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31/03/2017

Maxime

 

Encouragé par l’imprévision des événements

Comment ne pas se laisser aller à l’inconséquence des décisions ?

 

30/03/2017

L'ordonnancement du monde

Réveil quatre heures dix ! Je mets la cafetière sous tension et attends les premiers glouglous de la machine qui ne tardent pas à arriver. Je tourne les yeux vers la fenêtre, noire, silencieuse, un trou béant devant l’inconnu, lorsque ceux-ci tombent sur un tas de cuillères dispersées dans l’égouttoir. Vision banale au possible. Mais ce matin, l’illuminharmonie,ordre,monde,univers,divination. Me vient à l’esprit les mots L’ordonnancement du monde. Comment, à partir d’un tas de cuillères jetées là en arriver à penser à un ordonnancement du monde ? Comment a pu me venir cette association d’idées ?

Le terme ordonnancement fait penser immédiatement aux termes ordre, organisation, arrangement. Mais l’association des termes ordonnancement du monde est assez rare. Parle-t-on de l’univers visible, des atomes qui s’organisent dans l’espace et forment des galaxies qui s’équilibrent entre elles ? Je cherchai sur Internet ces deux termes associés et tombai sur un titre : Plotin et l’ordonnancement de l’être, de Bernard collette-Ducic[1]. Pour Plotin, le monde intelligible est formé de trois substances : l’Un, l’intelligence et l’âme. L’Un est inconnaissable, on ne  peut le définir, on ne peut que dire ce qu’il n’est pas. Il est source de tout et assure la cohésion de toutes choses. C’est Dieu. L'Intelligence ou l'Esprit est l'être intelligible de Platon qui rend la réalité cohérente et harmonieuse. Elle est principe de toute justice, de toute vertu, de toute beauté. L'âme est la médiation entre l'Intelligence dont elle procède et le monde sensible qui en émane. L'âme est une sorte de mouvement logique, rationnel, organisateur. Elle crée un monde ordonné et se divise en âmes individuelles (celles des hommes, des animaux et des plantes). L'âme humaine est donc une parcelle de cette Âme engendrée par l'Intelligence contemplant l'Un. Autant dire que chaque âme est une parcelle de Dieu, que Dieu est donc présent en chacun de nous. Le monde matériel est le point ultime de la diffusion divine (http://sos.philosophie.free.fr/plotin.php).

Pour Plotin, chaque être sensible doit être compris comme une partie d’un tout et contribue à la plénitude de ce tout. La raison qui est en elle produit l’harmonie et l’ordonnancement. Cet ordonnancement n’abolit pas les différences entre les êtres, mais permet leur communication, leur interaction que Plotin nomme sumpatheia : l’unité du monde sensible vient du fait que l’univers est un tout en sympathie avec lui-même ; c’est comme un vivant qui forme une unité.

Sans entrer plus avant dans le monde de Plotin, considérons cependant cette profonde intuition : le monde sensible est en harmonie et ordonné et il appartient à chacun d’en goûter les bienfaits et de participer à cette harmonie. Et ces quelques cuillères ramassées ensemble par la main de celui ou celle qui a fait la vaisselle m’a, en un instant fortuit, fait accéder à cette idée merveilleuse : le monde a un sens, même si nous le comprenons pas. Seule notre âme sensible nous permet d’y accéder, sans compréhension intellectuelle, par le fait qu’elle entre en harmonie avec le monde. En un éclair, l’âme s’échappe et devient une, à l’égal de Dieu qui devient accessible par osmose.

Baigné par l’ordonnancement du monde, je commençai la journée libre de tout désagrément, vide tout souci, exalté par cet infini qui devient intime et pénètre chaque parcelle du corps.

 

[1] https://books.google.fr/books?id=MP9dN4KtQ00C&pg=PA21... p.21)

29/03/2017

Haïku

 

L'âme vierge

Vide de toute chose

Le cœur s'enflamme !

 

28/03/2017

Croyance et connaissance

 

Croire, c’est adhérer sans preuve

C’est-à-dire hors de la rationalité

Connaître suppose un effort complémentaire

Mais qui n’est pas toujours possible

Ce qui ne signifie pas

Que la croyance est inférieure à la connaissance

Elle peut parfois être d’un autre ordre

 

27/03/2017

Le nombre roi

L’infini…
Un mot qui ne signifie rien
Car on peut toujours ajouter
Un Un à un tout
Et ce tout devient un autre tout
Encore plus grand que le premier

Seuls trois concepts englobent le connu
Le Un, l’infini et le rien

Le Un est le roi
Dans le Un je suis
Et l’autre également
Plein, entier, seul
Oui, le roi des nombres est le Un
Inégalable, majestueux,
Distinct et multiple

Mais le Un est si petit
Qu’est-ce qu’un grain de sable
Sur une plage qui se perd dans l’eau ?
Même la plage n’est pas reine
Même l’océan n’est pas roi
Entre le grain de sable
Et la goutte d’eau
Qui a-t-il de commun ?

Si je peux compter l’un et l’autre
Je ne peux compter deux infinis
C’est l’explosion dans ma tête
Ma capacité à penser est limitée
L’infini, c’est la profusion,
L’au-delà au-delà de l’au-delà
On peut alors mélanger les au-delà
On n’atteindra jamais l’au-delà de l’au-delà
Et le Un se promène dans cet au-delà
Léger comme la plume dans le vent

Alors apparaît le rien
Il est rond, fermé, enclos en lui-même
Comme un tout déguisé en un Un
Mais qu’on ne peut dédoubler
Il pourrait être l’au-delà de l’au-delà
Il est également l’au-dedans de l’au-dedans
Si petit qu’il n’est presque rien
Mais ce presque rien est encore quelque chose
Qui est un Un perdu dans l’infini
Il n’est pas ce qui est
Mais est-il tout ce qui n’est pas ?

Alors quel est le plus beau ?
Le Un ouvert sur le monde
L’infini qui n’ouvre sur rien
Le zéro fermé sur lui-même ?

Un homme compta un jour le rien
Un autre homme compta les Uns
Enfin un dernier homme compta l’infini
Le rien multiplié par le rien
Donna le rien, l’absence, le néant
L’infini multiplié par l’infini
Donna l’infini, le plein devenu rêve
Le Un a seul une consistance
Je peux le toucher et le compter
Même si je ne peux tenir tous les Uns

Il y a pourtant deux sortes de Uns
L’un est né impair
Mais il ne se suffisait pas à lui-même
Car pour être plus d’Un
Il faut au moins être deux
Pour avoir un autre impair
Il faut un pair, semblable et différent
Additionnez deux pairs ensemble
L’étonnant est qu’ils forment un autre pair
Alors que si vous additionnez deux impairs
Surgira la diversité
Seul l’impair et le pair
Font un autre impair
Qui lui-même en formera un autre

C’est en cela que le Un est à l’origine du monde
C’est dans le mouvement même de celui-ci
Que naît l’infini et, en parallèle, le zéro
Oui, le Un est bien le roi de l’univers
A condition de n’être pas un, mais au moins deux !

 ©  Loup Francart

26/03/2017

Penser la pensée

Quoi de plus beau que de penser la pensée ? Il ne s’intéresse pas à ce qui est dit. Seul importe pourquoi c’est dit, c’est-à-dire comment cela lui est venu à l’esprit. Une telle recherche semble dérisoire, mais elle est devenue une science, et même plus puisque l’on parle des sciences cognitives. Mêler (pour penser) et démêler (pour penser la pensée) l’intuition et le connu est le propre de cette science. Mais peut-on dire qu’il s’agit d’une science ? A quel moment le savoir bascule dans l’inconnu et permet d’atteindre une compréhension différente qui fait avancer la solution ? La science cognitive est comme une outre, ou même un estomac plein. On bourre la poche. On trouve toujours  un peu plus de place, car elle est élastique, et puis, à un moment, elle explose. Son contenu se disperse ; il ne reste rien qu’une nouvelle solution qui l’a remplacé. Quel mécanisme a engendré cette révolution, pourquoi, comment ?

L’homme de tous les jours n’a qu’une vision, celle qu’il a apprise de ses parents et de ses professeurs, parfois agrémentée de vues personnelles qui constitue sa liberté d’être et qui lui apporte sa maturité. Il lui faut beaucoup de temps pour comprendre que cette vision est ce qui l’empêche de connaître plus profondément l’organisation des choses et en particulier de sa pensée. Pourquoi à un certain moment se rattachent ensemble des objets différents et dispersés qui vont lui donner une autre vision ?

En ce qui concerne certains hommes, il s’agit avant tout de se frayer un chemin dans le connu pour trouver les fentes qui permettent de le traverser et passer de l’autre côté. C’est un voyage vers le vide qui, à un moment donné, va crever la surface du connu et l’entraîner vers une nouvelle approche. Ce n’est pas réellement encore une vision. Il lui faudra pour cela faire appel au connu, l’habiller de mots que tous connaissent et organiser ces mots en concepts et arguments démonstratifs. Ce sera un travail long et difficile car il lui faudra revenir sur le connu pour expliquer l’inconnu et décrire le chemin de l’un à l’autre. A quel moment trouve-t-on les failles et peut-on se glisser dedans ? Comment cheminer dans ce labyrinthe sans se perdre ou tomber dans des crevasses ?

Aussi simple que cela puisse paraître, il suffit de ne plus penser et de laisser apparaître la solution toute seule. Elle vient d’un coup, dans le vide de l’esprit, dans une transformation de l’être qui s’allège, se transcende et perçoit la lumière de la solution. Contrairement à ce que pensent de nombreux psychologues, ce n’est pas l’esprit d’ouverture et d'empathie qui va permettre cette transformation. C’est au contraire la fermeture aux influences extérieures, aux rappels incessants du connu qui permettra cette transformation de la pensée et enclenchera des rapprochements inédits et intéressants.

Cela lui rappelle une anecdote. Au cours de discussions en commun sur des sujets  tels que le destin, la liberté, la transcendance, il lui était reproché de se tenir les bras croisés et de regarder les autres sans participer réellement à la conversation. C’était pour lui sa manière de se détacher du connu pour laisser l’inconnu envahir sa pensée. Il faisait le vide en lui-même et pouvait alors relier entre eux des éléments qui, normalement, sont éloignés les uns des autres. Cela lui permettait d’acquérir un fil de pensée différent et original. S’il restait ouvert, le corps tourné vers l’autre, il lui était impossible de faire naître en lui ce fil qui l’aidait à se retrouver dans le labyrinthe et de franchir le Rubicon. Il appelait cela « transcender le connu ». C’est un phénomène étrange. Se creuse en lui un espace vide, une sorte de trou d’air qui l’aspire et le fait flotter dans une sorte de liquide amniotique qui le nourrit de liaisons et fabrique l’image qu’il recherchait sans la connaître. Le tableau est posé, il faut maintenant le lui donner la couleur et les formes qui le rendront compréhensible aux autres. Le Rubicon est franchi, le désert s’étend à ses pieds, il lui faut maintenant relier entre elles toutes les gouttelettes pour constituer le fleuve de nouvelles connaissances. Alors comment susciter en lui, comment faire renaître ce vide nourricier qui lui permet de se glisser entre les fentes du connu pour aborder l’inconnu ? C’est cela penser la pensée, c’est cela qu’il faut découvrir pour améliorer sa compréhension du monde, des autres et, in fine, de lui-même.

25/03/2017

Retour sans départ

Il vous est souvent arrivé d’accompagner quelqu’un qui part en train avec une grosse valise, si grosse qu’elle ne peut la soulever (c’est forcément elle). Arrivée gare de Lyon… Noyé dans la foule bigarrée, vous peinez à diriger sur ses quatre roulettes le monument, qui, lui, ne sait où il va. Une légère déviation de la main l’entraîne inexorablement vers des lieux inconnus où vous ne souhaitez évidemment pas aller. Mais dès l’instant où il faut éviter quelques passants, vous vous retrouvez capitaine d’un bateau avec l’obligation d’anticiper longtemps à l’avance. Pour peu qu’un obstacle s’annonce au dernier moment, vous ne pouvez éviter l’accrochage.

Aïe, c’est un enfant incontrôlé, comme moi, qui se précipite sous les roues ! Dieu, quel effort surhumain, vous déviez la machine par un pur hasard. Ouf, l’incident n’a pas eu lieu…

Enfin, vous sortez du métro, prenez moult escaliers roulants aux soubresauts inattendus, montez in fine l’ascenseur, ouvre la porte. Vous êtes chez vous, hors de danger d’accident, épuisé, heureux d’être arrivé à bon port.

Les voyages forment la jeunesse, dit-on.

24/03/2017

L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (14)

Ainsi débuta le projet de Pierre Heurtebise de Praguilande, délivrer la pucelle lors de son charroi de la prison au tribunal ou même au bucher. Tous ces hommes étaient fiers d’une telle mission, quitte à y laisser l’existence. Lorsqu’ils furent tous choisis, Pierre leur raconta l’apparition de son numen et sa guérison. Bien qu’ils ne comprirent pas tout en ce qui concerne le fait que derrière l’existence on  trouvait l’essence, ils y virent un signe de volonté et d’accompagnement divin. Il ajouta que le temps pressait, que le jugement pouvait être rendu d’un jour à l’autre et qu’aussitôt proclamée la sentence serait exécutée de peur d’une réaction des partisans du roi de France. Il fallait de plus faire une reconnaissance, entrer dans Rouen sans se faire repérer, alors que les portes étaient gardées de nombreux soldats armés et sans foi ni loi. Cette phase préliminaire de l’attaque était particulièrement risquée du fait que tous les compagnons de la bande étaient plus ou moins connus de nombreux Anglais parce que rencontrés sur les champs de bataille ou les guets-apens. Il convenait de se méfier, car si le moindre signe d’une attaque déclencherait l’exécution, le lendemain, jugement ou pas proclamé, de la pucelle dans la cour de la prison, quitte à faire annuler la mise en scène macabre, par le feu, de la puissance anglaise. Bernard de Lourte, un des douze, proposa une facilité : il connaissait un homme, rouennais, qui n’avait pas froid aux yeux et qui saurait les faire passer au nez et à la barbe des gardes. Il pourrait le contacter et lui demander ce service sans bien sûr lui dire quelles étaient les intentions de ceux qu’il introduirait dans la ville. Ils feraient semblant d’entrer en contrebande des boissons alcoolisées que les Anglais, grands buveurs d’eau chaude aromatisée, avaient interdites aux habitants de la cité. Après quelques hésitations et avoir demandé à chacun leur accord, Pierre Heurtebise acquiesça et demanda à Bernard de prendre contact avec cet homme. Puis, dans le plus grand secret, ils préparèrent leur attaque, la prise de Jeanne en pleine rue en barrant le passage avec deux chariots fortement chargés, dont l’essieu se casserait peu avant le passage du convoi emmenant la prisonnière, empêchant tout demi-tour et facilitant l’assaut de la charrette transportant Jeanne. Il ne restait plus qu’à espérer que le nombre de gardes formant le convoi ne soit pas trop important.

23/03/2017

Confusion

Nous n’avons jamais tant vu d’agitations
Et de navrantes piques pour une élection.
Seul, l’empereur règne sur le médiatique,
Proclamant à qui mieux mieux sa gymnastique.
Il n’est pas atteint par la fièvre dévoreuse
Et sort toujours plus blanc de la lessiveuse.
Il navigue sans se fixer entre les extrêmes 
Et affirme vouloir gentiment faire carême.
Les autres, sous les coups des assassins,
Jouent les utilités contredites sans fin.
Leurs paroles se perdent dans le brouhaha
Qui finira prochainement par un hourra.
Et pendant ce temps, survit le monarque
Qui, dans la désolation, assis sur sa barque,
Contemple hilare les ruines de son château
Et annonce : « Il n’y a jamais d’égaux ! ».
C’était bien pourtant la promesse délirante
Qui enthousiasma les foules trépidantes.

 ©  Loup Francart

22/03/2017

L'amour

 

L’amour est le sable

que les dieux jettent dans les yeux

pour éblouir la longue peine des hommes,

mais l’espoir est le grain de folie

qui leur permet de survivre à la froideur des nuits.

21/03/2017

Sonatine en fa majeur

La revoilà cette sonatine (voir le 21/11/2016), cette fois-ci en majeur, pimpante et trépidante :

musique,partition de piano

musique,partition de piano

20/03/2017

L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (13)

Au plus profond de ses entrailles de guerrier, il sentit monter en lui une résolution implacable contre les Anglais, sans haine, mais sans pitié, comme un œil qui l’éclairait et lui permettait de voir Jeanne dans sa prison, seule, livrée aux Anglais, les pieds enferrés, les cheveux à moitié tondus, dépouillée de ses armes et de ses vêtements de combat, en liquette, presque nue. Alors, presque malgré lui, il résolut d’agir, de s’accorder le privilège de sauver Jeanne, quitte à y laisser son existence. L’essence avait parlé, lui avait dicté ce qui lui était monté du cœur et des tripes, c’est-à-dire se donner pour sauver une presque sainte qui savait sans connaître, qui trouvait sans savoir. Et dès cet instant où il perçut au fond de ses entrailles ce désir et, dans le même temps, ce retour à lui-même, le guerrier qu’il avait été, il n’eut de cesse de monter son projet, envers et contre tous, car ils étaient nombreux à lui refuser toute aide sous prétexte que l’Anglais était fort, trop fort, et que la partie était perdue d’avance. Alors, conscient que ses recherches ouvertes d’aide pouvaient aller à l’encontre de son but, il résolut de créer non pas une armée, ni même une compagnie de gens d’armes, dont il prendrait le commandement, ni même encore une horde hurlante d’assassins audacieux, mais une bande de douze hommes résolus moralement et physiquement, qui se jureraient solennellement de sauver la pucelle des mains des traîtres à l’abri dans leur ville tenue par les étrangers. Il convoqua individuellement ses amis et quelques connaissances dont il était sûr, leur expliqua son projet auquel tous adhérèrent dès qu’il eut parlé de Jeanne et de sa détermination intérieure. Chacun lui jura d’aller jusqu’au bout, quitte à perdre la vie, mais pas la foi.

19/03/2017

Zéro

Il n’existe que dix nombres
Qui servent en arithmétique.
L’un d’eux n’est qu’une ombre,
Évidemment un peu fantomatique ;
Il ne signifie rien, mais c’est un chiffre.
Il est la présence de l’absence.
Ce n’est pourtant pas un sous-fifre ;
Il fait grandir la connaissance,
Mais reste enroulé sur lui-même.
Fait comme un O, tel un païen,
Il constitue un enthymème :
Il est fermé et il n’est rien.

C’est ainsi que Shakespeare fit dire
Au roi Lear : rien ne sortira de rien !

 ©  Loup Francart

18/03/2017

Rencontre, lectures poétiques et dédicace

A Laval, à la librairie Corneille, située en centre ville, le samedi 1° avril, entre 16h et 18 h, rencontre, lectures poétiques et dédicace :

affiche dédicace Loup Francart 04 2017 b.jpg

17/03/2017

Le hasard ou la nécessité

Hasard ou nécessité ?

Est-ce un équilibre ou un désordre ?

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16/03/2017

Maxime

 

L'ennui engendre la violence

comme le calme précède les grands vents

 

15/03/2017

L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (12)

Le lendemain était justement jour de marché. Il décida de s’y rendre seul, traînant sa brouette et non plus sa jambe, et de montrer au monde son corps intact, réhabilité, magnifié dans l’ensemble de ses fonctions y compris la marche qui, jusque-là, lui était interdite. Il salua ses connaissances en bon campagnard qui se respecte, vendit ses salades et tubercules sans prendre garde au prix ridicule qu’il recevait en échange, heureux de parler et d’être écouté. Il finit même cette matinée dans le café de la place centrale où la plupart des vendeurs et acheteurs (ils étaient le plus souvent les deux à la fois) se retrouvaient pour parler, encore parler, toujours parler, puisque la campagne n’offre pas quotidiennement l’occasion de discourir avec un tiers. Il s’enquit des dernières nouvelles et apprit que Jeanne, la très fidèle, avait été vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg et qu’elle était emprisonnée à Rouen pour un jugement qui la conduirait très certainement à la mort, brûlée sur un bucher comme un vulgaire porc, en expiation de ce qu’elle leur avait fait subir malgré sa petitesse et sa modestie. Il en fut attristé, se rappelant les cavalcades conduites par la Jeanne dans l’Orléanais, dans ces chemins boueux et débordant de moustiques, pour surprendre les Anglais, si fiers de leurs personnes, si sûrs de leurs droits, si dédaigneux des natifs de cette terre difficile à cultiver.

Il reprit alors la route de Saint Bègue, son village, au nom mal connu parce que difficile à prononcer malgré son apparente simplicité, rangea sa brouette, entra dans la salle principale de sa maison et s’assit, le visage défait, l’œil interrogateur, le menton dans sa main gauche, cette sénestre sans droiture au convenu, seule à imaginer des idées folles. Il resta là tout l’après-midi, sans bouger, ni même penser, c’est-à-dire laisser aller ses idées où elles voulaient se rendre, sans ordre ni préséance, au fil des minutes, puis des heures. Progressivement, il se concentra sur ce qu’il avait entendu, Jeanne, en prison, vendue comme un vulgaire légume sur la place d’un marché, cette jeune fille qu’il avait connue, pas trop belle, mais pleine d’une énergie qu’aucun homme n’égalait, qui savait lorsque cela lui semblait nécessaire avoir le verbe haut et l’épée dégainée, maintenue enfermée dans une tour immonde au cœur du quartier général anglais, à la merci de Pierre Cauchon, l’évêque de Beauvais, un renégat à la solde des étrangers, qui ne pouvait trouver un chef d’accusation valable. Non, cela ne pouvait se passer ainsi, il fallait faire quelque chose !

14/03/2017

Dévoilement

C’était toi, l’ombre entrevue
Comme un double de moi-même
Cette glissade des personnalités
Jusqu’à l’emmêlement des genres
Nous nous retrouvons nus
Sans vêtements ni même sentiments
Et contemplons nos chairs incolores
Rien ne sert de nous caresser
L’empreinte de nos mains sur les corps
Reste sans conséquence ni mystère
Elles passent au-delà du rideau de l’être
Et s’enfoncent dans l’inconnu
Les bras s’allongent et ne peuvent saisir
Le vent, la pluie et les larmes
Le monde s’en est allé, que me reste-t-il d’autre
Que ton regard de fer et tes mains de velours
Le souvenir d’une après-midi ensoleillée
Et de ta fraîcheur dévoilée comme une orange ouverte

 ©  Loup Francart

13/03/2017

Puissance

La puissance ne tient pas à la valeur de chacun

Mais à l'assemblage de tous.

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12/03/2017

La poésie

La poésie, c’est un grand vide qui se remplit au goutte à goutte de l’inspiration.

Mais qu’est-elle celle-ci ? Impalpable comme le rêve, elle jaillit en silence et construit sans hésitation ni protestation ce qui deviendra les lignes couchées et ordonnées de l’instant magique où le cœur vibra et s’enfonça  dans la nuit noire jusqu’à la noyade.

Bienheureux celui qui survit et garde sur le papier les vers entremêlées du souvenir et des regrets. Ceux-ci  deviennent promesse et chantent le monde tel qu’il lui apparut un jour, magnifié et transparent.

Merci l’inspirateur anonyme qui transforme le sable en or et la chair en soleil. Un nouveau jour se lève sans un regard derrière.

11/03/2017

Maxime

 

L’amour, c’est cette odeur d’absence que je trouve loin de toi.
Je la transporte avec moi.
C’est ma façon de te retrouver.

 

10/03/2017

L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (11)

Arrivé au terme de ces réflexions, il s’aperçut que le silence s’était installé dans la forêt. Plus rien, pas un son, pas un pas, pas un envol ; une immobilité absolue qui lui égratignait les oreilles et la vue. Cet instant de pur silence fut comme une rosée qui entraînait l’âme vers l’éternité. Plus une pensée non plus, plus un sentiment, pas même une sensation, mais une merveilleuse douceur, comme un miel de fleurs sauvages qui traverse le gosier. Immobilisé, il sentit des larmes couler de ses yeux, en un remerciement vers l’infini, l’esprit libéré, le cœur confondu, le corps allégé, l’âme enfin apparaissant dans une nudité émouvante, révélant son essence parfumée et vertueuse. La lune se dévoila alors, débordante de lumière, faisant jaillir un numen aux contours bien nets, aiguisés par la contemplation qui avait précédé son apparition. Il se déplaça pour mieux l’examiner, mais celui-ci ne bougea pas. Il fit encore un ou deux pas. Rien, une ombre morte, qui n'était déjà plus une ombre. Progressivement, sa lueur diminua jusqu’à n’être plus qu’un pâle reflet d’une âme qui prenait toute sa puissance et sa vertu. Son numen ayant rempli son rôle, Pierre Heurtebise le laissa là et rentra alors à petits pas ou plutôt à petits béquillements jusqu’à toucher la première marche du seuil de sa maison. Il ne savait ce qui s’était passé. 

Les journées suivantes transformèrent Pierre Heurtebise. Durant cinq jours, il ne sut si c’était le jour ou la nuit, si les lueurs venaient du soleil ou de la lune, s’il ressentait son existence ou son essence. Il ne mangeait plus, ne dormait que peu, assis sur une chaise, ne se rendait aux toilettes qu’en dernière extrémité, et ne rêvait à rien. Il était envahi par un rêve étrange et bouleversant, celui d’un homme qui n’en était plus un, redevenant un homme qui se révélait plus qu’un homme. Longtemps, il s’interrogea sur cette étrange impression, puis, à la fin de la semaine, il eut l’intime conviction d’être transformé : sa jambe ne saignait plus, n’exsudait plus ces odeurs infâmes ; ses fissures se fermaient doucement, lui procurant un sentiment de gratitude envers il ne savait qui, le laissant bienheureux comme un simple d’esprit, le sourire aux lèvres, le cœur débordant, le cerveau vide d’un désir inconnu.

09/03/2017

Lemniscate, de Simeon ten Holt

https://www.youtube.com/watch?v=0xer7LIwJ-I 


 

Toujours en quête de nouvelle forme musicale. Nous avons entendu, le 8 janvier, Simeon ten Holt, le compositeur de répétitions minimalistes. Voici une nouvelle composition, tout aussi bizarre, enchanteresse et aride. Quelle impression !

Mais qu’est-ce qu’une lemniscate ? Une lemniscate est une courbe plane ayant la forme d'un 8. Elle possède deux axes de symétrie perpendiculaires. Ceux-ci se coupent en un point double de la courbe, également son centre de symétrie.

Elle est devenue le symbole de l’infini. L’impression donnée par cette musique est bien celle d’infini : un voyage dans l’espace et le temps qui nous ramène toujours au même endroit, à la même heure ; bref une sorte de folie qui rend compte de la solitude de l’homme dans un monde incompréhensible, mais qui a sa beauté.

08/03/2017

Transe

Que les sensations et impressions
Sont trompeuses et inconsistantes !
Ainsi, il a pris le fil de ses pensées
Et les a entremêlées aux perceptions
Çà a grippé, c’est sûr, et méchamment !
Il marche maintenant sur une roue
Qui possède une hernie cahotante
Clip, clop et floc. Quelle irrégularité !
Tout cela parce qu’un jour
La verrue du piquet de grève
S’est arrêtée face à sa voiture
Et a dansé un guilledou amer
A la barbe des hiérarques
Que ne sont-ils devenus verts
Emplis de leur fausse certitude
Sans un regard sur la nature
Et sur les humains qui cherchent
Non l’exigence du dé à coudre
Mais la vérité et le repos
Dans la paix bienfaisante du soir
Dieu, comme il est difficile de prévoir
Et de conspuer les auteurs
De décrets et d’arrêtés vilipendant
Le délire est dans le poste à images
Qui tourne sans cesse dans la tête
Encouragé par la mémoire
Et la ratiocination permanente
Sortez de là paroles impures
Et sautez à pieds joints
Dans la fange immorale
Des charlatans et procureurs
D’interdits et de repentances
Qu’ils meurent ces hommes de leçon
Qui se cachent derrière leurs vertus
Et qui n’ont pour tout bagage
Que l’ampleur d’une délivrance
Malheur à celui qui n’a rien
Malheur à celui qui a tout
Restez sur l’entre deux coupant
Et passez votre chemin !

 ©  Loup Francart

07/03/2017

La pêche de l’étang (4/4)

Nobles et hautains, les brochets attendaient avec mépris que leur sort fut décidé dans le même détachement qu’un prisonnier à l’âme haute vis-à-vis de ces bourreaux. Leurs corps portaient encore des traces de la lutte qu’ils avaient menée et des outrages subis, de longs filaments d’écume baveuse, qui, quand le corps de l’un d’eux s’écartait d’un autre, créait une bulle irisée et aplatie qui les gardait solidaires dans leur malheur. Mais le plus beau baquet était celui des tanchons qui, par la couleur jaune et rosée de leur ventre qui passait par mille nuances au bleu nuit, puis au noir de leur dos, me rappelaient l’émotion éprouvée au lever du soleil, comme si j’étais parvenu à enfermer vivante l’aurore dans ce baquet de zinc.

06/03/2017

Retournement

                       La divine lumière réside dans l’âme. Dès lors que celle-ci consent à se défaire des voiles et des taches qu’impriment sur elle les objets créés, aussitôt elle se trouve illuminée et transformée en Dieu. Alors Dieu lui communique son Être divin et elle semble être Dieu lui-même; et tout ce que Dieu possède, elle le possède.

Saint Jean de la Croix, La montée du Carmel

 

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Premier temps : unification de l’être

Les personnages multiples qui composent la personnalité se fondent en un seul être. La conscience, la vraie, c’est-à-dire la possibilité de se maîtriser soi-même, apparaît. Non seulement il y a unification de nos différents moi, mais toutes ces tendances s’harmonisent. Il n’y a plus de conflits entre notre pensée rationnelle et nos sentiments, entre les sentiments et les émotions, entre les désirs et la volonté. En fait, l’instinct, les désirs, les émotions sont transcendées. La pensée, la parole et l’action sont une, la connaissance et le sentiment vont de pair.

 Deuxième temps : dissolution du moi

L’unification entraîne non pas un renforcement de notre idée de nous-mêmes, mais au contraire une dissolution de cette idée. Nous comprenant nous-mêmes, nous comprenons l’autre et nous entrons en communion avec lui. L’autre devient moi-même, les barrières créées par le moi tombent progressivement.

 Troisième temps : l’inconnaissance

L’appréhension globale de la vie et sa compréhension se fait au-delà de la pensée. C’est en effet le voile du mental qui nous empêche de comprendre.

¨  La connaissance du royaume est inconnaissance, parce qu’elle est toujours nouvelle. Le monde spirituel ne peut se découvrir par une méthode, car toute méthode est fondée sur des habitudes mémorisées. Or chaque approche du royaume est nouvelle, indéfinissable et ne peut être revécue. Le problème est de se détacher du mental qui cherche à renouer avec l’expérience vécue.

¨  La connaissance de la vie divine ne peut se faire qu’à travers un nouveau mode de pensée. Ainsi, dans le monde psychique, la liberté est la faculté que nous avons de pouvoir faire des choix. C’est effectivement vrai : Dieu nous a créés libres, dans le sens que nous pouvons choisir de voir ou de ne pas voir le monde comme expression de la volonté divine. Mais la vraie liberté, la liberté donnée par l’accession au royaume de Dieu, une liberté qui n’est pas un concept, mais une réalité vécue, c’est de n’avoir plus à choisir, d’être sans cesse immergé en Dieu et d’y trouver l’épanouissement total, la réalisation de la vie.

¨  La pensée, libérée de toute imagination, devient instrument de l’esprit. Constamment soumise, elle a alors deux fonctions :

.      une fonction d’action : agir dans le monde par la pensée autant que par l’activité physique ;

.      une fonction de communication : exprimer sans le langage habituel l’inexprimable.

05/03/2017

L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (10)

Bien que la lune aussi pleine qu’elle pouvait l’être, éclairait presque comme de jour le paysage, plus il avançait dans les couverts plus ceux-ci devenaient obscurs, impénétrables ou tout au moins inconnus. Seule la clarté de son numen lui permettait de ne pas trébucher et de planter le bout de ses béquilles dans une terre pouvant supporter le poids de son corps pendant un cours instant, le temps de déplacer sa jambe valide sans appuyer sur l’autre. Il avançait ainsi et se retrouva perdu, guidé par son numen dont il suivait les variations sans se poser d’autres questions que celle de sa destination. Un nuage passa, puis un autre ; le ciel se couvrait. Bientôt, l’obscurité totale ne fut compensée que par la faible lueur de son essence devenue moins lumineuse et qui s’estompait progressivement au fur et à mesure que la nuit avançait. Elle ne pouvait se revivifier aux rayons de la lune et épuisait assez vite ses réserves. Enfin, il se retrouva dans le noir complet, mais heureusement dans une clairière qui lui permettrait de recharger son numen si les nuages disparaissaient ou au moins s’espaçaient. Il s’assit sur une souche d’arbre et attendit qu’une éclaircie survienne. Il n’avait pas peur, malgré le noir d’encre. Il connaissait la forêt, ses animaux, et savait comment s’en protéger pour ceux qui pourraient devenir agressifs. Il entendit passer une horde de sangliers dans le contrebas où un ruissellement se faisait entendre laissant supposer un petit cours d’eau. Il écouta le hululement du hibou, le roucoulement des pigeons, le couinement de rats dans un tronc à côté de lui, le jappement d’un renard. Il ne s’étonna pas de cette diversité des bruits de la nuit et en distinguait chaque note comme une symphonie murmurée à son oreille. Il était devenu une sorte de chef d’orchestre jouant de sons vivants et secrets comme un souffle intime qui le prenait au mot. Il n’avait aucune connaissance de la musique. Au plus, quelques notes jetées au hasard sur un clavier, puis les rondes et les noires qui dansaient sur une portée, ainsi entraînées par l’horizontal jusqu’à la fin du morceau ou renouvelée par les deux points symétriques qui se lisaient à la fin de la pièce. Mais il avait aimé, un jour où il était à Orléans, avec la Jeanne, chef des armées du Roi, le petit orchestre qui joua pour la famille royale et la cour des airs à danser qui lui donnèrent l’envie de tournoyer jusqu’à plus soif. Il avait ce jour-là découvert la puissance de la suggestion, l’engourdissement de l’intellect face à l’allégresse d’une musique endiablée. Il en avait gardé un souvenir mitigé, se sentant libre dans son corps et son cœur, mais, dans sa raison, moins disposé à se laisser enjôler par ces sons qui l’entraînaient. Il avait eu la sensation d’être un autre homme et s’était dit qu’il devait prendre garde à ne pas se laisser déborder par l’enchantement des notes, c’est-à-dire ce mélange savant fait de la mélodie, l’harmonie et le contrepoint.

04/03/2017

Poète

Te réfugies-tu dans ton intérieur
Ou t’exaltes-tu par l’extérieur ?
Es-tu poète de par ton intimité
Ou chantre de la beauté visible ?
Ou encore peut-être es-tu les deux,
L’œil sur les trésors du cœur
Et baigné de l’étreinte du monde ?
Heureux celui qui s’enflamme
A la caresse du vent sur le corps
Et qui s’abstrait dans la descente
Vers l’infini au-delà du moi
Mais bienheureux celui qui dépasse
Ces deux faces de Janus
Pour devenir poète de toujours
C’est ce retournement rassembleur
Le fruit de la recherche d’une vie
Qui fait de lui celui qui n’est plus
Et qui devient celui qui est
Présomption de déification
Me direz-vous, critique
Non, ce n’est que la réalisation
Pleine et entière qui réjouit
Le corps et l’esprit en un lieu
Qui n’est pas de ce monde
Qui rassemble le tout
Dans le miroir humain
Et l’illumine de l’éclat divin

 ©  Loup Francart

03/03/2017

La pêche de l’étang (3)

Une bataille furieuse, un déchaînement des forces inconnues de l’étang avaient suivi cette capture dans un bouillonnement de dos, d’écume et d’éclairs scintillants, et le filet s’était gonflé sur la pression de cette âme qui comprenait dans le resserrement de chacune de ses particules qu’on allait l’extraire de son univers. Elle attendait maintenant impassible et muette, agitée parfois de soubresauts involontaires dans cette petite enclave qu’on lui laissait encore avant de la disperser dans un élément bizarre, plus limpide, plus lumineux, mais combien plus étroit. Je retrouvais ensuite chacune de ses membres convulsionnés, en différents, en différents baquets éparpillés au bord de l’étang. Les carpilles, comme alanguies d’une maternité précoce se complaisaient dans la chaleur de leur ventre en une douce somnolence, mais certaines, comme un dormeur qui se retourne pour chercher une autre position, essayaient malhabilement de se mouvoir dans l’air comme elles le faisaient dans l’eau, en ondulant de plus en plus rageusement. L’une d’elles, coincée par les corps, se tenait la tête en l’air, le corps immergé dans le grouillement des autres dans la position figée qu’elle avait quand, libre, elle sautait hors de l’eau, et philosophant sur sa triste aventure, elle disait boa, puis bao, comme les enfants qui répètent inlassablement le même mot  de deux syllabes, s’émerveillant de la maîtrise de leurs muscles qui leur permettent de prononcer deux sons à la fois.

02/03/2017

Maxime

 

Sans l’amour des causes successives,

Celui de la cause initiale est imaginaire.