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27/10/2019

Habitude

 

Le monde vit d’habitudes.
Il a pris l’habitude de l’habitude.
Toi, tu dois désapprendre l’habitude !
Jette-toi dans le chaos de l’existence
sans y chercher le renoncement de l’habitude.

 

26/10/2019

Toots Thielemans à l'harmonica


L'harmonica peut se révéler un instrument soliste de concert.La beauté de ses sons peut bouleverser musiciens et public et enchanter l'âme.

25/10/2019

Locédia, éphémère (31)

Une de ces affiches représentait une femme aux dents écarlates tenant à la main une brosse à dents. Elle s'écriait en lettres noires : « Ne vous brossez pas les dents avec n'importe quoi ! » A la suite de ces mots, on pouvait voir une brosse à dents électrique vibrante revêtue de ses pare-gencives. Pourquoi cette affiche anodine me fit penser à toi, Locédia ? Ce n'était ni la brosse à dents en elle-même, ni la couleur des cheveux de la femme, ni ses yeux d'ampoules noircies. Perdu dans la contemplation de cette femme au sourire carmin, arrivé au niveau du transporteur et bousculé par les enfants qui se pressaient pour monter les premiers, je redescendais déjà de l'autre côté de la station sans avoir pu monter dans la boite capitonnée, quand je découvris la raison de cette réminiscence bizarre ? Un soir, tu t'étais lavée longuement les dents et tu m'avais regardé en tenant en l'air ta brosse à dents, du même geste que la femme sur l'affiche.

_ N'est-ce pas que je suis belle ? Aimes-tu mes dents ?

_ Tu as les dents d'un jeune chien, lui lançais-je en riant.

_ Pourquoi ? Non, j'ai les dents d'un enfant.

Tu semblais vexée de cette réponse que j'avais faite en pensant à autre chose, absorbé par la contemplation du vent sur la chevelure feuillue des arbres municipaux.

_ Et tu es une enfant qui a vingt ans, remarquais-je. Ou sans doute es-tu une femme de quarante ans ou encore une grand-mère qui a quatre-vingt ans et les dents d'une enfant. Quand tu avais les cheveux gris, je te baisais la main. J'embrasse, Madame, la dentition de votre descendance.

Tu riais de ma folie, les dents rayées de tes cheveux que nous mêlions à nos jeux, ces cheveux que tu avais voulu teindre le jour où je t'avais dit que tu n'aurais les dents blanches que lorsque ceux-ci auront vieilli.

Je m'étais perdu dans la foule descendante. Comme les particules d'un fleuve déchainé, j'étais repoussé par la masse des autres contre une berge, comprimé entre deux racines, ralenti par le frottement familier de l'écorce et ramené ensuite par les lois de la gravité vers le milieu des flots. Je dus traverser d'interminables couloirs sonores, monter des escaliers tortueux, choisir une route dans ce labyrinthe, redescendre des marches rugueuses et attendre une place dans la file ininterrompue du tapis roulant. Je te revis à nouveau, verte, lumineuse, réclame impitoyablement humaine.

24/10/2019

Voir

 

L’ombre plus forte que la nuit
Lune plus lumineuse que le jour
Ainsi va le monde et la nature
Quand on marche les pieds en l’air

Il faut cependant s’y habituer
Le poids de la pesanteur
Attire l’œil vers le bas
Et les pas de la belle
Sur les nuages de la gloire
N’empêchent pas l’exaltation
Mal venue des voleurs

Bref, va et ne regarde pas en arrière
Rien de pire que la tentation de voir !

 

©  Loup Francart

23/10/2019

Apercevoir

Glissé entre deux

Venu d'un autre monde

jaillit le mystère

 

19-10-23 (13-03-07) Briques assemblées 1mx1m.jpg

Anodin est-il ?

Formes et couleurs semblables

Mais il est autre !

 

Le mystère est son bonheur

 

22/10/2019

Beauté

 

La beauté d'un temple grec ne se bâtit pas sur la grosseur d'une colonne par rapport aux autres,

mais sur l'harmonie des colonnes entre elles et leur agencement dans l'espace.

 

21/10/2019

Locédia, éphémère (30)

Le temps passait. Pourquoi cette flânerie esquissée ? Je m'obligeais à une quiétude apparente et m'interdisais de me hâter vers l'entrée du métropolitain. A son abord, les passants se faisaient plus denses. Je fus happé par une sorte de fleuve en furie. Les corps rembourrés des hommes et des femmes, projetés à droite et à gauche, semblaient attirés par une force invisible. Tantôt avalé, tantôt rejeté, je m'étais tant bien que mal trainé devant une cage de verre où évoluaient d'insolites monstres : des femmes tronçonnées dont le corps coupé à hauteur du nombril ou à la base de la boursouflure des seins, reposaient sur le comptoir comme un buste sur la cheminée d'un salon empire. Poussé par la foule, je défilais devant la cage de verre où une de ces femmes, d'un geste précis et sévère, avala de sa main ouverte les pièces que j'avais jetées tandis qu'un billet sortait de la gueule béante du comptoir argenté et froid. Le fleuve furieux des corps m'entrainait irrésistiblement. J'eus à peine le temps de voir le sens que je voulais prendre sur l'écran lumineux suivi d'une longue flèche aux formes tourmentées. Depuis la découverte de nouvelles lois relatives à l'orientation des corps dans l'espace, le mot direction avait été interdit par la Société des Sciences qui considérait comme anormale cette appellation du lieu où un individu est en instance de se rendre. Je me souviens encore du décret lu à la Voix Officielle et des transformations que cela avait entrainées dans la vie urbaine.

« La Société des Sciences et de ses Applications Morales décrète officiellement qu'à partir de ce jour, en vertu des récentes découvertes concernant la gestion des mouvements des corps dans l'espace métropolitain, il est interdit d'employer le vocable direction à propos des mouvements possibles du corps humain dus à l'aspiration spatiale du moment. En conséquence, seront punis d'une peine équivalente à un mois d'inaction forcée les contrevenants usant de ce vocable impropre. L'application de ce décret est confiée aux agents techniques de la Société des Sciences et des Applications Morales en relation avec la Police de la municipalité ciparsienne. »

Ce décret avait fait beaucoup de bruit, mais le bon sens des gens avait convenu qu'une direction ne pouvait avoir de sens, alors que deux sens pouvaient avoir une même direction.

On avait également découvert il y a plusieurs années que la principale perte de temps durant le trajet était due aux arrêts obligatoires à chaque station. Il fut décidé d'abolir ces arrêts. Comme il était néanmoins indispensable pour la bonne marche de l'entreprise que les clients montent dans le transporteur, celle-ci avait inauguré un système de tapis roulants progressifs, à étages accélérateurs pour être plus exact, qui permettait de monter dans le transporteur ralenti légèrement à l'abord de la station. A la suite de plusieurs essais, les ingénieurs s'étaient aperçus que les cobayes employés pour l'expérimentation, qu'on avait pris parmi les condamnés au peloton de cobayes, perdaient l'équilibre en raison de l'impression d'accélération qu'ils subissaient. Une étude approfondie révéla que le phénomène était psychique et dû uniquement au fait de voir défiler les murs à une vitesse toujours plus grande. Ils eurent alors recours à un trompe-l’œil utilisé jusque là dans les affiches et consistant à créer des bandes lumineuses mobiles sur un fond d'ampoules électriques. En faisant concorder la vitesse des bandes successives avec celle du tapis, ils annulèrent l'impression d'accélération puisque l'ensemble restait fixe par rapport au sujet transporté. Depuis, le système lumineux s'était perfectionné et il avait été possible de créer de véritables affiches.