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01/09/2013

L'enterrement de l'oiseau

Ils étaient trois, trois enfants devant la tombe de l’oiseau, tout à leur chagrin.

Quel jeu ! Enterrer un pivert trouvé mort dans l’herbe tendre un matin d’été.

Ils l’installèrent dans une boite à chaussures, entouré de coton hydrophile, les plumes soigneusement lissées. La goutte de sang du bec fut essuyée avant sa mise en bière. Le long du mur du jardin, un trou fut creusé dans la terre sèche. Ce ne fut pas sans mal. Pic et pioche furent employés. Ils travaillèrent avec ardeur sous le soleil du matin, protégés par les frondaisons.

Quand tout fut prêt pour l’instant solennel, ils se figèrent au garde-à-vous, l’œil embué et entonnèrent la Marseillaise. Puis, se regardant, ils entreprirent de chanter « Ce n’est qu’un au revoir, mes frères… ». Le carton enfoui dans son trou, ils le recouvrirent de la terre poussiéreuse qui, longtemps encore, laissa voir le bleu du couvercle, comme un avant-goût du ciel.

La tombe-red.JPG

Alors le plus jeune accrocha à la croix fabriquée par les deux autres l’épitaphe longuement réfléchie et retranscrite telle quelle :

 

Cher Général Jean-Claude Pivert

Merci de votre loyal service tout au long de ces 50 ans. Merci de nous avoir fait en partie gagner les 2 guerres. Merci de ces trois médailles d’or, ces 4 médailles d’argent et ces 6 de bronze en parachutisme. Au nom de la France : MERCI.

 

Biographie :

Jean-Claude Pivert, né le 8 octobre 1910, mort le 21 août 2013, à l’âge de 103 ans. Marié avec Marie-Dominique, il eut trois enfant ; Pierre ; Paul ; Jack, qui ont 50, 20 et 10 ans. Mort Fauché par une voiture numéroté ZZ 345 SR département 01 : Ain.

31/08/2013

Loup, où es-tu ?

Loup, y es-tu ?

Mais où donc suis-je ?
Ou cours-je sans jambes ni cervelle ?
Un petit pois seul me maintient
Dans la droite ligne des farceurs…
Meurs donc saltimbanque
Que tes os déchus
Fatigués de tant de nuits inutiles
Brulent sans vergogne dans l’âtre

Loup, où vas-tu ?

Au pays des rêves sans pied
Qui tiennent debout par volonté
Comme la chèvre à son piquet
Ils me conduisent mollement
Dans le substrat fumeux des tavernes
Et m’enferment dans ma solitude

Loup, entends-tu ?

Oui, les cris des oiseaux
La haine des volontaires
Qui applaudissent en chœur
A la déchéance humaine
Tels des poules caquetantes
Sans daigner jeter un œil
Aux beautés hors nature

Loup, meurs-tu ?

Toujours vivant
J’émerge de ma coquille
Et m’épanche sans difficulté
Vers les cimes vertueuses
De la création
Je m’empare du balai
Et chevauche mes rêves
Sans parvenir à dissocier
Ce qui est de terre
De ce qui est du drapé
D’une imagination défaillante

Loup, vis-tu ?

La vie comme la mort nous prend tout entier
Tiens-nous fermes dans notre délire de vivre
Et fais peser sur nous ton regard impitoyable
La pensée ne finit pas et poursuit sa ronde
Au-delà de la corporalité grasse des repus

C’est bon… J’arrive… J’arrive…

30/08/2013

Le Seigneur soit avec vous

« Le seigneur soit avec vous »

« Et avec votre esprit »

 

 Cette formule est une formule de salutation sacrée.

La première phrase s’adresse à la fois à Dieu et à l’assistance : à Dieu parce qu’elle lui demande  d’accorder à chacun des fidèles présents la grâce, à l’assistance parce qu’elle est l’expression de l’amour du célébrant qui, ayant découvert l’Esprit, a pour seul désir de le partager avec d’autres. Enfin, si l’on se place du point de vue du fidèle, s’il est disposé à accueillir le Seigneur, la formule est libératrice du moi. Le fidèle seul ne peut accomplir totalement sa transformation. L’aide du célébrant va permettre cette mutation par la seule force la foi.

La formule résume une grande partie du mystère de la messe et explique le caractère sacré du prêtre, intermédiaire, intercesseur entre Dieu et l’homme. Est prêtre, est sacré, celui qui vit en esprit. Dieu lui donne la grâce d’être l’intermédiaire entre lui et ceux qui n’ont pas encore la vie en esprit, soit parce qu’ils l’ont perdu, soit parce qu’ils ne l’ont pas encore connue. Tout homme qui vit en esprit reçoit une mission d’action temporelle dans ce monde. La prêtrise est une de ces missions. Pour que ce rôle qu’il a parmi les hommes soit conforme à la volonté de Dieu, il est nécessaire qu’il s’efforce en permanence de vivre en esprit. Ce don de Dieu, cette grâce, n’est possible qui si sa vie est tendue vers une constante purification.

La réponse des fidèles «  Et avec votre esprit », a aussi deux significations. La première est qu’il s’agit d’une nécessité pour que le sacrifice de la messe soit conforme à la volonté divine. La seconde est que le fidèle contribue à cette purification en demandant à Dieu d’accorder à son ministre la vie en esprit.

Ainsi, le sacrifice de la Messe doit procéder d’une action trinitaire où Dieu, le prêtre et le fidèle vivent un échange permanent et invisible. Le fidèle demande à Dieu la grâce pour le prêtre, le prêtre demande à Dieu la grâce pour le fidèle, Dieu accorde au fidèle sa grâce par l’intermédiaire du prêtre. Ceci s’accomplit par la grâce du Christ qui dispense l’amour du père dans la communion de l’Esprit Saint.

29/08/2013

Féminin 1

Série de toiles sur le même thème que celles du 11 février 2012, du 5 janvier 2011.

Il s’agit maintenant d’aller au bout de l’inventivité avec les mêmes ronds ou carrés disposés de la même manière, uniquement en noir et blanc. Les combinaisons sont multiples.

art optique,peinture,dessin,art cinétique

Le féminin dans toute sa fécondité et sa douceur. Le cercle caractérise le féminin qui est, en premier lieu, corps, marqué par une physiologie et une morphologie différente de celle de l’homme. Mais le féminin se détermine également par sa bienveillance, son amabilité, sa délicatesse, sa finesse, qualités de l’esprit.

Certes, il y a bien un carré. Mais peut-il y avoir du féminin sans une part de masculin et inversement ? Non. Remplacez le carré par un rond et le tableau perd toute signification. Il en est de même pour l’essence du féminin et du masculin. Chacun d’eux contient en germe une part de l’autre, plus ou moins importante, plus ou moins à développer, sans jamais atteindre l’égalité et encore moins la dépasser.

Alors, à la prochaine fois sur ce thème.

 

Tableau acrylique 1mx1m.

28/08/2013

La quatrième main, roman de John Irving

Elle n’existe pas cette quatrième main, mais elle ressent ce qu’elle devrait toucher au point quelittérature,roman,etats-unis,journalisme l’ombre du désir devient réel.

La troisième main fut perdue sans que le chirurgien sache pourquoi. Devenue bleue, elle fut jetée.

La deuxième main fut mangée par un lion au cours d’une interview dans un cirque indien.

Dieu soit loué, le micro était dans l’autre main, celle qui sert à tout dorénavant.

Mais les mains des femmes préfèrent caresser la main manquante comme en hommage au martyre vécu par le journaliste Patrick Wallingford, dit Pat, l’ami des dames. Elles veulent un enfant de lui. Pourquoi ? Allez savoir.

La main d’Otto était grosse, celle de sa femme, Mrs Clausen, Doris de son prénom, caresse sans vergogne le corps de Pat et finit pas le séduire. Il se fait renvoyer, difficilement, et va désormais commencer la vraie vie :

Lorsque Wallingford, nu lui aussi, sortit de la salle de bain, Mrs Clausen avait déjà éteint la télévision et elle l’attendait dans le grand lit. Il éteignit la lampe et se glissa auprès d’elle. Dans les bras l’un de l’autre, ils écoutèrent le vent : il soufflait fort, en rafales, mais ils cessèrent bientôt de l’entendre ?

– Donne-moi ta main, dit Doris.

Il savait de laquelle elle parlait.

Il prit d’abord sa nuque au creux de son bras ; de sa main droite, il s’accrocha à l’un de ses seins. Elle se mit à serrer son moignon entre ses cuisses, où il sentit les doigts perdus de sa quatrième main la caresser.

S’il faisait bon dans leur hôtel, au dehors, la bise annonçait l’hiver qui arrivait ; mais ils n’entendaient plus que leur souffle rauque – oublieux comme tous les amants du vent qui tourbillonnait, et soufflait sans fin dans la nuit âpre et indifférente du Wisconsin.

 

Ainsi se termine ce roman fou qui, comme le précédent, laisse un goût curieux dans une bouche anesthésiée. On ne sait si on aime ou s’il faut le jeter avant la fin. On saute de nombreux passages, on les relit quelques pages plus tard, mais sans que cela apporte quelque chose. Quand on ferme le livre, on se sent soulagé. Et pourtant, peu de temps après, on le rouvre pour y chercher ce qu’on n’a pas trouvé : le goût amer des sentiments cachés.

27/08/2013

Soirs d'été

Longues étaient-elles ces soirées qui n’en finissaient pas

Assis sur le pas de la porte ouverte sur l’inconnu
Le chat suit du regard le vol des pigeons
Il rêve aux soirs d’hiver, quand la plume écrit
Et condense sa noirceur sur les lignes de la main

Marqué à vie par l’odeur de sable chaud
Le lézard se désaltère dans la tasse du percepteur
Qui d’autre pourrait mieux que lui
Prendre une goutte de café et sombrer

Les chauves-souris éclatent de leurs ailes miroitantes
Et dansent la sarabande entre les murs de la chambre
Elles déposent leur mitraille dans l’espace
Laissant l'habitant extasié dans le vide nocturne

Au loin, derrière la platitude des collines
Se dressent la lente dégradation des jours déclinant
On ne voit que son ombre, agitée et fragile
Mais précautionneusement elle étire sa robe de bal
Sur fond d’azur noircissant aux rayons de lune

Longues étaient-elles ces soirées qui ne sont plus
Elles éveillent encore en nous l’image émouvante
De cris d’enfants, de chants d’amour frais
De parfums étourdis, de sons ouatés
De ce qui fait la vie et la mort en un jour

Oui, longues étaient ces soirées désormais endormies

26/08/2013

Musica vini

13-08-26 Musica_Vini.jpgL’entrée est longue et noble, loin de toute habitation. On prend le bateau de l’errance et c’est le départ pour une aventure unique. Rien dans les mains, rien dans les poches, presque rien dans la tête. Et défilent les champs et les arbres jusqu’à l’arrivée. L’atmosphère y est différente. Tout est tamisé : le regard erre de l’eau, de l’herbe, du ciel et des pierres aux sensations les plus insolites, la couleur des robes, le sourire des enfants, les plaisanteries des hommes, la vie qui passe, qui demeure et qui persiste.

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Musique ! Mais aussi le vin liquoreux (presque, mais pas tout à fait), ample, d’or transparent, aux reflets onctueux, à garder de la main dans son contenant au doux chatoiement. Admire sa toison telle le velours d’un chat. Elle te caresse la joue et danse pour toi avec une tranquille assurance : danse lente et majestueuse, ornée de broderies, du clavecin ouvert devant les yeux clairs de l’assemblée. Le son est étouffé. Il se fraye un passage parmi les cris des oiseaux, les craquements du bois, le raclement des chaises, la plainte d’un enfant. Les notes s’égrainent, une par une, deux par deux, puis trois contre deux, jusqu’à trois contre trois. Un violon entame la mélodie, courbe, ensorcelante, délurée, mais reposante, parfumée, au goût de miel et de myrrhe. Et danse devant tes yeux les bras dorés des femmes ensorceleuses et des enfants endiablés. Tu te laisses aller. L’arôme du vin active tes sens. Ils s’échauffent en toi comme l’eau du ruisseau sort de son lit. L’enivrante boisson te prend à la gorge, gouleyante, primesautière, insidieuse et, comme la fumée de l’innocence, te vole la primeur de la rationalité. Pourquoi chercher, te questionner, encombrer ta machine à penser ?

Laisse errer ton corps : écoute l’odeur ineffable des pas sur les feuilles, goûte l’ombre de la valse lente décrite par les notes caillouteuses de la guitare, vois le toucher rugueux du vin de Cristal qui palpite dans ton cerveau et l’enchante de mille sons et senteurs subtiles. Tu souris enfin, sans arrière-pensée. Le vide céleste t’envahit, ton regard ne se pose plus sur les faits, mais sur l’étincelle d’un sourire, la caresse d’une main, l’éclat d’une chevelure vibrante, la courbe d’une épaule dénudée. Alliance magique de l’ouïe et du goût, mais aussi de l’odorat, du toucher des cordes par l’archet et de la vue dansante d’une après-midi enchanteresse sous le soleil tardif, mais réel.

Le soir, retour aux réalités de la normalité, tu entrevois ce songe béat : l’archet du vent caresse les grappes de la félicité et emplit l’air de senteurs boisées qui te font tourner la tête. Folie de l’imagination (et de la boisson).

Merci à tous les organisateurs de cette après-midi. Un rayon de soleil sur une planche à repasser qui danse la gigue !

Et si vous avez l’esprit curieux (de quoi parle-t-il ?), entrez par la porte virtuelle dans la magie de cet événement :

http://mtonvin.net/

http://www.ateliersdebellebranche.com/musica_vini.shtml