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20/11/2020

Le chat qui pêche

Le chat qui pêche n’a plus vingt ans
Son poil lustré est couvert de farine
Il étire mollement ses membres
D’une grimace de dégout et de crainte
Laissant sa queue dans l’eau
Sous la contrainte de la faim

De l’autre côté du miroir, sous la surface
La raie étale son corps de rêve
Et caresse les vagues d’un air tendre
Attendant qu’un jour, lasse
Elle épuise ses dernières forces
À surfer sur le creux des eaux
Et s’enfonce dans l’ombre noire

Le chat, qui regarde en lui
Voit le manteau blanc de la raie
Passer sur son ombre grise
Caresser la queue luisante
Subjugué par la proéminence
Flottant au fil de l‘horizon

Oui, les raies ont aussi une queue
Qui danse à la surface ondulée
L’étincelle se produit
L’air et l’eau se rencontrent
L’étincelle explose
La mort a fait son œuvre

Le rêve s’est évanoui
Ne restent que quelques poils
Couleurs d’argent et d’or
Qui tournent en rond
Jusqu’à l’engloutissement

La faim de la fin n’est plus 

10/11/2020

Anniversaire

Elle a muri toute l’année cette date
Elle s’est gonflée d’importance et de vanité
Elle se tenait derrière lui, solennellement
Jusqu’à se déclarer au jour fatidique

C’est fait… ou donc se trouve son double chéri
Il n’entend plus que le cri de la descente
Et voit les visages horrifiés et distendus
Un pas de plus vers le destin sans rien pouvoir

Adieu fidèle compagnon, encore un
Qui troublera les nuits en attendant le jour

 

09/11/2020

Solitude

 

Le silence de la nuit
Tombe-t-il auprès des sourds ?

L’obscurité des tombeaux
Frappe-t-il ton corps tremblant ?

Le froid te glace
Tes pieds nus s’envolent-ils ?

Où donc se trouve l’espérance ?

 

08/11/2020

Nombres (6)


Mais on n’en resta pas là dans la duperie
On inventa l’analogique et le numérique
L’analogique reproduit les variations au plus près
Et reste le plus fidèle à l’état du sujet
Le numérique transforme le signal
En une suite de zéro et de un, soit deux amplitudes
Au lieu d’une multitude dans l’analogique
Le premier représente la danseuse idéalisée
L’image dans la tête du sculpteur
Le second n’est que l’essence du mouvement
Succession de sauts entre ciel et terre

Bon, on arrête ! Il n’y a ni moutons ni bergères
Il n’y a que des êtres diaphanes
Errant dans les mondes des nombres
Auquel s’ajoutent maintenant des lettres
Qui représentent des nombres
C’est l’invasion ! Sauve qui peut
Les migrants sont là, ils avancent
Les mots étouffent et la poésie s’effondre
Le numérique nous étrangle
Mayday… Mayday… Mayday…

07/11/2020

Nombres (5)

D’autres jeux de cache-cache existent et existeront
C’est ainsi qu’on inventa les pourcentages
Cela permit de renforcer les impressions
Et de mesurer les différences entre les produits
Quel pourcentage entre les nombres de bergères et de moutons ?
Quel pourcentage de taille entre la puce et l’éléphant ?
Ce comptage devint un changement d’horizon
Des plaines on passait aux montagnes
Les différences s’accentuèrent selon les administrés
Et l’on visait bien sûr les plus hauts ou les plus bas
Les moutons regardaient au plus terre à terre
Les jeunes bergères levaient les yeux aux cieux
Les uns restaient périssables pour le bien de l’homme
Les autres exaltaient le bonheur d’être humain

Puis, de bataille on passa à la guerre
Elle dure toujours. Le pourcentage en devint le nerf
On spécula sur la différence entre deux pourcentages
Non sur la réalité de l’évolution des sujets ou objets réels
Cela renforça le pouvoir des politiques
Commodément, ils avaient découvert la tromperie :
Passer de cinq pour cent à dix pour cent
N’est qu’une augmentation de 5 points de pourcentage
C’est une façon très utile pour ne pas dévoiler
Le doublement des impôts et des taxes

06/11/2020

Nombres (4)

Enfin on appela, parce qu’il faut bien les nommer
Les ensembles précédents des nombres réels
Soit le total de ces nombres, avec ou sans virgule
Positifs ou négatifs, qu’ils soient rationnels ou non
Le nombre réel est un nombre représenté
Par une partie entière et une liste finie ou infinie de décimales
Les moutons en gains ou en pertes
Les bergères qu’elles soient vierges ou déjà femmes
Même morts et coupés en morceaux
Font partie de cette foule infinie des nombres

Aurait-on fini cette énumération des types de nombres
Qui sont bien réels et manipulables ?
Au fond, y a-t-il des nombres non réels
Des nombres à part entière qui tirent leur existence
De la pensée sans réalité palpable ?
Eh bien oui ! Ce sont les nombres imaginaires
Et, encore, les nombres complexes
Une famille qui s’agrandit presque chaque jour
Les moutons créent des agneaux
Et les bergères deviennent mères de famille
Les prénoms y sont bizarres :
Quaternions, octavions, sédénions
Et même cyclotomiques
Mais là, ne m’en demandez pas trop
Mon imagination ne va pas jusque là
Car la complexité devient virtuelle

05/11/2020

Nombres (3)

Pythagore, un petit malin, découvrit les nombres irrationnels
On ne peut les écrire sous forme d’une fraction :
La diagonale d’un carré n’est pas exprimable
En un nombre rationnel qu’il soit entier ou fractionnaire
Tel est le nombre Pi, illimité en décimales
Serait-ce un nombre fini qui s’exprime en infini ?
Archimède en montra la transcendance
C’est un nombre non algébrique et non constructible
Pi serait-il un nombre univers, c’est-à-dire un nombre réel
Contenant n'importe quelle succession de chiffres de longueur finie ?
Si la bibliothèque de Jorge Luis Borges était de chiffres
Il en remplirait sans aucun doute la totalité, et même plus

Mais heureusement on s’aperçut qu’il n’était pas seul
On aurait pu penser que la transcendance est Une
(Au même titre que Dieu en tant qu’indénombrable)
Eh bien non ! Le nombre d’Euler, découvert bien plus tard
Est noté e, nombre dont le logarithme est l’unité
Il est irrationnel et transcendant
Et c’est un nombre réel et normal
Avouons que là moutons et bergères
Sont singulièrement coupés de la réalité
Jusqu’au moindre poil ou cheveux
Dommage, on aime bien les nombres de tous les jours !

 

03/11/2020

Nombres (2)

Mais un jour la tartine tomba à l’envers
Dévoilant les cuisses de dame numéro
Alors on compara les nombres entre eux
Certains en sortirent gonflés d’orgueil
D’autres se tournèrent vers la pauvreté
Et descendirent aux enfers
De plus, il arrive qu’il y ait des pertes
Les moutons se font manger par les loups
Les bergères perdent leur virginité
Alors, d’un coup de doigt, on conçut le moins
Les nombres pouvaient devenir négatifs
On comptait à l’envers et ce fut l’enfer
Il y eut ainsi les nombres entiers négatifs
On les plaça aux côtés des nombres positifs
Créant ainsi les nombres entiers relatifs

Mais on prit conscience, en toute innocence
Que si l’on multiplie deux nombres entiers
On obtient en toute logique un autre nombre entier
Alors que si on le divise peut surgir une fraction
Le nombre ainsi trouvé devient fractionnaire
Pourquoi l’appelle-t-on couramment nombre rationnel
Alors qu’il peut être totalement irrationnel :
La moitié de cinq bergères ne peut être deux et demie
Il faudra en ajouter ou en retrancher une
Si belle ou si riche soit-elle, dans l’une ou l’autre union

02/11/2020

Nombres (1)

L'homme, dans sa maison, n'habite pas l'escalier, mais il s'en sert pour monter et pénétrer partout ; ainsi l'esprit humain ne séjourne pas dans les nombres, mais il arrive par eux à la science et à tous les arts.

Comte de Rivarol

 

De nos jours, tout se fait avec des nombres
Le mot n’est rien, il est fait de lettres
Et les lettres ne sont que des sons
Certes, les chiffres sont parfois écrits en lettres
Et ne constituent qu’un élément d’écriture
Mais le chiffre est aussi un signe
Qui sert à l’écriture d’un nombre
Une lettre n’a pas de sens en soi
Tandis que le nombre engage qui l’utilise
Et peut le précipiter dans le tout ou le rien
Le chiffre a un poids que la lettre n’a pas

Auparavant la famille des nombres était simple
De zéro à neuf, puis mélange cousins cousines
On comptait les moutons avant de dormir
Et les jeunes bergères croisées dans la journée
Il suffisait de savoir compter pour vivre bien
La famille des nombres entiers naturels
Ce sont les nombres de tous les jours qui servent à compter.
Ils pèsent plus ou moins lourd et sont toujours positifs

26/10/2020

Beauté

La beauté se lève chaque jour
Derrière un rideau de feuillages
Dans sa pureté originelle
Souriante et amène
Comme un papillon de nuit
Elle ouvre ses yeux de biche
Regarde son vis-à-vis
Louche sans complaisance
Vers l’être qui la regarde
Et rit de voir son air égaré

Admire mon corps nu
Caresse son grain de rêve
Mais ne touche pas
Seul mon bien-aimé
Pourra un jour poser sa main
Sur le creux de mes hanches
Pourra le lendemain
Baiser ce cou si tendre
Puis une semaine plus tard
Se repaître de ses formes
Et s’enfermer en elle

Alors viendra le temps
Des amours d’antan
Où il sera moi
Et je serai lui

©  Loup Francart

18/10/2020

Lumière

 

Dieu, c’est l’autre

Mais il faut ouvrir grand les yeux

Cela ne signifie pas qu’il faut voir avec les yeux de l’autre

Mais simplement ne voir que la lumière

 

16/10/2020

Equilibre

La vie est équilibre…
Mais de quoi ?
D’appétit et de patience…
Fais ta part et attend
Le résultat de ton travail

Mais jamais ne va au-delà
Ne cherche pas ton dû
Car il ne t’appartient pas

Lorsque le cahier sera rempli
Tu en feras des flammes de joie
Tu seras délivré de tes richesses
Tu courras nu et libre
Parmi le monde

Alors seulement tu pourras dire :
"J’ai rempli ma part
Et rendu à l'univers
Ce qu’il m’avait donné"

10/10/2020

Pierre

IMG_0315.jpg

L’empreinte de l’homme sur la matière
se réduit-elle à un trésor fossilisé ?
La pierre est un ornement
destiné à faire rêver l’impatient
La substance brute ne suffit plus
à celui qui aspire à l’au-delà des maux.
Il lui faut décors et bavardages
pour se mesurer à l’autre
qui sait tout et ne dit mot.

24/09/2020

La balle

Dieu n’est pas manchot
D’une petite balle,
Perdu au milieu des étoiles
Il a su faire un refuge
Pour ceux qui ne savent où aller
Rire et s’amuser,
Et, dans le même temps
Pleurer et même penser

Certes, il leur a fallu un moment
Pour comprendre l’importance du fait
Pour prendre au sérieux leur situation
Et même s’intéresser à leur sort
Pour soulever le coin du tapis
Et tenter de comprendre
Comment la balle tourne et revient
Au même endroit chaque année
Ils eurent chaud, ils eurent froid
Pleurèrent l’eau, se noyèrent
Dans les fontaines de ce paradis
Sans jamais se plaindre
Ni même tenter de changer les choses

Non, ils se tenaient debout
Contre vent et marées
Essuyant les embruns
Asséchant les lacs jusqu’à la mer
Pour en faire des terres
Où ils firent pousser
Cailloux et légumes
Ils firent de drôles de machines
Ronronnant benoîtement
Pour nourrir les absents
Et régaler les faibles

Tout cela tournait rond
Jusqu’au jour où l’un d’eux
Sur une idée saugrenue
S’avisa de changer la trajectoire
La balle s’enfonça dans des régions lointaines
Et perdit son enthousiasme
Ils durent travailler dur
Rouler les cailloux et creuser la terre
Pour se nourrir et s’apitoyer

Ensemble, ils convinrent alors
Que la mécanicité d’antan
Seyait à leur tempérament
Et qu’il valait mieux chanter chaque jour
Le lever du soleil plutôt que la fin
Des jours heureux
Respirer l’odeur privilégiée
D’un Dieu qui les regarde
D’un œil attendri
Et caresse leurs longs poils

Depuis, la paix s’est instaurée
Elle règne, même lorsqu’il pleut
Ou fait soleil jusqu’à plus soif
Dieu que la terre est bonne
Le rêve est devenu réalité

 

20/09/2020

Les longs chevaliers blonds

Les longs chevaliers blonds, aux crinières débordées
Encourent de graves problèmes du haut de leurs remparts
Où donc ont-ils couru, qu’ont-ils pu modeler
Pour encourir l’opprobre juste avant le départ

Rien ne trouble l’oiseau qui picore leurs casques
Et la fleur au fusil, ils partent sans un pleur
Sans un regard pour elles, mignonnes portant masque
Les seins fermes et moulés, éprouvant la chaleur

Ainsi se forma l’ombre, et la moiteur lubrique
De ces messieurs hautains, au franc parlé disert
Partit un jour d’avril, comme proies ésotériques

Ils quittèrent leur pays, en vrais traîne-misère
Laissèrent femmes et enfants, les yeux clos sur leur rêve
Pour crier du plus loin leur satiété de trêve

©  Loup Francart

16/09/2020

Elle pense

 

Comme est beau l’homme pensant ! Que dit-il à lui-même ?
A-t-il donné sa vie à la faune et la flore ?
S’est-il épanoui ou est-ce un requiem
Qu’il joue en sourdine, se tournant vers bâbord ?

L’œil vif encore ouvert, la narine palpitant,
La main frêle et sûre d’elle, il s’échappe en pensée
Vers l’absence de malheur, tenant son front bouillant,
S’égarant dans l’impasse, ressortant nettoyé.

Et voici s’avançant, d’un pas souple et auguste,
La femme évanescente, de retour au foyer.
Elle brille de tous ses feux pour se faire pardonner.

Quelle idée l’échappée, ce départ injuste
Loin de toute caresse, sans un regard pour lui,
Qu’a-t-elle été faire, sans même un parapluie ?

©  Loup Francart

04/09/2020

Le sanglier de l'Argoat

C’était un sanglier…
Il avançait sa hure sur l’eau
Coupant la vue aux vacanciers
S’opposant au pirate paradant
Qui maîtrisait les impressions

Le sanglier heureux de l’Argoat
Faisait fi au poisson de l’Armor
Rencontre explosive
Il ose venir défier l’au-delà
Des terres du bout du bout

Il avance son boutoir innocent
Pourtant il ne confond pas sa souille
Avec l’eau salée de la mer
Il préfère goûter escargots,
Limaces ou grenouilles
Plutôt que boire un verre
Au bord de la plage fumante

Les hommes, voire les femmes
S’emploient à le chasser
De ses terres humides et froides
Le laissant errer dans les jardins
Jusqu’au jour où il rencontre
Son assassin

Il ouvre alors ses paupières
Regarde une dernière fois la mer
Et se dit à voix basse
"Que l’eau était bonne aujourd’hui"

Puis il ferme les yeux et s’en va
Vers des cieux plus cléments
Où rien ne viendra voiler
Son regard fureteur
Et sa gouaille faconde

©  Loup Francart

 

27/08/2020

Rupture

 

17-08-27 Zen pour photo.jpg

Tourne autour du pot

Ouvre ta gueule de géant

Le monde est à toi

©  Loup Francart

13/08/2020

L'auteur

Une histoire, une histoire…

Rassemblés dans le salon,
Assis sur des tabourets bancals
Nous attendions tous la chaleur
Du discours d’Amédée
Quand va-t-il parler ?

Celui, arrivé peu auparavant
Parlait avec l’hôte réservé
Ne voulant pas interférer
Dans le déroulement prodigue
D’une soirée littéraire renommée

Enfin l’hôte sourit et annonça :
« Chers amis, voici l’instant attendu
Par vous tous. Le docteur Siestat
Va nous parler et nous enchanter. »
Chacun de se redresser et d’observer
L’auteur des Trois Mondes
Ronronnant de satisfaction

Celui-ci s’avança, salua, s’assit
Déplia un bout de papier froissé
Se racla la gorge, discrètement
Ouvrit la bouche et ne dit mot
Il recommença, toussant légèrement
Rien ne vint. L’homme restait muet
Tous tendaient le cou pour voir la célébrité
Qui ne pouvait s’exprimer
Y a-t-il un docteur dans la salle ?
Interrogea l’hôte, inquiet et gêné

Un homme se présenta, petit
Le crâne chauve, les lunettes sur le nez
Il observa le docteur en littérature
Lui tapa dans le dos d’un coup sec
De la bouche du conférencier
Sortit un petit magnétophone
Qui se mit à parler tout seul
Pendant que la célébrité
Restait assise, ne sachant que faire

Une femme, belle et affectueuse
Se leva et dit d’une voix faible
« Laissez donc cet homme déblatérer
Il n’a rien à nous dire sinon sa suffisance
Partez aux quatre coins du vent
Et recueillez les désirs des participants ! »

On éteignit l’engin parleur
Chacun exprima son souhait
Le silence se fit, le rêve s’installa
Un nuage se mit à flotter dans l’air
Obstruant la vue, libérant la parole
Le brouhaha prit de l’ampleur

En sortant tous se dire :
Quelle belle soirée nous avons passé
Rentrant chez eux ils s’extasiaient
Puis se couchèrent, heureux
D’avoir écoutés un auteur
Qui ne sait dire sa littérature

 

11/08/2020

exhibition

Un ciel clair comme un voile de mariée
Découvert un matin comme les autres
Rien ne traversait l’extatique corridor
Qui conduit aux prémices du bonheur
Elle va et vient comme une princesse
Ses atours aux formes impalpables
Crème glacée aux chatoiements brefs
Qui monte vers le cœur et le fend
D’un sourire espiègle et désertique
Jusqu’au plus profond des entrailles
Là où rien ne bouge, mais tout émeut
C’est ainsi qu’il a découvert l’amour
Une plaque de métal qui résonne
Des astuces de l’autre pour exister
Et se montrer en toute puissance
Dans son plus simple appareil
La vie jaillit d’elle-même du vide
Comme une folie enchanteresse
Qui court à tout instant, en tout lieu
Et décore le cosmos de bulles roses
De rapprochements et d’éloignements
Que la soupe quantique ne peut prévoir
Cours aux bords de l’univers, cours
Et salue la foule qui t’acclame

©  Loup Francart

06/08/2020

Flamboiement

Le flamboiement d’un être le distingue du mortel
Auréolé sans fin sa vue le déprécie
Effondré sur lui-même, il conserve son autel
De pâles admirateurs de nouvelles facéties

Ainsi s’ouvre l’horreur d’une manipulation
Environné de flammes, attirant les regards
L’homme n’ose avancer sans réconciliation
Errant sans relâche, avançant l’œil hagard

Le poil roux et vêtu d’un voile suffisant
Il étale son savoir et va euphorisant
Le poitrail découvert à l’assaut du monde

Plus rien ne paraîtra, pourvu de cheveux roux
Aussi trouve-t-on en vente le produit peu ou prou
Apportant la couleur aux douces têtes blondes

©  Loup Francart

27/07/2020

Pictoème

 

20-07-27 Au fil du temps.jpg

Au fil du temps

au temps du fil

L'écho du passé

 

 

26/07/2020

Inconnaissance

Il ne sait plus où il est
Sait-il même qui il est
Souvenirs d’où il vient
Absence d’où il va
L’opacité de l’existence
L’obscurité de l’avenir
Une page noire…

Une tache blanche
Ouvre son destin
Le futur renouvelle
Une vie autre
Loin des représentations
Et du paraître
Puits de lumière
Dans la nuit obscure…

Va et marche vers lui
Avance dans le brouillard
Enjambe les nuages
Et force la porte
Du nuage d’inconnaissance
Entrouvre le passage
Et ne pense plus…

©  Loup Francart

21/07/2020

Tout ou Rien ou Tout et Rien

Rien et ce rien engendre le Tout
Mais ce rien est-il le néant ?
Donner un nom à ce qui n’est pas
C’est livrer une chimère sans logique
Ce néant est-il le non-être ?
Qui peut dire non-être
S’il n’est pas lui-même
Il y a donc de l’existence dans l’absence d’être
Tout est lié au Tout
Même parler d’absence de tout
Implique la présence d’être
Dieu seul dans sa lunette
Voit l’homme devenir être
Dans un monde d’irréalité

©  Loup Francart

18/07/2020

Entre en toi-même

 

Avoir la foi, croire, est-ce un trompe-l’œil ou une réalité ?
Le monde intérieur peut-il n’être que le produit du monde extérieur ?
Qu’est-ce que le réel ? Que signifie l’imaginaire ?
Le spirituel peut-il n’être que l'invention de nos sens ?

Je crie vers toi…
Y a-t-il quelqu’un au bout du fil ?
Le silence du vide… ou le vide du silence ?
Suis-je réellement lorsque je ne suis plus ?

L’homme crée-t-il la réalité
Ou celle-ci crée-t-elle l’humanité ?
La cause première est-elle la fin ultime ?
Quelle énigme que la vie !

Entre en toi-même et tu vivras !

©  Loup Francart

17/07/2020

Lui

Au commencement
Il n’y avait que l’amour
Et l’homme était seul

Face à lui-même
Il se sentit créateur :
A lui le monde

Il erra longtemps
Chercha sa place
Enfin s’oublia

Sans soutien du moi
Il découvrit l’absence
Et partit sans lui

Il trouva le soi
Revêtit la transparence
Plongea dans l’amour

Seul il devint deux
Fut la sagesse du soi
Sans renier le moi

©  Loup Francart

15/07/2020

Nouvelle humanité

C’est la fin de la nuit, le calme campagnard
Règne sur l’espace et emprisonne le temps
Seules les particules coulent sur leurs trajectoires
Sans détermination, avec roucoulement

Perdu entre le nom et de plus la fonction
Un homme s’interroge, la terre dans l’ombre
Chaque matin je suis, chaque soir création
Chaque nuit j’engendre, mort dans la pénombre

Ainsi va le destin, entre être et néant
Au cours d’une soirée, aux prises à la folie
L’œil ouvert sur le monde, océan bienveillant

Marche encore et toujours, jusqu’au bout du chemin
Sans regard derrière et sans mélancolie
Jusqu’à la naissance d’un monde plus humain

©  Loup Francart

11/07/2020

Particule

 

Éclatement d’une goutte

Fuyant vers l'infini

Perdue dans l’espace

Rassemblée dans le temps

Goutte isolée de matière

Sans réelle consistance

Un souvenir dans l’obscurité

Surgissant du néant

Qu'est-on ?

poésie,écriture,poème littérature

©  Loup Francart

 

09/07/2020

Amour de soi

Rares sont ceux qui débordent d’amour
Au point de ne pouvoir vivre sans l’autre
Certes au commencement la passion emporte tout
Y compris les turbulences de la pensée
Mais celle-ci cache d’autres particularités
Venant imperceptiblement d’autres régions du soi
Et qu’une caresse de rappel ravive
Alors, reste tranquille vieil homme
Et ne cours plus de tes yeux hagards
Aux pieds d’hommes ou de femmes
Pour quêter une approbation ou un rejet
Laisse aller ton indifférence et ta pudeur
Et glisser sur tes lèvres la joie d’être
Sans commune mesure avec rien d’autre
Que toi-même, le rêveur et le poète
Qui courent sans cesse vers l’illumination
D’un ciel sans nuages ni même une ombre
Les bras tendus vers un absolu inatteignable
Vers ce désir permanent d’une nouveauté
Que tu ne connais que par intermittence
Et dans lequel tu plonges sans vergogne
Pour chuter jusqu’à l’infini et au-delà
Lieu de vie pure où le passé n’est plus
Où l’avenir n’a jamais existé ni même été imaginé
Où seul le présent devient l’absence
Jusqu’au vide suprême et solennel
D’une vie devenue le tout sans rien d’autre
Qu’une présence plus prenante que la mort

©  Loup Francart

02/07/2020

Rues d'été

La fenêtre est ouverte
L’air frais entre en catimini…
Le roulement des pneus
Sur la chaussée bruyante

Deux femmes, jeunes
Consultent leur agenda
Dans le noir de la rue
Elles passent sans le voir
Comme on passe devant un homme
Qui n’est plus de ce monde
Et marche avec certitude
Sans savoir qu’il en a

Les voitures roulent sur le boulevard
Émettant le fond sonore
Tel le bruissement des arbres
Un soir d’été ou de printemps
Elles sont parties dans le noir
Englouties par la tiédeur
Dans le frissonnement du vent
Il est trois heures…

Paris dort…

Les femmes sous la couette
Les hommes rêvant à leurs formes
Les enfants seuls au monde
Et lui, veillant sur la rue
La fenêtre ouverte
Pour le meilleur et pour le pire

©  Loup Francart