20/10/2019
Fin
Le monde se ferme, ses mâchoires l’enserrent
Telles celles d’une huître, la pierre l’écrase
Il ouvre encore un œil, se croit toujours sincère
Les yeux bordés de larmes, il se noie dans la phrase
C’est fini, il n’est plus. Rien ne vient à nouveau
Le nuage de fumée s’enfuit dans l’espace
Ce n’est plus qu’une ombre qui part les pieds dans l’eau
Qui fait un entrechat, dernier tour de passepasse
Il erra longuement, oublieux du destin
Il marchait sans raison, lourdeur du clandestin
Un pas devant l’autre, en toute ignorance
Il s’arrêta enfin, raidi de toutes parts
Trou dans l’air épanoui à l’abri du rempart
Et mourut là sans fard, loin de toute espérance
© Loup Francart
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
18/10/2019
Vrille (pictoème)
tourne le moulin
sans un regard vers l'arrière
vrille ton destin
de pourpre et d'or
va au centre
et montre-toi
01:35 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, numérique, vrille | Imprimer
17/10/2019
Cauchemar
Est-elle droite ou raide ?
Est-elle faite de roseau
Ou casse-t-elle au moindre coup de vent ?
La femme est ainsi faite
On s’y enfonce en plume
Jusqu’à tomber sur la tranche
Frappé de cécité
Je ne sens pas venir le coin de table
Je repars en boitant
L’âme pendouille et flotte
Dans l’air vicié de l’humanité
Froid des rencontres et chaud du large !
Revoici le début ou la fin
Début des illusions perdues
Fin des rêves impossibles
Il courut longtemps sans joie
Il perdit haleine dans la brume
Mais garda toujours confiance en lui
Elle se tient maintenant à la pointe du diamant
Là où rien n’évolue sans chute
Porté sur l’annulaire, la tache de bonheur
Imprime son indécente innocence
Au cœur même des passions humaines
Le regard au loin, marche jusqu’à l’abîme !
Depuis, rien ne varie
Ni la joie ni la peine
N’encourage l’ombre
Et ne force la couleur
A ternir l’avancée
Jusqu’à la noyade
Il est probable qu’un jour
Elle reviendra épanouie
Vêtue de pourpre
Elle ira devant elle
Et ne rougira plus
De se voir ainsi
Va biquette et...
Ne rue pas dans les brancards !
© Loup Francart
03:54 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
16/10/2019
Locédia (29)
On avait recouvert le cours du fleuve le jour où la municipalité, devant la surpopulation des cimetières, avait décidé d'immerger les corps des moins riches. Le problème de la planification des cimetières l'avait longtemps préoccupée. Il devenait plus coûteux de loger les morts que d'entasser les vivants. Cependant les vivants se contentaient plus facilement que les morts ; ces derniers ont le grand désavantage de ne pouvoir se déplacer sans installations spéciales et onéreuses. On avait pensé à plusieurs étages souterrains, sortes de catacombes, mais les tentatives d'enfoncement des corps par forage échouèrent en raison de la dureté du sol. Un architecte avait alors suggéré d'immenses buildings à air conditionné munis de salles de repos pour les visiteurs, de salles de jeu pour les désœuvrés et d'un système spécial de surveillance des enfants avec œil électronique. Mais les habitants, après un référendum, avaient protesté contre l'édification d'un édifice de couleur noire et surtout contre les hublots des tombes, ouverts sur la ville. Ils s'étaient finalement contentés d'une solution intermédiaire, d'une conception agréable à l'œil et qui ne choquait pas l’idée conventionnelle qu'ils avaient des cimetières. Malheureusement la solution était insuffisante. Les morts qui déjà de leur vivant ne pouvaient se payer un toit, devaient se contenter d'être immergés, accrochés à une pierre tombale où leur nom était gravé. Le cimetière fluvial comme l'appelait avec un petit air de dégout la société établie de la ville, avait élu domicile en amont des faubourgs. Constitué d'une sorte de jetée avançant dans le cours du fleuve, il était décoré les jours d'enterrement de mâts sur lesquels flottaient des pavillons noirs. A l'entrée, un employé des pompes fluviales percevait quelques sous de ceux qui désiraient assister à l'immersion. Des difficultés commerciales avaient empêché son installation en aval, malgré les recommandations des experts de l'hygiène municipale. Le comité des mariniers avait décidé une grève illimitée si le projet aval était voté. Depuis nous nous promenons tranquillement sur les morts, l'âme en paix, approuvant la bienheureuse gestion des affaires de la ville. Parfois, la nuit, par temps clair, lorsque les gens sont enfermés dans leur appartement, on entend le roulement d'une pierre tombale poussée par le courant. On peut voir à la surface de l'eau quelques bulles irisées indiquant la présence des corps.
07:20 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, roman, amour, recherche de soi | Imprimer
15/10/2019
L'oeil rouge
L’œil rouge du fantôme erre dans ta mémoire
Tu ne peux le saisir, le pourpre t’envahit
Oh ! Combien est longue la liste des déboires
Accumulés en toi. Tu en restes ébahi
Dans l’angle du cerveau, au pied de masses informes
Se fabriquent les mots en désirs et hasard
Prends donc une pincée, mélange les formes
Élance ta colonne, façonne ton regard
Depuis des mois déjà, tu t’ouvres à tes fantasmes
Car verts sont tes rêves et blond ton enthousiasme
Et ses cheveux de rêve t’entraînent au pinacle
Aussi erres-tu en vers et dresse ta misère
Dans les acrostiches pour être plus disert…
Les mots chutent de haut sans te faire obstacle !
© Loup Francart
07:38 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
14/10/2019
Passions et détachement
Les passions sont cause de la fugacité du temps.
Sans passion, une heure pourrait être une minute ou un jour,
Mais cela suppose le détachement face aux événements et à leur contexte.
07:23 Publié dans 11. Considérations diverses, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, vie quotidienne, réflexion | Imprimer