08/09/2013
Dessalement matinal
La vie : chaque jour, prendre ses jambes à son cou
Et faire le tour de la terre en esprit…
Vingt-quatre heures et une révolution…
Quand la nuit vous enveloppe
Et vous fait plonger dans la piscine
Du petit matin au glacis rafraichissant
Vous sortez en entrebâillant la porte
Vous sucez le glaçon de votre haleine
Et commencez les premières foulées…
Vous flottez dans la purée de pois
Cherchant vainement un appui
Sur un sol cotonneux et fugace
Vos jambes n’ont plus la régularité
Du métronome tic-tac
Vous comptez tique et tâ-que
Vous vous efforcez d’avancer dans cette lourdeur
De l’air que la nuit enveloppe
D’un voile blanc et transparent…
Peu à peu, se dégagent les miasmes
Qui encombrent vos articulations
Les fourmis fuient cette course effrénée
Et relâchent leur pression diurne…
Vous commencez à vous élever…
Le rythme de la danse villageoise
Devient ballet d’audace vertueux...
Les nuages vous accompagnent
Enserrent vos pensées balbutiantes
Vous évacuez rêves et craintes
Et vous sentez plus léger, serein…
Vous voici à votre juste poids
Celui de la liberté retrouvée
Par la cadence allongée des foulées
Et l’absence de résonance du corps...
Quelques minutes de plus
Et vous montez au-dessus des bois
Pour flottez sur vos obsessions
Et les maîtriser pour la journée…
Vous contemplez du haut de la colline
La pâleur rougeoyante d’un demi-soleil
Serait-ce cela… le paradis ?
07:50 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
07/09/2013
Femme A
La Femme, pas une femme, celle que vous rencontrez dans la rue, au théâtre ou dans un roman, mais le symbole de la femme, celle qui est rêvée, mais jamais rencontrée, celle qui vous retourne le sang dans les veines et vous incite à un autre vous-même. Elle est immaculée, transparente (trop !), sans angle, on ne peut la prendre, car rien ne permet de l’accrocher. Elle n’est que glissade sans angle, comme une surface glacée sur laquelle on se laisse aller, mais où l’on ne tient pas debout.
05:33 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, optique art, art cinétique | Imprimer
06/09/2013
Sculptures de Franck Loret
Il est curieux ce petit homme qui n’a l’air de rien. Il sculpte dans le vide, il fait des trous dans l’insaisissable, il construit des images dans l’ineffable ciel entrevu par les percées pratiquées dans le papier, le vinyle ou d’autres matières légères et destructibles. Ce sont des châteaux de rêve, des toiles d’araignée suspendues aux voûtes d’une église, des objets faits de vide, de néant, qui se construisent autour d’une matière absente.
Admirez ce sapin de Noël du hall de LaSer : un nuage dans le ciel qui flotte au-dessus des soucis et perce les parois de verre.
Et cette carte de géographie irréelle qui se glisse jusqu’au mur en ombre chinoise :
Ecoutez-le raconter sa manière de faire, son art de sculpteur au scalpel :
Certains diront : « Mais ce n’est que de la dentelle ! ». Certes, mais quelle dentelle !
07:08 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sculpture, art contemporain, imagination | Imprimer
05/09/2013
Foi et croyance
Le livre d’Henri Babel, Dieu dans l’univers d’Einstein, l’autre manière de croire, Ramsey/Naef, 2006, p.67, insiste sur la différence entre la foi et la croyance. Le monde occidental, sceptique, confond les deux notions : la foi, c’est croire au sens d’une croyance en une représentation mentale expliquant le monde. Or ce que recherchent les hommes n’est pas une illusion, mais la vérité. La science semble les conduire vers la vérité, péniblement, modestement, pas à pas, en s’appuyant sur des axiomes sans cesse remis en question. Foi et science leurs paraissent inconciliables. Il est vrai que longtemps la foi du charbonnier a prévalu : interdiction de s’interroger sur le sens de la vie, l’origine du monde, la finalité de l’homme, la vie après la mort, en dehors du dogme enseigné par l’église.
Il existe pourtant un point commun aux deux notions, auquel les deux parties tiennent par-dessus tout : l’expérience. La science n’est vraie que parce que l’expérience démontre l’intuition ou que l’intuition naît d’une expérience qu’une nouvelle expérience démontrera à son tour. Ainsi avance la connaissance de l’homme. Eh bien, la foi est une expérience qui marque l’homme de son évidence. C’est une expérience personnelle qui seule donne la compréhension de ce qui nous entoure. Il ne s’agit pas d’un savoir appris, mais d’une étincelle de l’intelligence éblouie par la vérité d’une autre forme de connaissance.
La vraie foi ne peut provenir que du rejet de la croyance qui rend aveugle. La nuit obscure de Saint Jean de la Croix est bien ce mystère qui fait passer de la croyance à la foi : elle conduit à la conviction fondée sur l’expérience vécue d’un lien puissant à l’origine de l’univers et des êtres qui y habitent. Et ce lien n’est pas qu’une simple cause, mais un lien permanent, réel, agissant en permanence, qui entretient le monde tout en le laissant libre de se développer à sa guise. La vraie foi, c’est la liberté et le respect de l’univers et de tous les êtres qui s’y trouvent. C'est le contraire d'une croyance enseignée.
07:15 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, science, connaissance, expérience, univers, êtres | Imprimer
04/09/2013
Suite II pour violoncelle, en ré mineur (BWV 1008)
https://www.youtube.com/watch?v=3WxnXerG4cM
Rêverie…
Qui te prend et t’étire
Quelle gymnastique elle te fait faire
La tête en bas tu es, les oreilles pendantes
Mais quel charme ces extensions !
Tu montes et descends, d’un souffle inspiré
C’est un bocal de sons, résonant et ronronnant
Et parfois un cri d’amour poignant
Coupant comme un sabre effilé
Dans le noir du corps inversé
S’élève la grande plainte des hommes
Corde vibrante des dents acérées
Comment ne pas laisser son cœur
Derrière la page écrite et jouée
Pliée elle se tient attentive
Ensorcelante, adoucie, mâchée
Elle écorche le palais, mais quel goût
En saliver de bonheur
Et pleurer à l’idée de ces caresses
Qui chatouillent l’oreille
Et la rendent câline
Tout n’est que vibration
Qui met en marche la vie
Pour un court instant
Et qui te dépossède
Des rondeurs de l’habitude
La corde du temps
T’étire dans l’espace
Tu es le Tout,
Grain énigmatique
Des poussières de l’illusion
07:45 Publié dans 42. Créations poèmes, 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, musique, littérature, bach | Imprimer
03/09/2013
La Vasija de Barro (Musica Ecuatoriana), de Patricio Cadena Pérez
http://www.youtube.com/watch?v=FK2c_lYSD7o&feature=c4...
Le pot de terre crie de terreur devant son incompréhension du monde : « Je suis le récipient, le contenant, pourquoi seul compte le contenu, ce liquide précieux qui coule de ma bouche et déverse dans la gorge des élus son parfum de miel. Qu’ai-je fait au bon dieu de n’exister qu’en creux comme un cadre de tableau précieux entourant l’existence des hommes, mais ne les traversant pas. »
Le rythme d’un battement de pied sur le sol de terre « ta-tam… ta-tam… ». Et l’accord monte et redescend sans qu’on l’entende au premier abord, comme la montée d’une émotion indicible. Et sonne la lamentation des hommes comme un cri de désir et d’ignorance qui monte et redescend. Je suis celui qui pleure et rie devant cette vie qui me berce et que je ne comprends pas. Ma plainte va vers les hommes insatisfaits qui espèrent la vie et ne touchent que le vent qui la transporte dans la valse des arbres au long des jours qui tournent dans un ciel d’étoiles et de rêves.
Passé cet instant de douleur, les cordes s’esclaffent en petits pétillements frais, comme l’eau coule de la montagne et surprend le visiteur. Halte au bord de la rivière, dans le repos de l’esprit enfin pacifié. Que faire devant l’inconnu : se laisser aller, dans le calme. L’orage est passé, la vie va renaître, une autre vie, celle de l’âme.
Le chant s’élève, simple comme le cri d’un âne terreux (burro terroso) dans le désert entouré de cactus. Mais derrière cette plainte s’élève le contre-chant qui étire la plainte dans le ciel bleu, en long filament de nuages d’une blancheur éclatante. Et en ces quelques instants, l’avenir se dessine, sans appréhension, infaillible et accepté. Le chant des anges et des femmes du ciel qui appellent à l’ouverture du cœur, chant pur et reposant comme l’eau qui coule du vase de terre, chaque jour, pour emplir le corps de sa bienfaisance.
Et l’homme terrassé reste meurtri, peint par la main des femmes de la terre qui le façonne, lui ôte ses formes voluptueuses pour les transformer en boue qui s’épancheront dans le vase de terre.
Le corps n’est plus, mais l’âme reste, intact, virile, victorieuse.
Le temps ne peut rien sur l’esprit qui reste comme l’eau vive et coule entre les pierres immobiles.
L’espace s’amplifie à l’infini à l’image de notre riche pauvreté.
Yo quiero que a mi me entierren
Como a mis antepasados
En el vientre obscuro y fresco
De una vasija de barro
Je veux qu’ils m’enterrent, moi,
comme mes ancêtres
dans le ventre sombre et frais
d'un pot d'argile.
Extrait du site de Patricio Cadena Pérez :
http://www.patriciocadenaperez.com/index.php?page=Bio.php
« Est-ce parce qu’il n’a vu le jour ni dans l’hémisphère nord, ni dans celui du sud mais qu’il est né en Équateur, juste sur la ligne… ou bien est-ce parce qu’il n’est ni un indien, ni un blanc mais un métis…que Patricio Cadena Pérez, interprète de guitare classique et compositeur est si insolite dans son art, aimant à marier le soleil à la lune, le yin au yang, la musique classique aux airs populaires… ? »
06:36 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique sud-américaine, chanson, écriture | Imprimer
02/09/2013
Féminin 2
Variation par inversion des couleurs (voir le 29 août).
La féminité est bien là, mais elle est à l'opposé de celle du 29 août. C'est une féminité faite de desseins cachés, d'ambition démesurée, de désirs interdits, de séduction voilée. Un moi à l'inverse de celui du précédent, mais tout aussi féminin. L'apparence est courbe, mais le fond est noir.
Ce n'est pas sans attrait. Sans doute même est-ce plus attirant. Sans y penser, on se laisse séduire !
Tableau acrylique 1mx1m
07:05 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, abstrait, peinture, dessin, art cinétique | Imprimer