01/03/2013
La perception du divin
Un jour, l’Homme prend conscience qu’il est devenu sensible à une certaine perception du Divin répandu partout. Interrogez-le. Quand cet état a-t-il commencé pour lui ? Il ne pourrait le dire. Tout ce qu’il sait, c’est qu’un esprit nouveau a traversé sa vie.
« Cela a débuté par une résonnance particulière, singulière, qui enflait chaque harmonie – par un rayonnement diffus qui auréolait chaque beauté…Sensations, sentiments, pensées, tous les éléments de la vie psychologique de prenaient l’un après l’autre. Chaque jour ils de venaient plus embaumés, plus colorés, plus pathétiques, par une Chose indéfinissable, - toujours la même Chose. Puis la Note, le Parfum, la Lumière vagues ont commencé à se préciser. Et alors je me suis mis à sentir, contre toute convention et toute vraisemblance, ce qu’il y avait d’ineffablement commun entre toutes ces choses. L’Unité se communiquait à moi, en me communiquant le don de la saisir. J’avais vraiment acquis un sens nouveau, - le sens d’une qualité ou d’une dimension nouvelle. Plus profond encore : une transformation s’était opérée pour moi dans la perception même de l’être. L’être désormais a commencé à m’attirer et à me griser. »
(Teilhard de Chardin, Le Milieu divin, Editions du Seuil, 1957, p.159)
C’est le commencement de la vie, une exaltation, une envolée, une évasion et un émerveillement. Cet état est semblable à l’amour. Sauf que cet attrait nouveau pour le monde n’est pas lié à la présence ou l’absence de l’être aimé(e). Il est universel et porte sur tout : les hommes et les femmes, les espèces animales et végétales, les paysages, l’obscurité et la lumière, l’immensité du cosmos. L’être s’agrandit, se dilate, tout en se dégonflant lui-même de toute velléité de richesse matérielle ou morale. Vous flottez dans l’azur tout en observant avec une acuité nouvelle un monde nouveau, illuminé, transfiguré par cette présence que vous ignoriez.
Malheureusement cela ne dure pas. Reviennent les jours mornes et silencieux. Quelle épreuve ! Vous perdez votre raison de vivre. Vous vous efforcez de la regagner. Vous y arrivez, vous échouez, vous êtes balloté entre un monde sans signification intérieure et un état où tout s’explique de manière claire. Ce n'est pas une compréhension intellectuelle. Ce n'est pas un raisonnement extérieur à vous-même. Cette expansion est perceptible instantanément, sans filtre, sans concepts. Elle vous unit. Il n’y a plus d’un côté les émotions, les sentiments, et de l’autre l’intellect ou encore le physique. Vous vous harmonisez et vous unifiez. Surtout ne pas conceptualiser cet état. Cela suffit à le désenchanter.
Allons, est-ce possible ? Oui, et cela est donné à tout homme. Merci à celui qui se cache derrière tout cela.
07:53 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, réalisation de soi, spiritualité | Imprimer
25/02/2013
Le mystère de l’unicité des êtres
Chaque homme est unique. Contrairement à ce que beaucoup pensent, le monde animal possède le même mystère. De même que dans le monde humain, chaque animal est unique et se distingue de son voisin bien qu’il appartienne à la même espèce. Chacun d’entre eux détient une phéromone spécifique qui en font un spécimen singulier, un trésor étonnant parce que seul au monde. Et il en est de même des plantes, des cailloux, des astres et des galaxies.
Seule la mémoire, parce que défaillante et peu perspicace, seule notre cécité devant les mystères du monde, font croire au hasard et à la nécessité, à l’ennui et à la norme. Dieu, dans sa subtile inspiration, invente pour chaque être humain un lieu de singularité, la chambre d’accès à sa magnificence. Elle se manifeste par le physique, par le psychisme et plus profondément encore par l’âme, unique pour chacun de nous.
Oui, l’âme est la chambre des secrets qui ouvre à l’au-delà du temps, un monde où tout est épanouissement et enchantement. Les yeux ouverts dans notre achèvement, nous contemplons le monde divin à travers la réalisation des autres et de nous-mêmes.
Rien n’est jamais semblable lorsque le temps s’arrête, alors que nous imaginons généralement un monde immobile et souverainement ennuyeux. Le paradis, c’est la rencontre des contraires, l’arrêt et la vitesse infinie d’un temps qui devient autre. Sorti du temps et de l’espace de notre univers, l’homme devient Dieu, ou presque. Il n’est plus ni vivant ni mort au sens terrestre, il baigne dans une félicité intérieure et extérieure (mais peut-on dire qu’il sache encore où se trouve l’extérieur et l’intérieur ?) où tout est arrivé à sa propre réalisation.
07:07 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, conscience, philosophie, réalisation de soi | Imprimer
19/02/2013
Les êtres aimés n’ont pas d’âge
Dans le livre d’Alexandre Jardin, « Bille en tête », on trouve cette très belle phrase que dit Virgile à Clara : « Tu peux devenir vieille, folle ou malade, tu seras toujours Clara. Je verrais toujours ta vraie figure, tes cheveux superbes, ta peau blanche, tes hanches pour les enfants et tes seins pour l’amour. » Miracle de l’amour.
On voit vieillir ses parents ou ses amis. On ne voit pas vieillir celui ou celle qu’on aime (sauf si bien sûr on ne l’aime plus). Il ou elle est toujours mon ou ma fiancé(e), auréolé(e) du visage aimé(e), du corps que l’on tient délicatement dans ses bras.
Le soir, lorsqu’on se retrouve seuls, on s’approche de la tendresse et de la chaleur de l’autre, qu’elle se manifeste par la douceur pour elle ou la force pour lui, et on monte au paradis, dans une bulle de sensations maintes fois éprouvées, mais toujours nouvelles. Alors les jours n’existent plus, l’éternité est commencée sur terre. Nous sommes enfermés dans notre bulle et le monde habituel nous paraît lointain. Ses bruits sont estompés comme si l’on plongeait la tête sous l’eau, légèrement. Il ou elle est présent(e). Nous sommes seuls sur terre et cette seule présence nous suffit pour vivre dans l’éternité.
Oui, nous sommes dans notre bulle, prison rêvée, entretenue, encouragée, dans laquelle toi et moi ne font que nous comme un seul soi. Cet être à deux, devenu un et unique, flotte au-dessus des contingences. Je ou tu regarde(s) le visage aimé(e) et l’histoire s’arrête, l’osmose s’effectue. Tu es ma ou mon fiancé(e) pour toujours. Et cet engagement dure, dure, comme une promesse d’immortalité, au-delà du temps qui coule.
Nous le savons, la durée nous rejoindra, mais nous aurons vécu notre rêve jusqu’au bout, jusqu’à cet instant où l’un de nous partira en disant : « Je t’attends de l’autre côté ». Et même s’il ne pouvait le dire, nous le savons, il ou elle y sera.
06:34 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, société, femme, couple, mariage | Imprimer
29/01/2013
Manuella, roman de Philippe Labro (Gallimard, 1999)
Une collégienne, sympathique, qui ne sait si elle va avoir son bac. Quoi de plus classique ! Mais, j’ai revu la libellule de mon rêve et je me suis dit qu’une fille qui commençait la matinée la plus horrible de sa vie avec une libellule dans un carré d’espace bleu ne pouvait pas être entièrement foutue.
Pourtant, elle est vierge et la plupart de ces amies ne le sont plus. Lorsqu’un garçon veut coucher avec elle, elle répond : « Je t’aime bien, mais je ne t’aime pas. » Quand une fille dans le train, assise en face d’elle, lui demande : « Est-ce que vous êtes vierge ? » Elle la regarde, stupéfaite : « Ça va pas bien, non ? Ça te regarde ? »
En fait l’intérêt du livre n’est pas dans l’histoire, mais dans les réflexions et les anecdotes concernant la vie d’une adolescente qui se dit ratée.
Ainsi l’auteur consacre un chapitre à la mode du noir : Dehors dans la rue, j’ai l’impression que tout est en noir, que tout le monde s’habille de noir. Le deuil de qui ? Ils portent le deuil de quoi, les gens ? Ils vont à l’enterrement de quoi ? C’est une cérémonie, c’est une manif ou c’est un film ? (…) Oh ! Les mecs, les filles, vous affichez quoi exactement, là ? Vous avez peur de quoi ? Parce que si vous vous ressemblez tous autant les uns les autres, c’est que vous avez peur de quelque chose ? La couleur du jour, pour vous, c’est ça ? C’est la couleur de la nuit ?
Sa mère lui fait remarquer qu’elle utilise le terme pur très souvent : un pur film, un pur chanteur, une pure note de classe, une pure soirée, un pur plat de spaghettis, un pur CD. _ Qu’est-ce que tu préfères, lui ai-je répondu, que je dise pur ou putain ?
Et, malgré ses impressions, elle est reçue au bac : une profonde sensation de plénitude, jouissance, gaité, plaisir sensuel qui ne s’affaiblissait pas et qui allait, au contraire, grandir, grandir, pousser toute la journée dans mon corps (…) Question : Peut-être que l’amour, ça ressemble à ça, la légèreté totale du corps et de l’esprit ?
Mais elle revient souvent sur l’amour tel qu’elle le conçoit : On sait tout ça, maman. On a tout lu, on a tout vu, on a tout entendu. Du cul, du cul, du cul, au cinéma, sur les affiches, dans les bouquins qui se vendent bien, les magazines, à la télé, c’était incroyable ce que les gens pouvait parler de cul et montrer du cul. Ils préféraient utiliser le mot sexe, ça faisait plus noble et plus technique, d’ailleurs, sexe, en soi, il faut bien le dire, c’est un mot irrésistible. C’est pas vulgaire. (…) Je voulais bien être comme les autres, Yami, Daph, Nade, je voulais bien connaître l’amour au moins une fois, mais j’aurai souhaité que ce ne soit pas… banal. Plus la société avait trivialisé l’amour, plus j’attendais autre chose que du trivial.
Elle le rencontre ce garçon qui la fait frissonner. Il est frimeur, mondain, une machine à sortir des aphorismes (cette salade est incongrue, mais digne d’intérêt), à citer des auteurs (on peut rêver qu’un jour la vérité soit à la mode. C’est du Raymond Queneau). Mais, au loin, le grand bateau bleu et blanc prenait le large, et moi, Manuella, j’étais gagnée par une sorte de gaité rêveuse, une petite joie intérieure, comme en attente d’un événement.
Et, à la fin du livre : j’avais toujours souhaité que la première fois me change, que ça se passe de façon telle que j’en sorte différente, transformée. Le suis-je ? Quand j’y pense, ce n’est pas une courte nuit avec un garçon en été qui a modifié ma vision des choses. Je m’étais donnée à lui parce que c’était plus qu’un geste, mais ce n’était aussi que cela, une série de gestes. Aimer sans amour n’est pas aimer.
07:17 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, adolescence, littérature, femme, amour | Imprimer
07/01/2013
Le Petit Sauvage, roman d’Alexandre Jardin
Un jour, je m’aperçus avec effroi que j’étais devenu une grande personne, un empaillé de trente-trois ans. Mon enfance avait cessé de chanter en moi. Plus rien ne me révoltait. La vie et l’enjouement qui était jadis dans les veines s’étaient carapatés. Le Monsieur prévisible que j’étais désormais jouissait sans plaisir d’une situation déjà assise, ne copulait plus guère et portait sur le visage un air éteint. Je me prélassais sans honte dans la peau d’un mari domestiqué indigne du petit garçon folâtre, imprudent et rêveur que j’avais été, celui que tout le monde appelait le Petit Sauvage.
Ainsi commence ce roman dont l’objet est le retour à l’enfance bienheureuse, sans souci, sans projet, sans perspective autre que s’amuser. Ce qui signifie se débarrasser d’habitudes prises, de routines administratives, de contrefaçons mondaines. Alexandre se lance dans une fuite éperdue vers sa jeunesse, et il y réussit dans un premier temps. Il largue son entreprise, sa femme, et se retrouve dans le midi dans l’ancienne maison de famille devenue un hôtel. Il la rachète, va chercher sa grand-mère à l’hospice et s’installe comme il y a trente ans.
Ses aventures sont la surprise du livre. Les dévoiler ôterait le charme de ces pages écrites sous le feu. Reste une méditation sur la manière dont l’enfant devient adulte, se charge de poids excessifs, d’obligations infernales, et oublie peu à peu ces heures libres et belles de l’enfance au fil des heures : Le petit sauvage me mettait également en garde contre une attitude qui, à l’entendre, gâtait le sort de presque tous les adultes : ils se croient obligés. Il s’étonnait sincèrement du nombre inouï d’obligations fictives que les grands s’imposent ; comme si les contraintes réelles de la vie ne suffisaient pas ! (…) Je me souviens également de cette phrase qui me frappa : les grands n’ont pas l’air de se rendre compte qu’ils sont libres. Ils n’ont plus d’adultes sur le dos et ils n’en profitent même pas ! Toi, tu en profiteras !
A trente-huit ans, il découvre dans les bras de Manon-Fanny ce que le terme extase s’efforce d’exprimer. Il découvre par la même occasion, la joie de l’incohérence. Il comprit qu’il n’est pas de vraie vie sans incohérences. Les hommes et les femmes qui tentent de se conformer toujours à une certaine idée d’eux-mêmes, quelle qu’elle soit, sont des presque-cadavres. La cohérence mutile ; l’incohérence régénère.
07:56 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : roman, amour, littérature, enfance | Imprimer
23/12/2012
L'odeur personnelle
Chaque humain, homme ou femme, possède une odeur personnelle. Je ne parle pas des odeurs que d’autres produits, touchés ou projetés, laissent sur la peau, tels le savon, les liquides de vaisselle ou même les parfums. Non, il s’agit de cette odeur indéfinissable qui irise chaque personne et qu’elle cache sans s’en rendre compte, dans ses recoins, ses plis, ses cheveux et j’en passe. Vous ne la percevez pas, même lorsque vous êtes près de cette personne. Mais si déjà vous lui faites un baiser, vous la discernez, infinie et légère. Et si vous épanchez encore plus, si vous l’embrassez réellement, alors vous entrez dans son intimité et faites connaissance avec son odeur. Désormais, vous la reconnaîtrez à son odeur et plus seulement à sa vue. Et si bien sûr vous l’aimez, cette odeur restera pour vous ce lieu de repos et de bien-être qui vous berce tout au long de la vie. Vous vous en enivrez, bien au-delà de la vue et du toucher.
Peut-être est-ce pour cela que depuis une trentaine d’années, et même plus, les gens ont pris l’habitude de s’embrasser au lieu de se tendre la main : les hommes embrassent les femmes, les femmes embrassent les hommes et les femmes. Auparavant, à certaines heures de la journée et selon les lieux, les hommes baisaient la main des femmes et, parfois, arrivaient à percevoir leurs phéronomes. Désormais, ils sont conviés à faire mieux, sous des prétextes de camaraderie ou d’amitié ou parce qu’ils ont le même âge. En est-il de même pour les femmes ? Elles embrassent des personnes des deux sexes. C’est sans doute parce que les femmes se lient d’amitié plus facilement que les hommes. Les amitiés de jeunes filles se marquent également d’une autre manière que les amitiés masculines.
L’odeur, plus encore que le toucher, vous fait entrer dans le monde intime de la personne. Vous ne formez plus qu’un, seuls dans votre bulle commune, ne voyant le monde qu’au travers de cette membrane déformante de l’amour ou de l'amitié. Et vous y êtes bien.
Mais est-ce seulement réservé aux êtres vivants (l’on connaît bien sûr l’importance des odeurs pour les animaux) ? Chaque maison a également une odeur. Lorsque vous entrez, vous la respirez sans vous en rendre compte. Mais elle est là. Lors d’un déménagement, il faut du temps pour que votre maison dégage l’odeur de la famille. Ce n’est que lorsque vous croyez ne rien sentir des effluves antérieurs que votre maison a pris votre exhalaison.
06:51 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : homme, femme, société, amour | Imprimer
22/11/2012
Augustine, film d’Alice Winocour
Voici ce qu’en dit le synopsis : Paris, hiver 1885. À l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, le professeur Charcot étudie une maladie mystérieuse : l'hystérie. Augustine, 19 ans, devient son cobaye favori, la vedette de ses démonstrations d'hypnose. D'objet d'étude, elle deviendra peu à peu objet de désir.
Peut-on dire que l’objet du film est moins l’objet de l’étude, Augustine, que l’objet du désir du Professeur Charcot ? Je pense que le regard de nos médias se tourne plus vers l’anecdote que sur la matière même du film. Car c’est bien d’elle dont le film parle en premier lieu, même si bien sûr sa relation avec Jean-Martin Charcot est au cœur de ses préoccupations, mais plus en tant que médecin qui pouvait la guérir qu’en qu’objet de son désir à elle (le fameux transfert peut-être ?) qui devint progressivement objet du désir de Jean-Martin.
Ce qui marque en premier lieu dans le film, ce sont les relations des médecins et de leurs patients. Le Moyen-âge… Ils sont tutoyés, rudoyés, sans aucun sentiment de compassion. La médecine a évolué depuis, et en bien !
Ce qui gêne, c’est l’absence de certaines explications : pourquoi les médecins qui regardent faire et jugent Charcot applaudissent-ils à la fin des deux présentations ? Pourquoi ne comprennent-ils pas qu’elle joue son rôle de malade lors de la seconde et que seul Jean-Martin comprend ? Pourquoi les médecins, dont Charcot, lui enfoncent-ils quelque chose dans le ventre ? Bref, ces manques de compréhension, qui sont peut-être dus à moi seul, laisse un léger malaise.
C’est néanmoins un bon film, qui retrace les difficultés de l’époque, comme par exemple, la dépendance des médecins au jugement de leurs pairs. La figure de J-M Charcot est bien interprétée par Vincent Lindon qui est presque muet et fermé tout le long du film, sauf lorsqu’il explique « le cas » à ses confrères. Quant à Soko, l’interprète d’Augustine, elle est également énigmatique, car rien ne transparaît de ses sentiments. Mais c’est vraisemblablement voulu par la réalisatrice, Alice Winocour, qui retrace l’impression de Stephan Zweig sur l’hôpital :
« J’ai été fascinée par cet hôpital qui, en fait, était une sorte de cité des femmes. Les médecins y observaient leurs patientes jour et nuit. Ils effectuaient des présentations publiques des malades et le tout-Paris s’y pressait. Pas seulement les médecins, mais aussi les membres de la bonne société. Ces séances mêlaient le médical et un voyeurisme érotique qui ne s’avouait pas. La question de la représentation de la femme dans l’imaginaire des sociétés m’intéresse depuis toujours et la Salpêtrière en offre un concentré violent. »
Elle définit ainsi son film : « Il raconte en quelque sorte l’histoire d’une femme qui découvre qu’elle a une tête et celle d’un homme qui découvre qu’il a un corps. Comme le dit Lacan, l’hystérique est une esclave qui cherche un maître sur qui régner. »
07:46 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, médecine, malade, amour | Imprimer
26/08/2012
L'amour
L’amour est une bulle d’air chatoyante et enivrante dans laquelle on entre sans prendre garde. Dès l’instant où l’on s’y trouve, le monde disparaît. A deux dans cette bulle, nous ne connaissons plus que nous, ou plutôt que lui, l’amour.
Enfermé dans cette sphère invisible, nous en caressons la surface et elle procure des reflets enchantés, des sensations extraordinaires que nous ressentons au plus profond de nous-mêmes, sans réflexion ni analyse. Une caresse et nous sommes partis loin de tout souci, sans aucun souvenir de ce que nous faisions auparavant.
Nous sommes deux, bien sûr. Mais dans le même temps, ces deux ne font plus qu’un. Ils sont cette bulle qui monte dans le ciel, doucement, par l’union des cœurs, des pensées et des corps pour n’être plus que des amoureux transis pour qui n’éclate jamais cette lumière parfumée qui se repose ensuite doucement sur terre, adoucie, mais bien vivante.
07:24 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, société, poésie, intime, femme, homme | Imprimer
10/11/2011
Morale chrétienne
La morale chrétienne est une morale dont on ne voit jamais la fin, car elle est fondée sur l’amour.
Est-ce d’ailleurs à proprement parler une morale ? Celle-ci n’est qu’une méthode de préservation de la société dont l’objet est la survivance de l’humanité. L’amour chrétien va au delà de ces objectifs. Il requiert l’être tout entier et pas seulement son aspect social ou même sociétal. On ne peut observer l’amour comme on observe une règle, car il exige toujours plus.
Comparons ces deux formules :
« Le véritable devoir de justice, c’est de considérer chaque individu comme une fin », nous dit Kant.
« Aime ton prochain comme toi-même », dit l’évangile.
Elles sont identiques au sens moral, mais bien éloignées l’une de l’autre, la première étant fondée sur la raison, donc le devoir, la seconde sur l’amour, donc la joie.
La première n’est qu’une règle de vie en société, la seconde est un axiome de bonheur.
06:35 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, amour, morale | Imprimer
26/09/2011
Détruire l’inéluctable enchaînement du temps
Détruire l’inéluctable enchaînement du temps en se contentant de l’instant pur, instant psychologique sans appel à la mémoire.
De même l’amour ne peut exister réellement dans un désir de devenir. Il faut qu’il soit, simplement. On le découvre en s’abstenant de toute recherche, de toute préoccupation, en s’ouvrant vers l’ensemble des choses, comme une porte derrière laquelle il n’y a que du vide à combler.
L’être réel ne se trouve que dans l’absence de conscience d’être.
01:19 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, temps | Imprimer
25/09/2011
Il y a longtemps mon amour, roman de Vladimir Volkoff (1998)
Ce n’est pas un roman, plutôt une autobiographie voilée. Volkoff se raconte ou plutôt raconte ses amours passés, parce que le temps le poursuit et qu’il a encore beaucoup de choses à dire. Alors il relate sous le personnage de Ladislas Radowa-Dzikowski, vicomte de La Vieillevigne, totalement fictif, mais très proche sentimentalement de lui, ses aventures féminines jusqu’au grand amour de sa vie, Elise. Grand nostalgique d’un passé révolu, qu’il considère en même temps comme totalement dépassé, il use de son ton à la fois romantique et réaliste, charmeur et désabusé. Volkoff traditionnel et moderne, aristo et homme de l’ombre.
Il décrit ainsi son premier amour, Aude, fille du secrétaire de mairie, qui était le sacré, la poésie même. A quinze ans, il apprit qu’elle était enceinte du mécano du village. Ils se revirent encore un fois, des lustres de lustres après, dans un bistrot, au fond d’une autre province… Touchant, oui, mais, finalement, ils n’avaient rien d’autre à se dire, sinon qu’ils s’étaient attendus et qu’ils ne s’attendraient plus.
Etudiant à la Sorbonne, il connut Rosemonde. Ils prennent le métro ensemble, saine distraction. Il l’invite au bal de la Sorbonne auquel elle va avec sa mère comme chaperon et où elle fit connaissance avec Michmich, jeune garçon qui va finir par ravir la belle à Ladislas sans toutefois en devenir le mari ou même l’amant. Mais, entre temps, Ladislas l’embrasse et en profite jusqu’au moment du choix, qu’il refuse.
Militaire, aspirant, il fait connaissance avec un personnel féminin de l’armée de terre, une PFAT, Yvonne, employée comme lui dans le renseignement. Ils sont faits l’un pour l’autre, affamés d’amour l’un et l’autre, lecteurs de romans et auditeurs de musique classique. Ladislas veut parfaire son éducation. Il voulait Yvonne transplantée, transmutée, il voulait une Yvonne qui ne fut plus Yvonne, et elle l’y encouragea. Le malentendu n’apparut pas immédiatement. Quinze jours plus tard, Ladislas lui demande si elle veut l’épouser. Ils se marièrent. Cela ne dura guère plus d’un an. Ce fut alors la séparation. Pour Ladislas, l’attente et la rencontre de l’âme sœur se terminaient dans la déconfiture totale.
Rentré en France, toujours dans le théâtre d’ombres, il découvre Luciole, secrétaire dans les mêmes lieux. Il déjeune chaque jour avec elle, mais elle est mariée. Il cherche à la prendre un soir, mais elle refuse. Il prenne une chambre dans un hôtel, mais elle refuse encore. Enfin, un jour, il la raccompagne et elle lui dit viens, maintenant, j’ai envie. Mais son père les surprend au lit. Il fuit. Après un dernier entretien, il ne la revit plus.
Toute autre est Bérénice de Fruminy, comtesse du Saint-Empire. Lorsque Bérénice parut au Hache-menu, elle déplut. Son port de tête altier, son cou sculptural, l’ovale irréprochable de son visage, la rigueur de ses traits classiques, la plénitude de ses formes, surprenante dans une aussi jeune femme, et l’arrogance constante de son maintien avait de quoi irriter de jeunes hommes qui aiment aimer facilement. Ladislas, lui, fut ravi de cette attitude hautaine à laquelle ce physique se prêtait si bien ; son orgueil trouvait enfin à qui parler ; il avait rencontré une femme à qui il n’avait rien à apprendre sur le chapitre du dédain. Ils se lièrent. Après les aventures habituelles entre une jeune fille et un jeune homme, une absence insolite et prolongée de sa petite amie, elle lui déclara : « Il y a une chose que je ne vous ai pas dite hier. Je devais avoir un enfant, d’où mon retard à rentrer à Paris. Une fausse couche la semaine passée. Passez me prendre ce soir à la même heure. » Mythomane, affabulatrice ? Il ne sut pas, il ne la revit pas.
Il y eut Emmeline (oui, avec deux m) avant Elise. Bretonne, un peu sorcière, il s’intéressait lui-même à l’ésotérisme, elle avait aimé un allemand pendant la guerre, puis s’était mariée avec un autre allemand. Avec d’autres, j’ai joué à des jeux. La coquetterie, la jalousie, la bouderie, les piques, le bras de fer amoureux. Vous, je veux vous aider à vivre. Vous n’aurez jamais un instant de déplaisir par ma faute.
Enfin, Elise dont Ladislas est tombé amoureux deux fois, à dix ans de distance en une pièce en quatre actes. Premier acte : A la Sorbonne, échange de lettres enflammées, mais elle refuse cette amourette. Deuxième acte : l’amitié, une affinité, sans doute, et l’élection de cette affinité, plus la confiance l’un dans l’autre, le besoin l’un de l’autre, l’admiration l’un pour l’autre, l’être bien avec l’autre, bref une flexion complète des prépositions sympathiques. Bien après le mariage de Ladislas avec Yvonne, il la revit et elle tombe amoureuse de lui. Troisième acte : l’amour. Il était à l’époque l’amant d’Emmeline. Vinrent les aveux, empreints d’une consternation amusée : « J’éprouve pour vous de l’amitié, de la confiance, de l’estime, de la tendresse, du respect, du désir. La somme ne s’appelle-t-elle pas amour ? écrivait Ladislas à son amie, et elle répondait, médusée : « Sans doute… » Comme l’annulation de son mariage tardait, elle le suit dans ses pérégrination et lui inspire la poésie. Quatrième acte : le mariage, lorsque l’annulation en cour de Rome arrive. L’amour qui liait Elise à Ladislas leur était si précieux qu’un instant ils hésitèrent à le hasarder sur la case mariage, comme jadis ils avaient hésité à miser leur amitié sur la case amour. Après la vente du château, ils s’installent dans la métairie voisine. Mais, époux et parents, ils restaient avant tout des amants.
Et voilà… Il y a longtemps, mon amour… Oui, il y avait longtemps.
C’était Volkoff, funambule et poète, homme de l’ombre, que j’ai rencontré dans le train pour Lille où nous allions à une table ronde parler de renseignement et d’information. Nous avions devisé toute la durée du voyage sur la manipulation, lui prétendant que toute conversation, voire toute rencontre humaine est une recherche de manipulation, moi défendant l’idée que ce qui différencie le juste des autres hommes est sa faculté à laisser libre l’autre de penser ce qu’il veut après lui avoir donné les raisons de croire à ce que lui, l’homme juste, croit.
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22/07/2011
Secrets de couple
Chaque couple, pour former un véritable couple, doit avoir ses secrets. C’est son trésor de guerre, amassé au fil des années, au gré des circonstances et de l’entente. Ce peut être des secrets anodins, tels que la manière de se comprendre sans avoir besoin de parler. Ce peut-être un secret ignoré d’un des deux membres du couple, tels qu’un défaut de l’autre qu’il ou elle aurait remarqué et qu’il se garde d’évoquer. Ce peut-être également un secret partagé volontairement, qui concerne une personne de leur entourage, avec laquelle ils continuent à avoir des relations tout en sachant au fond d’eux-mêmes telle ou telle chose. Mais tout ceci ne sont que des secrets superficiels, qui ne font pas le couple en lui-même, c’est-à-dire une entité propre, unique, que personne ne peut partager et qui leur permet de tenir toute leur vie ensemble, malgré les vicissitudes au fil des ans.
Le premier vrai secret est celui de leur rencontre. Non pas la rencontre extérieure telle que le lieu où ils se sont rencontrés ou par quels intermédiaires ils ont fait connaissance, mais tous ces instants d’or qui font qu’ils se sont sentis attirés l’un vers l’autre jusqu’au point où l’un et l’autre ne peuvent se passer de la présence de l’aimée(e) qui l’enrichit : la première fois où ils se sont tenus par la main, leur premier baiser, l’annonce de leur amour réciproque. Ne jamais partager ces secrets, ce sont ceux qui font vivre le couple au-delà des apparences et qui font qu’il est unique.
Le second secret, et ce n’est qu’un classement par ordre chronologique, est celui de leur vie intime, au plus profond de leur corps, dans leur bulle personnelle pourrait-on dire. Avez-vous ressenti l’importance de cette bulle ? Comme un refuge vis-à-vis du monde et de ses turpides, qui vous permet de vous déconnecter et de vous unir pour retrouver des forces. C’est la naissance de cette intimité secrète qui fait de vous un vrai couple : découverte du lieu intime de l’autre qui fait que vous y puiser un surcroit d’être, que celui-ci vous suffit et même vous comble. Ce n’est pas abstrait, contrairement à ce que pourront penser certains. C’est au contraire très vivant, réel, mais profondément intime, tels que le besoin de caresser doucement le creux de l’aine, comme un signe de reconnaissance indivise, ou de sentir le creux du cou de l’aimé(e), ou encore laisser reposer sa tête sur sa poitrine et se dire un de ces petits secrets dont nous avons parlé tout à l’heure. Un des signes de l’existence de ce secret intime est l’impression de toujours découvrir le corps de l’autre, comme une cathédrale à explorer, dans laquelle on prie ensemble (quelle métaphore !), pour renforcer la beauté du monde et des êtres. Et cette redécouverte permanente vous assure une plénitude incommensurable.
Contrairement à ce que prétendent les médias la transparence ne conduit pas forcément à plus d’être et de compréhension. Cette intimité de la vie de couple, qui ne peut se partager, est un signe de santé. La préserver est indispensable. Si celle-ci meurt, par manque de soins (extinction de ces petits gestes que nous avons évoqués) ou par dévoilement aux autres (céder ces secrets contre une excitation provisoire), alors le couple dépérit, se délite et, peu à peu, s’éteint faute de combustible.
Enfin, il existe un troisième secret, sans doute moins secret que les deux premiers, car il peut être apparent, c’est celui de leur but. Pourquoi formons-nous un couple ? Qu’est-ce qui nous tient ensemble, malgré les difficultés, les aléas de la vie ? Certes les deux secrets précédents permettent d’y répondre en partie, mais ce n’est pas suffisant. On tente d’y répondre au moment de l’engagement. Mais en réalité, il faut y repenser au fil des ans et le faire évoluer, pas seulement au fil des générations, mais également sur les motivations intimes du couple, et non se contenter d’une torpeur de bien-être qui est plus un lavement de tranquillité qu’un stimulateur d’énergie.
Ce sont les secrets de la vie intime du couple qui lui permettent d’assurer vis-à-vis des autres, son rôle d’accueil, d’entraide et d’amitié, chaque couple à sa manière, car chacun à « son entente secrète ». C’est aussi en cela que vos enfants, lorsqu’ils sont mariés, deviennent un peu des étrangers. Auparavant tous leurs secrets devaient vous concerner, sans forcément que vous en fassiez état. Mais c’est fini : ils ont leur secret, sur lequel vous ne devez pas les interroger.
06:51 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, couple | Imprimer
01/06/2011
Fragilité de l'humanité
Ce n’est que lorsque l’homme a pris conscience de sa vulnérabilité qu’il peut concevoir la fragilité des autres et éprouver de l’empathie pour eux.
Ayant découvert l’universelle fragilité du monde intérieur, il prend conscience de son appartenance à l’humanité et reconnaît en autrui un autre lui-même. Vulnérable comme lui à la dégradation, à l’inaction, au temps qui coule et se disperse, l’autre devient un égal, un proche à aimer. On n’aime que les gens dont on a pu mettre à jour la fragilité ou qui l’ont livré. L’homme qui nous semble invulnérable et craint, peut devenir une idole, mais il n’est pas l’objet d’un amour humain.
C’est à travers cette fragilité intrinsèque de l’homme que se conçoit sa grandeur. Et si sa fragilité n’est qu’une menace, sa grandeur n’est qu’une promesse qui reste à réaliser.
L’amour est la force intérieure qui nous aide à tendre vers ce but.
06:45 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, christianisme, amour | Imprimer
12/05/2011
Je te ressens, au plus profond de moi
Je te ressens, au plus profond de moi,
Comme un vol de libellules
Ou la vague tiède de mers lointaines
Et je vais dans la vie
Comme un miroir sans tain
Regarder passer les idées fixes
Ou les étoiles de mer
---
Merci à toi qui m’a donné
Et la joie et l’amour et la peine
Car en cette terre et sur ce jardin
Rien ne se cueille mollement
Je vais loin et longuement
Me recueillir en extase
Devant les fous et les bergers
Pour ensuite, pris de remord,
Conduire le troupeau au zénith
---
Reviens, me dit-on,
Mais où revenir :
Dans notre folie quotidienne ?
Devant les marches du perron ?
Dans ses pensées obscures ?
Dans les siècles qui viennent
Ou dans ceux écoulés et perdus ?
---
Plus rien ne sera comme avant
Lorsque tu te déchaussais
Au devant de l’armoire
Et que ton cou luisait d’attente
Lorsque tu criais toi
Et que tu pensais moi
Lorsque ta chaleur amoureuse
Revêtait de rosée tes pieds épars
Lorsque toute entière
Tu plongeais dans l’eau trouble
Des soirs et des matins sauvages
Et pendant le jour courrait
Partout et toujours
A la recherche d’un hypothétique plaisir
Que tu trouvais tapi au lit
De notre amour insensé
---
Oui, la vie m’a donné ta vie
J’en ai fait ce que tu voulais
Et, ensemble, nous marchons
En pleine liberté et délire
Vers les cieux dégagés
Et les prairies infinies
Nous tenant par la main
Sans perdre un seul jour
De ce qui fut le chant
D’un pauvre innocent
Et d’une tendre adolescente
Qui parcoururent les rues encombrées
D’une ville immense et délirante
En recherche d’un double
Unique et semblable
Que construit sans le savoir
Notre rencontre d’une nuit
---
Et, comme rien n’a une fin
Même pas les histoires
Qui restent dans les têtes
Et fondent lentement
Dans les pensées du jour
Je te renouvelle ma joie
Mon amour et le bonheur
Que j’ai trouvé en toi
Que j’ai exploré de mes lèvres
Que j’ai touché en doigts
Agiles et que j’ai regardé
Emerveillé, éperdu de conscience
Comme un souffle d’infini
Dans un monde arrêté
Sur ta beauté et ta tendresse
Sur tes lèvres entrouvertes
Et le don de ton amour
---
Je te ressens, au plus profond de moi,
Comme le papillon qui d’un battement d’ailes
Bouleverse le monde ignorant
A des milliers de kilomètres
06:08 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, poème, littérature, amour | Imprimer
14/04/2011
Patchouli ou les désordres de l’amour, pièce d’Armand Salacrou (1899-1989)
« Ce n’est pas une pièce de jeunes, c’est la pièce de la jeunesse. », a dit Jean Giraudoux de Patchouli. Oui, le propre de la jeunesse est bien de se poser milles questions et d’essayer de réaliser le rêve qu’elle s’est faite de la vie. Ce n’est que lorsque le rêve n’exalte plus que l’on devient adulte, pensent certains, avec tous les soucis que cela comporte puisque l’espoir s’est assoupi.
Ecoutons comment l’auteur, Armand Salacrou, définit Patchouli. « Il ne sait rien, pas même exactement qu’il n’est pas heureux. Il va l’apprendre. Puis, il ira à la recherche de son bonheur. Il n’a vécu que dans un rêve. Un jour, il voudra vivre dans la vie, mais se sera pour réaliser son rêve. Il lui semble que choisir, que délibérément écarter un sentiment, c’est fausser le problème et qu’on a trop beau jeu. Il met tout en question. Il ne sait pas se contenter d’un sentiment. Il lui faut le rattacher à un autre, jusqu’au dernier qui est le sentiment de son existence, de sa vie. »
Le sujet est grave, c’est la recherche de l’amour véritable ; ce que Patchouli trouvera, non pas matériellement, mais par raisonnement de ses sentiments. Il cherche avant tout à en être maître et il va s’efforcer de faire naître en lui les sentiments de l’amour par la raison. Il n’y arrivera pas, il ne vivra pas l’amour, mais il arrivera à le comprendre en s’incarnant dans le personnage d’un prince qui s’est, paraît-il, tué d’amour pour une comtesse. Il comprendra qu’en réalité le prince ne l’aimait pas, qu’il n’avait pas assez peur des femmes pour les aimer. Car telle est la conclusion de la pièce : aimer, c’est avoir peur de que l’on aime.
Il ne s’agit pas ici d’engager une discussion pour donner une réponse à la question et décider si l’amour c’est la crainte. Il s’agit de vivre avec Patchouli sa vie, sa recherche et sa découverte. Les critiques n’ont pu le faire. « Le rôle d’un auteur est un rôle assez vain. C’est celui d’un homme qui se croit en état de donner des leçons au public. Et le rôle des critiques ? Il est bien plus vain encore. C’est celui d’un homme qui se croit en état de donner des leçons à celui qui se croit en état de donner les leçons au public. » Voilà ce que pense Salacrou des critiques. Un critique ne devrait avoir le droit que de juger de l’adaptation de la pièce et non de décider par lui-même si la pièce est bonne ou mauvaise. C’est à chacun d’écouter vibrer en lui celle-ci et ce n’est pas à un seul d’avoir un cœur pour tous. Peut-être cela vient-il du public lui-même qui est rarement capable d’écouter battre son cœur et qui veut entendre battre celui du critique pour aller écouter battre le sien au théâtre. C’est là un des torts de notre civilisation où tout fonctionne par l’information et la contre-information. Si l’on affirme assez haut les choses, la majorité vous croît, que vous ayez raison ou tort. Or les critiques ont la voix qui porte. Après l’échec de Patchouli, Dullin fait passer dans les journaux d’énormes placards de publicité avec une seule phrase : « Je crois à Patchouli. Charles Dullin. »
Ce qui fait le charme de la pièce, ce n’est pas tellement le thème en lui-même, c’est la façon de le présenter avec poésie, lyrisme, jeunesse. La lecture laisse rêveur et suggère mille questions. C’est bien là sa profondeur.
Salacrou sait nous montrer l’homme à la recherche de sa vie. Comme le dit Patchouli : « Je veux tenter ma vie ! »
09:03 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, pièce, littérature, amour | Imprimer
19/12/2010
Le mariage : voie d'accomplissement
L'amour est un mystère : mystère de l'homme qui se tourne vers la femme, mystère de la femme qui se tourne vers l'homme, chacun d'eux pour trouver en l'autre son propre accomplissement. Source de vie, l'amour ne s'explique pas. Il est.
Cette réflexion sur le mystère de l'amour et du mariage a pour but d'inciter à une méditation sur un des cadeaux de la vie et de ne pas perdre le trésor reçu.
02:33 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, mariage, mystère, accomplissement | Imprimer
18/12/2010
Prêtresse
Tu es, par ta nature, vivante en toutes choses
Inscrite dans le rythme des saisons et des jours
Vibrante au regard de la vie et de la mort
Image de l’univers, attachée à son souffle
Tu es des éléments la terre et l’eau
Prêtresse du feu que tu entretiens
Nécessaire à la vie comme l’air
Centre de l’humain, indissociable du divin
Tu es l’essence des réalités ambigües
Plus élevée et, de toi-même, t'abaissant
Sainte et pécheresse, ange et démon
Vouée à l’état de ta féminité
Tu es l’inspiratrice et la compassion
Étrangère à l’histoire qui ne serait pas sans toi
Héroïque dans la peine de tous les jours
Modèle du repos et de l’immobilité
Tu es l’ordonnatrice des mystères familiaux
Régnant sur les enfants et les vieillards
Occupée sans cesse de ce lieu de l’être
Où tu est chez toi, où je ne suis que par toi
Tu es l’attente et la réponse
L’habitante des profondeurs
Celle qui est et qui n’apparaît pas
La souffrance, le silence et la joie
Tu es la plante fragile, mais éternelle
Calme et fraiche, enracinée et mortelle
Présence de l’éternité dans le temps
Immobile dans l’inévitable mouvement cosmique
Je suis ce que tu n’es pas, l’histoire
Attentif à l’existence dynamique des objets
Utilisateur du temps sans pouvoir en jouir
Je suis l’acte, tu es la nature
10:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, femme, cosmos, littérature, amour, famille | Imprimer