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28/02/2023

Négation

« Un point est-ce qui n’a pas de parties »
Proclame Euclide dans les Éléments
Le point est donc la plus petite figure géométrique possible
Et Denis Henrion précise qu’il n’a 
Ni longueur, ni largeur, ni épaisseur
Tel est le début de la géométrie
Une définition négative
Qui dit ce qu’elle n’est pas
Une trace d’inventivité et de mystère 
Indéfinissable concrètement

27/02/2023

Homme

Il marche petitement
Se balançant sur ses jambes
Agitant les bras pour se rétablir
Riant de ses dents blanches
Pleurant parfois devant la difficulté 
Mais repartant aussitôt avec un sourire

Allons-y ! se dit-il en lui-même
Tous autour de lui s’extasient
La mère sourit aux anges
Le père ne dit rien
Mais ses yeux brillent de satisfaction

Tous se réjouissent de sa bravoure
Les uns applaudissent, 
les autres crient Bravo
et l’enfant rie de voir leur enchantement
savent-ils les efforts inaudibles qu’il produit
les heurts et bleus perçus

jusqu’au jour où tout devient logique
où l’être navigue sans difficulté
Parmi les pièges de la vie
Puis lentement peine à poursuivre 
La chasse aux exploits
Jusqu’au jour où il fatigue à avancer
Puis s’effondre sur lui-même

Adieu la terre
C’est un autre monde
Plus souple, plus consistant
Qui élève l’être vivant
Et lui fait comprendre
La beauté de la vie
Trop tard, tu ne peux en profiter
Alors tente de te souvenir que tout cela t’est donné !

25/02/2023

La vie intime

Toi, rien d’autre que toi
Ombre de mes rêves
Spectre de la beauté des jours
Suspendue sur ton fil, le regard vert
Sur la ligne d’horizon
Perdu de tes espoirs tendres
Où vas-tu ainsi, les pattes maigres
Courant sur la boue
Englouti dans la tiédeur
Un sourire sur les lèvres
Sans un regard pour l’autre
Ton compagnon de toujours
Qui t’accompagne et te veille
Tes bras m’enserrent  
Ta main sur ma main
Me fait la douceur des rêves
La vie continue, rose et coulante
Contemplant les étoiles
Les yeux émerveillés
Jusqu’à ce qu’ils se ferment
Voient la danse des vivants
Sur la terre éperdue d’amour

 

24/02/2023

Qu'es-tu ?

Je suis ce que tu n’es pas 
je suis le vent qui court
La marée qui s’épuise
Le moteur qui s’étouffe 
Le merle qui siffle
L’ombre qui s’éteint 
Je suis l’imprévisible 
L’inattendu, la surprise 
Dans une vie réglée
La peur qui coule des yeux
La surprise qui te fait sourire

Souris toujours à la vie
Et vois l’impossible dans les yeux de l’autre

23/02/2023

Miel

Tes seins sont mon horizon
Une ligne claire et ferme
Qui bouche ma vision
Et me remplit à terme

Miracle de cette forme
Si pleine d’émotion
De douceur et de paix
Que je te rejoins en création

Tu es le modèle des rêves
Le puits des amours perdus
Étendu sur la grève 
ton souffle assidu

plus rien ne vient de toi
si ce n’est cette chaleur
qui prend l’âme et la broie
je suis devant le monde sans peur

22/02/2023

Un poème

Glissement rond red.jpg

Un poème, c’est un rond dans l’eau
Créé par l’impact d’une ivresse soudaine
Une gifle décoiffante d’un fait insolite…
Les sens en alerte tu guettes l’éveil
Aujourd’hui il ne vient pas, pourquoi ?
Remue la tête, déménage tes poussières
Souffle sur le décor et entame la valse
De la folie des mots qui s’enchaînent…
Laisse-toi bercer par la cathédrale
Et les résonances  de ses fils de verre…
L’orgue se tait, l’organiste est mort
D’une crise de larmes et d’étincelles
Le chien aboie dans la tribune
Quoi de plus naturel !
Le fumet des mots d’antan a disparu…
Odeur des greniers ou des caves
Un relent de moisi ou de renfermé
Qui saute à la gorge étonnée…
Et tu poursuis en tournant à la main
Ta perceuse, fouillant dans le sable
Et la pierre jaunie d’écume
Jusqu’à l’étincelle attendue divinement
Qui met le feu aux poudres
Et chavire tes perceptions latentes…
Sautez le chat huant et l’éléphant rose
Ça clignote dans l’ellipse grammaticale…
Secoue la caisse de résonance…
Extrais le jus de l’ignorance
Et couche-le sur le papier 
Laisse-le baver sur la feuille blanche
Qu’il se dessine seul en noir
Tache bienfaisante et fertile
Qui fait rire l’innocent
Et ricaner l’averti…
La mer des mots n’en finit pas de déborder…

 

21/02/2023

Insolite

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Cela dura un temps

celui de prendre sa forme

puis ce fut la fusion

dans le décor tacheté

quelle éruption dans cette platitude !

 

 

20/02/2023

Maigre souvenir

Encore toi ! tu m’agrippes la jambe !
Souviens-toi de moi, dis-tu !
Mais rien ne sort de ma mémoire
Même pas l‘ombre d’un visage
Ou ta silhouette dans la rue
Juste un nom lié à un message
Écris fébrilement au dos d’une enveloppe
Je tente de me remémorer ton apparence
Mais je ne vois qu’une fumée sans force
Planant au-dessus d’un nid envahi de pépiements
Souviens-toi ! souviens-toi ! crient-ils
Mais rien ne vient dans mes souvenirs
Pas même un son, un geste, une attitude
Si, peut-être, un souvenir de promenade
Un jour d’hiver, dans un froid glacial
Lorsqu’elle se serra contre moi
Raide et tremblante, sans rien dire
Et que j’embrassais sa bouche 
Chaude, ronde, avide, parfumée
Qu’en reste-t-il ?  Un vague nuage
Un brouillard de bonheur
Dans lequel je me débats en vain

19/02/2023

Miasmes

Rien ? il ne reste rien de nos rêveries d’antan
Quand tu courais aux murs de notre inconscience
Veillant sans cesse à nos intérêts et possessions
À nos souvenirs enfermés dans nos mémoires
Et au fond desquels se cache la puissance de l’amour
Le grain d’espoir revenu du monde endormi
Repu d’invisibles sursauts de miasmes de regrets
De n’avoir pu profiter de ces moments heureux

Tu es l’invincible femme de fer et d’or
Qui soutient mon souvenir et ma foi
Les fils suspendus de nos aventures
Et même de notre existence échevelée
Le nuage d’inconsistance de nos amours

Merci de ces jours cocoonés de rêveries
De ces échappées dans la steppe de nos mémoires
De ces villes où nous avons vécu
De ces voisins amicaux et joyeux 
Des marchés où nous avons posé nos pas
Des trésors enfouis dans nos souvenirs
Et qui seront perdu à jamais

Tu fus longuement mon bâton
Tu me caresses la main et me dis ton amour
Comme une jeune fille regarde l’homme aimé
Et ton cœur s'emplit d’air et de douceur
Tu pleures sur notre amour et la tendresse de nos images
Enfouies au plus profond de nous-mêmes

 

16/02/2023

Rappel

Les beaux jours de pureté
Bonheur des solitudes
Quand deviendrez-vous présents ?

14/02/2023

Souvenirs

Souviens-toi : la fraîcheur de la nuit
Le crépitement des cigales
Le crissement de tes ongles sur ma peau
La tendresse de tes joues dans l’ombre

Merci de ces jours d’attente
Merci pour la sève montante
Merci pour l’extase de tes accueils
Merci pour ta pâle incandescence

L’amour reste vivant en nous
Toujours nous nous regarderons
L’œil pétillant, les dents blanches
La joie sur nos lèvres enfiévrées

Tu es la seule et unique femme
Que je serre dans mes bras 
Et dont la douceur me fait trembler
Lorsque je suis seul dans la nuit

 

13/02/2023

Toi, absente

Tu m’enduis de miel et d’images
Tu n’es plus là, mais je suis avec toi
Je te rêve, enfoui dans ta chaleur

12/02/2023

Seul

Il est là, nu comme une feuille
Dont les marbrures courent sur le papier
Il a été resplendissant dans la journée
Puis s’est affaissé à la venue du noir
Il tremble comme un roseau dans le vent
La vie est-elle un chemin de pierre
Aux arêtes tranchantes et suintantes ?
Tu ne sais quel est le sommet de la folie
Prononcer de doctes paroles
Ou pleure sur la force de la persuasion
As-tu convaincu ton frère ?
Tu ne sais, mais les tentatives sont utiles
Pour devenir un homme véritable
Pleure au goutte à goutte de ta chair
Seul ton pied reste droit et ferme
Et avance sur le chemin de terre
Jusqu’à aborder la route de la compréhension
Meurt-on d’un être pusillanime
Qui se cache sous son ombre ?

11/02/2023

Protecteur

Ne jamais désespérer !
Tiens-toi droit
Et regarde au loin
Tu sais les écueils de la vie
N’oublie pas le protecteur !
Toujours quelque chose à espérer
Mais ne te gonfle pas tout seul
Fais confiance, il est là
Il ne dit rien, mais il veille
Fais silence, couvre-toi
Et attends dans la paix
Sans jamais désespérer
Il agit, tu ne le sais pas
Mais il est là, toujours

09/02/2023

Eté

Des cris d’enfants
Le ruissèlement sur la peau
L’appel d’un canard 
Et le calme de l’après-midi
Quand la maison dort
Au pied de la rivière
La tête dans l’eau
Fraîche et sourde
Ton regard sur nous tous
Tendre et amoureux
Tu le tiens près de l’eau
Riante et charmeuse
Appelant les petits au bain
Ils se précipitent en riant
Et se jette dans la fraîcheur
Sans efforts ni simagrées
Les rires résonnent dans la campagne
Il émerge d’un assoupissement
Les bruits se mélangent
Il saute du lit, fiévreux
Oui, tout de suite
à l’eau
Revêts-toi de ta nouvelle peau
Prends ton glaçon entre les dents
et plonge sans hésiter dans la froideur

07/02/2023

Amour

Le dessin final de l’acte d’amour est à double face :
. matériellement de renouveler la vie,
. spirituellement d’élever l’homme à un degré de conscience de soi supérieur, c’est-à-dire de le faire tendre vers sa perfection possible.Cette élévation spirituelle de l’homme dans l’acte d’amour conduit à un phénomène de personnalisation dans l’union (contraires associés). Plus l’homme renonce à lui-même pour se combler, plus il se retrouve. Mourir à soi pour renaître.

06/02/2023

Recherche

Débarrasse-toi de toi-même
Laisse tomber ton fardeau
N’emmène rien
Tiens ouvert ton esprit
Emplis-toi de lumière
Ne bouge plus
Ouvre les mains
Laisse couler en toi
Le miel de l’absence
Jusqu’à ce qu'apparaisse la présence
Et qu’elle t’envahisse l’âme

04/02/2023

Pauvreté

Multiples sont les occasions de périr
Celles de vivre sont légions également

Connais-tu l’occasion de survivre
Dans la misère et l’ignorance
Prostré dans un coin de rue
Perdu aux yeux du monde
Sans attaches ni reconnaissances

Vêtu d’un simple maillot
Traînant dans la poussière 
Tu n’es rien qu’un simple humain
Un objet sale et puant à souhait
Regardant la société, exalté
De ton apparence différenciée
Fier d’être ce que tu n’es pas

Adieu beau jeune homme
Je n’ai plus rien à te souhaiter
Sinon de vivre suffisamment
Pour connaître la vraie vie
Les amours simples et cachés
La camaraderie réelle
Et la conscience vides d’arrières-pensées

03/02/2023

L'humanité

Tous sont là, pas un seul ne manque à l’appel
Les jeunes et les vieux, les femmes et les hommes
Les jaunes, les noirs, les rouges et les blancs
Les premiers de la classe et les derniers au palmarès
Les riches, les pauvres et les inconscients
Les handicapés, les sportifs, les intellectuels
Les marins, les aviateurs, les cavaliers
Toute l’humanité est là devant le poste
On a marché sur la lune :
Un petit pas pour l’homme
Un grand pas pour l’humanité

(Retransmission du 20 juillet 1989 par la NASA : retransmise aujourd’hui à la télévision à 3h du matin)

02/02/2023

Perdu

Devant la page blanche, rien ne transparaît
Ton désir est brûlant et ton cœur vivace
Tu entends le cri des oubliés et des tièdes
« Donne-nous tes efforts et tes peines
Délivre-nous de la glu quotidienne
Et prête-nous ta verve et ton charisme »
Ainsi fit-il pendant la soirée funeste
Jusqu’au milieu de la nuit inconnue
Entourée de fumée odorante et verte
Il prit la nuit et la déposa sur l’autel
La caressant du plat de la main
Plongeant dans la froideur de son corps
Elle ne dit rien et ne chanta même pas
Elle resta calme et délaissée
Il la laissa partir, petit et frêle    
Elle s’enfonça dans l’ombre, devint un point
Puis un rêve de moins en moins palpable
Puis un souvenir devenu fumée perdue
Il n’y eut plus rien, un trou comblé
De réminiscences diffuses et palotes
Adieu le monde de la présence
Je n’ai plus rien qui me rattache
A celui que je représente aujourd’hui
L’homme brillant et sûr de lui
Perdu dans son monde d’affaires et d’amour

01/02/2023

Froid

L’hiver montre ses plaies
Gonflées, elles libèrent leur dépendance
Plus rien ne va plus dans la campagne
Les doigts gèlent aux pieds et aux mains
Le silence s’installe et mord jusqu’au coude
Où se réfugier dans le bain de glace ?
Dedans la fumée gonfle les tuyaux
Elle s’échappe librement du toit
 Sans un bruit, en petits paquets
Et réchauffe la vie en nous
Cela fait du bien de pouvoir respirer
Un air froid et sec de l’espace
Plus de prisons des villes
Un portefeuille bien cuit
Réchauffant le cœur durci
Creusant l’être dénué de bonheur
Et l’emmène vers la solitude
Du manque d’empathie
Adieu beauté fragile
N’oublie pas tes souvenirs
Et passe chez tes parents
Pour y vivre ton passé et t’ouvrir à la vie