05/05/2013
Le monastère d’Alcobaca, au Portugal
http://www.youtube.com/watch?v=s9A0_kwUSzI
Splendeur et gigantisme. Cette abbaye vaut le détour. Y a-t-il autre chose à dire ?
Juste un mot : était-ce vraiment une abbaye dans laquelle vivaient une multitude de moines ?
Et si vous voulez en découvrir plus, regardez ce panorama :
07:05 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : portugal, tourisme, unesco | Imprimer
04/05/2013
Prudence et parcimonie
Prudence ! Viens, la petite, viens !
Gambade encore devant mes pieds
Soulève mes chaussettes trouées
Et découvre sous mes pas
Les pièces semées par inadvertance
Froid, désolation, rien ne vient
Aujourd’hui est le jour raté
D’un retour au primitif
A la valse lente des mirages
Le matelas des cieux, moelleux
S’endort au-dessus des frissonnements
Du jardin englouti dans sa torpeur
Pourtant la nature s’est éveillée
Elle a fait grandir les pousses
Mais sitôt fait, elles ont stoppé
Leurs gambades allègres
Elles se sont rétrécies de crainte
Elles attendent leur heure qui ne vient pas
La lassitude s’enracine dans les membres
Bouges-tu ton petit doigt
Tu réalises un exploit
La chair de poule t’envahit
Tes frissons te couvrent d’une carapace
D’indolence fiévreuse
Et pourtant ces bouquets de blancheur
Se dressant en écume de vie
Sont bien le signe d’un mouvement
Un appel à la décontraction
Quand donc nous relâcherons-nous
Laisserons-nous aller nos oripeaux
Pour nous laisser rôtir nus
Et dansez le sabbat au jour le plus long ?
07:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
03/05/2013
Ambivalence
Tel ce dessin dans lequel les côtés s’accordent en abscisse et s’opposent en ordonnée, l’homme oscille sans cesse entre le bien et le mal.
Et si l’on regarde bien, pris individuellement chaque quart penche d’un côté ou de l’autre. Telle est l’ambivalence de la nature humaine.
07:22 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, op'art, art cinétique | Imprimer
02/05/2013
L'échappatoire
Quelque part, en France, il existe une installation très spéciale sur un fleuve : un bac à double sens permet de le franchir. La plupart des gens l’évitent. Il est perdu dans la campagne et un pont suspendu se trouve à quelques kilomètres. Seuls ceux qui ne le connaissent pas ou les habitants des villages des deux rives s’essayent à franchir le fleuve à cet endroit. Deux gardiens, employés par la commune, sont là pour le péage. C’est une obligation légale établie lors de la construction des bacs il y a plusieurs dizaines d’années. Le montant du passage est suffisamment élevé pour qu’on soit obligé de passer à plusieurs. Mais le prix n'est pas fixe. Il dépend du nombre de passagers pour la traversée dans un sens, mais aussi dans l’autre sens. Il dépend également du poids des impétrants, de l’heure de la journée, du passage des bateaux assez fréquent en milieu de journée et de l’humeur des gardiens. Le péage est fondé sur la capacité à négocier de celui qui veut tenter l’aventure. Car il faut avant tout trouver un leader qui prend à sa charge cette mission périlleuse.
La négociation commence entre les demandeurs d’une rive. Combien acceptent-ils d’investir pour traverser ? Quatre euros, cinq, voire sept ? La discussion dépend bien sûr du nombre de personnes, mais aussi du temps de négociation et de l’heure à laquelle elle se termine. Lorsqu’ils se mettent d’accord, une entente réelle a pris forme et ils défendront leur point de vue envers et contre les volontaires de l’autre rive. Le leader va alors voir le passeur, lui donne le chiffre atteint et reprend la négociation avec lui. Souvent, le chiffre demande quelques ajustements de la part du groupe qui finit par consentir à ajouter quelques dizaines de centimes. Le gardien appelle alors son collègue par téléphone. Il est assez fréquent qu’il n’ait pas en face un groupe semblable prêt à traverser. Il faut alors attendre. Certains groupes jouent aux cartes, d’autres observent les mouettes tracer dans l’air des courbes vertigineuses, quelques-uns, mais peu, ne se parlent pas et attendent en silence. Lorsque le groupe opposé est prêt – ce qui signifie qu’il a effectué les mêmes opérations de négociation – le leader, par l’intermédiaire du gardien entame la négociation entre les deux groupes. Elle peut durer. Certains s’entendent très vite, mais il est arrivé qu’elle se prolonge au-delà de la journée. Généralement elle se situe entre quinze minutes et une heure. Chaque leader met son point d’honneur à ne pas céder aux exigences de l’autre. Ce sont parfois les autres membres du groupe qui finissent par accepter les conditions outrancières de l’autre rive. Les gardiens ont également leur mot à dire, en fonction des différentes variables exposées plus haut. Habituellement ils anticipent d’un quart d’heure le changement de tarif : arrivée d’un train de bateaux, passage d’une perturbation atmosphérique ou tout autre élément ayant un poids sur le prix. Lorsque les négociations sont terminées, on débouche une bouteille de part et d’autre de la rive et on la laisse ouverte sur la table dans le bureau des passeurs. Le groupe s’entasse dans la barge, le gardien revêt son casque, met le moteur en route, donne un coup de sirène et commence la traversée. Le croisement des groupes s’effectue généralement au milieu. On s’invective à pleine voix, les hommes gesticulant de part et d’autre. Certaines femmes agitent leur parapluie en poussant de petits cris. Puis les embarcations s’éloignent l’une de l’autre et l’on n’entend plus que le clapotis des vagues sur la coque. A l’arrivée, tous se précipitent dans le bureau des gardiens pour voir la bouteille dont le prix avait également été négocié. Le leader la prend, emplit de manière équitable chaque verre, et chacun boit religieusement le fond d’alcool auquel il a droit. Lorsque la dégustation est finie, on se salue d’une inclinaison de la tête et chacun repart vers ses occupations, heureux d’être enfin parvenu de l’autre côté.
Pourquoi, me direz-vous, ces gens perdent-ils un temps précieux à ces opérations difficiles et aléatoires de négociation au lieu d’aller traverser sur un pont somme toute assez proche ? C’est le seul endroit en France où l’on trouve un tel système. Il est en fonctionnement depuis pas mal de temps et personne ne le remet en cause, même pas les maires des deux communes qui payent les deux gardiens. Ce que l’on peut dire, c’est que c’est également le seul lieu en France où il n’y a ni crime, ni délit. Le rôle du bac est d’établir un lien social et quasi éthique entre les habitants des deux villages. Ils se connaissent bien, s’estiment pleinement, s’invectivent fortement sur le bac et apprécient de pouvoir boire un coup chaque fois qu’ils traversent la rivière. La négociation tient lieu de trop plein à leur agressivité. L’ai-je rêvé ou est-ce vrai ?
07:14 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conte, rêve, création | Imprimer
01/05/2013
Chaque femme est un roman, roman d’Alexandre Jardin
Extrait du prologue :
Parfois, il me semble que les femmes sont des tremplins vers le fabuleux. Ecrivaines pour la plupart non pratiquantes, elles produisent de la prose intérieure destinée à tromper leurs déceptions et à soigner leurs rêves. Changent-elles de métier, d'amant ou d'opinion ? C'est d'abord une césure, un rebond de style, un chapitre qui se tourne. Adressent-elles une œillade à un passant ? C'est un best-seller qui débute. Depuis mon plus jeune âge, je sais que chaque femme est un roman. Voici en quelque sorte mes études littéraires, blondes et brunes.
Alexandre Jardin se penche sur les femmes par l’intermédiaire de scénettes croustillantes d’imagination et de verve. Chacune d’elle se termine par une sorte de leçon de chose. Ainsi une erreur sur la personne (féminine bien sûr) fait conclure : Je dois à cette voisine du dessous, avide de cajoleries plurielles, de m’avoir fait sentir combien je suis l’auteur de mes sentiments. Aimons-nous des êtres réels ou l’opinion que nous faisons d’eux ? Ou encore : Alexandre, sommes-nous ce que nous paraissons ? Poser la question, c’était y répondre. Eperonnée d’un vif appétit de vérité, elle aspirait alors, je le suppose, à plus d’authenticité et à redescendre des sommets où je l’avais placée. Miner la perfection, ça use. Notre histoire, asphyxiée de pétrarquisme, ne pouvait plus durer.
Les croquis de personnages insolites sont drôles et acidulés. Il décrit ainsi son producteur : J’aime qu’en lui se combattent mille singularités incompatibles et je raffole de l’obstination qu’il met à paraître ce qu’il n’est pas. Romanesque à l’excès, cet animal hors-série s’affiche raisonnable. Suraffectif, il se présente volontiers froid ou blasé en public. Doté d’une curiosité omnidirectionnelle, il raille volontiers les éparpillés et s’il s’installe dans le brillant de l’actualité je l’ai toujours vu passer très au large des modes. Pourquoi pavoise-t-il dans les atours de la réussite alors qu’il n’est qu’aventure ?
Alexandre Jardin campe chaque personnage dans des situations baroques. C’est ainsi qu’il va séjourner dans un hôtel où il est interdit de parler. Et il en tire une conclusion saugrenue : Pendant onze jours, allégé de tout babil, j’ai pu observer qu’on favorise mieux la communication en l’interdisant qu’en la prônant ; car s’obliger à ne pas parler n’a que peu de choses à voir avec le vide. Et encore moins avec le dessèchement de l’indifférence. Vidangé de son trop-plein de mots, le monde devient alors transparent. Comme si la parole empêchait les dialogues de grande amplitude. Jamais je n’ai eu autant le sentiment d’échanger avec celle que j’aime. Dans le vacarme de notre mutisme, au bord du grand soupir de l’océan, chaque regard de Liberté (sa femme) se mit à compter. Tout gémissement avait valeur de discours incandescent. Le moindre devenait colossal. C’est là-bas, épargné par la dérobade du langage, dans cet ermitage des tempêtes tropicales, que j’ai appris ma femme. En la dessinant bouche cousue, je l’ai mieux sue.
Les hommes ont toujours à apprendre des femmes. De plus, ils aiment se laisser surprendre pour se retrouver dans l’inconnu imprévisible, l’univers féminin. Madame Equal, professeur de maths, a adopté un système éducatif radical, elle vire les bons élèves. La semaine suivante, je savais mes cours par cœur avant d’entrer en classe : pour pouvoir sortir au plus vite et jouer au foot avec vacarme. Et nous fîmes tous de même, nous les « virés » afin de ne pas moisir parmi les « inclus » condamnés à végéter devant un pupitre. Mme Equal est la seule prof de maths qui ait jamais su me motiver indirectement, comme si elle avait compris que le plus court chemin entre deux points reste le zigzag. (..) Mais à la fin de l’année, c’est elle qui fut virée !
Alexandre Jardin ne manque pas d’imagination et d’observation. En observant les femmes, il se construit lui-même. La plupart d’entre nous ne tirent que peu de conclusions à nos habitudes de penser. Lui, d’un coup d’œil, croque le comportement féminin et lui rend sa puissance imaginative. Alors le regard sur les femmes change l’homme et ouvre en lui la porte de l’amour. Peut-être sommes-nous essoufflés dans la dernière partie du livre. Trop, c’est trop ! La verve devient lassante. Il termine sur un pied de nez : A ma montre, celle de papa, il est exactement huit heures vingt du matin à l’instant où je tape ces mots ; l’heure où j’ai aperçu Liberté pour la première fois il y a sept ans, d’un coup d’œil dilaté. Parviendrai-je à épouser cette femme qui, déjà, m’apprend à mourir en dansant sur les tables ? Elle sait si bien me mettre en demeure de rencontrer l’inattendu ; à son bras, je consens à vieillir.
07:23 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, femme, récit | Imprimer
30/04/2013
Chapeau !
Quelle engeance, cet étrange galurin
Sur la tête d’une aussi jolie statue
Immobile, elle s’égare dans son indolence
Et pique un fard au bain-marie
Haut de forme, serrant le crâne
Il permet de se distinguer des autres
Par une étrange stature rehaussée
Mais quel malheur lorsqu’il faut saluer
Certains aspirent au chapeau
Rouge cardinal, il attire l’œil
Dans la foule des prétendants
Et fait ressortir la majesté du personnage
D’autres les préfèrent ruisselants
De fruits débordants et veloutés
Elles imaginent la bouche ronde
D’amants gobant les cerises
Il peut arriver que l’on en bave
Comme les ronds de fumée
Qui sortent de la bouche du fumeur
Et font trembler l’air d’extase irréelle
On peut le tirer jusqu’à terre
Et saluer ainsi une inconsolable
Qui au sortir d’une relation
Entre au purgatoire des amours
Chinois il ne pèse pas la paille
Qui le garnit en conque ouvragée
Vissé sur le caillou par son attache
Il peut devenir le toit des humbles
Certains le mettent en tête
D’articles énigmatiques
Pour atténuer l’impression désobligeante
De savantes et vaines recherches
Mais lorsque celui-ci commence à travailler
Il est temps de tremper sa tête dans l’eau fraiche
Pschitt ! Quel dessalement d’enfer !
Mais quelle idée de vouloir se couvrir ?
07:33 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
29/04/2013
La contrainte de la liberté
L’artiste moderne est un solitaire qui écrit pour lui-même ou pour un public dont il n’a aucune idée précise. Lié à une époque, il s’efforce d’en exprimer les traits ; mais cette époque est sans visage. Il ignore à qui il s’adresse, il ne se représente pas son lecteur. (…)La terreur du goût a cessé, et, avec elle, la superstition du style. S’en plaindre serait aussi ridicule qu’inefficace. (…) Ecrire pour tout le monde ou pour personne, à chacun d’en décider, selon sa nature. Quel que soit le parti que nous prenions, nous sommes sûrs de ne plus rencontrer sur notre chemin cet épouvantail qu’était autrefois la faute de goût.
(E.M. Cioran, La tentation d’exister, Gallimard, 1956, Le style comme aventure, p.131)
La liberté enfin, mais quelle contrainte introduit-elle ! Ce n’est plus l’autre qui constitue l’approbation ou le rejet, mais soi-même. Et comme il est difficile de se juger soi-même. On a toujours tendance à au moins chosifier ses créations, sinon à les choyer. Ce recul d’un pas est celui des grandes âmes. Peu sont capables de le faire.
07:23 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté, écriture, création, goût | Imprimer