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05/07/2012

Ecran

 

Les yeux fixés sur l’écran…
Lequel ? S’agit-il du dispositif
Qui empêche la perspicacité de s’exercer
Ou inversement de ce qui permet de voir
Des images d’un passé qui se veut présent

Quel écran de fumée
Cherche à cacher la réalité de la vie ?
Je poursuis ma route, encombré
Défait de chaleur et de protection
Nu comme un vers sous les regards
La fumée s’est envolée, partie vers d’autres cieux
Et ne reste qu’un corps sans motivation

Pourtant un écran sert aussi de paravent
Qui abrite du souffle du voyeurisme
Et empêche le quidam d’entrer
Par des stratagèmes dans l’intimité
De pâles nuits d’été, étouffantes

Mais l’écran peut également
Dévoiler un monde virtuel
D’images, de mots, de chiffres
De tout ce qui peut passionner
L’esprit du spectateur
Scotché sur les points brillants
Qui sans cesse évoluent
Pour s’imprimer sur la rétine
Et faire naître espoir ou désespoir
Dans le cerveau de cet humain

L’écran peut aussi devenir masque
Il sert alors à voiler les pensées
Dans l’immobilité des expressions
Comme un paysage sans vent
Tu passes devant cet homme
Qui ne te regarde pas, ne te vois pas
Et tu n’es plus rien, qu’une ombre
Dans la densité des objets d’un matin
Tout à l’heure tu disparaîtras
Effacé, tu n’auras plus d’écran
Où reposer ton corps vide de substance

S’interposer c’est aussi servir d’écran
Volontairement, entre deux points de vue
Les balles ricochent sur votre carapace
Renvoyées à l’agresseur
Jusqu’à ce que l’écho de la bataille
Devienne un murmure d’amabilité
Et vous résonnez, ébranlé de ces assauts
Comme une cloche de verre
Dans l’eau trouble des passions 

Avant ils étaient cathodiques
Ils sont devenus plats, exsangues
Grâce au progrès technique
Toujours plus petits ils mobilisent
De plus en plus les esprits
Bientôt ils ne seront plus qu’un point
Dans le vaste champ de la vue
Mais encombreront sans pitié
L’ensemble des possibilités d’attention
Endormies dans la chaleur moite
D’allégories bigarrées, devenues
 Puits sans fond de concepts fascinants

 

Ouvre tes yeux, laisse tomber tes lentilles
Regarde la nature telle qu’elle est
Oublie les images chatoyantes
De paysages subtils mais inaccessibles
Ne te revêts pas d’écrans de protection
Contre un monde à toujours admirer
Malgré ses pans de laideur
Derrière le masque se cache une réalité
Comme un trésor à dévoiler
Pudiquement,
Lentement
Imperceptiblement 
Amoureusement

 

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