14/01/2015
Circuit
Il se leva, déjà dressé sur sa couche
Il ne se retourna pas, sûr de lui
Elle restait seule dans ce lit
Dormant comme une souche
En route ! Il sortit dans la nuit
Le regard éveillé, tendu
Il distinguait le circuit
Cet anneau aux cercles défendus
Il enfila ses gants de cuir
Fit quelques mouvements subtils
Était-ce suffisant pour conduire ?
Rien ne lui sembla hostile
Il enfourcha la machine
S’équilibra sur la selle
Naturellement courbant l’échine
Pour l’épousaille charnel
Sous ses doigts, le bouton
Petit, rond, attirant le regard
Il pressa l’éclat du laiton
L’orage retentit, braillard
Seul le casque manquait à l’appel
Il choisit le rouge couleur sang
Qui était froid comme un scalpel
Puis, passa la vitesse sereinement
Le premier tour fut raisonnable
Il écoutait le chant clair du moteur
Ce son aimé parce qu’indéfinissable
Enfin, il activa le propulseur
Alors, collé à son engin
Le cœur soulevé, ouvert
Il prit son destin en main
Et partit vers l’univers
Courbé sur le réservoir
L’œil sans une larme
Il se laissa aller sans pouvoir
Interrompre le vacarme
Première courbe enjôleuse
Redresse la bête, la bê…ête
Celle-ci poursuivit, audacieuse
Elle semblait pourtant honnête
Il ne put redresser
Il resta de marbre
Mal embossé
Droit dans l’arbre
Eclatement
Explosion
Exactement
La dérision
Elle dormait toujours
Sans savoir son malheur
Elle rêvait d’amour
En attente de douleur
Dans ses yeux rieurs
La pluie lava la peine
Pas besoin de fossoyeur
Elle fut… La reine, sereine…
© Loup Francart
07:38 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vitesse, griserie, passion | Imprimer