11/11/2012
Apparition
Vêtu de noir, il possédait tout
Si jeune et déjà propriétaire dans le ciel
Il sonna à la porte, doucement
Entra sur la pointe des pieds
Et son sourire chaleureux
Fit passer de la rue obscure
Au seuil encaustiqué
La lueur violette et transparente
Son regard perçant noircissait
La matière des objets entassés
Plus loin… Il cherchait l’inconsistance
L’atome derrière le toucher
La tranche pénétrable
Du vide au-delà de la rugosité
Parfois il s’enflammait
Les mains fermées sur sa vision
Tenant la pomme imaginaire
D’un Adam révolu, mais présent
Le divin insaisissable
Ouvrait ses portes aux gueux
Et caressait avec tendresse
Leurs pensées sauvages
A d’autres moments,
Il apparaissait souverain
Dans sa robe noire
Comme une mariée
Il allait à l’aventure de la vie
Tenant sa citrouille haute
Illuminant son chemin
De la clarté de la vérité
Il repartit tôt, encouragé
Auréolé de pièces bigarrées
Paysan, intendant, apôtre
Sachant tout faire
Ignorant le savoir
En connaissance d’instinct
Avec la lumière divine
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10/11/2012
L'écriture
Tout bouillonne en lui. Fébrilement installé devant sa table, il est transparent. Il crée par sa pensée. Et tout cela pour quoi ? Il ne le sait, mais il est persuadé que c’est utile. A quoi ? Il ne sait pas. Tel le pianiste qui fait ses gammes, il déverse ses lignes d’écriture qui s’effacent au fur et à mesure.
Mais qu’il est bon d’être ainsi suspendu entre ciel et terre aux heures où tous dorment pour le repos de leur corps et de leur âme.
Derrière le visible, l’invisible. Qu’est-il ?
Dessin réalisé à l’encre de Chine. Bien sûr, en pleine nuit !
07:08 Publié dans 24. Créations dessins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dessin, peinture, encre de chine | Imprimer
09/11/2012
Apprendre à vivre et à mourir
« Il faut apprendre à vivre tout au long de sa vie, et, ce qui t'étonnera davantage, il faut, sa vie durant, apprendre à mourir. », disait Sénèque.
On ne peut monter haut sur une échelle en sautant à cloche pied. Tantôt à droite, tantôt à gauche, on s’élève alors sans fatigue.
De même, on ne comprend la vie qu’en comprenant la mort, et inversement. Mais, dans le même temps, on ne sait rien de la vie et de la mort. Car la vie, comme la mort, c’est apprendre. La vie est là pour nous dire de ne pas s’attacher à nous-même, à nos préoccupations, à nos habitudes. La mort est là pour nous détacher de nous-même et nous contraindre à nous interroger en faisant abstraction de notre petite personne.
S’aimer soi-même est indispensable à une vie épanouissante, mais s’oublier soi-même est indispensable à une mort bien vécue. Alors, efforçons-nous de sortir de notre narcissisme ! Aimons-nous en tant que personne unique dont le seul objet est de découvrir que les autres sont également uniques et digne d'être aimés.
07:17 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, méditation | Imprimer
08/11/2012
Triodion, d'Arvo Part
http://www.youtube.com/watch?v=uwmmnmVFTjg&feature=related
Nous avons déjà entendu ce compositeur estonien. Il signe là une œuvre pour chœur mixte chantée a capella, intitulée Triodon.
Cette œuvre est une commande pour le 150e anniversaire de la fondation du Lancing College au Royaume-Uni. Sa première mondiale a été exécutée le 30 avril 1998 par le chœur de la chapelle de Lancing sous la direction de Nicholas Cox à l'abbaye de Westminster à Londres. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Triodion_(P%C3%A4rt)
Le triode est un livre de la liturgie orthodoxe constitué de trois odes qui se chantent au temps pré-pascal. La plupart des canons du Triode ont été composés par St. Théodore de Stoudion (†826) et par son frère Joseph de Stoudion (†830), qui ont complété les chants plus anciens des Saints Côme de Mayuma et André de Crète, du VIIIe siècle (http://fr.orthodoxwiki.org/Triode).
Ces trois odes sont chantées en anglais :
Ode I: O Jesus the Son of God, Have Mercy upon Us ;
Ode II: O Most Holy Birth-giver of God, save Us ;
Ode III: O Holy Saint Nicholas, Pray unto God for Us.
L’œuvre débute par une prière chantée par une femme, à la manière grégorienne. Puis le chœur des hommes. Selon l’habitude des chœurs orthodoxes, la composition utilise le bourdon, accompagnement du chant par un fond permanent sur une seule note. Les répons sont chantés par l’ensemble du chœur, hommes et femmes.
Le compositeur utilise parfois des accords de seconde qui donnent une note insolite dans la parfaite harmonie classique de l’œuvre.
Dans son style minimaliste, Arvo Part nous donne une musique profondément religieuse, apparemment très traditionnelle, presque conventionnelle au début, pour progressivement entrer dans un dialogue insolite, fait de chant et de silence, qu’il faut laisser vibrer en soi pour en saisir la subtilité spirituelle et se laisser envahir par cette prière magnifique. C’est une sorte de méditation intérieure qui donne toute sa force parce qu’au-delà des prières habituelles de remerciement, de supplication et de demande.
07:26 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique religieuse, orthodoxie, minimalisme, chant liturgique | Imprimer
07/11/2012
La turpitude
La turpitude est-elle devenue morale ?
Ignominie et indignité, criaient nos grands-pères
Mais nous qui la côtoyons chaque jour
En avons-nous tellement horreur ?
L’âne nu se délecte de son attitude
Devant ces dames en sous-vêtements
Pourtant rien ne le distingue
Du personnage à trogne rougie
Qui joue du saxo devant notre porte
Et qui tend la main fourchue
Aux passants qui s’écartent, désorientés
La honte soit sur eux, ces avatars
D’une dissolution indélébile !
Ils avancent main dans la main
Comme deux gendarmes poursuivant
La folie du genre humain
Et regardent de tout côté
Si l’œil du cyclone n’est pas perdu
Ou seulement égaré
Oui la turpitude n’est plus ce qu’elle était
Elle s’est apprivoisée
Et ne court plus dans la campagne
Mais dans les chambres maudites
De ces hôtels où se concentrent
La caresse de l’interdit et du stupre
Et le noir désir qui chatouille la pensée
Tourne autour de chacun, vertigineux
Comme un ouragan tourbillonnant
Et pénètre par l’œil et l’oreille
Dans la loge cachée et rouge
De l’adolescent qui sommeille en vous
Au fond du désir indécent
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, littérature, poésie | Imprimer
06/11/2012
Maîtres et ateliers, textes et photographies d’Alexander Liberman
L’idée de ce sculpteur et peintre connu, russe et américain, fut d’enquêter, après la guerre, sur ce que fut l’environnement des grands peintres de l’Ecole de Paris. Non pas l’environnement social, politique ou mondain, mais celui de leur atelier, de leur vie intime, et surtout les lieux où ils ont créé leurs chefs d’œuvre. On se promène ainsi dans l’atelier de Cézanne, Monet, Renoir, Picasso, Braque, Léger, Hartung, Manessier, et bien d’autres, significatifs de cette époque où la France était le centre des arts picturaux, le lieu d’inspiration d’une nouvelle peinture, révolutionnaire. Chacun des artistes cités ont inventé une nouvelle manière de peindre, d’aborder leur sujet, de le voir, de le transcrire sur la toile ou d’autres supports.
Et il écrit dans son introduction : « Après des années durant lesquelles j’ai vu et photographié longuement ces grands artistes, je demeure surtout frappé par leur obsédante dévotion au travail créateur. Selon le mot du poète, ils ont vécu leur vie en la brûlant ». Cette consécration à leur art, analogue à celle des religieux, ils se la sont imposés à eux-mêmes. Ce sont les prêtres d’une religion nouvelle : l’art. (…) Au XIVème siècle, Cennino Cennini définissait ainsi les vertus cardinales du peintre : Vous qui adorez peindre, parce que vous en avez la vocation, avant de vous engager dans notre art, commencez par vous revêtir des vêtements que voici : Amour, Révérence, Obéissance et Persévérance. »
Chaque peintre est défini par son approche de l’art. Ainsi de Cézanne l’auteur dit : « L’œuvre, l’œuvre d’abord, et l’œuvre seule. Cézanne vivait dans un cadre ascétique. (..) Tendu, éperdument, vers les sommets de l’art, Cézanne a connu bien des jours de désespoir. » De Renoir : « Classique, la recherche de l’artiste a consisté à intégrer l’homme dans la nature, car sans la fusion de l’humain et de l’inhumain opéré par l’artiste, la nature, si belle soit-elle, ne dégage pas le sentiment de la plénitude. » De Van Dongen : « Avec son béret incliné de côté, sa barbe blanche élégamment peignée, Kees Van Dongen fait l’effet du commandant de bord. Le capitaine, puissant et expérimenté, d’un immense vaisseau hollandais, le dernier capitaine d’une croisière de luxe. »
Et c’est une longue histoire de la création artistique que nous fait vivre Alexandre Liberman. Ainsi Picasso explique : « J’ai horreur des gens qui parle du beau. Qu’est-ce que c’est le beau ? Quand on parle peinture, il faut parler problèmes ! La peinture n’est que recherche et expériences. » Et Braque poursuit : « Une peinture n’est pas autre chose qu’une méditation ; c’est le produit de la contemplation. Le tableau se fait tout d’abord dans l’esprit, et il s’agit ensuite de le régurgiter. »
Dans sa postface, l’auteur explique : « Tout artiste espère que ces œuvres vivront longtemps après lui. Et lorsqu’elles deviennent immortelles dans la mémoire visuelle de l’humanité, cet espoir est parfois récompensé. Quant à nous, chaque fois que nous admirons une œuvre, nous sommes émerveillés par ce mystère, cette gloire et l’enfantement miraculeux qu’incarne l’art véritable. »
07:30 Publié dans 21. Impressions picturales, 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, école de paris, création, art, art pictural | Imprimer
05/11/2012
Méditation en Périgord
L’arbre, symbole de vie, enraciné dans la terre, la tête dans le ciel, les branches ouvertes à tout vent, et ses fruits tombés à terre, glands ou autres semences, source d’autre vie.
La croix, symbole de l’union des contraires dans le Christ, horizontale pour l'homme et verticale pour le divin, rencontre du temps et de l’espace, elle est également l’image de la passion.
Le lieu de paix, la chapelle en pierre, symbole de ressourcement, à la porte romane par laquelle l’homme entre en méditation.
Et tout cela au bord d’une route, sur la route de l'homme debout.
Belle image, n’est-ce pas ?
07:15 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spiritualité, société, vie | Imprimer