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27/05/2012

Magnificat, d'Arvo Part

 

http://www.youtube.com/watch?v=1A6BfyhFSVQ&feature=related

 

Entrée au paradis comme une plongée dans l’espace intersidéral. Oubliez votre petit moi, laissez-vous gagner par cette grande solitude face à Dieu qui, malgré l’inconnaissance, vous réchauffe l’âme. C’est le propre de l’espérance : derrière l’apparent vide du soi se cache le retour au divin, qui résonne dans la totalité de votre être et votre joie renouvelée vous conduit à l’ignorance bienheureuse de celui qui se laisse bercer par cette exaltation.

Mon esprit a exulté en Dieu, mon Sauveur !

Quel compositeur, grandiose d’intimité avec le divin ! C’est un estonien qui a fait ces études musicales en URSS et a commencé par la musique sérielle, qui n’a rien à voir avec ce que nous entendons. Dans les années soixante, il se consacre à l’étude du grégorien et des musiciens médiévaux comme Machaut et Josquin des Prés. Il invente le style « tintinnabuli », appelé ainsi parce qu’il rappelle les clochettes et qui se caractérise par l'utilisation simultanée de deux voix, l'une arpégeant sur une triade tonique dite « tintinnabulante » et l'autre reposant sur une basse évoluant de manière diatonique.  

Il se lance dans la musique minimaliste, d’inspiration religieuse, presque simpliste de par les éléments de la composition : utilisation d’harmonie tonale et parfois modale, utilisant le plus souvent les trois notes de l’accord parfait, peu d’instruments, quelques voix, très peu de modulations. La musique minimaliste se caractérise par l’utilisation de la répétition de motifs musicaux courts, qui se projettent en pulsation régulière. Ecoutez « Tabula Rasa » qui met en évidence toutes ces caractéristiques :

 

http://www.youtube.com/watch?v=bxDc24zSuzU&feature=related

 

26/05/2012

L’après-guerre 1945-1950, vu par Stick caricaturiste, écrit par Jeanne de Gérin-Ricard

 

Voici ce que dit l’auteur de S’tick caricaturiste :12-04-29 S'Tick couv2.jpg

Le dictionnaire des Marseillais nous apprend que S’Tick se nommait Raoul Garcin… On peut dire qu’il était un dessinateur de grand talent. Il avait une solide connaissance de l’actualité, s’intéressant au monde dans lequel il vivait… Il avait aussi une bonne culture classique… S’Tick dessine sur des bouts de papier, à l’encre de Chine, après un dégrossi à la mine de plomb… Vivant à Marseille, il n’a probablement pas eu l’occasion d’avoir une audience méritée.

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Au premier abord, le texte semble brouillon. Cela tient d’une part à la forme du livre, les titres étant en police cursive, c’est-à-dire proche de l’écriture manuscrite, et aux explications historiques qui ne sont que des résumés des événements de cette période.

 

 

 

 

Cependant, si l’on convient d’aller au-delà de cette première impression, il apparaît que le livre, alternant dessins et textes, est bien fait. Son objectif n’est pas de faire un livre d’histoire, mais dehistoire,société,dessin,écriture,littérature mettre en valeur les moments historiques saisis par un dessinateur de talent. Les grands personnages du moment sont caricaturés et une petite biographie accompagne l’image, donnant du relief à l’explication de l’événement. De plus, si l’on fait l’effort d’analyser de plus près l’organisation du livre, on se rend compte que chaque période de ces cinq années est découpée en un zoom sur l’histoire qui en donne les grands événements, une analyse graphique du ou des dessins de S’Tick sur le ou les évènements du moment, et enfin les biographies des personnages politiques clés. C’est, au final, une bonne approche des faits et des personnages de ces années d’après-guerre, ainsi que de l’ambiance qui régnait à cette époque : politique des prix, problèmes de ravitaillement, marché noir et scandales à répétition.

12-04-29 S'Tick 4.jpg

Sous des dehors assez anodins, ce petit livre met en évidence l’intelligence du dessinateur caricaturiste, sa compréhension des épisodes successifs de ces cinq années, sa truculence et son humour au service de l’histoire.

  

L’auteur écrit : Pour conclure, merci à mon père qui m’avait demandé d’effectuer ce travail. Nous pouvons de même lui dire merci pour l’avoir bien effectué.

 

25/05/2012

Il était là sans y être (rencontre dans une rue de Paris)

société,poésie,poème,écriture,dessin

Il était là sans y être, au pied d’une porte cochère,
Assis sur un sac sans forme ni couleur, en jachère,
Il dormait à poings fermés, ivre et sans consistance,
Rien ne l’aurait réveillé, pas même les femmes de l’assistance.

Il remua soudain, pris de délire et de tremblements.
Les yeux fermés il redressa la tête, hagard vraiment.
Il battit l’air de ses bras forts, sans conscience,
Et se rendormit difficilement, mais avec vaillance.

Il ne me vit pas le dessiner, caché derrière les vélos,
Regardant la chair humaine simuler ses sanglots.
Il bailla d’une gorge profonde, poussa un cri,
Regarda son état et hurla « A mort l’escroquerie ! ».

Alors il se leva, passa une main dans ses cheveux.
Il prit son sac, essuya son menton baveux,
Fit un pas ou deux avant de s’écrouler à nouveau,
Pleura sur sa misère, hennissant comme les chevaux.

 

24/05/2012

L’art urbain ou street art : quai de l’Aisne (3ème partie)

 

Rappelons que l’art urbain est apparu en France à partir de mai 68 et c’est dans les années 80 que Jack Lang, ministre de la culture, lui a donné ses lettres de noblesse, si l’on peut dire. C’est vrai, je vousStreet Art 124 red.JPG l’accorde, s’agit-il réellement de beauté lorsqu’on voit ces signatures torturées envahir nos bâtiments, dénaturant leur beauté occidentale de symétrie et de richesse. Mais est-on réellement à Paris et non sur d’autres continents devant ce bâtiment désaffecté, vestige d’une industrialisation à outrance de la banlieue, puis abandonné aux passants de nulle part qui y trouvent de quoi épancher leur passion pour le tag ou le graffiti. Seul reste le ciment brut qui sert de toiles à ceux qui n’ont pas les moyens de s’en payer et qui peuvent ainsi montrer au monde leur rage et leur art, s’ils en ont. Car, il faut l’avouer, comparer ces gribouillis et les peintures préalablement montrées est une tromperie certaine.

Street Art 122 red.JPG

 

 

Alors pour finir, regardons cette maison de Pantin, sur le canal, quel bonheur ! Un éclatement de génie journalistique au-dessus de la fenêtre du restaurant.

 

 

 

Oui, admirons-la en grand ! C’est l’œuvre d’un professionnel. C’est moins onirique, mais c’est un rappel des bandes dessinées de notre enfance.

 

Street Art 123 red.JPG

 

23/05/2012

Manoir de mes rêves, avec Angelo Debarre, soirée de jazz manouche

 

http://www.youtube.com/watch?v=qTmwZsy8xbg&feature=related

 

Le jazz manouche possède la profondeur du flamenco, la fougue de la musique tsigane, la ferveur du tango argentin, le rythme du be-bop. C’est une musique chaleureuse, entraînante, parfois poignante, pleine d’imprévue et d’improvisations débordantes.

Merci à ces musiciens exceptionnels pour cette soirée de jazz qui donnent un bon aperçu de la musique de Django Reinhardt, le fondateur de ce style de musique. On se laisse envahir de langueur, l’œil dans le vague, l’oreille grande ouverte, le corps assoupli par les déchaînements virtuoses sur les cordes.

 

La première pièce, pour guitare seule, jouée par Angelo Debarre, est magnifiqueDebarre jazz manouche.png de simplicité et de virtuosité. On se voit en bord de mer, autour d’un feu. La nuit est tombée, et dans l’obscurité, monte le chant de la guitare, un long enroulement de notes qui vous prend à la gorge et vous conduit à l’oubli de vous-même, au creux du ventre, là où résonne ces accords graves, frais, parfumés d’insolites, où l’on se reconnait malgré tout.

 

La seconde pièce est de style plus populaire, presque musette, au moins au début. L’accompagnement du violoncelle lui donne également un air de jazz noir avec une certaine profondeur. Une entente naît entre les instruments, guidée par la guitare d’Angelo Debarre. Le chant paraît s’arrêter pour repartir de plus belle jusqu’à la fin, déchaînée.

Accordéon cette fois, mais plutôt de style argentin, un peu fou, délirant même, un morceau d’anthologie. C’est beau, d’une beauté sauvage, comme un déchainement calculé d’improvisations.

L’harmonica gagne ses lettres de noblesse avec le morceau de Django Reinhardt « Vamp ». Il résonne dans la nuit comme un chant sans parole, comme un souvenir particulier qui ne sait plus dire d’où il sort. La nostalgie vous gagne et vous vous laissez aller, solitaire, face au feu, tentant de vous réchauffer avec cette musique langoureuse.

Enfin la clarinette de Ioan Streba vous jette dans le jazz américain, rythmé, entraînant, à la manière des improvisations  de Sydney Bechet.

 

Belle soirée musicale qui réchauffe le cœur au rythme des guitares et du solo d’autres instruments. On est loin des délires sonores de la musique métal. Ici le bruit n’existe pas, rien que des accords et des sonorités qui vous mettent l’âme à nue.

 

22/05/2012

« Resisting the present », Mexico 2000/2012, musée d’art moderne de la ville de Paris

 

http://www.dailymotion.com/video/xpjozg_resisting-the-present-mexico-2000-2012_creation

 

mexico salle 1.jpgOn entre dans un froissement d’ailes, corbeaux en grappes qui s’élèvent vers d’autres cieux ne laissant que leurs déjections symbolisées par des cailloux. Les salles sont immenses, un peu vides, parsemées d’images, de dessins, de mots, de vidéos, de briques et autres matériaux insolites. On est un peu perdu, Ventilateurs RED.JPGeffaré de ces morceaux d’art qui nous sont présentés sans réelle unité, sinon les cris d’alarme contre la civilisation qui sont proférés par 6 manches à air ventilateurs intitulés « Credibility crisis » et qui poussent des mugissements sauvages.

 

Entre les corbeaux et leurs cris mécaniques déformés par les manches à air, se trouve une fresque de bonne facture artistique qui dépeint la société mexicaine. Certes, la dérision est obligatoire, mais elle reste acceptable en raison de la beauté du coup de crayon et l’organisation des symboles.

Bayrol Jimenes entier.JPG

 L’artiste, car on peut parler d’artiste, place sa sociétP5100024.JPGé sous P5100023.JPGl’impérialisme de l’aigle américain qui tient dans ses serres la plante à drogue et la mitrailleuse. C’est la guerre, une guerre sale avec des cercueils, des squelettes, sous les volcans de la colère. Le pouvoir en place est délétère, condamné par ses actes, profiteurs sans tête ou cadavres affublés de signe de leur autorité. Ce n’est pas très réjouissant, mais la construction de l’ensemble et les détails de chaque partie montre une véritable conscience de la composition artistique.

 

Plus loin, pour en finir avec cette salle en L, on voit projeter sur un mur les phrases poétiques ou non, d’Alejandro Jodorowsky qui proclame son idée de la société :

         La justice et une injustice partagée par la majorité.

         La société vit en reproduisant le passé. Si tu la suis, tu deviendras un mort vivant.

         L’unité n’est pas l’exclusion des contraires, mais la somme des contraires.

         Poésie : un coup de feu vers l’avenir.

         Les guenilles du mendiant peuvent révéler la danse du vent.

 

On passe dans une petite salle, consacrée à la géologie et l’hydrographie du Rio Grande. Que vient faire dans cette exposition ces images et ces pierres et autres objets ? Mystère. Peut-être tout simplement, parce que le grand fleuve est frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

 

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Et l’on entre dans l’autre grande salle aux recoins multiples. Franchement, rien de remarquable ! Là aussi, dessins (très peu), photographies, vidéos, sculpture (hum ! en plastique et démonté au sol) et autres objets dits artistiques tels ces livres recouverts de papier de verre eP5100043.JPGt empilés sur une étagère ou encore cette chaîne de vélo qui tourne autour d’axes innombrables avec le cambouis qui s’écoule le long du mur. Grandiose peut-être ; incompréhensible, sûrement. Mais ce n’est qu’une métaphore visuelle de la société !

 

 

« Le dessin, très présent dans la culture mexicaine à travers la caricature, le surréalisme, le street art, est bien représenté. Il illustre la synthèse souvent brillante que le Mexique opère entre art populaire et art savant », nous dit le dépliant que l’on nous confie à l’entrée de l’exposition. J’espère cependant qu’il existe d’autres artistes au Mexique pour lesquels l’art n’est pas l’expression d’un rejet de la société et de revendications, mais qui tentent de faire passer un peu de beauté dans ce monde qui semble si triste.

 

21/05/2012

Jour du peintre

 

Jour du peintre, le soleil dort
Bordé de plumes, il se cotonne
Emergence sereine, sans contours
Il délivre sa myopie de cyclope
Terre de verre teintée, molle
Araignée laiteuse et géométrique
Je m’englue dans ta toile déployée
Jusqu’à cet œil pâle et soyeux
Mes pas étouffés par ta chair
Ne peuvent pas monter jusqu’à moi