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16/06/2013

Shokuzai (Celles qui voulaient se souvenir), de Kiyoshi Kurosawa (Première partie)

Le film se contente de rapporter l’histoire d’un fait divers, le meurtre d’une petite fille dans une école. Il fait vivre l’événement, puis montre ce que sont devenues les quatre camarades de l’écolière quinze ans après. Toutes sont13-06-15 Shokuzaï.jpg marquées, en partie parce que la mère d’Emilie, la victime, les a menacées (elles ne se souviennent pas de la tête du meurtrier) : « « Je ne vous pardonnerai jamais. Trouvez-le ou donnez-moi une compensation. Sinon vous n’échapperez pas à la pénitence. »

Ce premier film évoque celles qui se souviennent de l’affaire et qui ont pris au sérieux l’avertissement de la mère d’Emilie, Osako. Sae habite Tokio et rencontre un jeune homme qui veut l’épouser. Il est lié à l’affaire. Après quelques rencontres, elle consent à convoler. Mais leur relation tourne au drame, car l’homme est pervers ou, au moins, détraqué. Nous vivrons leur drame jusqu’au meurtre du mari par Sae. Elle n’en pouvait plus.

Maki est institutrice. Les parents la juge trop sévère. Elle est sauvée de l’opprobre par le professeur de gymnastique. Peu après, elle fait face à un homme armé d’un couteau pendant un cours de natation. D’abord saluée comme un héros, elle est ensuite à nouveau attaquée par les parents.

Pourquoi ce film est si prégnant ? Il ne comporte aucun effet de caméra spécifique, aucune recherche cinématographique, aucun artifice psychologique, pas d’émotion excessive, rien qui ne permet de le remarquer particulièrement. Un film de juste milieu, qui semble ordinaire. Et pourtant, il est remarquable. Pourquoi ? C’est difficile à définir de manière nette. L’atmosphère que dégage chaque histoire en fait la beauté. La manière simple de raconter l’événement et sa suite nous conduit à y adhérer. Enfin, admirons le jeu des acteurs sans artifice, sans recherche, qui semblent nus devant la réalité de la vie.

http://www.youtube.com/watch?v=GpuU93k6g08 

Allons voir la seconde partie avant de poursuivre.

 

15/06/2013

Monde parallèle

Entourés de halo, ils sont nombreux ces mondes parallèles qui envahissent l’esprit à certains moments. Si l’on regarde la littérature abondante concernant ce concept, on a tendance à penser qu’il s’agit de fumisterie. Et pourtant, les physiciens s’interrogent sur l’idée.

Alors laissons libre notre imagination. Pour moi les mondes parallèles sont des constructions inachevées de notre monde, comme une maquette abandonnée par manque de perfection. Dieu ne se laisse pas tenter par la moindre invention au rabais. Comment dans notre monde un plan pourrait être à la fois plat et gondolé ? C’est pourtant le cas si vous regardez le plan des cubes à fond jaune. Il est plat, mais à droite, il monte. Il induit l'illusion que le carré parfait dans lequel cet objet se déplace est aplati alors qu'il n'en est rien. C'est une figure impossible !

 

12-10-11 Figures impossibles carrés volume.jpg

14/06/2013

Un après-midi à Bagatelle

Le paradis aux portes de Paris. Je ne connaissais pas. J’ai été conquis13-06-06 Bagatelle (1).JPG. J’en suis reparti charmé, renouvelé, apaisé. Je n’y ai pourtant vu que de vieilles dames et vieux messieurs ou des jeunes femmes avec quelques enfants.

Entrée du côté Seine sous un soleil bienfaisant. Quelques mètres et déjà le comble de la beauté animale, un paon reposant dans une herbe fraiche, alignant sa traîne de plumes légères et colorées. Proche du pavillon chi-nois, pas plus incongru que cela dans cette mer de 13-06-06 Bagatelle (5).JPGverdure, il se laisse photographier, indifférent. Les enfants l’admirent et le respectent. Il n’est pas si souvent possible de voir s’ouvrir sa palette lumineuse. Ce ne sera pas le cas avec lui.

Passage auprès d’un petit étang, disons une mare ou même un bassin. Une famille s’est installée à proximité, au frais sous les couverts. Encore quelques pas entre les frondaisons et l’on arrive à l’orangerie.

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Versaillaise est-elle, pleine de majesté et d’équilibre. On voudrait être à la place 13-06-06 Bagatelle (13).JPGdes orangers et autres espèces qui y passent l’hiver. Quelques vieilles personnes, assises sur des bancs, devisent petitement, entre elles. Elles se chauffent au soleil, souriantes de cette aubaine. Elles sont presqu’au paradis, leur prochaine destination. Jardin à la Française oblige et plus loin, la roseraie surmontée d’une gloriette dans laquelle, à l’abri du soleil, devisent trois personnes. Elle a 13-06-06 Bagatelle (16).JPGle charme des accessoires de ville d’eau et domine la plaine jusqu’à la Seine qui n’est pas visible. Après bien des détours, je me dirige vers un pavillon, une fermette de briques, près du mur de clôture. C’est le 13-06-06 Bagatelle (17).JPGpotager, conservé au frais, pourvu de nombreuses espèces insolites ou communes. Certes, elles sont peu nombreuses. Quelques pieds par ci par là, mais si joliment plantés qu’ils font un parterre de reine.

Sortir des légumes, se retrouver dans le jardin mi- français, mi- anglais et tomber sur un paon en majesté. Quel éblouissement ! Le plus drôle se trouve derrière où il agite ses ailes à la manière d’un ventilateur. Vision inhabituelle qui enchante. Oui, le paradis…

 

 

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Poursuivant vers l’autre partie du parc, je traverse l’image de la France telle 13-06-06 Bagatelle (35).JPGqu’on l’imagine et qu’on ne voit qu’exceptionnellement. De vastes prairies rafraichies par les arbres immenses, des couverts de verdure léchée, des pièces d’eau qui humanisent ces étendues verdoyantes. Et mes pas tombent sur des bernaches du Canada, expatriées si loin de leur pays originel, se dandinant plaisamment au bord d’une pièce d’eau (une de plus).

Redescendant des grilles de l’entrée principale, j’arrive près des deux pavillons. Le premier, tout volet fermé, est13-06-06 Bagatelle (43).JPG dans son écrin de verdure. Le second, plus majestueux, plus noble, presque un décor immortel, étale son rose éternel sur les jardins qui l’entourent, gardé de lions à tête de femme, impassible dans la chaleur de l’après-midi. A l’arrière, sur le jardin pourvu de magnifiques pivoines de toutes les couleurs, il étale sa panse arrondie de bon petit bourgeois.

Et je repars, les yeux en arrière, comme si un film me faisait remonter le temps d’une entrée 13-06-06 Bagatelle (52).JPGdans cette merveille, gardée par des arbres centenaires. Je me retrouve sur le pavé parisien, ébloui. Paris réserve des surprises permanentes. Comme il est étonnant que je n’ai pas connu plus tôt ce coin de paradis.

13/06/2013

Abandon

Il est appelé et il ne répond pas
Quel est donc cette attention subtile
Qui le retient dans sa boule de verre
Vit-il dans ce monde ou un autre ?

A peine assis, à l’endroit désigné
Il laisse aussitôt errer sa pensée
Tout se referme et il s’enferme
Parti en fumée, il s’espace*

Ce voyage aux frontières de l’inconnu
Dans ce lieu du rêve et de l’ignorance
L’a-t-il voulu ou non ?

C’est un moment d’absence
Une descente dans les prés
Jusqu’au ruisseau de l’abandon

 

* Ce verbe détourné de son sens met en avant la dissolution du moi. Le monde devient sans mesure.

12/06/2013

La grande Bellezza, film de Paolo Sorrentino

« Quand je suis arrivé à Rome, à 26 ans, je ne voulais pas être simplement un mondain, je voulais devenir le roi des mondains. » Il l’est devenu. On l’écoute, on l'imite, on recherche sa compagnie. Jep Gambardella est un séducteur, mais ilcinéma, Cannes, Italie, Rome, réalisateur atteint 65 ans. C'est un vieux beau, blasé de ces soirées romaines, toujours les mêmes, dans lesquels chacun rivalise de paroles fantasques, d’attitudes effrontées, de comportements scandaleux. Il a écrit un livre dans sa jeunesse, « l’appareil humain », et il joue la comédie du néant, même s’il rêve qu’il recommence à écrire. Il est le número uno. « Je ne voulais pas seulement participer aux soirées, je voulais avoir le pouvoir de les gâcher. », fanfaronne-t-il. Il fait des rencontres : celui pour qui «  le seul jazz intéressant est le jazz éthiopien » ; l’invité à qui il confie, en regardant certains convives faire le petit train « C’est le plus beau train d’Italie. Tu sais pourquoi ? Parce qu’il ne va nulle part. » ; l’homme qui a pris chaque jour de sa vie une photo de lui-même et en a fait un mausolée ; le cardinal dont la méditation est plus portée vers la cuisine que vers la spiritualité.

Il parcourt Rome, traversant des images magnifiques filmées de main de maître par Paolo Sorrentino : des fontaines, des jardins, des couvents, des palais, des chapelles, des ruines dans lesquelles on fait disparaître les girafes. Et ces paysages dans lesquels il marche, philosophe (presque), médite, sont rythmés par de la musique classique et des tubes contemporains. Oui, la cité de Rome est belle et il semble y chercher un sens. Progressivement, le film passe du sordide ou, au moins, de la luxure, à la recherche d’une certaine spiritualité… Oh, très faible et parfois grotesque. Mais l’on sent le vieil homme sous le mondain, l’interpelé sous la vanité des paroles. La scène de la sainte est fabuleuse, même si cette dernière est caricaturale.

Il faut aller voir ce film. Son réalisateur, Paolo Sorrentino, atteint le génie de Fellini. Il y a des concordances entre les deux : Rome d’abord, bien sûr ; la société romaine et sa dépravation noble. Mais au contraire de Fellini, c’est avec tendresse que Paolo Sorrentino dépeint le personnage de Jep. Celui-ci devient finalement serein, s’interrogeant toujours, encore passionné par la vie. D’ailleurs, ne dit-il pas à la fin du film : « Il nous reste encore de belles choses à faire. L’avenir est merveilleux. »

Un regret. Le dédain du festival de Cannes pour le grand cinéma et ses choix pour des films à thème propagandiste au goût politique du jour. Ce film, c’est du vrai cinéma, une œuvre d’art, un chef d’œuvre ! Juste un reproche, sa longueur. Mais qui aime ne comptabilise pas son temps.

11/06/2013

Accident

La nuit. Un instant d’inattention. Un choc bruyant et traumatisant. Puis le silence et l’absence de mouvement…

dessin,encre de chine,réalisme,traumatisme

 

Dessin à l’encre de Chine fait une nuit de cafard.

 

10/06/2013

Le voyage d'hiver, roman d'Amélie Nothomb

C’est une histoire abracadabranque. Un jeune homme, Zoïle, rencontre dans son travail deux femmes dont une écrivain. L’une, Aliénore, est attardée,13-06-10 Le voyage d'hiver.jpg l’autre, Astrolabe,  est jolie, si jolie qu’il en tombe amoureux. Il découvre que l’écrivain n’est pas celle qu’il croyait. Qu’à cela ne tienne, il fait des visites assidues, mais arrive tout juste à embrasser sa bien-aimée, rien au-delà. Pour la voir nue, il distribue en guise de repas des pilules. Celles-ci contiennent un gramme de psilocybes guatémaltèques. Peine perdue. Elle est de marbre. Alors, pour se venger, il décide de détourner un avion et de l'envoyer percuter la tour Eiffel.

Bien que le titre soit emprunté à des lieder de Schubert, son chant ne m’a pas séduit. L’histoire manque d’intérêt, ne comporte aucun rebondissement et traîne en longueur. Certes, Amélie Nothomb reste parfois acide, percutante et éventuellement drôle. Ainsi lorsqu'elle décrit les traductions de Zoïle :
Quand un vers me dérobait sa signification, je le scandais au rythme de mes pieds, de mes genoux et de la main gauche. Ne s’ensuivait aucun résultat. Je chantonnais alors et élevais la voix. Aucun résultat. De guerre lasse, j’allais soulager un besoin aux toilettes. De retour le vers se traduisait tout seul. La première fois, j’écarquillais les yeux. Fallait-il faire pipi pour comprendre ? Combien de litres d’eau devrais-je boire pour traduire de tels pavés ? Puis je réalisai que la miction n’y était pour rien. Ce qui avait fonctionné, c’était les quelques pas pour me rendre aux cabinets. J’avais appelé les jambes à la rescousse ; encore fallait-il les activer pour trouver la solution. L’expression « ça marche » n’a sans doute pas d’autres explications.

 Mais cela suffit-il ? Non, cette fois-ci, ça manque de chair, de finesse et de délicatesse. L’année 2009 est vraiment un mauvais cru pour Amélie Nothomb.