16/12/2018
L’essence du monde
Ils sont trois à se partager l’essence du monde
D’abord la matière gazeuse, liquide ou solide
En second lieu, l’espace pour qu’elle y vagabonde
Enfin, le temps, créant des changements d’état fluides
Mais qui précéda qui ? Et qui fut premier ?
Raisonnablement, l’espace fut avant le temps
Ce dernier a besoin pour s’épancher d’un sommier
Mais l’espace est distance et long en contretemps !
La durée ne peut être réduite à l’instant
Lent est le vagabondage entre les points
Les relier entre eux demande du temps
Et l’assistance de nombreux témoins
Espace et temps, même associés sans manière
En bouillie indissociable et durable
Ne restent que virtuels ou même imaginaires
Et ne savent se transformer en support fiable
Il leur manque le poids intense du réel
De quoi peser sur le ventre du spatial
De quoi prolonger les plaisirs véniels
Et se transformer en entreprise familiale
Aussi le créateur prit-il soin, gentiment
D’introduire dans la soupe brûlante des étoiles
Les cailloux de la discorde qui, curieusement
Permit d’unir le triptyque en magma idéal
La matière ne serait-elle pas, in fine
L’intruse qui serait, de l’univers, l’origine
Le rocher fondamental et comme inné
Jeté d’un doigt inconnu dans la bouillie divine
© Loup Francart
07:20 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
15/12/2018
Amour et connaissance
L’amour ne peut qu’enrichir la connaissance, car il est une co-naissance intuitive de l’homme dans son essence, de l’homme subordonné au tout et non de l’individualité. C’est pourquoi l’amour ne doit pas être l’exclusivité d’une personne ou même de plusieurs, mais il doit s’attacher à l’ensemble des individus, même à l’ensemble des choses à connaître, c’est-à-dire à l’univers en tant qu’image de lui-même.
Seul cet amour peut nous enrichir et nous apporter à la fois la connaissance de l’univers et du moi en tant que personne consciente (du tout) et non en tant qu’individu unique.
De même la connaissance ne peut qu’accroître et approfondir l’amour, car en apprenant à connaître chaque partie de l’ensemble, on ne peut que concevoir un sentiment d’amour envers le tout, synthèse de cet ensemble.
Ainsi de même que la connaissance de soi et la connaissance de l’univers ne peut que croître simultanément faute de quoi elle butera, de même l’amour et la connaissance ne peuvent que se nourrir l’un de l’autre ou mourir par insuffisance de l’un.
07:17 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, connaissance, univers personne, individu, conscience | Imprimer
14/12/2018
Voyage à Yoshino, un film de Naomi Kawase
Un film magnifique, mais incompréhensible. Après avoir lu les annonces concernant ce film, on se dit : « Pourquoi pas ! J’aime la lenteur des films japonais, le décrochement du temps, la contemplation des sous-bois, le regard sur les frissons d’une peau, le soupir d’une vieille femme, la joie avenante des jeunes filles. »
Et ce fut bien cela, l’éclat des voix dans la montagne, le crissement de la scie sur le tronc des pins, le craquement des arbres qui tombent lentement, la friture du wok dans la cuisine, le froissement des vêtements retirés, l’embrasement des corps se palpant. On avançait lentement dans la connaissance de l’autre, ayant toujours un détail à appréhender avant d’aimer ou de rejeter.
Mais on ne sait plus ce que cherche Jeanne (Juliette Binoche) : la vision, une plante médicinale ; le passé de jeune fille qu’elle a été un jour, l’immortalité d’une vieille femme qui reste malgré tout jeune. Tout se brouille dans cette forêt et l’arbre à nœud qui sont les fils conducteurs centraux du film. Le vent, la pluie, la rage, s’abat sur le spectateur qui ne sait plus où il est, où il va, ce qu’il devient. Les dernières trente minutes du film deviennent incompréhensibles, d’une écologie de pacotille, d’une déraison mystico-magique qui gâche l’enchantement du début. Dommage !
07:29 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, écologie, mystique, primitif | Imprimer
13/12/2018
Ephistole Tecque (24)
Tournant légèrement la poignée d'un quart de tour, il put libérer le battant immobilisé et repousser les deux en les imbriquant l'un dans l'autre. Appuyant de l'autre main sur l'ensemble, il tourna la poignée dans le sens de la fermeture s'assurant ensuite par une traction vers l'arrière que la fenêtre était bien fermée. Enfin ! La chaleur allait pouvoir à nouveau rayonner du chauffage vers la pièce et s'accumuler entre les couvertures, réchauffant son corps glacé.
Une fois recouché, recouvert par les couches successives du drap, des couvertures et du couvre-lit, son corps resserré sur lui-même pour retrouver plus vite sa chaleur, Ephistole tenta de remettre un peu d'ordre dans ses idées, de réfléchir calmement sur le bouillonnement de visions qui l'avaient submergé et englouti dans une sorte d'hypnose de l'esprit. Que lui était-il arrivé ? Il ne parvenait pas encore à comprendre nettement ce retour en arrière, se demandant s'il avait été réellement éveillé à chaque fois ou si ce n'avait été qu'un rêve un peu original qu'une influence extérieure, telle qu'un bruit périodique venant de la rue ou un tressaillement de la maison au passage de plusieurs métros au-dessous d'elle, aurait fait revenir à son point de départ, avant qu'il ne s'éveille réellement à l'accentuation de cette influence. Il lui sembla cependant bizarre qu'à chaque cycle du rêve, il ait réellement eu l'impression de se lever et de marcher vers la fenêtre, en particulier de sentir le contact de la poignée de la fenêtre. Pourtant il n'avait pu se lever ainsi plusieurs fois de suite et se retrouver aussitôt après dans son lit. Il écarta la possibilité invraisemblable d'une faculté de déplacer instantanément son corps dans l'espace, cette solution ne pouvant exister que dans l'imagination de certains visionnaires qui croient à des facultés supranormales du corps humain.
07:53 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, vie, vacuité, mal-être | Imprimer
12/12/2018
Paradoxe
Paradoxe de la sainteté :
elle apporte une insatisfaction de soi de plus en plus grande
et elle comble l'homme de la présence de Dieu
parce que cet amour est indifférent aux fautes.
07:39 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe | Imprimer
11/12/2018
Chaud-froid ou entropie
La chaleur ne peut pas passer
D’un corps froid à un corps chaud.
Rudolf Clausius
Que dans un sens ! L’autre est interdit
C’est un précepte solide et le seul
Qui, en physique, dans le temps s’investit
La chaleur n’est pourtant pas bégueule !
Le chaud s’épanche vers le froid
Jamais il n’apporte, dans l’autre sens
Un effet authentique ou même maladroit
La chaleur glace le cœur avec aisance
Certes, si on lui donne un coup de main
Il est possible de réchauffer le tiède
D’en faire un outil jusqu’au lendemain
Il pourra alors devenir une aide
Mais il aura fallu activer l’énergie
Ce pouvoir miraculeux et cher
Qui fait fi de toute léthargie
Et peut se déchaîner sur terre
Il faudra toujours plus d’ardeur
Pour donner la fièvre aux hésitants
Et mettre en feu les frondeurs
Pour qu’ils deviennent entreprenants
C’est vrai… S’il existe des chauds-froids
On ne connaît pas de froid-chaud
Et si vous le réchauffez, étant aux abois
Vous finirez certainement au cachot
Ainsi Clausius découvrit l’entropie
Une propriété des corps à sens unique
Qui fait dire à ceux atteint de myopie
Un plat chaud est sans doute plus messianique
07:39 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
10/12/2018
Robert Ferri, peintre
Tout tourne autour de l’horizontalité. Une ligne d’horizon autour de laquelle se construit et s’ordonne le tableau. Ce peut être une simple ligne blanche comme sur ce premier tableau, ce peut être un horizon de verdure, de bois, voire même une ligne frêle entre le bleu du ciel et le bleu de l’eau.
Les tableaux personnalisent la liquidité et la lumière. C’est le scintillement du papier sur lequel les couleurs sont multipliées qui produit cet effet. C’est l’été, la chaleur monte du sol, tremble dans l’air, monte vers le ciel où elle se décompose en éléments granuleux qui forment des nuages irréels. Et l’on se repose dans ces couleurs, ce miroitement, ces reflets.
Même les paysages campagnards sont liquides. On se noie dans les blés, on voit les bosquets comme des navires en haute mer et le ciel se couvre de nuages noirs avec, toujours, la tache plus claire et grenée d’une éclaircie qui adoucie l’ensemble.
Le ciel peut devenir marbré, veiné, les feuillages striés et tremblotants. Seule, l’eau reste étale, immobile, empâtée, statique, mais toujours fluide Elle coule dans le soleil et celui-ci fixe son cheminement dans la lumière.
L’eau devient ciel et le ciel se confond avec l’eau. Seule la ligne horizontale prend une autre teinte, un vert léger qui seul luit au soleil. Puis le regard s’enfonce dans l'ombre des arbres, mystérieusement.
L’âme respire dans ces paysages, se gonfle de bonheur. On en ressort calme, apaisé, étiré en horizontalité.
C’est une nage dans 50 nuances de bleu.
07:33 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, expressionisme, paysages | Imprimer