26/12/2010
La faim sans fin des matins de rêve
La faim sans fin des matins de rêve
Quand l’œil de la nuit se regarde encore
Quand le drap colle aux jambes engourdies
Quand la main délaisse les doigts sur la neige
Quand le sable tombe goutte à goutte dans l’oreille flétrie
Quand le vent, quand le rouge, quand la tache
De mon œil de cyclope forme une planète
Sur l’opuscule pâle des fleurs de l’inconscience
Quand le rond du ventre épouse le rond de la terre
Quand la mort lèche de frissons la plante des pieds
L’araignée impassible tisse une toile ailée
Qu’un son éclate en bulles de savon dans
Le gaz du sommeil chaud, arrondi, caverneux
Les cheveux éclairés d’une incroyable rousseur
La tête du guillotiné est secouée de spasmes
Son corps détaché, prisonnier de sa trame
Se débat sans élasticité, lentement, douloureusement
Quand le goût des requiem envahit les oreilles
Quand le chuintement de la vie siffle entre les dents
Quand les paupières troublent la page blanche de leurs hélices
Il se met en quinconce, les genoux sur les yeux
Les ongles déchirant les oreilles de froissements de verre
Replié dans sa rondeur, dans sa chaleur, sans sa profondeur de chat
Il se lisse les poils dans le bon sens
Dans le sens des aiguilles d’une montre
Et ses genoux cerclés de rouge sont le regard
Noir de son nombril de cyclope au front d’intelligence
Il se met en quinconce, en carré, en cercle, jusqu’à la ligne droite
Qui déroule solitaire avec lenteur les nœuds magiques
De sa route incontournable comme le nœud des pendus
Quand les plumes collent au palais avec l’odeur de l’édredon
Quand la peau n’est qu’une carapace
Quand les dents se cimentent de pâte amère
Quand… Quand…
11:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture | Imprimer
25/12/2010
Noël : Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu
« La vie nous révèle à nous-mêmes comme une capacité d’infini », témoigne Maurice Zundel dans l’introduction au Poème de la Sainte Liturgie[1]. Ce sentiment intime de l’infini nous habite tous sans que nous en ayons conscience. L’âme aspire à la révélation de sa profonde unité, elle cherche une réponse au besoin d’infini qui la travaille. Besoin de comprendre à travers la science, besoin d’appréhender la beauté par l’art, besoin d’extase dans l’aimantation de l’amour, besoin de l’Autre moi-même que l'on devine en nous. Et « il vous faut entrer encore plus avant dans vos recherches, vous identifier plus intérieurement avec l’objet qu’elles poursuivent[2] » jusqu’à identifier l’Infini comme une présence spirituelle et comme une vie débordante. Alors se découvre l’inépuisable fécondité que la sainte Liturgie évoque et réalise à tous les instants. « L’Infini est là, à portée de l’Esprit, au cœur de la matière transfigurée, qu’on ne peut plus voir que par les yeux de l’âme[3] ».
En ce jour de la nativité, nous sommes appelés à vivre plus intensément cette communion d’aspiration qui nous libère de l’angoissante recherche pour nous conduire à l’ultime découverte de saint Irénée de Lyon : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».
21:41 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer
Passage, d'une vie à l'autre
L’enfant regardait la fleur tristement, en soupirant,
Et la fleur qui était coquette, mais qui avait bon cœur,
Demanda à l’enfant les raisons de ses gémissements :
« Ce matin, on m’a pris mon ours, petite fleur,
Dit l’enfant. C’était mon ami, il me comprenait ;
Il me regardait, je le regardais, nous étions heureux.
Maintenant, je n’aurai plus rien à regarder, jamais.
Toi aussi, tu es jolie. Tu n’es pas comme eux,
Mais je ne t’aime pas encore, alors je suis triste.
A mon ours, je pouvais tout lui dire.
Il me croyait. Je voulais être artiste
Pour lui peindre une maison, lui donner un empire.
J’aurai attrapé la lune un soir d’été
Et l’aurai mise dans son royaume, pour jouer.
Maintenant à quoi me servirait une lune détachée,
Si je n’ai personne à qui la donner ».
« Moi je la voudrai bien si tu me la donnais,
Répondit la fleur en rougissant de tous ses pétales,
Tu serais mon ami et tu me regarderais
Quand je m’épanouis dans l’aube matinale ».
Et l’enfant, quand vint l’été, attrapa la lune
Et oublia l’ours en apprenant à aimer la fleur.
19:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, enfance, littérature | Imprimer
23/12/2010
Au coeur de l'appareil
Au coeur de l'appareil, je me suis égaré.
Où donc chercher la transformation
Si ce n'est au dédale du labyrinthe ?
Là où rien n'est et où tout est possible.
NB. Dommage que les nuances de couleur ne soient qu'approximativement reproduites, le dessein en paraît plus plat.
15:32 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, peinture, appareil, labyrinthe, impression | Imprimer
20/12/2010
Porte sur l'invisible
Et si ces parallèles permettait d'entrer dans le monde invisible à l'endroit où noir et blanc se joignent ?
Alors un monde nouveau s'ouvre à l'inconnu.
Le temps ne se conçoit plus en heures, mais en espace décalé, trou noir dans la matière vierge.
19:19 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : invisible, peinture, cosmos, inconnu, dessin, imaginaire | Imprimer
Je veux vivre
Je veux vivre, disaient-ils
Ils se gorgeaient de mots Ils s’emparaient de choses Et ces choses, ces mots Ils en faisaient la vie C’étaient des appareils de fer et de plastique moulé Des moteurs tournant bien carrés dans leur caisse Des chaises et des fauteuils pour ne pas s’asseoir Des tables de musée dans les salles à manger Des bibelots étranges et quotidiens possédés par caprice C’étaient des mots savants, bien formés Achevé par un isme et vêtus d’une majuscule Les mots nus étaient tristes et leur paraissaient faux Ces mots sortis de la bouche des enfants Qui ignorent encore l’ivresse des belles phrases Ils vivaient, disaient-ils Ils croyaient tout avoir Ils avaient le savoir Ils connaissaient la possession Un jour, ils sont morts Et ils ont tout perdu
18:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, littérature, vie, chose | Imprimer