30/09/2012
Pierre-César Lagage, galerie Pierre Lévy (1ère partie)
D’abord figuratif, peignant la baie de Somme et les paysages du Nord, son pays natal (il est né en 1911), Pierre-César Lagage s’intéresse à la peinture abstraite dès 1945. Vivant à Montmartre, il ne fait partie d’aucun courant.
Pierre-César Lagage est un homme intérieur. Il peint pour manifester sa vision du monde dans laquelle il aspire à une certaine transcendance. Regardons certaines de ses œuvres figuratives. « La procession » dénote déjà une certaine abstraction. Très dénudée, elle se fond dans le paysage. Elle semble en sortir, comme un fleuve débordant, comme une coulée de lave sortant de terre. On passe de l’abstrait à une réalité quasi mystique avec les visages du premier plan. Très vite ils se fondent dans la masse. Seul le premier a les yeux ouverts vers le ciel, l’air apeuré, mais confiant.
Regardons aussi « l’adoration des bergers », toile à la fois très enfantine, mais emplie de puissance intérieure. On ne voit pas leurs regards. Les personnages sont concentrés sur eux-mêmes avec l’enfant au centre. Sa couverture rouge, seule tache de cette couleur, met en évidence la source cette intense tension intérieure. Chaque personnage est seul face à l’incompréhensible mystère de cet être qui vient de naître.
Nous verrons que ceci le conduit vers d'autres formes de peintures, très différentes.
07:31 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, abstrait, tachisme, figuratif | Imprimer
29/09/2012
Vox Balaenae, de George Crumb
http://www.youtube.com/watch?v=e6IWoHguF4o&feature=relmfu
http://www.youtube.com/watch?v=TvNfjyWHXLA&feature=relmfu
http://www.youtube.com/watch?v=HmBldH5lD8I&feature=relmfu
ou cette interprétation, plus visible, ce qui aide à écouter :
http://www.youtube.com/watch?v=qj29FFqg-Iw&feature=related
Nous avons déjà entendu la musique de George Crumb (voir le 21 juin 2012 : Dream Images).
Mais qui aurait imaginé entendre les baleines sur une scène de concert ! Et pourtant, dès les premiers instants, nous sommes saisis : leur chant comme si vous vous trouviez au fond de la mer !
Est-ce beau ? On peut se poser la question. C’est certes une belle performance qui fait courir sur votre peau la chair de poule du plongeur baignant dans ces sons insolites. Mais est-il vraiment nécessaire de parler de beauté ?
On se laisse progressivement envahir à la fois par la masse d’eau, sa transparence et le jeu des baleines, qui trouble avec bonheur cette atmosphère sans repère. On flotte, on est porté par l’onde, on descend au fond de nous-mêmes, c’est une méditation insolite. Va-t-on franchir la frontière entre l’air et l’eau ?
« Le chant de la baleine à bosse se compose d'une structure globale déterminée et prévisible, elle-même composée d'une série d'unités sonores. Un chant typique comporte de 5 à 7 thèmes différents, qui sont habituellement repris selon un ordre séquentiel. Sa durée moyenne est de 8 à 15 minutes, mais peut atteindre 30 minutes. Répétés encore et encore, chaque session de chant peut se prolonger plusieurs heures.
Les sons utilisés vont des couinements suraigus jusqu'aux grondements infrasoniques et aux cliquètements variés. Une caractéristique frappante de ce chant est qu'il ne cesse d'évoluer au cours du temps. Chaque année, des sons différents et des arrangements orignaux suscitent la création de nouvelles phrases et de nouveaux thèmes. Ces changements sont peu à peu incorporés dans le chant, tandis que d'autres éléments plus anciens disparaissent complètement. De telles modifications surviennent de façon collective au sein de toute la population. Au terme de quelques années, le chant initial devient totalement différent de la version originale. »
(From : http://www.dauphinlibre.be/chant-des-baleines.htm)
07:36 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique contemporaine, écologie, nature | Imprimer
28/09/2012
Cloitre de l’abbaye de Cadouin
Etonnant ce cloître de style gothique flamboyant alors que l’abbatiale est de style roman. « De fonds roman, il a été décoré du XVe au XVIe siècle. Des colonnes richement sculptées supportent des voûtes compliquées. Dans la galerie nord, on trouve un magnifique siège abbatial en pierre. Aux angles se trouvent de belles portes flamboyantes du XVe et portes Renaissance du XVIe siècle. Il fut restauré au XXème siècle. »
Les galeries donnent sur le préau (ou jardin) par des baies à claire-voie. Au premier abord on les imagine toutes semblables. Puis, à force de tourner, on s’aperçoit que certaines baies contiennent une colonne centrale, d’autres deux.
Intrigué, on les regarde de plus près et on découvre leur variété.
En voici deux semblables avec leurs fleurs de lys au sommet dont le centre est un cœur.
Elles sont pour la plupart différentes, parfois de manière minime.
Ici le nombre de piliers passe de un à deux :
Là ils varient si peu qu’il faut chercher les différences : la baie de droite n’est pas totalement sculptée (pignon de droite encore en bloc de pierre) et les éléments des deux cœurs du haut se rejoignent alors qu’ils sont séparés sur la baie de gauche.
Celui-ci est seul de son espèce, sans pendant en deux piliers :
En voici deux autres, superbes :
Et tout ceci fait à la main, la prière en tête !
08:27 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, architecture, gothique | Imprimer
27/09/2012
La plaine
L’espace ouvert à perte de vue, sans obstacle
Le temps s’arrête dans cet horrible désert
Pourtant c’est là que se tient la richesse
Là où poussent les plantes nourricières
Parfois s’incrustent un fil d’argent
Dans ses profondeurs veloutées
Il courre en lacets au gré de l’invisible
Comme un couteau ouvrant la peau
Et ses flots sont la respiration
De ces terres, poussière ou limon
Parfois noyée, la plaine est abyssale
Et s’enfonce dans les mers
Lorsque les eaux sont au plain
Les vaisseaux les labourent
Visibles au seul plain de la poupe
De plain-pied dans ce malentendu
La plaine s’oppose à la montagne
Sur les bancs de la Convention
Et vote à l’opposé les lois de la république
Morne est la plaine de la défaite
Wellington serait-il vainqueur ?
Pourquoi tous ces coups échangés
Pour finir en exil, sans un regard d’envie
Dans l’espace du plain-chant
Rien n’émerge de cette monotonie
L’unisson y est la règle stricte
Les autres chants seraient-ils vides ?
Le plain est sans obstacle
Lisse de laine tissée
Quelle contradiction avec le plein
Qui suggère la hauteur et la profondeur
Empli d’une multitude de tout
08:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture, littérature | Imprimer
26/09/2012
La danse de l'esquive
Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de Iéshoua, dit le messie ? »
Ils disent tous : « Il sera crucifié ! »
Mais il dit : « Quel mal a-t-il donc fait ? »
Alors ils crient très fort et disent : » Il sera crucifié ! »
Pilate voit que rien ne sert mais que le tumulte grandit.
Il prend de l’eau, se lave les mains face à la foule et dit :
« Je suis innocent de ce sang. A vous de voir ! »
(La Bible traduite par André Chouraqui, Matyah 27,22-24)
L’homme danse devant la question précise
Il l’esquive et s’aveugle de sa propre vision
De même Pilate, qui sait l’innocence de Jésus
Esquive sa responsabilité devant la foule
Et reporte cette innocence sur lui-même
Le fils de l’homme est face à l’homme
Brûlure d’un soleil noir
Dans le désert de la conscience
Et ce désert est celui de la tentation
« Dis que ces pierres deviennent des pains. »
Dessin fait à l’encre de Chine.
07:35 Publié dans 24. Créations dessins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, dessin, peinture, religion | Imprimer
25/09/2012
L'actualité
L’actualité existe-t-elle ? Elle est du jour et meurt à peine née. Sa nature est éphémère. Son caractère est de passer vite. Son essence est d’être inactuelle dans la minute qui la suit. Rien de plus arbitraire également : elle est composée de faits triés par les journaux. Sans eux elle n’existerait pas. Et les journaux ne peuvent rendre compte, pour cent raisons, que d’une partie infinitésimale de tout ce qui arrive : ils ont laissé passer (quel oubli !) la naissance de Napoléon. L’actualité la plus répandue est celle dont il parle le moins : le solstice, la neige, la Saint Sylvestre, les saisons, la première fleur, la dernière feuille. Où est le journal qui parle de l’aube ? L’aube, suprême curiosité de l’homme. Car, ils l’ont bien compris (la Bible aussi, relisez la Genèse, relisez l’histoire du pommier), l’homme vit surtout de curiosité. C’est le dernier vice qui lui reste. Toutes ses curiosités blasées, il garde celle de son décor. Il a vu le jour. Il ne cesse de le vouloir. Au bout du compte l’homme de la grande actualité, ce n’est peut-être pas le journaliste, mais le poète. Son actualité ne se fane pas. (Alexandre Vialatte, La porte de Bath-Rabbim, Presses Pocket, Julliard, 1986, Chroniques des longues actualités, p. 43)
Ephémère ? Dans la plupart des cas, oui. Mais l’actualité est-elle éphémère lorsqu’on assite en direct à la chute du mur de Berlin, à l’explosion d’AZF ou aux premiers pas sur la lune. Certainement non ! Comment faire le tri entre l’éphémère et l’évolution du monde (qui n’est pas à confondre avec le progrès) ? Ephémère toujours ou presque, les émotions. Et pourtant elles font la une de l’actualité. Ephémère également la politique politicienne. Le Français préfèrerait de l’action efficace plutôt que de la communication qui ne communique rien. Ephémère enfin, les faits divers.
Arbitraire ? Oui, certainement. D’autant plus arbitraire que maintenant les journalistes de télévision sont soumis à la dictature de l’image. Sans image, rien à dire, ou presque. Donc on peut passer beaucoup de temps sur une affaire sans intérêt et très peu sur quelque chose qui annonce un changement stratégique, mais sur laquelle on n’a pas de prise de vue.
Mais le plus souvent les deux qualificatifs se rejoignent. Politique politicienne et choix journalistique. Ainsi, écouler 10mn d’interview de Cécile Duflot pour la forcer à dire qu’elle devrait démissionner (en raison de la position des verts sur le traité européen) est d’un ridicule qui malheureusement ne tue pas le journaliste.
Mais qu’est-ce que la curiosité ? Bernard Pivot nous dit que le journaliste est un interprète de la curiosité publique. Il est évident que lorsqu’on parle de la curiosité publique on ne parle pas de l’envie de connaître, de créer ou de s’enrichir l’esprit. On parle d’une curiosité indiscrète, insolente, voire maladive. Et plus l’on est en groupe plus la curiosité devient un impératif nuisible. Certes, certains hommes (ou femmes, bien sûr) sont plus curieux que d’autres. Mais dans tous les cas, plusieurs hommes ou plusieurs femmes sont toujours plus curieux qu’un seul. Que dire alors lorsqu’il s’agit d’une caméra dont l’objet est l’actualité !
07:42 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, écolo, médias | Imprimer
24/09/2012
Eglise fantôme à Saint Jean d’Angély
Quelle fierté ! Ses deux tours dominent la ville. Elle vous regarde de ses quatre yeux noirs. Le dernier, troisième œil, jette un regard d’aveugle sur l’infini du ciel. Les portes sont closes, on ne regarde pas à l’intérieur d’un fantôme !
Cette façade est-elle un chef d’œuvre ou un décor de cinéma ?
La majesté du fronton (le plus classique qui soit) au premier étage cache bien l’absence des sculptures accompagnant logiquement un tel édifice. La pierre y reste brute, taillée d’un bloc, en attente du burin.
Et lorsqu’on se déplace de quelques pas, elle est vide. Non pas vide à l’intérieur, mais vide d’intérieur. L’espace illimité derrière la façade est sa seule existence, comme une planète lancée dans l’univers, un OVNI réel, mais sans existence.
Au loin une autre église, réplique d’un imaginaire autrement plus charmeur.
Tournez autour du monument tel un satellite autour de son astre, vous découvrirez l’envers du décor, attristant comme un moule dans le tiroir d’une cuisine en attente de bonnes choses.
Et pour finir, un peu d’histoire, pour satisfaire votre curiosité si vous ne connaissez pas.
17:45 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer