des opéras de Wagner.

Une gravure composée après un opéra : ombre et clarté, visible et invisible, vérité et apparence. A ne contempler que sur Tannhäuser, même si l’enregistrement est un peu vieux :

 https://www.youtube.com/watch?v=SG05stAjO1Q

 

 © Loup Francart