25/11/2012
Signatures (Street art 2ème partie)
En poursuivant le chemin, j’entrai dans un monde de plus en plus bigarré, mais inquiétant, car l’imagination des signataires devenait chaotique :
Les lettres parlaient d’autres langages, à voir beaucoup plus qu’à écouter :
Certaines étaient prises de tremblements dans lequel on voyait la folie se glisser sous forme de vapeur :
D’autres se dénudaient, en groupe compact, sous forme de protestation :
D’autres enfin se cachaient en équipage, comme des fantômes, devant l’enchevêtrement de corps brisés d’une meute en délire :
Cri d’effroi, cri de colère, peut-être cri d’amour, se cachent derrière cette mêlée de rugby :
Plus loin encore, commence le monde dans lequel les lettres n’ont plus d’importance : l’impact de l’image est plus fort que le bruit des mots. Ce sera pour la troisième partie.
07:13 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : street art, dessin, peinture de rue, société | Imprimer
24/11/2012
Signatures (street art, permière partie)
Qu’est-ce qu’une signature ? Ma trace, la mienne, pas celle d’un autre. Lorsque je signe, je suis, je l’atteste et je demeure.
Il y a deux jours, courant le long du canal de l’Ourcq et ayant dépassé les maisons individuelles et les usines sales, j’arrivai au no man’s land séparant la banlieue d’une campagne chétive et apeurée. J'y découvris un mur de signatures sur quelques centaines de mètres, perdu dans les herbes. Que c’est laid ces couleurs criardes sur les murs lépreux, me direz-vous. Oui, sans doute, si l'on n’y voit que des gribouillages informes. Mais dans un regard plus attentif, on constate l’ingéniosité des signataires en poursuite de reconnaissance. Alors, partons à la découverte de quelques-uns de ces sceaux personnels qui possèdent leurs propres individualités et des caractéristiques qui dévoilent l’être de chair qui l’a créé.
Les plus belles signatures sont bien sûrs indécryptables, pires que les médecins dont les gribouillis rendent malades les patients. Elles peuvent en côtoyer de plus civilisées :
Enchevêtrement de traits et de courbes qui donnent le vertige ou parfois mal au cœur :
D’autres sont de véritables coffres forts dont on peine à chercher la serrure :
Ou encore des éclairs tirés d’un geste rageur :
Ou faussement rageur, s’ordonnant au calme malgré l’explosion de zébrures, véritable gerbe d’étincelles :
Certaines signatures sont de véritables déclarations de guerre, avec armes en prime, mais pas directement, en arrière fond, comme un décor qui affirme la virilité du signataire et la réponse d’un adversaire potentiel :
De véritables bonbons en guimauve peuvent également consteller le mur fier de telle signature :
07:18 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : street art, peinture, dessin, graphologie | Imprimer
23/11/2012
La leçon de piano
Comme ils sont malhabiles ces doigts
Qui tentent, raides, de danser quelques pas
Sur le clavier blanc zébré de noir
Que d’application ils exigent
La main raidie d’effort, doigt vengeur
Tendu vers la note… Laquelle ?
Ce doigt appuie, en vain, sur la touche
Trop tard, il ne peut plus frapper
Il s’abaisse sans force
Plein du désir d’un son, quel paradoxe !
Compte les notes, c’est bien le mi
Miracle, il l’a trouvé, juste après le ré
Chaud comme une boule de réglisse
Et maintenant le si, préféré du triton
Comme il est difficile d’y mettre le pouce
La main retournée s’abaisse, découragée
Quelle tension sur le visage d’ange
Quelle pression dans ce petit corps
Recroquevillé sur lui-même
Penché sur le clavier
Hésitation, contraction, détente brève
Puis de nouveau, en cycle
Mais l’épuisement gagne
Encouragement…
Et vous vous essayez à les faire chanter
Mais là aussi rien ne sort
Un rauque essoufflement
Comme une pompe de vélo
Quel rapport entre la frappe d’une note
Et le souffle entre les dents serrées !
L’accord, comme un éclair vivant
Est-il beau ou résonne-t-il bizarrement ?
Cela ils l’entendent, ronds harmonieux
Ou carrés dans l’eau noire
Comme un ploc mal tombé
La chute d’un caillou creux
Ils grimacent de laideur
Devant ces sons diaboliques
Et un jour, pourtant, elles couleront
Ces notes sortant des mains
Et égraineront l’enchantement
Caresse et chant du paradis
La danse deviendra souple
Les doigtés s’enchaînant
La tête couverte de vrilles
Les bras chantant à l’unisson
La leçon de piano, quelle magie !
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture, musique | Imprimer
22/11/2012
Augustine, film d’Alice Winocour
Voici ce qu’en dit le synopsis : Paris, hiver 1885. À l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, le professeur Charcot étudie une maladie mystérieuse : l'hystérie. Augustine, 19 ans, devient son cobaye favori, la vedette de ses démonstrations d'hypnose. D'objet d'étude, elle deviendra peu à peu objet de désir.
Peut-on dire que l’objet du film est moins l’objet de l’étude, Augustine, que l’objet du désir du Professeur Charcot ? Je pense que le regard de nos médias se tourne plus vers l’anecdote que sur la matière même du film. Car c’est bien d’elle dont le film parle en premier lieu, même si bien sûr sa relation avec Jean-Martin Charcot est au cœur de ses préoccupations, mais plus en tant que médecin qui pouvait la guérir qu’en qu’objet de son désir à elle (le fameux transfert peut-être ?) qui devint progressivement objet du désir de Jean-Martin.
Ce qui marque en premier lieu dans le film, ce sont les relations des médecins et de leurs patients. Le Moyen-âge… Ils sont tutoyés, rudoyés, sans aucun sentiment de compassion. La médecine a évolué depuis, et en bien !
Ce qui gêne, c’est l’absence de certaines explications : pourquoi les médecins qui regardent faire et jugent Charcot applaudissent-ils à la fin des deux présentations ? Pourquoi ne comprennent-ils pas qu’elle joue son rôle de malade lors de la seconde et que seul Jean-Martin comprend ? Pourquoi les médecins, dont Charcot, lui enfoncent-ils quelque chose dans le ventre ? Bref, ces manques de compréhension, qui sont peut-être dus à moi seul, laisse un léger malaise.
C’est néanmoins un bon film, qui retrace les difficultés de l’époque, comme par exemple, la dépendance des médecins au jugement de leurs pairs. La figure de J-M Charcot est bien interprétée par Vincent Lindon qui est presque muet et fermé tout le long du film, sauf lorsqu’il explique « le cas » à ses confrères. Quant à Soko, l’interprète d’Augustine, elle est également énigmatique, car rien ne transparaît de ses sentiments. Mais c’est vraisemblablement voulu par la réalisatrice, Alice Winocour, qui retrace l’impression de Stephan Zweig sur l’hôpital :
« J’ai été fascinée par cet hôpital qui, en fait, était une sorte de cité des femmes. Les médecins y observaient leurs patientes jour et nuit. Ils effectuaient des présentations publiques des malades et le tout-Paris s’y pressait. Pas seulement les médecins, mais aussi les membres de la bonne société. Ces séances mêlaient le médical et un voyeurisme érotique qui ne s’avouait pas. La question de la représentation de la femme dans l’imaginaire des sociétés m’intéresse depuis toujours et la Salpêtrière en offre un concentré violent. »
Elle définit ainsi son film : « Il raconte en quelque sorte l’histoire d’une femme qui découvre qu’elle a une tête et celle d’un homme qui découvre qu’il a un corps. Comme le dit Lacan, l’hystérique est une esclave qui cherche un maître sur qui régner. »
07:46 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, médecine, malade, amour | Imprimer
21/11/2012
Glacé, thriller de Bernard Minier
S’agit-il vraiment d’un thriller ? Il s’intitule ainsi, mais possède des caractéristiques qui font penser à un roman : description de paysages montagnards, analyse psychologique de quelques personnages, citations latines, etc. Cependant, un roman est « une méditation sur l’existence vue au travers de personnages imaginaires », explique Milan Kundera. On ne peut parler de méditation pour ce livre, mais peut-être simplement de quelques considérations inhabituelles au roman policier.
Je ne vous raconte pas de quoi il s’agit, vous le trouverez sans difficulté sur la toile qui abonde de description de l’atmosphère et des aventures du personnage principal, le commandant Servaz. Curieusement, le livre ne commence pas par son intervention, mais par l’arrivée de Diane Berg, psychologue, dans son poste à l’institut Wargnier qui abrite des psychopathes criminels. Comme souvent, la fin du livre, c’est-à-dire la découverte de l’auteur des crimes dévoilés au long du thriller, nous laisse sur notre faim, après nous avoir fait errer sur d’autres possibles, le capitaine Ziegler, l’ancien juge Saint Cyr, voir d’autres. Une fin embrouillée…
Il se lit, on le commence pour ce qu’il est, mais très vite, on le poursuit par routine, parce qu’il s’agit d’un thriller et que ceux-ci sont toujours organisés de telle sorte qu’ils vous contraignent à aller au-delà de que vous iriez si c’était un simple roman. C’est long, trop long parfois, si bien que l’on saute quelques descriptions. Mais c’est un bon thriller qui sort de l’ordinaire par ses aspects plus ou moins intellos.
07:25 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, thriller, psychologie | Imprimer
20/11/2012
Jean Soyer, à la galerie du Marais
Une succession patiente d’aplats et de matière, un choix très réduit de couleurs, mais un geste ample, direct, presqu’autoritaire, toujours aérien. Tels sont les tableaux de Jean Soyer qui expose à la galerie du Marais jusqu’au 22 novembre.
La bataille de la matière dans un monde de feu où la lumière tient au contraste entre le fond et le mouvement des particules qui peuvent s’agglomérer ou s’épancher. Rouge flamboyant, chaud, comme le sang des guerriers en lutte contre l’évanescence.
Il peut aussi utiliser le bleu comme référence, bleu comme la glace, mais celui des passages sous les glaciers, presque noir, avec des reflets blancs, striés, sur quoi la pensée glisse et dérape.
Mais cela pourrait également être le bleu des tempêtes du cap Horn où les vagues engloutissent les bateaux sous des gerbes d’écume.
Et là, l’évasion de la pensée, l’apesanteur du corps, le tourbillon des sentiments.
Vous vous envolez sans contrôle dans le vent de l’abstraction.
07:11 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, abstrait, gestuel | Imprimer
19/11/2012
Sommeil
Vous fermez les yeux, et…
Elle arrive cette fente d’air frais
Qui se glisse entre deux pensées
Et provoque ces ondulations
Sur la surface glacée des nuits
Vous partez dans l’autre monde
Celui des elfes et des trous noirs
Sans parachute pour vous rattraper
Une bouffée de chloroforme
Chatouillant la scissure interhémisphérique
Il arrive que vous remontiez à la surface
Reviennent les images de désordre
Comme un caléidoscope fou
Qui tourne autour des papillons
Et détricote la patiente immersion
Et… Plongeon dans le néant
Vous perdez pied... et pensées
Vous tombez bien... Rien ne va plus
A quelle porte frappez-vous ?
C’est bon… chaud… et doux…
Mais… Comment le savez-vous ?
07:20 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer