10/03/2013
Jacques Villon, peintre cubiste
Jacques Villon, Né en 1875, mort en 1963, s’appelle en réalité Gaston Duchamp, frère de Marcel Duchamp, peintre dadaïste bien connu, et du sculpteur Raymond Duchamp-Villon.
Il commence par la gravure et le dessin et participe au Salon d'Automne de 1913 en tant qu’organisateur de la section dessin. Mais dès 1911, il fonde le groupe de Puteaux avec ses frères Raymond et Marcel, comprenant des artistes et des critiques comme Fernand Léger, Robert Delaunay, Francis Picabia, Kupka, Gleizes. Il élabore une forme de cubisme synthétique et crée le groupe de la Section d’or qui expose à la galerie La Boétie en 1912. Mais dès 1913, il se tourne vers l’étranger, dont New York où il envoie neuf toiles à l’Armory Show. Mais il est mobilisé en 1914 et participe à la grande guerre d’où il ramène cette toile « Soldats en marche » qui montre le degré d’abstraction obtenu.
Son but était de montrer le mouvement au-delà des apparences d’ordre figé. Il y réussit, sans doute au détriment du sujet lui-même qu’on a du mal à percevoir. Mais on remarque déjà sa caractéristique : des couleurs qui se fondent entre elles, des lignes obliques qui s’entrecroisent, un art aux couleurs franches et un dessin réfléchi, travaillé. N’oublions pas qu’il était en même temps graveur. Admirons son Acrobate, peint en 1913, aux couleurs merveilleusement équilibrées et contrastées.
Après la guerre, il se fait connaître aux Etats-Unis où il est cubiste avant tout. Sa petite peinture cubiste de 1921 met en évidence l’empreinte du mouvement sur sa peinture.
Admirons cependant son style particulier et son emploi de couleurs qui enchantent l’œil sans jamais choquer.
Vers la fin de sa vie, il retourne vers une peinture plus impressionniste avec un dessin toujours plus ou moins cubiste.
Enfin, animé par sa foi, il peint des sujets religieux et apporte à la cathédrale de Metz de très beaux vitraux. La couleur et la restructuration du sujet reste sa marque.
Il déclare ainsi que « la couleur est un poids dans la balance des émotions ».
08:03 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, gravure, cubisme, impressionnisme | Imprimer
09/03/2013
Le pissenlit
Premier jour de printemps, ou presque ! La nature s’ouvre à nouveau après ces mois d’hibernation. Vous vous promenez dans la douceur nouvelle de l’air et marchez dans votre jardin le nez en l’air. Parfois vous regardez au sol pour ne pas faire de faux pas sur une surface inégale. Et aujourd’hui vous remarquez ces tendres pousses en étoile. Ces sont de petites feuilles dentelées qui semblent sortir de la terre sans tige.
D’ici quelques jours votre jardin se couvrira de fleurs jaunes. Il sera presque trop tard pour en faire une salade. Son goût est amer certes, mais en mêlant quelques œufs durs et une vinaigrette à cette profusion vous vous régalerez. Comme son nom l’indique le pissenlit est diurétique. Mais il est également tonique, stimulant, laxatif, dépuratif. Votre pharmacie dans votre jardin, gratuitement. Non seulement vous mangez les feuilles au printemps, mais vous préparez également les fleurs en tisane tout l’été, et pouvez faire une sorte de chicorée en automne avec les racines. Elles sont longues (jusqu’à 50 cm) et difficiles à arracher, mais vous les utiliserez tout l’hiver après les avoir fait sécher dans votre four.
Pourtant c’est une plante inconnue des livres de médecine jusqu’au XVIème siècle. Les grecs et les latins ne le mentionnent nulle part. Elle porte des noms divers : dent de lion, liondent, laitue de chien, couronne de moine, florin d’or, salade de taupe, etc.
Profitez donc de ces bonnes feuilles avant qu’elles ne deviennent trop acerbes. Mais si vous en avez dans votre jardin, et c’est probable, ne vous inquiétez pas, la tondeuse leur redonnera la douceur des jeunes pousses et vous pourrez en profiter jusqu’à l’été. Et s’il pousse trop vite, les enfants pourront faire voler leurs akenes, ces poils qui semblent de la neige au moindre coup de vent.
07:47 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : phytothérapie, cuisine, nature, printemps | Imprimer
08/03/2013
Arrondi et bleuté comme l’encre
Arrondi et bleuté comme l’encre
Le ciel referme sa voûte imperceptiblement
Sur la dentelle fragile de l’arbre mort
En haillons de feuilles décolorés.
Une à une, les brindilles s’évadent
Dans l’ombre. Mais vers le soleil disparu
Elles survivent plus longuement
Soutenues par le souffle du crépuscule.
07:26 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
07/03/2013
La vocation de l’homme : Olivier Clément
La vocation de l’homme : accomplir son humanité en devenant Dieu par grâce, c’est-à-dire pleinement vivant. (Olivier Clément, Sources, les mystiques chrétiens des origines, textes et commentaires, Stock, 1982, p.71)
J’ai eu le privilège d’être élève d’Olivier Clément. Un petit homme rond, dont le visage s’éclairait dès l’instant où il entrait dans son cours. Etait-ce d’ailleurs un cours ? Non, plutôt une sorte de monologue transfigurant, d'où la poésie jaillissait en même temps que l’idée de l’homme, image de Dieu. Il se référait au texte qu’il avait préparé. Mais très vite, il abandonnait son papier et s’échauffait de sa vision du monde. L’écouter revenait à remonter aux sources de notre être. Il n’étalait aucun concept, aucune philosophie compliquée. Pour lui, la théologie n’était nullement intellectuelle, elle était respiration, naturelle et enchanteresse. Il faisait part de son expérience de la vie, de ces moments où l’être se sent autre, élevé au-dessus de la matière. C’était à travers l’évocation d’une soirée d’été, d’un matin au bord de la mer, d’un voyage à la montagne. Et il disait toute sa joie de se découvrir homme, frontière entre le visible et l’invisible, le charnel et le spirituel, dans une situation d’incarnation, comme un médiateur entre la création et le créateur (idem, p.72). Il n’était pas bel homme, mais lorsqu’il évoquait ces moments, avec poésie, son visage s’éclairait et devenait lumineux.
C’était un homme simple. Il avait été élevé dans un milieu déchristianisé, agnostique, anticlérical. Son environnement était marqué par le « paganisme et l'athéisme militant socialiste », où la mort n'est que le néant, Dieu une invention des hommes et Jésus un mythe. Adolescent et jeune homme, il fait l’expérience de l’angoisse de l’homme devant le mystère de l’existence. À l'université de Montpellier, il plonge dans l'histoire des grandes religions et des civilisations. Après son agrégation d’histoire, il se retrouve dans le maquis. Il lit, il dévore, il médite les livres de Vladimir Lossky et Paul Evokimov : « À un moment donné, Dieu est venu me chercher et je l'ai suivi. J'ai mis entre parenthèses tout ce que je savais sur les religions. Je lui ai fait confiance. » Il fut baptisé à l'âge de 30 ans.
Il m’avait reçu plusieurs fois chez lui, à Ménilmontant. Il habitait un petit appartement dans une sorte d’HLM. Nous parlions de cette grâce qui nous avait touchés, de sa vision de l’humain. Oui, il croyait au progrès, à l’évolution de l’humanité, mais pas à celui du hasard et de la nécessité, dont le moteur ne serait que purement humain et aléatoire. Il croyait à la parousie et la présence permanente du divin dans la construction de l’humanité, tout en laissant l’homme libre de ses choix. L’histoire de l’humanité était pour lui profondément liée à l’histoire de chaque homme et à ses efforts pour laisser transparaître le divin dans sa vie.
Olivier Clément était un grand homme, porteur d’espérance, un homme comme on en rencontre peu, car rares sont ceux qui osent parler de ce qui les motive intimement et savent en faire part aux autres. Il a ainsi réalisé pleinement sa vocation, en devenant vraiment vivant, à l’image et à la ressemblance du divin.
Olivier Clément (1921-2009)
Théologien laïc et historien, né le 18 novembre 1921 à Aniane (Hérault), Olivier Clément s’est converti au Christ après une longue recherche dans l'athéisme et les spiritualités asiatiques. Il est devenu l'un des témoins les plus estimés et les plus féconds de l'orthodoxie en Occident. Ayant étudié la théologie notamment sous Vladimir Lossky (1903-1958) et Paul Evdokimov (1901-1970), il devient un des pionniers et colonnes du renouveau théologique orthodoxe du XXe siècle. Agrégé d'histoire, il a longtemps enseigné au lycée Louis-le-Grand à Paris. Professeur à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, il est l'un des fondateurs de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale. Auteur fécond et apprécié, il a publié une trentaine d'ouvrages et une centaine d’articles consacrés à l'histoire, la théologie, la spiritualité et la vie de l'Église orthodoxe, et à la rencontre de l'orthodoxie avec le christianisme occidental, les religions non-chrétiennes et la modernité. Pendant plusieurs décennies, il a été secrétaire de rédaction de Contacts, Revue française de théologie et de spiritualité orthodoxe. Il reçut plusieurs distinctions honorifiques, dont : Docteur honoris causa de l'université de Louvain-la-Neuve (Belgique), de la Faculté de théologie orthodoxe de Bucarest (Roumanie) et de l'Université catholique Sacred Heart du Connecticut (États-Unis). Père de famille et grand-père, il est décédé à Paris le 15 janvier 2009.
From:
Pages orthodoxes La Transfiguration http://www.pagesorthodoxes.net/index.htm#index
07:27 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, religion, mystique, humanité, méditation | Imprimer
06/03/2013
Quelle différence entre la littérature, la musique et l’art plastique ?
Quelle différence entre la littérature, la musique et l’art plastique ?
La littérature est là pour raconter une histoire, que celle-ci soit une histoire dans l’histoire, des réflexions sur l’histoire de l’homme ou encore l’histoire de ce qui pourrait se passer dans l’avenir. Bref, la littérature raconte, avec sérieux, avec humour, avec vindicte, avec émotion, le temps qui passe et ce qui reste de ce temps.
La peinture est plus subtile. Certes pendant longtemps, elle a elle aussi raconté une histoire, à sa manière, par les yeux et non les oreilles. Mais la photographie, puis, le cinéma, la télévision et maintenant les multimédias ont mis à mal la peinture d’antan, les paysages, les portraits et l’académisme. Désormais la peinture, pour une bonne part, ne raconte plus, elle rêve, en couleurs, en formes, en mouvement ou même à l’arrêt tel le carré blanc sur fond blanc, de Malévitch. Son objet est d’éveiller en nous des émotions, des sensations, des sentiments, bref du rêve qui reste encore palpable parce qu’on peut toucher les œuvres, qu’on peut les regarder, qu’on peut même les sentir. Mais elle s’approche tranquillement de la musique, en sœur plus jeune. Il faut une part d’imagination, d’exaltation, voire de délire, pour apprécier la peinture telle qu’elle se présente aujourd’hui. Beaucoup n’y comprennent plus grand-chose. L’abstraction leur est négation parce que coupée de l’histoire et des histoires.
La musique ne raconte rien, sauf la musique de films et quelques pièces drôles parce qu’imitant les bruits de la vie humaine, animale, végétale ou minérale. Telles sont la Poule de Rameau, le Tic toc choc de Couperin, le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns, le Catalogue d’oiseaux d’Olivier Messian et bien d’autres compositions charmantes. Mais la musique va au-delà de l’histoire et de ses apparences. Que fait-elle ? Elle nous enchante sans que l’on puisse réellement savoir pourquoi. Elle va même plus loin. Elle est construite autour d’une mathématique différente de celle qui nous est enseignée: pas de système décimal, mais plusieurs systèmes (octave à cinq notes comme dans la musique asiatique, à sept notes dans la gamme diatonique, à douze notes chromatiques, voire d’autres comme dans la musique indienne). Les écarts entre les notes ne sont pas exactement semblables selon la manière d’accorder l’instrument et l’époque, etc. Qu’est-ce à dire ? L’harmonie des sons procède d’une autre logique que la logique décimale. Diviser l’octave en dix sons et vous n’aurez qu’une cacophonie. Il ne s’agit donc pas de penser la musique en termes de fréquences, c’est-à-dire en considérant la succession des notes, mais d’atteindre la véritable cosmologie de la musique, dans son étendue temporelle et spatiale. La musique exprime le Tout Autre derrière la matérialité des instruments et la physique des sons.
Et pour accompagner cette réflexion, appuyez-vous sur une musique de John Cage :
https://www.youtube.com/watch?v=NR0zVdjYXcw
08:00 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, philosophie, musique, littérature, peinture | Imprimer
05/03/2013
Musique irlandaise
Lord Of The Dance - Feet Of Flames (Hyde Park London)
http://www.youtube.com/watch?v=gdVF2pefNpg
Les danses irlandaises ont une spécialité, seule la partie inférieure du corps danse. Le buste, les bras, la tête sont figés de manière raide. Le dos est droit et les bras tenus fermement le long du corps, les poings serrés ce qui facilite une bonne position, sans crispation. Au contraire, les jambes sont toujours en mouvement rapide car la musique pour danser est souvent très vive.
Certes, cette représentation est médiatique et athlétique. Elle tombe dans le paraître. Mais dans le même temps, ces danses sont hors du temps. La légèreté des corps suspendus dans leurs bonds, la célérité des flexions des jambes, l’agilité des pieds, en font une figure emblématique de l’homme. Elles en montrent à la fois le désir permanent de s’élever au-dessus de lui-même et celui de s’amuser sans complexe dans sa réalité quotidienne.
Elles mettent également en évidence l’importance des groupes humains. Rien ne se fait seul ou le seul est associé et soutenu par le groupe. Il ne vaut que par le fait qu’il s’appuie sur le regard des uns (sur la scène) et les applaudissements des autres (les spectateurs).
Enfin ces danses expriment la nature profondément sociable de l’humanité avec ses bons et mauvais côtés : l’ordre impératif, la fonction de répétition, l’imitation pour le meilleur et pour le pire. Et toujours, ceux qui s’efforcent de sortir du lot comme un jaillissement, produit du groupe, émanation de sa volonté et preuve de liberté malgré tout.
Les mille pattes sont en marche, entrons dans leur lente montée vers l’exaltation !
07:21 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, danse, rythme, culture | Imprimer
04/03/2013
La délicatesse
Sur des pincettes, j’approche
Du bout des yeux, je dévisage
L’oreille attentive, silencieuse
Crissement du verre sur le fer
Tempête dans la tête
Au sein de nuits débordantes
Je flotte dans la salive
Des neiges d’antan
Là dans le ruisseau
Le plus beau des trésors
Trois perles d’Ankara
Blanches, translucides
Delicatessen : charcuterie
Ou restauration de luxe ?
Extrême pointe de l’être
En équilibre sur les cieux
Montée sensible du nectar
Dans la colonne vertueuse
Jusqu’à l’explosion sucrée
Sans ces gouttes subtiles
Que serai-je devenu ?
Delicatessen : épicerie fine ?
Légère et élégante, elle reluit
De mille feux de légende
Fille de roi ou princesse tam-tam
Que sait-on de cette solitude ?
La délicatesse est bigote
Elle se pâme de différences
Caresse ses airs évaporés
Et chante ta chanson d’amour
La délicatesse est sirupeuse
Elle colle aux doigts de miel
La délicatesse fatigue
Exigence de limpidité
Le rare tue, comme l’acier
Mais toujours la délicatesse attire
Quelle ombre au soleil ardent
Sous son parapluie doré
Se cache les ruisseaux d’avenir
07:02 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer