28/01/2018
Précepte
Mieux vaut des regrets que des remords
L’absence plutôt que les pleurs
Un sourire plutôt qu’une grimace
Ils se comprirent alors
Et vécurent côte à côte
Sans remous ni écarts
07:44 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe, adage, aphorisme, apophtegme, précepte | Imprimer
27/01/2018
Le nombre manquant (34)
S’adressant à Claire, il poursuivit :
– Je vais, moi, vous expliquer les raisons de ce changement de dénomination. Pendant longtemps, le zéro n’existait pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que le zéro n’est qu’un caractère permettant d’écrire les chiffres supérieurs à neuf de manière particulièrement aisée jusqu’à l’infini. En tant que chiffre, comme il ne désigne pas l’existence d’une chose ou d’une personne, il n’existe pas. À quoi servirait de compter ce qui n’existe pas. C’est une absurdité ! On ne peut compter logiquement qu’à partir de un, c’est-à-dire une unité représentant une chose ou une personne qui n’est pas divisible. C’est un point de vue tout ce qu’il y a de plus naturel : le zéro n’est qu’un caractère permettant de développer de manière simple la numération au-delà de neuf et il n’est rien de plus ! Ceci est d’autant plus vrai qu’il est impossible de dire il n’y a rien si l’on ne sait pas qu’il n’y a rien. Dans le monde matériel, le rien n’existe pas. Les moindres recoins du tout contiennent bien quelque chose, ne serait-ce qu’un rien qui déjà constitue un quelque chose que l’on appelle un, même si on ne veut pas se l’avouer. L’univers ne peut contenir le rien, car il est parce qu’il y a quelque chose. L’univers est un plein infini qui ignore le rien et qui ne peut même le concevoir.
Claire se sentit soudain submergée par ces paroles qu’elle ne parvenait plus à comprendre. Le professeur Mariani parlait d’une voix de fausset, cherchant plus à convaincre qu’à démontrer. Les membres de sa confrérie se taisaient, l’air consterné. Ce ne devait pas être la première fois qu’il faisait une telle sortie et les quelques coups d’œil échangés entre eux montraient à l’évidence qu’ils ne savaient comment dépasser ce point de désaccord.
– Maître, je conteste votre point de vue, reprit la femme ayant parlé en premier. Si le mot rien existe, c’est bien parce qu’il désigne quelque chose, comme le chiffre zéro. Si l’on vous demande s’il y a quelque chose dans une pièce et qu’il n’y a rien, il y a bien zéro chose.
– C’est absurde. Certes, il n’y a rien dans la pièce, mais la pièce existe, elle. Il y a donc quelque chose, un Un ne contenant rien, mais tout de même un quelque chose, c’est-à-dire le Un. Dès l’instant où l’on imagine même le rien, on l’imagine à l’intérieur ou à l’extérieur de quelque chose, au minimum d’un Un qui est une réalité matérielle. Il peut ne pas y avoir de contenu, mais il y a toujours un contenant. Il peut également y avoir un contenant qui engloberait tout, mais ce contenant est infini et n’a pas de limites. Alors que l’on parle de rien, que l’on parle de zéro en tant que caractère permettant la numération des nombres jusqu’à l’infini, mais pas de zéro en tant que chiffre. Le zéro n’existe pas dans le monde matériel, il peut n’y avoir rien, mais il y a toujours un Un qui contient ce rien.
L’assistance semblait quelque peu médusée. Elle écoutait cette confrontation entre les idées avec respect, mais réticence. Il lui semblait que quelque chose clochait, mais elle était incapable de définir de quoi il s’agissait. Lorsque quelqu’un se leva pour dire d’une voix égale :
– Ce dialogue me rappelle l’opposition existant entre Georg Cantor et son opposant permanent, mais non déclaré, Léopold Kronecker à propos, en particulier, de l’énigme dite de l’ensemble vide. Énigme en effet, car à partir de rien est engendré le Un.
07:41 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
26/01/2018
Karina Gauvin : "Lascia chi'o pianga" de l'opéra Rinaldo de Haendel
https://www.youtube.com/watch?v=ZsF1w25mWhw
07:22 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique, opéra, chant | Imprimer
25/01/2018
C'est ainsi
C’est ainsi
Il n’y a rien qui soit de trop
Ni l’étoile, ni le noir
Ni le soleil présomptueux
C’est ainsi
Il y a toujours des cris
Le jour où l’homme remue
Et sort, ivre de fureur
C’est ainsi
Il n’y a pas d’eau dans l’abreuvoir
Ni même d’avoine dans l’auge
Le cheval part, seul au monde
C’est ainsi
Il y a encore des abeilles
Qui bourdonnent au fond de l’air
Et prennent peur de fleurs vertes
C’est ainsi
Il n’y a plus de folles courses
Entre les filles de Waltaïra
Ni d’arrivée dans les bras dorés
C’est ainsi
Il y a des jeunes gens
Bouche ouverte et poils au nez
Qui courent sans vergogne
C’est ainsi
Il n’y aura bientôt plus
D’oiseaux dans l’azur
Ni de fourmis sur la terre
C’est ainsi
Viendra bien le jour
Où il fermera les yeux
Pour ouvrir ses sens épuisés
© Loup Francart
07:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
24/01/2018
Haïku
L’ange blond n’est plus.
Connaissait-il l’espace-temps ?
Non, l’éternité !
07:53 Publié dans 46. Haïku | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, haïku, surprise du quotidien | Imprimer
23/01/2018
Le nombre manquant (33)
Tous se levèrent à leur apparition. Le maître s’avança, saluant chacun d’une poignée de main, puis se dirigea vers le fauteuil de bout-de-table et leur fit signe de s’assoir. Une petite chaise avait été prévue pour Claire qui put s’installer et sortir son ordinateur. Le maître prit la parole :
– Mesdames, Messieurs, aujourd’hui a lieu une réunion extraordinaire de notre confrérie. Vous connaissez Madame Claire Perthuis, mon assistance. Il s’avère qu’elle fait également partie d’un groupe de réflexion assez proche du nôtre, réfléchissant sur les mêmes sujets. Cependant, ce groupe s’interroge sur le sens que nous accordons au mot orez et pourquoi quelle raison nous écartons définitivement le mot zéro.
Alors je vais vous demander de tenter d’expliquer ce changement de mot de la manière la plus compréhensible possible.
Claire resta ébahie par cette irruption dans ses préoccupations, mais malgré tout heureuse que le problème soit ainsi abordé. Comment avait-il pu savoir la question qui la préoccupait ? Il avait devancé leur proposition de les intégrer à leur groupe et prenait la main sans avoir l’air de rien, répondant même à leur interrogation. Cependant il semblait que tous n’étaient pas de l’avis du maître.
– Mon cher Mariani, je vous ferai remarquer que nous ne sommes pas tous du même avis que vous, dit d’une voix sûre d’elle une femme d’une cinquantaine d’années. Nous sommes tout à fait reconnaissants aux générations passées de nous avoir dévoilé le zéro, chiffre particulièrement important pour l’ensemble des mathématiques modernes.
– Je dirai même que nous sommes contre l’abolition du zéro au profit de l’orez, car il ne s’agit que d’un changement de nom sans grande signification, ajouta un homme grand, maigre et moustachu, d’une quarantaine d’années. Vous me faites l’effet de ces gouvernements qui n’ayant rien de sérieux à proposer, se complaît à un discours obligatoirement correct en changeant tous les mots concernant les sujets qui posent problème.
– Restons-en la, dit un jeune homme bien mis. Nous nous sommes donné un maître dont le rôle est de faire la synthèse de nos pensées, en l’occurrence le professeur Mariani. Je vous rappelle que ce n’est pas la première fois que nous avons des discordances sur ce sujet. Alors, cessons de nous battre et adoptons le point de vue du professeur.
– Le problème est justement qu’on ne comprend pas son point de vue et qu’il a du mal à nous l’expliquer, c’est pourquoi il veut à tout prix que nous l’adoption sans discussion, dit une autre femme mince, les cheveux longs, les traits assez marqués et d’une beauté étrange. Maître, dit-elle en se tournant vers le professeur, vous nous demandez une chose difficile, défendre une thèse que nous ne comprenons pas.
Pendant ce temps, le professeur Mariani qui était tout à fait maître de lui jusqu’à présent semblait mécontent de la tournure que prenait la conversation. Il ne tenait plus ses troupes et cela se voyait dans son visage fermé, ses lèvres crispées, ses yeux flamboyants. Il éclata tout d’un coup :
– Cela suffit ! Pourquoi m’avez-vous suivi jusqu’à présent et que maintenant nous sommes en présence d’une étrangère vous revendiquez une opposition à ce que vous acceptiez auparavant.
07:06 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
22/01/2018
Humour: bouche à bouche
Suite et fin de l'article d'hier :
S'aiment-t-ils ?
Pratiquent-ils une nouvelle communication ?
Est-ce un exercice sanitaire ?
07:04 Publié dans 24. Créations dessins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, baiser, bise, bonjour | Imprimer