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11/07/2015

Communication (1)

Si l’on s’en tient au dictionnaire, la communication est synonyme de transmission. Elle est message transmis à quelqu’un d’autre pour qu’il en prenne connaissance.

Cette définition incite à quelques déductions :

* Transmettre signifie échanger un message avec quelqu’un. Il semble donc que le message est bien le plus important. Si l’on n’a rien à dire, à quoi sert de communiquer.

* Ce message doit forcément apporter quelque chose de nouveau. La communi-cation ne devrait donc pas consister à transmettre sans cesse le même message ou à le redire d’une autre manière sans apporter quelque chose de nouveau.

* Ce message doit être intelligible, facilement compris par tous et exempt de fautes ou d’expressions incompréhensibles. Pourtant combien de nouvelles formules sont inventées chaque jour pour tromper ou dérouter le commun des mortels. Est-il par exemple plus communicateur de parler de Grexit que de sortie de la Grèce de la zone Euro ?

* Communiquer ne signifie pas imposer quelque chose à quelqu’un et encore moins le tromper. La vraie communication doit laisser libre l’interlocuteur et ne peut imposer une pensée unique et contester tout droit à ne pas adhérer. Elle s’accompagne donc d’un principe de liberté de pensée et d’expression. L’auditoire doit rester libre d’adhérer ou non à l’opinion qu’on lui propose.

* Il est donc important d’expliquer. On ne peut se contenter de dire ce que l’on prétend sans en donner de bonnes raisons de croire ce que l’on dit. Le message doit donc être argumenté.

* Argumenter, c’est chercher à faire adhérer par la raison sans contrainte. Ces explications ne peuvent être des arguments conservateurs qui s’appuient sur l’acquis, l’admis, le préalable et la tradition ou des arguments novateurs qui visent à reconstruire un cadre de référence, une nouvelle représentation.

* Les arguments fallacieux tels que l’étiquetage (racisme, homophobie, etc.), la généralisation séduisante (la vitesse tue, les riches doivent payer, etc.), l’argumentation sélective et bien d’autres types d’argumentations fallacieuses, ne permettent pas de communiquer. Elles brouillent la communication et la rendent inefficace.

Maintenant, abandonnons cette série de déductions. Trop expliquer peut également tuer la démonstration. Demandons-nous s’il s’agit réellement de cela aujourd’hui lorsqu’on nous parle de communication.

Prenons quelques exemples de la vie quotidienne.

Hier, comme à l’accoutumée, je me déplaçais en vélo dans Paris sur une piste cyclable clairement identifiée. Trois fois je dus m’arrêter parce qu’une personne, homme ou femme, était le nez dans son Smartphone, coupé totalement du monde réel, à mille lieux d’un carrefour où se croisent des véhicules divers dans tous les sens. La dernière personne, à qui je fis remarquer qu’elle avait un comportement irréfléchi, me fit signe qu’elle communiquait et que cette communication était bien plus importante que le reste. Le geste d’accompagnement de l’explication (une gestuelle de mains et bras mouvants au-dessus de la tête qui se finit par les deux mains tremblantes face à face avec sa tête au milieu tremblant également) suggérait la formation de nuages invisibles au-dessus de sa tête qui la pénétraient totalement.

Lorsqu’il vous arrive de prendre le métro, vous constatez qu’au moins 80 % des gens ne cessent de communiquer. Ils sont le nez (ou l’oreille) dans leur appareil, appuyant avec force doigts sur l’écran qui s’illumine en éclairs insolites et terrifiants pour ceux qui se contentent de regarder. Rien ne peut en distraire l’utilisateur. Vous pouvez essayer de lui poser une question. La première fois, vous n’êtes pas vu, donc pas entendu. La seconde fois, vous êtes vu, mais pas entendu. La troisième, après que votre interlocuteur ait sorti ses oreillettes de ses conduits auditifs, vous êtes vu, entendu, mais pas compris. Votre interlocuteur est dans son monde, si différent de ce que son corps vit au même moment. Alors il ne comprend pas ce qu’on lui veut. Enfin, la quatrième fois, après des instants d’hésitation lisibles dans ses yeux, il répond comme s’il avait entendu dès la première fois votre question. Pardonnez-lui… Il communiquait…

(suite demain)

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