02/12/2012
Signatures (Street art 3ème et dernière partie)
La signature ne remplace pas l’image. Elle en crée parfois une parallèle, pâle copie de la réalité. Mais lorsque signature et portrait devienne fruit de l’imagination, quel méli-mélo :
A tel point que certains s’insurgent devant tant de fantaisie. A quoi sert la beauté des formes si derrière se cache la fureur de vivre ?
Et ricanent ceux qui volent dans les flots en contemplateurs de ces luttes entre artistes :
Alors laissons parler la poésie, échevelée, extasiée, aux cheveux entremêlés, qui regarde passer le papillon des rêves, alors qu’en vis-à-vis la passion se repose, entourée de ses ardeurs apparemment innocentes :
Retour à la bande dessinée, où l’opératrice de charme se prépare à faire sauter votre propre image, celle qui la regarde, concupiscente :
Enfin trois regards sur notre société, très différents, mais qui met en évidence la diversité des artistes :
L’irréel éclaboussant
La fureur s’en prenant à l’écriture
L’argent qui n’a plus besoin de signatures
Au-delà de l’enfer, au bout des lettres entrechoquées, se cache la mort, les yeux sur l’éternité, bien sûr le visage à moitié dissimulé par une capuche qui est la signature des dieux de la rue et des rois de la peinture en bombe.
09:44 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tag, peinture, street art, rue, société | Imprimer
01/12/2012
Octosyllabique en ver…(s,t,rre…)
Ces vers qui ont huit pieds !
Avez-vous vu des vers à pied
Au banquet du cimetière
S’entrechoquant les jambières ?
D’autres verres translucides
Sont remplis de mots fluides
Qui coulent en sérénité
Sur la page d’ubiquité
Les mille-pattes s’emmêlent
Croque en jambe, sans semelle
Ils rampent tels des vermisseaux
Sur les poèmes horizontaux
Ambiguïté du sous-verre
Emprisonnant le poème
Qui vit son dernier calvaire
Dans cet encadré bohème
Jamais en fibres de verre
Ils deviennent parfois libres
D’une main forte, en revers
Ils sont remis au calibre
Le vers se mire dans son mètre
Quelle élégance vaine !
Y a-t-il toujours mal-être
Face à cette déveine ?
Le vers se rime dans ses sons
En prudents octosyllabes
L’oreille en contrefaçon
Mesuré par l’astrolabe
Le vert se consacre couleur
Lorsqu’enfin au petit matin
Découvrant du jour la lueur
Il renvoie la nuit aux lutins
Les vers blancs sont mangés sans faim
Comment les offrir aux passants ?
Bataille de crève-la-faim
Où trouver l’enrichissement ?
Mais le vers est parti, vers quoi ?
Passant si vivant, insoumis
N’arrivant pas à rester coi
Si tu confirmais l’infamie !
Découragés s’en vont les vers
Comme des artistes bafoués
Arriveront-ils sous terre
Ou devront-ils se méjuger ?
07:19 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
30/11/2012
Danseuse
La danseuse de fer s'exerce seule, longuement, , s'étire, se regarde dans la glace, jusqu'à l'extase. Le corps se sent à l'aise et l'esprit, progressivement, s'allège des peines et des tourments du jour.
Si nous pouvions être de fer, que ressentirions-nous?
Sculpture réalisée à partir de morceaux de moissonneuse. Jusqu'où va la transformation!
07:05 Publié dans 26. Créations sculptures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sculpture, arts plastiques | Imprimer
29/11/2012
Au-delà des collines, film de Cristian Mungiu
Une Roumanie pauvre, retardée autant mentalement que physiquement, un monastère fait de quelques baraques et d’une église non finie, que l’on découvre, au début du film, au-delà de la colline que franchissent deux jeunes filles, amies de cœur. L’une semble avoir trouvé Dieu au sein de sa communauté, l’autre, seule, vient chercher son amie, car elle ne supporte pas sa solitude.
Les critiques retiennent du film de nombreuses explications historiques, sociales, religieuses, soit l’opposition d’une passion mystique à un amour profane, les dysfonctionnements de l’hôpital et d’une église arriérée, la révolte contre l’autorité masculine du prêtre. Au-delà de ces collines d’explications, c’est la tentative obstinée d’Alina, la jeune fille venue d’Allemagne pour faire sortir du monastère son amie Voichita, qui est le vrai sujet du film. Elle emploie tous les moyens, les souvenirs, la camaraderie, l’affection de cœur ; elle fait semblant d’être croyante, de vouloir entrer elle-même au couvent ; elle use de colère, de blasphèmes jusqu’à semer le trouble dans l’ensemble de la communauté. Certes, cette communauté est pauvre d’esprit, elle obéit au prêtre qui est lui-même perdu devant tant d’échappatoires, et, peu à peu, elle tombe dans la certitude qu’Alina est possédée, d’autant plus que le médecin de l’hôpital renonce à la soigner, estimant qu’elle n’a besoin que de repos.
Le film est bien monté. Ce passage d’une histoire de cœur à une histoire de superstition se fait progressivement, sans heurt, de manière naturelle. On se laisse surprendre par la fin, bien qu’on s’interroge tout au long du film sur le devenir d’Alina et de Voichita : cette dernière cèdera-t-elle devant les supplications de son amie, se sépareront-elles, partant chacune de leur côté. Cela finit par la mort d’Alina, même si l’on peut se demander de quoi elle meurt exactement. Sont-ce les mauvais traitements de la communauté, qui ne sont cependant pas aussi terribles que les critiques semblent le dire ? Est-elle réellement hystérique et malade ? On ne sait.
L’atmosphère est à la fois belle et oppressante : de très belles images de ce monastère dans le froid de l’hiver, des personnages simples, voire simplistes, une description glacée parce que sans sentiments exprimés, une histoire entre deux femmes qui ne se comprennent plus, sans réellement savoir pourquoi. C’est long parfois, on a envie de partir, mais l’on reste, on ne sait pourquoi.
07:31 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, psychanalyse, médecine, religion | Imprimer
28/11/2012
La chambre à remonter le temps, roman de Benjamin Berton
L’histoire pourrait être passionnante. Une chambre qui, lorsqu’on y reste suffisamment longtemps, vous fait sortir deux ou trois jours plus tard ou, parfois, plus tôt. Benjamin a découvert cette propriété de la chambre après l’achat d’une maison au Mans. Le prologue du livre reprend sa fin, comme un retour sur le temps, un éternel recommencement. Mais quel recommencement ? La vie de Benjamin n’est ni drôle, ni passionnante. Celle d’un Français moyen qui côtoie des Français moyens. C’est long et ennuyeux de voir à quel point ces vies sont sans aucun idéal, aucune passion, ni même joie d’instants partagés. Céline, sa femme, n’arrange rien, elle est égale à lui-même et autoritaire : métro (mais on est au Mans), boulot (il le sèche de plus en plus souvent), dodo (ils ne dorment que rarement ensemble).
L’auteur est prolixe. On se demande comment il fait pour trouver tant de choses à dire pour traduire l’ennui et la grisaille. De toutes petites aventures avec des gens sans intérêt. Alors pourquoi poursuivre ce livre ? Parce que, malgré tout, l’histoire pourrait être passionnante. Ces allers et retours du temps sur l’échelle métrique ! Alors, on espère, on devance le moment où le quotidien sera dépassé par l’insolite, le fantastique, l’irrationnel. Mais on traîne ainsi jusqu’aux dernières pages qui vous ramène aux premières. Si l’on n’y prend pas garde, on recommence la lecture sans même s’en rendre compte. Le temps est circulaire pensent certains peuples. Oui, c’est vrai, ici il tourne en rond et on ne sait quand va s’arrêter cette dissociation entre personnages vrais et ectoplasmes comme ils finissent par s’appeler.
Mais pour ne pas rester sur une note pessimiste, je vous fais part de la critique de Bernard Quiriny : « D’un côté, c’est un tableau doux-amer de la vie des trentenaires, confortable et mesquine, avec ses petits événements (faire un enfant), ses petits engagements (s’acheter une maison), ses petits rites (recevoir à dîner) et ses petits drames (se séparer). D’un autre, une peinture des frayeurs de la classe moyenne : l’insécurité, le fantasme de la barbarie à nos portes, la tentation de l’autodéfense. D’un autre côté encore, une chronique conjugale drôle et effrayante (Céline n’est pas commode, il finit par ne plus la supporter, la trompe et, sommet de comique macabre, recourt à un marabout africain pour l’empoisonner) et un autoportrait du trentenaire mâle (fier et plein de doutes, consommateur de porno en ligne). Et, pour finir, c’est un récit fantastique bien mené, qui recycle le thème du voyage dans le temps pour en faire l’échappatoire d’un garçon qui s’ennuie, comme si seul l’irrationnel pouvait encore troubler le flux prévisible de la vie moderne. »
07:04 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, société, couple | Imprimer
27/11/2012
Fil (pour couper les cheveux en quatre)
Coup de fil… A l’eau
Tiens-tu le fil de ton discours
Dans le droit fil de tes convictions ?
Au fil des pensées, au fil du temps
Qu’y a-t-il de commun, si ce n’est
L’absence de fil à la patte ?
Coiffé sur le fil par son rival
Il devint marionnette à fil
Et celui qui tient ses fils
N’est-il pas fil de feriste ?
As-tu le fil, coupant et rusé
Comme la lame du mensonge
Sur la candeur du spectateur
Ou tires-tu les fils des affaires
Avec la même ténacité ?
Engranges-tu au fil des jours
Les nouvelles de la télégraphie sans fil
Pourtant le fil à plomb préserve
L’intrus d’une horizontalité subite
Recouds-tu à chaque heure
L’étoffe de la toile virtuelle ?
Quelle histoire cousue de fils blancs
Qui va cahin-caha, de fil en aiguille
Nourrir nos mémoires desséchées
D’un fil d’Ariane émouvant
Et s’effilochent encore les fils de la vierge
Dans l’air et le vent du Nord
Pour le bonheur des fils de l’homme
07:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, litérature, poème | Imprimer
26/11/2012
4ème mouvement « Fuga, allegro con spirito » de la sonate pour piano opus 26 de Samuel Barber (1949)
http://www.youtube.com/watch?v=Ga_280If08A&feature=fvwp&NR=1
Le thème donne un accent guerrier, triomphant, à cette fugue équilibrée, à la fois classique dans son organisation et moderne à la manière de Stravinsky.
Déferlement de notes en cascades avant une pause à la manière de Bach en 0.24 : cela dure peu, mais quel rappel au grand compositeur.
En 1.50, introduction d’un nouveau thème, rappelant la musique de Gershwin ou de Bernstein (West Side Story). C’est bref puisqu’en 2.06 on revient au thème principal, arrangé, clairsemé de bouquets de notes, comme un rappel nostalgique.
La sonate finit en étincelles, en gerbes de notes distendues, feu d’artifice en finale qui laisse l’auditeur épuisé, mais heureux.
Admirons le jeu de Marc-André Hamelin. La partition est extrêmement difficile et trouver une unité dans ce puzzle demande un effort de réflexion, puis de restitution dans le jeu, dont peu de pianistes sont capables.
07:39 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique, piano, fugue, amérique | Imprimer