26/01/2019
Souvenir
Elle ne savait comment changer de pied en cap
Et adopter la vie en regardant la mort
Il lui arrivait de rire de son handicap
Et de sourire sans éprouver de remords
C’était un sourire d’enfant au regard clair
Comme le pli d’un drap sur les genoux étirés
Derrière ses yeux, on devinait la galère
Et l’envie soudaine et violente d’admirer
Que pouvais-je lui offrir qu’elle n’eût point connu ?
Ni le son aigrelet de l’araignée tissant
Ni le pelage du chat qui miaule en riant
Juste un peu de larmes venant d’yeux inconnus
Un peu de caresses de mains hésitantes
Et de doux baisers sur ses lèvres en attente
© Loup Francart
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23/01/2019
Hiver
La trouée aveuglante des réverbères
Écrase l’hiver fluet et l’intimide
Majestueux, chaque flocon devient cerbère
Et cache sa brillance en chute fluide
Rien ne dit au passant l’enfer de sa chute
Et le rire des lutins qui passent à travers
Seul résonne encore l’air émis par la flûte
Dans laquelle s’époumonent de rares trouvères
Le pâle hiver est entré en catimini
La fenêtre s’obscurcit, voilée de buée
L’œil pleure à la recherche des nuées
Et toi, contemplant ce monde indéfini
Au chaud, tu recueilles le mystère de l’univers
T’endormant bercé par la venue de l’hiver
© Loup Francart
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21/01/2019
Sérotonine, de Michel Houellebecq
Quels éloges ! On ouvre internet et l'on est abreuvé des qualités du roman et de l’auteur. Mieux même, on publie un « dossier de lecture » pour mieux apprécier le livre qui ne se suffit plus à lui-même. Clair et pratique, ce dossier de lecture a été spécialement conçu à l’adresse des collégiens, lycéens, étudiants, journalistes, artistes, politiques et hommes d’affaires, ainsi que de tous les lecteurs désireux d’accéder rapidement au contenu de l’œuvre de Michel Houellebecq (https://www.amazon.fr/S%C3%A9rotonine-Michel-Houellebecq-... ).
Il a quarante-six ans, il s’appelle Florent-Claude Labrouste et déteste ses prénoms. Il est dépressif et l’histoire commence en Espagne où il rencontre deux filles qui tentent de regonfler les pneumatiques d’une Coccinelle. Il fantasme bien sûr, mais nous étions dans la réalité, de ce fait je suis rentré chez moi. J’étais atteint par une érection, ce qui n’était guère surprenant vu le déroulement de l’après-midi. Je la traitai par les moyens habituels. Plus tard, dans ses rêves, l’une d’entre elles revient sauver d’un seul mouvement sa bite, son être et son âme et dans sa maison, librement et hardiment, pénètre en maîtresse.
Mais dans l’immédiat, il va à l’aéroport chercher Yuzu dont il veut se débarrasser parce que cela fait des mois qu’il n’a pas couché avec elle. Là commence l’histoire, là finit ma curiosité pour Houellebecq. Le livre est une longue errance sans motivations autour de pensées sans queue ni tête, enfin, si, avec la première jusqu’au ras le bol en raison de l’absence du moindre sentiment vis-à-vis du corps des femmes, et avec la seconde en raison de l’absence de pensées sur leur sociabilité. Enfin, n’exagérons pas. Il y a quelques belles pages concernant ces êtres aux cheveux longs : les femmes comprennent mal ce qu’est l’amour chez les hommes, elles sont constamment déconcertées par leur attitude et leurs comportements et en arrivent quelquefois à cette conclusion erronée que les hommes sont incapables d’aimer(…) Peu à peu, l’immense plaisir donné par la femme modifie l’homme, il en conçoit reconnaissance et admiration, sa vision du monde s’en voit transformée, de manière à ses yeux imprévue il accède à la dimension kantienne du respect, et peu à peu, il en vient à envisager le monde d’une autre manière, la vie sans femme (et même, précisément, sans cette femme qui lui donne tant de plaisir devient véritablement impossible, et comme la caricature d’une vie ; à ce moment, l’homme se met véritablement à aimer. (…)
Bref, à force de bavardage on en arrive à la presque fin du livre (aux alentours de la page 230/347). C’est la partie qu’ont retenue les critiques et médias pour s’étendre en louanges sur le roman. Avant, dépression et misère sexuelle et maintenant désertification des campagnes et désespoir du monde rural face à la mondialisation. Michel Houellebecq se trouve à la pointe du combat des gilets jaunes et anticipe leur révolte grâce à un aristocrate agriculteur. Les médias en font des gorges chaudes. Le Point : Malgré les scènes pornographiques [...], le roman de Michel Houellebecq est éminemment romantique. On sort de sa lecture bouleversé. Le devoir : Récit implacable d’une déchéance programmée, Sérotonine apparaît surtout comme une nouvelle variation au cœur d’une œuvre à la cohérence exemplaire. Libération : Dans «Sérotonine», son septième roman qui paraît le 4 janvier, l’écrivain endosse un nouvel avatar du mâle occidental, homophobe à la libido en berne et sous antidépresseur. Une dérive émouvante autour de la perte du désir, sur fond de révolte des agriculteurs. Paris Match : Un vrai rêve dans la littérature française actuelle.
Ne poursuivons pas, c’est un livre désespérant. Si nous n’avions que ce genre de lecture, nous aussi, nous nous suiciderions.
07:22 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, société | Imprimer
19/01/2019
Retournement
Ce n’est qu’un courant d’air
Fuir cette forteresse
Où l’on ne sait où aller
Enfermés dans nos contradictions
Cette nuit, en douceur
Nous nous sommes levés
Avons pris des chemins détournés
Nous n’avons pas posé de questions
Nous n’attendions pas de réponses
Le courant d’air nous a pris sous son aile
Et nous a mis en marche
Nous avons suivi sans savoir où aller
Même pas une intuition
Non, un simple courant d’air
Nous a mis en marche
Nous sommes sortis sur la terrasse
Délivrés du poids des pierres
Affranchis des habitudes
Il était moi et j’étais lui
Nous étions nous et lui et moi
Les pleurs nous étouffaient
Nous nous jetions dans les bras d’inconnus
Et pleurions ensemble de contritions
Délivrés de notre misère sociétale
Le cœur en tempête
Nous fûmes pris dans l’ouragan
Qui emporte tout sur son passage
Et ne laisse qu’un trou
Où il suffit de plonger
Pour baigner d’amour
Et pleurer de délivrance
© Loup Francart
07:00 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature, spiritualité | Imprimer
16/01/2019
Transparence
Feuille blanche
Le cerveau vide
Il s’enfuit
Où va-t-il ?
Il peut s’enfouir
La tête dans le sable
Il peut grimper
La tête dans les nuages
Il peut fantasmer
La tête dans le nombril
Où qu’il soit cependant
Il ne peut échapper
À un moment ou un autre
À la mort de son personnage
Que restera-t-il de l’homme ?
Tout ce qu’il n’a cessé de voir
Et n’a jamais connu
Une bulle de pensée
Et la transparence du vivant
© Loup Francart
07:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
13/01/2019
Réveil
Encore une fois, tu échappes à l’absence
Et tu t’éveilles empli de toi-même
Au centre de ta bulle d’illusions
Ne laisse pas errer ton imagination
Va aux confins de la connaissance
Là où commence l’ignorance
Malgré ta détresse, conforte-toi
Résolument, force ton destin
Et reviens vide de toi et plein du monde !
© Loup Francart
07:55 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
10/01/2019
Rêve
Elle se leva, proclama son innocence
Pleura largement sur ses épreuves
Et nous conduisit au fond du jardin
Là, en paroles incompréhensibles
Elle tenta d’expliquer son malheur
Entourée savamment du noir de la nuit
« Pardon mes amies, j’œuvre à tord
Sur cette scène obscure et glissante
Et j’enrage de devoir subir cet affront
Mais rien ne m’engage à tout dire
Mon être se dissocie et ma voix s’éteint
Je suis perdue et m’en excuse
Ouvrez vos yeux et vos oreilles
Elle va apparaître et parler »
Alors on vit une lueur monter
Bleue, froide, grinçante et amère
Son buste raide et maladroit
S’agitant et proclamant :
« Ah, quel mal y a-t-il à rêver
Que le monde n’est qu’une mascarade
Sans existence réelle et palpable
Touchez-moi si vous l’osez
Et vous disparaîtrez sans savoir
Où les dieux vous envoient
C’est leur privilège unique
Ils vous déracinent en douceur
Vous ouvrent le nombril et vous fouillent
Jusqu’à sortir de votre être en attente
Celui qui ne sait pas qu’il est
Ils vous composent une destinée sans passion
Flottant dans les courants d’air
Naviguant entre les astres chauds
Passant de bouche à oreille
Entrant dans votre intimité
Jusqu’à extraire de votre personne
Cette étincelle si réelle et vivante
Que vous disparaissez sans le savoir »
Sur ce, le spectre poussa un râle
Tourbillonna sur lui-même
Et s’évanouit à nos yeux incrédules
Qui était-elle pour parler ainsi
Au-dessus des lois humaines ?
Elle nous regarda sans complaisance
Leva les yeux au ciel, tapa du pied
Grondant de l’intérieur
Elle écarta ses vêtements
Et s’ouvrit le nombril
Un long tunnel apparut
La lueur se montrait au loin
Comme un mirage délicat
Dans lequel il convenait de sauter
Ce que firent certains que l’on ne revit plus
Était-ce un rêve ou un cauchemar ?
© Loup Francart
07:37 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
06/01/2019
Bouquet
La rose traverse l’hiver
Laissant flétrir ses pétales
En tortillons affutés
Et pendre sa végétation assoiffée.
Le vase reste de marbre
Où l’eau déborde d’envie.
Ma vue ne porte pas plus loin.
C’est déjà beaucoup pour un scarabée !
© Loup Francart
07:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
01/01/2019
Voeux 2019
Tu peux envoyer des vœux à tous, c’est une gageure !
Les vœux aux dieux, sont un engagement
A soi-même, c’est une résolution
Enfin aux êtres chers et ce devient un souhait
Mais le meilleur vœu que tu puisses faire
C’est un jour de découvrir et de chérir
Celui qui, en toi, existe, éternel et vivant
Puis, d’en faire ton ambassadeur
Tous les jours de l’année
Jusqu’à l’an prochain
Alors tu pourras recevoir
Les vœux de la terre entière
Bonne année 2019
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27/12/2018
Amour
Je t’aime, car je n’ai pas besoin de toi.
Tu es pur don,
Au-delà de tout besoin.
C’est vrai, on t’attend,
On t’espère, on te cherche,
On agit sans te connaître.
On se passe de toi, enfermé en nous-même.
Mais un instant de ta présence
Suffit à remplir la vie.
Je deviens pleinement humain,
Au-delà même de l’humain,
Là où le baiser à l’inconnu
Me remplit de silence
Et m’envahit de bonheur.
Non, je n’ai pas besoin de toi,
Mais lorsque tu es là,
Je ne suis plus
Et j’erre, empli de vide,
Ouvert à tous vents,
Baignant d’absence,
Immergé dans l’Autre
Qui est Toi, en dehors du moi.
© Loup Francart
07:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture, littérature | Imprimer
22/12/2018
Lecteur
Il est mort celui qui te lisait
Tes mots se sont envolés
Plus rien ne t’attache
A ce lieu et ce moment
Les yeux sur eux-mêmes
Ils errent en désolation
Parfois l’un d’eux s’exclame :
« Seigneur, rends nous l’homme
Qui apporte la lumière
Venant d’un autre lieu
Fais renaître l’instant
Où l’épée fut brisée
Qu’aucune colère ou vengeance
N’apparaissent au-delà
Seule la grâce divine
Peut tendre à la perfection
Alors, viens et éblouis-nous ! »
Mais celui-ci ne dit mot
Il me ferme la bouche
Et étrangle en moi
Toute manifestation
C’est pourquoi je suis là devant vous
Les yeux ouverts
Cherchant toujours la vérité
Condamné à mourir
Comme le lecteur des mots
Et du rêve...
© Loup Francart
07:53 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
20/12/2018
Assis sur le vent
Assis droit sur ta chaise
Solitaire dans ta cuisine
En attente d’invisibilité
Vint soudain le trou aspirant
L’étrange décalage du réel
L’impression de marcher sur les mains
Et de courir au mur des étoiles
Te voilà parti, nu de tout remord
Pressant tes tempes entre les doigts
Brassant tes coudes en envol
Quelle énergie vertement déployée
Tu glisses sur ton rêve qui devient palpable
Et pars si loin que tu te retrouves
Au cœur du mystère, là où rien
Ne transparaît de ce toi-même
Qui es assis sur l’air et le vent
© Loup Francart
07:16 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
18/12/2018
Rassasié
"Job mourut âgé et rassasié de jours" (Job 42, 17)
Vient donc le moment où le temps s’arrête
Par écœurement et fatigue
La mort devient un repos mérité
Une évasion de la jouissance du destin
Tu es repu des agitations quotidiennes
Des vagues et des mouvements
Tu as perdu en toi l’ordre du temps
Et bientôt tu fermeras les yeux et reposera
Sans plus percevoir le chant de la vie :
Les lèvres de la bien-aimée
Le cri de l’oiseau plongeant dans l’eau
L’étendu des collines qui rejoignent la mer
Le rire des enfants naissant à leur temps
Et les pleurs de ceux qui ont fini
De se repaître de leurs émotions…
Rassasié de jours, tu fermes les yeux
Et reposes en toi, dans l’inconnu
© Loup Francart
07:29 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
16/12/2018
L’essence du monde
Ils sont trois à se partager l’essence du monde
D’abord la matière gazeuse, liquide ou solide
En second lieu, l’espace pour qu’elle y vagabonde
Enfin, le temps, créant des changements d’état fluides
Mais qui précéda qui ? Et qui fut premier ?
Raisonnablement, l’espace fut avant le temps
Ce dernier a besoin pour s’épancher d’un sommier
Mais l’espace est distance et long en contretemps !
La durée ne peut être réduite à l’instant
Lent est le vagabondage entre les points
Les relier entre eux demande du temps
Et l’assistance de nombreux témoins
Espace et temps, même associés sans manière
En bouillie indissociable et durable
Ne restent que virtuels ou même imaginaires
Et ne savent se transformer en support fiable
Il leur manque le poids intense du réel
De quoi peser sur le ventre du spatial
De quoi prolonger les plaisirs véniels
Et se transformer en entreprise familiale
Aussi le créateur prit-il soin, gentiment
D’introduire dans la soupe brûlante des étoiles
Les cailloux de la discorde qui, curieusement
Permit d’unir le triptyque en magma idéal
La matière ne serait-elle pas, in fine
L’intruse qui serait, de l’univers, l’origine
Le rocher fondamental et comme inné
Jeté d’un doigt inconnu dans la bouillie divine
© Loup Francart
07:20 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
11/12/2018
Chaud-froid ou entropie
La chaleur ne peut pas passer
D’un corps froid à un corps chaud.
Rudolf Clausius
Que dans un sens ! L’autre est interdit
C’est un précepte solide et le seul
Qui, en physique, dans le temps s’investit
La chaleur n’est pourtant pas bégueule !
Le chaud s’épanche vers le froid
Jamais il n’apporte, dans l’autre sens
Un effet authentique ou même maladroit
La chaleur glace le cœur avec aisance
Certes, si on lui donne un coup de main
Il est possible de réchauffer le tiède
D’en faire un outil jusqu’au lendemain
Il pourra alors devenir une aide
Mais il aura fallu activer l’énergie
Ce pouvoir miraculeux et cher
Qui fait fi de toute léthargie
Et peut se déchaîner sur terre
Il faudra toujours plus d’ardeur
Pour donner la fièvre aux hésitants
Et mettre en feu les frondeurs
Pour qu’ils deviennent entreprenants
C’est vrai… S’il existe des chauds-froids
On ne connaît pas de froid-chaud
Et si vous le réchauffez, étant aux abois
Vous finirez certainement au cachot
Ainsi Clausius découvrit l’entropie
Une propriété des corps à sens unique
Qui fait dire à ceux atteint de myopie
Un plat chaud est sans doute plus messianique
07:39 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
04/12/2018
Devenir
Qu’y avait-il avant le Big Bang ?
L'univers n’était pas né
Une explosion le fit apparaître
Avant ? Rien, répond Stephen Hawking
Mais qu’entendre par rien ?
Pas le moindre bout de matière
Ni, non plus, espace et temps
Ni même un pli de l’espace-temps
Mais cela signifie-t-il qu’il n’y a rien ?
La matière est-elle la seule substance palpable ?
La pensée ne serait-elle qu’un vide
Dans lequel errent des bribes cognitives
S’éloignant plus vite que la lumière !
Oui, je l’affirme, quelqu’un pensait et était
Et cette pensée sur l’origine du matériel
Qu’était-elle ? Personne ne sait
C’est le mystère insaisissable de la nature
Un jeu ? Une plaisanterie ? Un défi ?
Nul ne le sait. C’est pourquoi il est appelé Dieu
Celui qui est au-delà de l’inconcevable
Eh bien, qu’a-t-il à voir avec nous ?
Le néant parle-t-il au néant ?
Est-il possible que soit celui qui est ?
Je suis ce que tu es et tu le sais
Mais tu ne veux pas le savoir
Tu te caches la face et refuses de voir
Tu m’as perçu un jour de transparence
Tu m’as regardé les yeux pleins de larmes
Puis tu m’as oublié, repu des orgies terrestres
Ton regard n’avait que la terre pour horizon
Lève les yeux, point n’est besoin de te prosterner
Regarde le monde, vois l’univers
Je suis par toi et tu es par moi
L’un n’existe pas sans l’autre
Les apparences sont trompeuses
La mort d’un seul d’entre nous
Consacre la fin de l’humanité
Ton esquive est la fin du monde
Qu’est-ce qui nous relie ?
L’amour fut là, en un éclair
Et l’humain devint Dieu
Parce que Dieu était devenu homme
Rien ne commençait, mais rien n’était fini
Cela durera jusqu’à la fin des temps
Dans l’extinction de l’espace
Et la dissolution de la matière
Seul, ne restera que l’amour
Le combustible des vivants
Et, particulièrement de l’humanité
Tu pensas, tu fus et tu seras
J’aime, en un instant, et je deviens...
© Loup Francart
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03/12/2018
Atome
Le vide est plein de tout
Le plein est vide de rien
Quelles drôles de lois
Que celles de l’univers !
L’atome, si petit qu’il soit
Constitue un monde en soi
Dit élémentaire et insécable
Il n’est pourtant pas indivisible
Qu’il soit solide, liquide ou gazeux
Il est presque entièrement vide
Son noyau est cent mille fois plus petit
Mais il pèse 99,9 fois sa masse
Ce noyau ne se fait pas la guerre :
Les protons sont les plus vaillants
Les neutrons sont inoffensifs
Et les électrons sont hors d’atteinte
Ils errent en effet dans le vide
Jusqu’à cent mille fois plus loin
Ces fétus sont eux-mêmes emplis de quarks
Qui dansent en dissymétrie « up et down »
L’électromagnétisme est la colle
Qui fait tenir le tout dans le rien
C’est la cuisine quantique des champs
L’invraisemblable marmite de Planck
Ainsi s’interroge Richard P. Feynman :
"Qui comprend vraiment la physique quantique ?"
© Loup Francart
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
30/11/2018
Nombres (3/3)
D’autres jeux de cache-cache existent et existeront
C’est ainsi qu’on inventa les pourcentages
Cela permit de renforcer les impressions
Et de mesurer les différences entre les produits
Quel pourcentage entre les nombres de bergères et de moutons ?
Quel pourcentage de taille entre la puce et l’éléphant ?
Ce comptage devint un changement d’horizon
Des plaines on passait aux montagnes
Les différences s’accentuèrent selon les administrés
Et l’on visait bien sûr les plus hauts ou les plus bas
Les moutons regardaient au plus terre à terre
Les jeunes bergères levaient les yeux aux cieux
Les uns restaient périssables pour le bien de l’homme
Les autres exaltaient le bonheur d’être humain
Puis, de bataille on passa à la guerre
Elle dure toujours. Le pourcentage en devint le nerf
On spécula sur la différence entre deux pourcentages
Non sur la réalité de l’évolution des sujets ou objets réels
Cela renforça le pouvoir des politiques
Commodément, ils avaient découvert la tromperie :
Passer de cinq pour cent à dix pour cent
N’est qu’une augmentation de 5 points de pourcentage
C’est une façon très utile pour ne pas dévoiler
Le doublement des impôts et des taxes
Mais on n’en resta pas là dans la duperie
On inventa l’analogique et le numérique
L’analogique reproduit les variations au plus près
Et reste le plus fidèle à l’état du sujet
Le numérique transforme le signal
En une suite de zéro et de un, soit deux amplitudes
Au lieu d’une multitude dans l’analogique
Le premier représente la danseuse idéalisée
L’image dans la tête du sculpteur
Le second n’est que l’essence du mouvement
Succession de sauts entre ciel et terre
Bon, on arrête ! Il n’y a ni moutons ni bergères
Il n’y a que des êtres diaphanes
Errant dans les mondes des nombres
Auquel s’ajoutent maintenant des lettres
Qui représentent des nombres
C’est l’invasion ! Sauve qui peut
Les migrants sont là, ils avancent
Les mots étouffent et la poésie s’effondre
Le numérique nous étrangle
Mayday… Mayday… Mayday…
© Loup Francart
07:39 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
29/11/2018
Nombres (2/3)
Pythagore, un petit malin, découvrit les nombres irrationnels
On ne peut les écrire sous forme d’une fraction :
La diagonale d’un carré n’est pas exprimable
En un nombre rationnel qu’il soit entier ou fractionnaire
Tel est le nombre Pi, illimité en décimales
Serait-ce un nombre fini qui s’exprime en infini ?
Archimède en montra la transcendance
C’est un nombre non algébrique et non constructible
Pi serait-il un nombre univers, c’est-à-dire un nombre réel
Contenant n'importe quelle succession de chiffres de longueur finie ?
Si la bibliothèque de Jorge Luis Borges était de chiffres
Il en remplirait sans aucun doute la totalité, et même plus
Mais heureusement on s’aperçut qu’il n’était pas seul
On aurait pu penser que la transcendance est Une
(Au même titre que Dieu en tant qu’indénombrable)
Eh bien non ! Le nombre d’Euler, découvert bien plus tard
Est noté e, nombre dont le logarithme est l’unité
Il est irrationnel et transcendant
Et c’est un nombre réel et normal
Avouons que là moutons et bergères
Sont singulièrement coupés de la réalité
Jusqu’au moindre poil ou cheveux
Dommage, on aime bien les nombres de tous les jours !
Enfin on appela, parce qu’il faut bien les nommer
Les ensembles précédents des nombres réels
Soit le total de ces nombres, avec ou sans virgule
Positifs ou négatifs, qu’ils soient rationnels ou non
Le nombre réel est un nombre représenté
Par une partie entière et une liste finie ou infinie de décimales
Les moutons en gains ou en pertes
Les bergères qu’elles soient vierges ou déjà femmes
les deux, même morts et coupés en morceaux
Font partie de cette foule infinie des nombres
Aurait-on fini cette énumération des types de nombres
Qui sont bien réels et manipulables ?
Au fond, y a-t-il des nombres non réels
Des nombres à part entière qui tirent leur existence
De la pensée sans réalité palpable ?
Eh bien oui ! Ce sont les nombres imaginaires
Et, encore, les nombres complexes
Une famille qui s’agrandit presque chaque jour
Les moutons créent des agneaux
Et les bergères deviennent mères de famille
Les prénoms y sont bizarres :
Quaternions, octavions, sédénions
Et même cyclotomiques
Mais là, ne m’en demandez pas trop
Mon imagination ne va pas jusque là
Car la complexité devient virtuelle
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28/11/2018
Nombres (1/3)
L'homme, dans sa maison, n'habite pas l'escalier, mais il s'en sert pour monter et pénétrer partout ; ainsi l'esprit humain ne séjourne pas dans les nombres, mais il arrive par eux à la science et à tous les arts. (Comte de Rivarol)
De nos jours, tout se fait avec des nombres
Le mot n’est rien, il est fait de lettres
Et les lettres ne sont que des sons
Certes, les chiffres sont parfois écrits en lettres
Et ne constituent qu’un élément d’écriture
Mais le chiffre est aussi un signe
Qui sert à l’écriture d’un nombre
Une lettre n’a pas de sens en soi
Tandis que le nombre engage qui l’utilise
Et peut le précipiter dans le tout ou le rien
Le chiffre a un poids que la lettre n’a pas
Auparavant la famille des nombres était simple
De zéro à neuf, puis mélange cousins cousines
On comptait les moutons avant de dormir
Et les jeunes bergères croisées dans la journée
Il suffisait de savoir compter pour vivre bien
La famille des nombres entiers naturels
Ce sont les nombres de tous les jours qui servent à compter.
Ils pèsent plus ou moins lourds et sont toujours positifs
Mais un jour la tartine tomba à l’envers
Dévoilant les cuisses de dame numéro
Alors on compara les nombres entre eux
Certains en sortirent gonflés d’orgueil
D’autres se tournèrent vers la pauvreté
Et descendirent aux enfers
De plus, il arrive qu’il y ait des pertes
Les moutons se font manger par les loups
Les bergères perdent leur virginité
Alors, d’un coup de doigt, on conçut le moins
Les nombres pouvaient devenir négatifs
On comptait à l’envers et ce fut l’enfer
Il y eut ainsi les nombres entiers négatifs
On les plaça aux côtés des nombres positifs
Créant ainsi les nombres entiers relatifs
Mais on prit conscience, en toute innocence
Que si l’on multiplie deux nombres entiers
On obtient en toute logique un autre nombre entier
Alors que si on le divise peut surgir une fraction
Le nombre ainsi trouvé devient fractionnaire
Pourquoi l’appelle-t-on couramment nombre rationnel
Alors qu’il peut être totalement irrationnel :
La moitié de cinq jeunes bergères ne peut être deux et demie
Il faudra en ajouter ou en retrancher une
Si belle ou si riche soit-elle, dans l’une ou l’autre union
07:28 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
26/11/2018
Métamorphose
Il vécut comme il mourut, prestement
En étoile filante, comme un souffle silencieux
Dieu, que d’arrogance dans cet entrefilet
Où l’homme devient singe hirsute
Baillant aux corneilles étonnées
L'histoire d’une femme délaissée
Quelle pitié que cette jeunesse enfermée
Dans un corps sans contour ni forme
L’homme saisit un bout de chair
Tâta prestement du doigt son élasticité
Puis, délaissant la fraîcheur odorante
Se tourna vers l’ombre vivifiante
Où donc vas-tu aller, toi l’autocrate
Aux poils longs et vigoureux ?
Rien ne va plus ! La mort entre
Pliée en deux, le regard avide
Elle ne dit mot, mais d’un doigt
Ouvrit le cœur de l’homme ébahi
Un filet d’air se glissa dans la fente
Ouvrant sur une couleur inédite
Le pincrol, mélange surchargé
Qui fait pleurer les yeux fatigués
Le sang gicla comme une fontaine
Mais la couleur âcre et inodore
Étalait la tache sur son corps
Et l’emplissait de dédicaces
L’être allait et venait en lui
Sans jamais s’écarter du sujet
Proche de l’impossible vengeance
Prononçant trop tôt le mot fin
Sous la lampe blafarde
Sous l’ombre vivifiante
Devant cette statue irradiante
Il perdit pied et ouvrit les mains
Plus rien ne va dans sa tête
Enveloppé de contentement
Il regarde le ciel, bouche ouverte
Et pousse le seul cri qui soit possible
« Dieu, rejoins-moi, soutiens-moi
Berce-moi, embrasse-moi
Et rend ce passage insensible
Me voici, plus vivant que jamais »
© Loup Francart
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22/11/2018
Un instant
Instant subtil et fragile
Que ce passage du brouhaha
Au silence intérieur
C’est un flash de compréhension
Inaccessible au moi
Qui tourne dans la tête
Comme une lune indestructible
Certes il a ce désir tendre
Du silence indéfinissable
Mais celui-ci ne vient qu’à son heure
Espérée, sans qu’on la choisisse
Il regarde en lui
Il s’efforce de nager à contre-courant
Il tente de bloquer
Cet être qui le domine
D’un coup les défenses tombent
Décollage imperceptible
Les roues quittent le sol
Il largue ce moi encombrant
État d’apesanteur, consolant
Des efforts entrepris vainement
Il passe à travers lui
Et ne rencontre rien
Mais ce rien devient tout
Et même plus encore :
Un matelas d’air frais
Qui porte l’espérance
Le noir de la conscience
Devient l’éclair de la lumière
Un flash intérieur qui survient
Sans que l’on puisse le prédire
Son carburant est l’absence
Devenue présence inconnue
A conserver les mains en coupe
Sans le moindre courant d’air
Il vole dans un azur infini
Franchit les collines
Atteint ce lieu indéfini
Qui s’ouvre sur le néant
Et ce néant devient le tout
Qui pénètre le cœur
Et rend la transparence
A ce moi qui n’est plus
Il est
En pleine conscience
Hors de toute connaissance
En plénitude du soi
© Loup Francart
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17/11/2018
Ecoulement
L’eau morte coule le long des tuyaux
J’entends son gazouillis dans le creux de ma main
Goutte à goutte le temps s’écoule
Les gens dans leur bêtise hautaine
Glissent le long des trottoirs embués
Tandis que l’œil morne des fenêtres les observe
Les vents poussent la brume et les franges des manteaux
Traînant dans la boue houleuse de nos pas
Une main fine a essuyé les larmes qui creusent l’œil
D’un geste mouillé et gémissant
Les rues fuient les rues sans se séparer
Et la nuit abat sa longue cape de deuil
L’eau ruisselle et éponge le son des pas
Et les passants cachent leur misère
Derrière un col ou sous un parapluie
Marche continuelle et pressée
Qui ne finira jamais sa danse effrénée
Le fer de mon balcon a perdu sa beauté
Comme les volets ont fermé leur bras
Les ombres regagnent la clarté enfermée
Dans le sein des flancs de ces rues
Pendant que s’étend la grande bête noire
Goutte à goutte le temps s’écoule
© Loup Francart
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13/11/2018
Libre
Libre…
Que crois-tu être ?
La pesanteur te pèse-t-elle ?
Elle te tire vers le bas
Pour mieux t’élever
Ne pas bouger
N’est pas une solution
Lance-toi derrière tes pensées
Cours après la vie
Réjouis-toi de cette attirance
Vers la lourdeur des mots
Là-bas, plus loin… Très loin
Dans la clarté obscure
Au-delà de ton entendement
En ce lieu inconnu et sans poids
Qui t’attire et te rejette
Erre l’absence des modèles
Des règles et de la morale
Oui, la vie est sans fin
Ouverte sur le monde
Ne traîne pas ce bagage inutile
Que tu t’efforces de gonfler
Laisse-le au bord du chemin
Et va libre de contraintes…
Mais ne te trompe pas de direction
Ne va ni à gauche ni à droite
Ni en haut ni en bas
Ouvre ton cœur
Et marche vers toi
Là où rien ne guide tes pas…
© Loup Francart
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12/11/2018
La dernière fois que j’ai rencontré Dieu, de Franz-Olivier Giesbert
« Dieu est une chose trop importante pour être confiée aux religions », annonce Franz-Olivier Giesbert dans son avant-propos. Mieux même, il énonce que « l’existence de Dieu ne se prouve pas, elle se sent ». Et il renonce à trouver Dieu dans la théologie et même l’intellect. Alors il nous raconte ses tentatives pour rencontrer Dieu : l’eau qui coule et qui emmène loin de soi, le bouillonnement de la vie, l’harmonie des après-midis dans l’infini du monde. « J’ai retrouvé Dieu au sommet d’un tas de foin qui sentait le caramel cuit ». Mais sa première rencontre avec le Dieu d’amour se fit dans les yeux de sa mère, « le regard maternel l’emmena très loin, dans une danse effrénée jusqu’au bout de l’azur ».
Depuis lors, sa conviction est que Dieu c’est la nature. Il comprend l’antispécisme comme une égalité qui lui fait dire que la condition animale, voire celle des plantes, est égale à celle de l’homme. Il fait pour cela appel aux religions orientales, en particulier à l’hindouisme et au bouddhisme. « Le bouddhisme est un panthéisme où Dieu et tout et tout est Dieu, le bien, le mal, le vrai, le faux, l’amour, la haine, la bête, l’homme, la part d’ombre, de lumière, etc. l’hindouisme ne voit pas les choses de la même façon. L’un de ses textes fondateurs, l’Advaita Vedanta de Brahma-Siddhi stipule : le Brahman est tout mais tout n’est pas le Brahman ».
L’auteur, après cinquante pages de poétique vision du monde entre dans sa vision des religions. L’effet sur le lecteur n’est pas le même. Les poètes regretteront sa verve campagnarde. Les philosophes se dotent d'un langage scientifique, les scientifiques manque d’approfondissement. Le livre alors s’ouvre en deux : le visible évalué par la science, la rationalité, l’analyse ; l’invisible discerné par le cœur, les sentiments, la beauté et la bonté. Le pont entre les deux ? Le panthéisme qui unifie le monde et Dieu. Alors, tout au long du livre, il oscille entre les deux approches, par l’intellect et les sentiments. Il nous parle du regard d’une chèvre, Rosette, et explique que « notre moi humain nous a bouché la vue sur le monde. Elle nous a empêchés d’approcher Dieu, de le toucher et d’être en sympathie avec lui, c’est-à-dire vous, nous, tous les autres. Il dévoile des ponts entre les deux : François d’Assise, saint et voyou ; les avancées cosmologiques qui mettent en évidence que nous ne sommes pas au centre du monde.
Mais ne dévoilons pas l’ensemble du livre. Ne retenons qu’un conseil : « Merci est ma prière » (chap. 33), merci la vie, merci le monde, merci la nature. Et pourtant, « notre vieux monde vit sous la dictature de la déploration et de la mélancolie… Tout va mal, même quand tout va mieux… C’est pourquoi il n’est pas de bon ton, aujourd’hui, d’admirer, de célébrer, de dire merci.
Et dans l’épilogue, Franz-Olivier Giesbert ajoute : « Même si j’ai pensé que la mort se rappelait à moi, je suis sûr que j’ai gardé mon sourire con : alors que l’âge venait, elle ne me gâcherait jamais la vie que j’ai passé à mourir de joie en attendant de murmurer, l’instant fatal, ce vers d’Aragon qui résume notre destin ici-bas : Ce serait vivre pour bien peu s’il fallait pour soi que l’on vive… »
07:17 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, publication, éditeur, dieu, nature, monde cosmos | Imprimer
10/11/2018
Folie enfantine
L’enfant n’est qu’un adulte en formation
Ou l’adulte est-il un enfant devenu vieux ?
Nul ne le sait, ni lui ni moi
Parfois il me regarde et sourit benoîtement
Il m’arrive aussi de ne pas savoir
Où et quand je change de personnalité
D’émotion, je passe du rire aux pleurs
Indifféremment, du mal au bien
De l’impulsion à la réflexion
De l’absence à la présence
Du tout au rien, ou presque
L’enfant est là, inconnu, sans souvenirs
L’adulte n’est déjà plus présent
Il erre dans son passé sans avenir
Figé et ployé sous le harnais
Il lui arrive de se contempler
Alors il rit de ne plus savoir
Si l’endroit est bien à l’envers
Ou si la droite est en haut ou en bas
Comment délimiter ma place dans la vie
Si je ne sais quelles sont les limites
Qui me permettront de me connaître ?
À moins que ces limites soient sans fin
Ou que je sois enfermé dans le rien
Comme l’oiseau qui vole et tombe
Au moment fatidique de sa mort
Ah, je ne sais où je suis
Mais, au fond, suis-je ?
Je crois que je ne pense pas suffisamment
Et qu’à l’inverse de Descartes
Je suis sans penser, donc sans être
Plein et entier…
© Loup Francart
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
05/11/2018
Rapace
L’œil en recherche, les mains aux ongles crispés,
Les lèvres avides et le cœur de pierre,
Il regarda passer une femme dissipée
Qui serait consentante et s’offrirait aux serres.
Elle marchait hagarde, titubant de bonheur.
Pour la première fois, elle vivait la caresse.
Elle n’avait aucunement peur du déshonneur,
Seul importait le don de soi sans maladresse.
Et la rencontre fut telle qu’imaginée.
Que dire de ces instants perçut le cœur battant.
Consentante, elle les vécut en combattant.
Elle vit l’homme rapace à terre, inanimé.
Qu’avait-elle fait, la glorieuse, en un seul geste,
Les doigts recourbés dans le regard céleste ?
© Loup Francart
10:50 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
01/11/2018
Neige
La neige tombait dans la nuit
Et s’amoncelait devant l’huis.
La nuit avait revêtu sa robe de mariée,
Le monde en était changé.
Les rues de toujours
Devenaient les rues d’un jour.
La lumière des réverbères,
Qui, souvent, désespère,
S’estompait en l’air
Et scintillait par terre.
Seule, de mes enjambées la cadence
Troublait l’émouvant silence.
Par mes pas imprimés,
Je la sentais violée.
Mais bientôt l’aurore, enfant de la nuit obscure,
Fera rougir sa blanche parure.
Mettant au monde la lumière, elle s’éteindra
Et l’homme du jour s’étonnera :
« Quel est ce voile
Laissé par une nuit sans étoiles ? »
© Loup Francart
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29/10/2018
Envers ou endroit
Parfois, il s’enferme dans l’envers
Il s’y trouve bien, c’est son refuge
Devant l’ampleur du monde
Et la somme des découvertes à faire
Rien pourtant ne l’oblige
A bailler sans cesse devant ses souvenirs
Ou à errer devant son avenir
Il est bien là, las de son être
Et emprunté de sa distance
Il lève la tête quand il faut
Mais rares sont les lieux
Où le repos accompagne la fête
L’endroit pourtant est étayé
Construit selon les règles de l’art
Trop bien pour lui, sans doute
Mais c’est en fait une lassitude interne
Qui disjoncte la machine
Et la rend si instable et imprévisible
Il cherche le juste milieu
En équilibre sur le pic, mort ou vif
Rien ne va plus !
Il s’enfuit en courant
Vers le lac sans fond
Dans lequel l’ombre ne pénètre pas
© Loup Francart
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19/10/2018
Danse sans oubli
As-tu un souvenir qui ne vient pas à toi
Quand dans la nuit noire souffle le vent du soir ?
Connais-tu la joie et l’ivresse de la foi
Quand balance l’encensoir et dort le reposoir ?
T’arrive-t-il parfois d’entendre l’air narquois,
Quand le ciel rejoint la terre et gèle la carrière ?
Vois-tu les villageois danser comme des siamois
Et dresser des barrières pour pleurer sans manière ?
La coupure de la glace à la fontaine de la place
A fait fuir l’angoisse et les idées fugaces.
Danse le guilledou et embrasse les cous.
Dans l’aigreur du froid et la tristesse de l’effroi,
Tu découvres l’endroit où tu connus François,
Le vagabond sans tabou, amateur d’igloo.
Danse encore une fois.
Mais n’oublie pas toutefois,
Le miséreux qui larmoie
En cherchant un emploi.
© Loup Francart
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