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04/02/2018

Le nombre manquant (36)

Claire me raconta le lendemain ce qui s’était passé. Nous avions la réponse que nous cherchions sans que nous ayons eu besoin de la rechercher. Mais, que nous apprenait-elle ? Pas grand-chose. Certes nous savions que le professeur était quelque peu exalté, idéaliste même, qu’il pouvait à certains moments disjoncter et ne plus savoir ce qu’il disait, mais c’est tout. Qu’en conclure ? Nous pouvions lui faire confiance quant à la franchise de ces paroles et de son action, mais jusqu’à une certaine limite, difficilement identifiable. Que faire ? Nous décidâmes d’en référer à ceux qui étaient restés à Paris.

– Trop risqué, dit Vincent. Il est sans doute sincère et vrai, mais il est incontrôlable. Nous ne pouvons nous reposer sur quelqu’un qui peut déjanter à tout moment.

– Certes, mais ils peuvent nous apporter un soutien réel dans nos réflexions, dit Mathias. Depuis l’incident du remplacement du zéro par l’orez, nous n’avançons plus. Ils apporteraient un souffle nouveau, une autre manière de voir. À nous de tenir notre homme pour nous livre ses secrets.

– C’est vrai, mais nous livrons également les nôtres. Et ils sont avancés quoi que vous en pensiez, dit Claire. Oui, certes, agrandir notre cercle serait utile, mais après tout, que savons-nous de ce qu’ils ont découvert. Avons-nous eu une seule fois accès à leur propre connaissance ? Alors, de quel côté la balance doit-elle pencher ?

– C’est exact. Nous devons savoir ce qu’ils cachent derrière leurs apparences doucereuses avant de nous engager avec eux. Quant aux membres de la confrérie du professeur, sans doute faudrait-il mieux faire connaissance avec eux,  puis passer ensemble un pacte, même derrière le dos du professeur.

Je m’interposai :

– Sûrement pas ! Celui-ci est ouvert et vrai, ne cherchons pas à le tromper, cela pourrait nous en coûter.

– Soit, alors mêlons-nous à eux sans perdre notre autonomie ! Mais ne perdez pas trop de temps pour pouvoir rentrer à Paris au plus tôt et reprendre nos recherches.

 

03/02/2018

L’univers : un tout indissociable en mouvement

Qu’est-ce que l’univers : un agencement de la matière dans l’espace et son mouvement au cours du temps.

Sans matière, l’espace n’existe pas. Il n’existe que parce qu’il contient quelque chose. D’où la question : l’univers est-il finit ou non ? Sa finitude est étroitement liée à la question de la présence de matière.

Sans espace, le temps n’existe pas. Le temps n’est que parce que la matière se meut dans l’espace.

Sans temps, l’espace ne peut exister. Non seulement l’espace contient obligatoirement quelque chose, mais ce quelque chose qui est la matière est obligatoirement en mouvement C’est le mouvement qui crée le temps.

Sans mouvement, rien n’existe. L’univers est en perpétuelle vibration. Il est lui-même agissant, il est action.

Ainsi se rejoignent obligatoirement l’être et l’action. L’un ne va pas sans l’autre.

02/02/2018

Swarza-Kakali, sur un raga indien

https://www.youtube.com/watch?v=IZRqu3vJMA0


Le rythme, le mode, les sonorités, font de cette musique quelque chose d’insolite, de surprenant, mais qui prend l’être entier après quelques hésitations. Où est-on ? Dans un entre deux qui possède son charme et déjà ses habitudes.

Il est vrai cependant que l’approche musicale est résolument indienne et que notre violoniste occidental ne peut que montrer sa capacité à prendre en compte des modes musicaux très éloignés de nos douceurs romantiques. Mais peu à peu, on entend se rapprocher les deux types d’instruments, harmonisés par les battements de la percussion. Les instruments se répondent, s’allient, se sourient et rient même parfois de cette escapade entre les deux visions de la musique.

une fois de plus, Yehudi Menuhin démontre la grandeur de la musique : un pont entre les civilisations. Cela demande cependant des efforts d'adaptation qui justement font la vertu de l'exercice.

 

01/02/2018

L'objectivité

L’objectivité n’est pas un gros mot.
Pourtant, à écouter les parleurs
Qui laissent filer leurs pensées
Aux vues et sus de tous,
Elle est dite dépourvue de partialité,
Contrairement à celui qui affirme
Et qui juge avec parti-pris.

Il est dit : "L’objectivité existe en soi,
Indépendamment du sujet pensant."
Ne pensez pas, vous serez objectif !
Pourtant qui ne sait la hauteur de vues
A encourager pour devenir objectif,
C’est-à-dire ne voir que l’objet
Sans tenir compte du sujet.

Einstein a cependant écrit :
"Désintégrer un atome est plus facile
Que détruire un préjugé."
C’est vrai ! Regarder un objet,
C’est lui accorder une part de soi.
Mais si vous ne le regardez pas,
Que pouvez-vous dire sur lui ?

L’objectivisme, nous dit-on,
N’utilise que les données
Contrôlables par les sens.
Mais qui contrôle les sens,
Si ce n’est un sujet pensant ?
Le sens serait-il la synthèse des sens ?

Oui, donner du sens à un objet,
C’est bien l’observer indépendamment,
Mais toujours du point de vue
De la finalité de l’observateur
Qui au fond de lui-même
Fait de l’objet un sujet indépendant
Qui rend objective sa subjectivité.

Être objectif, c’est finalement
Aller au bout de sa pensée.
Et pour revenir à ce que dit Einstein :
"Nous ignorons comment sont les choses
Et n’avons que la représentation
Que nous nous en faisons."
Ne la perdons pas, nous serions aveugles !

 ©  Loup Francart

31/01/2018

Le nombre manquant (35)

Un silence pesant se mit à régner sur la salle. Chacun se demandait comment allait finir cette confrontation qui se révélait passionnante.

– Parlons comme Cantor et raisonnons comme lui. En théorie des ensembles, le symbole le plus pur de zéro n’est pas le zéro, mais un ensemble vide que Cantor appelait l’ensemble originel qui, bien sûr, est vide, donc égal à zéro. Cet ensemble vide et le zéro sont côte à côte, mais restent séparés. Alors Cantor va placer le zéro à l’intérieur de l’ensemble vide. Et c’est une révolution, car désormais l’ensemble n’est plus vide puisqu’il contient le zéro, c’est-à-dire un élément. Le cardinal de l’ensemble considéré n’est plus zéro, mais un. À partir de zéro est engendré le Un. Et de là, on engendre le deux et ainsi de suite jusqu’à l’infini.

L’homme qui venait de parler était grand, les cheveux grisonnants, l’œil vif. Il se tenait modestement droit, mais pas figé, et souriait à l’assemblée sans paraître gêné.

La femme qui avait parlé auparavant, resta un moment silencieuse, puis se leva pour répliquer :

– Introduire le rien dans une boite vide ne crée pas quelque chose de réel. On peut à la limite dire que ce quelque chose est imaginaire, mais c’est tout. Ce n’est qu’un tour de passe-passe !

– Je vous répliquerais simplement ce que dit magnifiquement le philosophe des sciences Wesley Salmon : "L'imbécile croit que les ensembles vides n'existent pas. Mais s'il en était ainsi, alors l'ensemble de tous ces ensembles serait vide, et par conséquent, celui-ci serait l'ensemble vide..."

Soudain, le professeur commença à s’agiter, parlant de plus en plus fort, avec de grands gestes :

– Les nihilistes, les nihilistes ! Le néant n’existe pas. C’est la pensée de l’homme qui l’a inventé, la pensée d’êtres ne voyant que le monde matériel, sans oser une seule fois se dire que ce qu’ils pensent n’est pas matériel, mais que cette pensée existe, qu’elle est réellement puisqu’elle est dite et bien dite.

Il rassembla ses papiers, les remit dans sa sacoche et, sur le point de se lever, se ravisa :

– Je crois à un monde immatériel qui est supérieur au monde matériel, qui l’interpénètre et le guide pour qu’il progresse vers la compréhension. Vous ne pourrez m’empêcher de l’aider ! La séance est terminée.

Il se leva brusquement, mit ses notes dans sa serviette et partit sans rien ajouter de plus. Claire s’empressa de fermer son ordinateur et le suivit sans mot dire.

30/01/2018

Course cycliste

On en rit, même si l'on est attéré.

https://video-streaming.orange.fr/sports-extreme/tour-du-cameroun-ca-chute-aussi-VID0000002vMj9.html


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29/01/2018

L'autre porte

Nous avons beaucoup parlé de portes dans ce blog, autant réelles telles les portes cochères, qu'imaginaires. Mais nous n'avons pas encore parlé de cette porte qui permet de franchir le passage entre le moi et le soi, ou entre le monde naturel et le monde spirituel. C'est le moment.

 

Mais il est une autre porte, plus subtile et obscure, celle qui délimite l’extérieur de l’intérieur. Elle est légère, transparente et invisible. Elle se franchit sans passeport. Elle nécessite cependant que vous abandonniez une partie de vous-même à laquelle vous tenez énormément, ce moi qui court comme un rat et dont vous suivez les péripéties quotidiens.

Si vous parvenez à vous mettre sur la tranche comme ce miroir que vous tenez entre vos paumes par pression, vous contemplerez l’effet ciseau de votre position inusitée et pourrez progresser sans douleur dans le dédale des aventures humaines. Ce fil à couper le beurre que vous devenez possède la faculté de trancher la réalité. Vous connaissez le côté pile, les souvenirs du passé, le vécu du présent, l’ouverture sur le futur. Pourtant, le côté face a plus d’attrait. On l’éprouve de l’intérieur, tout apparaît en creux, vous chevauchez le masque de l’irréel et voyagez en éclair sans savoir ou vous allez. Vous découvrez les rêves d’antan, les exaltations du présent et l’espoir de l’avenir. Vous n’êtes plus vous-même, mais celui qui, en vous, toujours, a voulu poindre son nez et sur qui la porte s’est toujours fermée. Un œil, juste, derrière l’entrebâillement et vous êtes aspiré par un souffle divin qui vous précipite dans l’arène. Ce n’est plus le noir des portes précédentes, mais l’aveuglement de la lumière crue, blanche, aveuglante, qui vous libère. Vous ne pouvez fermer les yeux, mais ne pouvez non plus regarder. L’œil devient terre, globe, bille dont vous contempler la surface de l’intérieur, en creux, comme les hommes de la caverne de Platon. Et vous vous sentez bien dans cet espace non matériel, sur le tranchant de la vie, comme une lame de couteau face au fromage de l’abondance.

Alors vous entrez dans cette bulle légère, gobé sans discernement par son attrait imperceptible, vous flottez dans l’éther de l’imagination, sans idées préconçues, sans l’ombre d’un désir matériel, vous planez sur le monde sans vous y attacher et volez vers d’autres cieux, plus lointains et inconnus.