20/11/2020
Le chat qui pêche
Le chat qui pêche n’a plus vingt ans
Son poil lustré est couvert de farine
Il étire mollement ses membres
D’une grimace de dégout et de crainte
Laissant sa queue dans l’eau
Sous la contrainte de la faim
De l’autre côté du miroir, sous la surface
La raie étale son corps de rêve
Et caresse les vagues d’un air tendre
Attendant qu’un jour, lasse
Elle épuise ses dernières forces
À surfer sur le creux des eaux
Et s’enfonce dans l’ombre noire
Le chat, qui regarde en lui
Voit le manteau blanc de la raie
Passer sur son ombre grise
Caresser la queue luisante
Subjugué par la proéminence
Flottant au fil de l‘horizon
Oui, les raies ont aussi une queue
Qui danse à la surface ondulée
L’étincelle se produit
L’air et l’eau se rencontrent
L’étincelle explose
La mort a fait son œuvre
Le rêve s’est évanoui
Ne restent que quelques poils
Couleurs d’argent et d’or
Qui tournent en rond
Jusqu’à l’engloutissement
La faim de la fin n’est plus
07:15 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture, littérature | Imprimer
10/11/2020
Anniversaire
Elle a muri toute l’année cette date
Elle s’est gonflée d’importance et de vanité
Elle se tenait derrière lui, solennellement
Jusqu’à se déclarer au jour fatidique
C’est fait… ou donc se trouve son double chéri
Il n’entend plus que le cri de la descente
Et voit les visages horrifiés et distendus
Un pas de plus vers le destin sans rien pouvoir
Adieu fidèle compagnon, encore un
Qui troublera les nuits en attendant le jour
03:55 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture | Imprimer
09/11/2020
Solitude
Le silence de la nuit
Tombe-t-il auprès des sourds ?
L’obscurité des tombeaux
Frappe-t-il ton corps tremblant ?
Le froid te glace
Tes pieds nus s’envolent-ils ?
Où donc se trouve l’espérance ?
04:15 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture | Imprimer
08/11/2020
Nombres (6)
Mais on n’en resta pas là dans la duperie
On inventa l’analogique et le numérique
L’analogique reproduit les variations au plus près
Et reste le plus fidèle à l’état du sujet
Le numérique transforme le signal
En une suite de zéro et de un, soit deux amplitudes
Au lieu d’une multitude dans l’analogique
Le premier représente la danseuse idéalisée
L’image dans la tête du sculpteur
Le second n’est que l’essence du mouvement
Succession de sauts entre ciel et terre
Bon, on arrête ! Il n’y a ni moutons ni bergères
Il n’y a que des êtres diaphanes
Errant dans les mondes des nombres
Auquel s’ajoutent maintenant des lettres
Qui représentent des nombres
C’est l’invasion ! Sauve qui peut
Les migrants sont là, ils avancent
Les mots étouffent et la poésie s’effondre
Le numérique nous étrangle
Mayday… Mayday… Mayday…
07:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture, littérature | Imprimer
07/11/2020
Nombres (5)
D’autres jeux de cache-cache existent et existeront
C’est ainsi qu’on inventa les pourcentages
Cela permit de renforcer les impressions
Et de mesurer les différences entre les produits
Quel pourcentage entre les nombres de bergères et de moutons ?
Quel pourcentage de taille entre la puce et l’éléphant ?
Ce comptage devint un changement d’horizon
Des plaines on passait aux montagnes
Les différences s’accentuèrent selon les administrés
Et l’on visait bien sûr les plus hauts ou les plus bas
Les moutons regardaient au plus terre à terre
Les jeunes bergères levaient les yeux aux cieux
Les uns restaient périssables pour le bien de l’homme
Les autres exaltaient le bonheur d’être humain
Puis, de bataille on passa à la guerre
Elle dure toujours. Le pourcentage en devint le nerf
On spécula sur la différence entre deux pourcentages
Non sur la réalité de l’évolution des sujets ou objets réels
Cela renforça le pouvoir des politiques
Commodément, ils avaient découvert la tromperie :
Passer de cinq pour cent à dix pour cent
N’est qu’une augmentation de 5 points de pourcentage
C’est une façon très utile pour ne pas dévoiler
Le doublement des impôts et des taxes
07:41 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture littérature | Imprimer
06/11/2020
Nombres (4)
Enfin on appela, parce qu’il faut bien les nommer
Les ensembles précédents des nombres réels
Soit le total de ces nombres, avec ou sans virgule
Positifs ou négatifs, qu’ils soient rationnels ou non
Le nombre réel est un nombre représenté
Par une partie entière et une liste finie ou infinie de décimales
Les moutons en gains ou en pertes
Les bergères qu’elles soient vierges ou déjà femmes
Même morts et coupés en morceaux
Font partie de cette foule infinie des nombres
Aurait-on fini cette énumération des types de nombres
Qui sont bien réels et manipulables ?
Au fond, y a-t-il des nombres non réels
Des nombres à part entière qui tirent leur existence
De la pensée sans réalité palpable ?
Eh bien oui ! Ce sont les nombres imaginaires
Et, encore, les nombres complexes
Une famille qui s’agrandit presque chaque jour
Les moutons créent des agneaux
Et les bergères deviennent mères de famille
Les prénoms y sont bizarres :
Quaternions, octavions, sédénions
Et même cyclotomiques
Mais là, ne m’en demandez pas trop
Mon imagination ne va pas jusque là
Car la complexité devient virtuelle
07:40 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture littérature | Imprimer
05/11/2020
Nombres (3)
Pythagore, un petit malin, découvrit les nombres irrationnels
On ne peut les écrire sous forme d’une fraction :
La diagonale d’un carré n’est pas exprimable
En un nombre rationnel qu’il soit entier ou fractionnaire
Tel est le nombre Pi, illimité en décimales
Serait-ce un nombre fini qui s’exprime en infini ?
Archimède en montra la transcendance
C’est un nombre non algébrique et non constructible
Pi serait-il un nombre univers, c’est-à-dire un nombre réel
Contenant n'importe quelle succession de chiffres de longueur finie ?
Si la bibliothèque de Jorge Luis Borges était de chiffres
Il en remplirait sans aucun doute la totalité, et même plus
Mais heureusement on s’aperçut qu’il n’était pas seul
On aurait pu penser que la transcendance est Une
(Au même titre que Dieu en tant qu’indénombrable)
Eh bien non ! Le nombre d’Euler, découvert bien plus tard
Est noté e, nombre dont le logarithme est l’unité
Il est irrationnel et transcendant
Et c’est un nombre réel et normal
Avouons que là moutons et bergères
Sont singulièrement coupés de la réalité
Jusqu’au moindre poil ou cheveux
Dommage, on aime bien les nombres de tous les jours !
07:17 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture, littérature | Imprimer
03/11/2020
Nombres (2)
Mais un jour la tartine tomba à l’envers
Dévoilant les cuisses de dame numéro
Alors on compara les nombres entre eux
Certains en sortirent gonflés d’orgueil
D’autres se tournèrent vers la pauvreté
Et descendirent aux enfers
De plus, il arrive qu’il y ait des pertes
Les moutons se font manger par les loups
Les bergères perdent leur virginité
Alors, d’un coup de doigt, on conçut le moins
Les nombres pouvaient devenir négatifs
On comptait à l’envers et ce fut l’enfer
Il y eut ainsi les nombres entiers négatifs
On les plaça aux côtés des nombres positifs
Créant ainsi les nombres entiers relatifs
Mais on prit conscience, en toute innocence
Que si l’on multiplie deux nombres entiers
On obtient en toute logique un autre nombre entier
Alors que si on le divise peut surgir une fraction
Le nombre ainsi trouvé devient fractionnaire
Pourquoi l’appelle-t-on couramment nombre rationnel
Alors qu’il peut être totalement irrationnel :
La moitié de cinq bergères ne peut être deux et demie
Il faudra en ajouter ou en retrancher une
Si belle ou si riche soit-elle, dans l’une ou l’autre union
07:12 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture littérature | Imprimer
02/11/2020
Nombres (1)
L'homme, dans sa maison, n'habite pas l'escalier, mais il s'en sert pour monter et pénétrer partout ; ainsi l'esprit humain ne séjourne pas dans les nombres, mais il arrive par eux à la science et à tous les arts.
Comte de Rivarol
De nos jours, tout se fait avec des nombres
Le mot n’est rien, il est fait de lettres
Et les lettres ne sont que des sons
Certes, les chiffres sont parfois écrits en lettres
Et ne constituent qu’un élément d’écriture
Mais le chiffre est aussi un signe
Qui sert à l’écriture d’un nombre
Une lettre n’a pas de sens en soi
Tandis que le nombre engage qui l’utilise
Et peut le précipiter dans le tout ou le rien
Le chiffre a un poids que la lettre n’a pas
Auparavant la famille des nombres était simple
De zéro à neuf, puis mélange cousins cousines
On comptait les moutons avant de dormir
Et les jeunes bergères croisées dans la journée
Il suffisait de savoir compter pour vivre bien
La famille des nombres entiers naturels
Ce sont les nombres de tous les jours qui servent à compter.
Ils pèsent plus ou moins lourd et sont toujours positifs
06:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, vers, poème, écriture | Imprimer
26/10/2020
Beauté
La beauté se lève chaque jour
Derrière un rideau de feuillages
Dans sa pureté originelle
Souriante et amène
Comme un papillon de nuit
Elle ouvre ses yeux de biche
Regarde son vis-à-vis
Louche sans complaisance
Vers l’être qui la regarde
Et rit de voir son air égaré
Admire mon corps nu
Caresse son grain de rêve
Mais ne touche pas
Seul mon bien-aimé
Pourra un jour poser sa main
Sur le creux de mes hanches
Pourra le lendemain
Baiser ce cou si tendre
Puis une semaine plus tard
Se repaître de ses formes
Et s’enfermer en elle
Alors viendra le temps
Des amours d’antan
Où il sera moi
Et je serai lui
© Loup Francart
05:51 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture, littérature | Imprimer
18/10/2020
Lumière
Dieu, c’est l’autre
Mais il faut ouvrir grand les yeux
Cela ne signifie pas qu’il faut voir avec les yeux de l’autre
Mais simplement ne voir que la lumière
04:40 Publié dans 42. Créations poèmes, 45. Maximes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture, littérature | Imprimer
16/10/2020
Equilibre
La vie est équilibre…
Mais de quoi ?
D’appétit et de patience…
Fais ta part et attend
Le résultat de ton travail
Mais jamais ne va au-delà
Ne cherche pas ton dû
Car il ne t’appartient pas
Lorsque le cahier sera rempli
Tu en feras des flammes de joie
Tu seras délivré de tes richesses
Tu courras nu et libre
Parmi le monde
Alors seulement tu pourras dire :
"J’ai rempli ma part
Et rendu à l'univers
Ce qu’il m’avait donné"
05:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture | Imprimer
10/10/2020
Pierre
L’empreinte de l’homme sur la matière
se réduit-elle à un trésor fossilisé ?
La pierre est un ornement
destiné à faire rêver l’impatient
La substance brute ne suffit plus
à celui qui aspire à l’au-delà des maux.
Il lui faut décors et bavardages
pour se mesurer à l’autre
qui sait tout et ne dit mot.
07:03 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
24/09/2020
La balle
Dieu n’est pas manchot
D’une petite balle,
Perdu au milieu des étoiles
Il a su faire un refuge
Pour ceux qui ne savent où aller
Rire et s’amuser,
Et, dans le même temps
Pleurer et même penser
Certes, il leur a fallu un moment
Pour comprendre l’importance du fait
Pour prendre au sérieux leur situation
Et même s’intéresser à leur sort
Pour soulever le coin du tapis
Et tenter de comprendre
Comment la balle tourne et revient
Au même endroit chaque année
Ils eurent chaud, ils eurent froid
Pleurèrent l’eau, se noyèrent
Dans les fontaines de ce paradis
Sans jamais se plaindre
Ni même tenter de changer les choses
Non, ils se tenaient debout
Contre vent et marées
Essuyant les embruns
Asséchant les lacs jusqu’à la mer
Pour en faire des terres
Où ils firent pousser
Cailloux et légumes
Ils firent de drôles de machines
Ronronnant benoîtement
Pour nourrir les absents
Et régaler les faibles
Tout cela tournait rond
Jusqu’au jour où l’un d’eux
Sur une idée saugrenue
S’avisa de changer la trajectoire
La balle s’enfonça dans des régions lointaines
Et perdit son enthousiasme
Ils durent travailler dur
Rouler les cailloux et creuser la terre
Pour se nourrir et s’apitoyer
Ensemble, ils convinrent alors
Que la mécanicité d’antan
Seyait à leur tempérament
Et qu’il valait mieux chanter chaque jour
Le lever du soleil plutôt que la fin
Des jours heureux
Respirer l’odeur privilégiée
D’un Dieu qui les regarde
D’un œil attendri
Et caresse leurs longs poils
Depuis, la paix s’est instaurée
Elle règne, même lorsqu’il pleut
Ou fait soleil jusqu’à plus soif
Dieu que la terre est bonne
Le rêve est devenu réalité
04:52 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture, littérature | Imprimer
20/09/2020
Les longs chevaliers blonds
Les longs chevaliers blonds, aux crinières débordées
Encourent de graves problèmes du haut de leurs remparts
Où donc ont-ils couru, qu’ont-ils pu modeler
Pour encourir l’opprobre juste avant le départ
Rien ne trouble l’oiseau qui picore leurs casques
Et la fleur au fusil, ils partent sans un pleur
Sans un regard pour elles, mignonnes portant masque
Les seins fermes et moulés, éprouvant la chaleur
Ainsi se forma l’ombre, et la moiteur lubrique
De ces messieurs hautains, au franc parlé disert
Partit un jour d’avril, comme proies ésotériques
Ils quittèrent leur pays, en vrais traîne-misère
Laissèrent femmes et enfants, les yeux clos sur leur rêve
Pour crier du plus loin leur satiété de trêve
© Loup Francart
04:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture, littérature | Imprimer
16/09/2020
Elle pense
Comme est beau l’homme pensant ! Que dit-il à lui-même ?
A-t-il donné sa vie à la faune et la flore ?
S’est-il épanoui ou est-ce un requiem
Qu’il joue en sourdine, se tournant vers bâbord ?
L’œil vif encore ouvert, la narine palpitant,
La main frêle et sûre d’elle, il s’échappe en pensée
Vers l’absence de malheur, tenant son front bouillant,
S’égarant dans l’impasse, ressortant nettoyé.
Et voici s’avançant, d’un pas souple et auguste,
La femme évanescente, de retour au foyer.
Elle brille de tous ses feux pour se faire pardonner.
Quelle idée l’échappée, ce départ injuste
Loin de toute caresse, sans un regard pour lui,
Qu’a-t-elle été faire, sans même un parapluie ?
© Loup Francart
05:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture, litérature | Imprimer
04/09/2020
Le sanglier de l'Argoat
C’était un sanglier…
Il avançait sa hure sur l’eau
Coupant la vue aux vacanciers
S’opposant au pirate paradant
Qui maîtrisait les impressions
Le sanglier heureux de l’Argoat
Faisait fi au poisson de l’Armor
Rencontre explosive
Il ose venir défier l’au-delà
Des terres du bout du bout
Il avance son boutoir innocent
Pourtant il ne confond pas sa souille
Avec l’eau salée de la mer
Il préfère goûter escargots,
Limaces ou grenouilles
Plutôt que boire un verre
Au bord de la plage fumante
Les hommes, voire les femmes
S’emploient à le chasser
De ses terres humides et froides
Le laissant errer dans les jardins
Jusqu’au jour où il rencontre
Son assassin
Il ouvre alors ses paupières
Regarde une dernière fois la mer
Et se dit à voix basse
"Que l’eau était bonne aujourd’hui"
Puis il ferme les yeux et s’en va
Vers des cieux plus cléments
Où rien ne viendra voiler
Son regard fureteur
Et sa gouaille faconde
© Loup Francart
05:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bretagne, chasse, pêche, poésie | Imprimer
27/08/2020
Rupture
Tourne autour du pot
Ouvre ta gueule de géant
Le monde est à toi
© Loup Francart
03:14 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : haïku, poésie, pictoème | Imprimer
13/08/2020
L'auteur
Une histoire, une histoire…
Rassemblés dans le salon,
Assis sur des tabourets bancals
Nous attendions tous la chaleur
Du discours d’Amédée
Quand va-t-il parler ?
Celui, arrivé peu auparavant
Parlait avec l’hôte réservé
Ne voulant pas interférer
Dans le déroulement prodigue
D’une soirée littéraire renommée
Enfin l’hôte sourit et annonça :
« Chers amis, voici l’instant attendu
Par vous tous. Le docteur Siestat
Va nous parler et nous enchanter. »
Chacun de se redresser et d’observer
L’auteur des Trois Mondes
Ronronnant de satisfaction
Celui-ci s’avança, salua, s’assit
Déplia un bout de papier froissé
Se racla la gorge, discrètement
Ouvrit la bouche et ne dit mot
Il recommença, toussant légèrement
Rien ne vint. L’homme restait muet
Tous tendaient le cou pour voir la célébrité
Qui ne pouvait s’exprimer
Y a-t-il un docteur dans la salle ?
Interrogea l’hôte, inquiet et gêné
Un homme se présenta, petit
Le crâne chauve, les lunettes sur le nez
Il observa le docteur en littérature
Lui tapa dans le dos d’un coup sec
De la bouche du conférencier
Sortit un petit magnétophone
Qui se mit à parler tout seul
Pendant que la célébrité
Restait assise, ne sachant que faire
Une femme, belle et affectueuse
Se leva et dit d’une voix faible
« Laissez donc cet homme déblatérer
Il n’a rien à nous dire sinon sa suffisance
Partez aux quatre coins du vent
Et recueillez les désirs des participants ! »
On éteignit l’engin parleur
Chacun exprima son souhait
Le silence se fit, le rêve s’installa
Un nuage se mit à flotter dans l’air
Obstruant la vue, libérant la parole
Le brouhaha prit de l’ampleur
En sortant tous se dire :
Quelle belle soirée nous avons passé
Rentrant chez eux ils s’extasiaient
Puis se couchèrent, heureux
D’avoir écoutés un auteur
Qui ne sait dire sa littérature
07:08 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture | Imprimer
11/08/2020
exhibition
Un ciel clair comme un voile de mariée
Découvert un matin comme les autres
Rien ne traversait l’extatique corridor
Qui conduit aux prémices du bonheur
Elle va et vient comme une princesse
Ses atours aux formes impalpables
Crème glacée aux chatoiements brefs
Qui monte vers le cœur et le fend
D’un sourire espiègle et désertique
Jusqu’au plus profond des entrailles
Là où rien ne bouge, mais tout émeut
C’est ainsi qu’il a découvert l’amour
Une plaque de métal qui résonne
Des astuces de l’autre pour exister
Et se montrer en toute puissance
Dans son plus simple appareil
La vie jaillit d’elle-même du vide
Comme une folie enchanteresse
Qui court à tout instant, en tout lieu
Et décore le cosmos de bulles roses
De rapprochements et d’éloignements
Que la soupe quantique ne peut prévoir
Cours aux bords de l’univers, cours
Et salue la foule qui t’acclame
© Loup Francart
05:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture, littérature | Imprimer
06/08/2020
Flamboiement
Le flamboiement d’un être le distingue du mortel
Auréolé sans fin sa vue le déprécie
Effondré sur lui-même, il conserve son autel
De pâles admirateurs de nouvelles facéties
Ainsi s’ouvre l’horreur d’une manipulation
Environné de flammes, attirant les regards
L’homme n’ose avancer sans réconciliation
Errant sans relâche, avançant l’œil hagard
Le poil roux et vêtu d’un voile suffisant
Il étale son savoir et va euphorisant
Le poitrail découvert à l’assaut du monde
Plus rien ne paraîtra, pourvu de cheveux roux
Aussi trouve-t-on en vente le produit peu ou prou
Apportant la couleur aux douces têtes blondes
© Loup Francart
07:08 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
27/07/2020
Pictoème
Au fil du temps
au temps du fil
L'écho du passé
03:37 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pictoème, poésie, rêve cosmique | Imprimer
26/07/2020
Inconnaissance
Il ne sait plus où il est
Sait-il même qui il est
Souvenirs d’où il vient
Absence d’où il va
L’opacité de l’existence
L’obscurité de l’avenir
Une page noire…
Une tache blanche
Ouvre son destin
Le futur renouvelle
Une vie autre
Loin des représentations
Et du paraître
Puits de lumière
Dans la nuit obscure…
Va et marche vers lui
Avance dans le brouillard
Enjambe les nuages
Et force la porte
Du nuage d’inconnaissance
Entrouvre le passage
Et ne pense plus…
© Loup Francart
07:16 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
21/07/2020
Tout ou Rien ou Tout et Rien
Rien et ce rien engendre le Tout
Mais ce rien est-il le néant ?
Donner un nom à ce qui n’est pas
C’est livrer une chimère sans logique
Ce néant est-il le non-être ?
Qui peut dire non-être
S’il n’est pas lui-même
Il y a donc de l’existence dans l’absence d’être
Tout est lié au Tout
Même parler d’absence de tout
Implique la présence d’être
Dieu seul dans sa lunette
Voit l’homme devenir être
Dans un monde d’irréalité
© Loup Francart
07:42 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
18/07/2020
Entre en toi-même
Avoir la foi, croire, est-ce un trompe-l’œil ou une réalité ?
Le monde intérieur peut-il n’être que le produit du monde extérieur ?
Qu’est-ce que le réel ? Que signifie l’imaginaire ?
Le spirituel peut-il n’être que l'invention de nos sens ?
Je crie vers toi…
Y a-t-il quelqu’un au bout du fil ?
Le silence du vide… ou le vide du silence ?
Suis-je réellement lorsque je ne suis plus ?
L’homme crée-t-il la réalité
Ou celle-ci crée-t-elle l’humanité ?
La cause première est-elle la fin ultime ?
Quelle énigme que la vie !
Entre en toi-même et tu vivras !
© Loup Francart
02:29 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture, littérature | Imprimer
17/07/2020
Lui
Au commencement
Il n’y avait que l’amour
Et l’homme était seul
Face à lui-même
Il se sentit créateur :
A lui le monde
Il erra longtemps
Chercha sa place
Enfin s’oublia
Sans soutien du moi
Il découvrit l’absence
Et partit sans lui
Il trouva le soi
Revêtit la transparence
Plongea dans l’amour
Seul il devint deux
Fut la sagesse du soi
Sans renier le moi
© Loup Francart
04:43 Publié dans 46. Haïku | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, haïku, écriture | Imprimer
15/07/2020
Nouvelle humanité
C’est la fin de la nuit, le calme campagnard
Règne sur l’espace et emprisonne le temps
Seules les particules coulent sur leurs trajectoires
Sans détermination, avec roucoulement
Perdu entre le nom et de plus la fonction
Un homme s’interroge, la terre dans l’ombre
Chaque matin je suis, chaque soir création
Chaque nuit j’engendre, mort dans la pénombre
Ainsi va le destin, entre être et néant
Au cours d’une soirée, aux prises à la folie
L’œil ouvert sur le monde, océan bienveillant
Marche encore et toujours, jusqu’au bout du chemin
Sans regard derrière et sans mélancolie
Jusqu’à la naissance d’un monde plus humain
© Loup Francart
02:19 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
11/07/2020
Particule
Éclatement d’une goutte
Fuyant vers l'infini
Perdue dans l’espace
Rassemblée dans le temps
Goutte isolée de matière
Sans réelle consistance
Un souvenir dans l’obscurité
Surgissant du néant
Qu'est-on ?
© Loup Francart
06:43 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème littérature | Imprimer
09/07/2020
Amour de soi
Rares sont ceux qui débordent d’amour
Au point de ne pouvoir vivre sans l’autre
Certes au commencement la passion emporte tout
Y compris les turbulences de la pensée
Mais celle-ci cache d’autres particularités
Venant imperceptiblement d’autres régions du soi
Et qu’une caresse de rappel ravive
Alors, reste tranquille vieil homme
Et ne cours plus de tes yeux hagards
Aux pieds d’hommes ou de femmes
Pour quêter une approbation ou un rejet
Laisse aller ton indifférence et ta pudeur
Et glisser sur tes lèvres la joie d’être
Sans commune mesure avec rien d’autre
Que toi-même, le rêveur et le poète
Qui courent sans cesse vers l’illumination
D’un ciel sans nuages ni même une ombre
Les bras tendus vers un absolu inatteignable
Vers ce désir permanent d’une nouveauté
Que tu ne connais que par intermittence
Et dans lequel tu plonges sans vergogne
Pour chuter jusqu’à l’infini et au-delà
Lieu de vie pure où le passé n’est plus
Où l’avenir n’a jamais existé ni même été imaginé
Où seul le présent devient l’absence
Jusqu’au vide suprême et solennel
D’une vie devenue le tout sans rien d’autre
Qu’une présence plus prenante que la mort
© Loup Francart
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
02/07/2020
Rues d'été
La fenêtre est ouverte
L’air frais entre en catimini…
Le roulement des pneus
Sur la chaussée bruyante
Deux femmes, jeunes
Consultent leur agenda
Dans le noir de la rue
Elles passent sans le voir
Comme on passe devant un homme
Qui n’est plus de ce monde
Et marche avec certitude
Sans savoir qu’il en a
Les voitures roulent sur le boulevard
Émettant le fond sonore
Tel le bruissement des arbres
Un soir d’été ou de printemps
Elles sont parties dans le noir
Englouties par la tiédeur
Dans le frissonnement du vent
Il est trois heures…
Paris dort…
Les femmes sous la couette
Les hommes rêvant à leurs formes
Les enfants seuls au monde
Et lui, veillant sur la rue
La fenêtre ouverte
Pour le meilleur et pour le pire
© Loup Francart
07:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer