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23/09/2012

Un instant

Qu’est-ce qu’un instant ?

Pour beaucoup, ce n’est qu’un petit espace de temps
Mais pourquoi nous parler d’espace lorsqu’il s’agit du temps
Serait-ce un petit coin de paradis, ou d’enfer parfois
Un papillon qui s’envole dans l’espace à partir d’un toit ?

D’autres le voit plus long, ils le situent dans la durée
Mais cette continuité infinie du devenir appartient au passé
Comment concilier cette anomalie précaire
D’une définition juste bonne à un bibliothécaire ?

Un instant, c’est aujourd’hui, c’est maintenant
C’est le t que j’écris et il est déjà passé pourtant
Dans cette course du temps, ne nous arrêtons pas à cela

L’instant, c’est l’éclair d’un sentiment ou d’une impression
C’est une note de musique sur la vague des émotions
C’est le moment crucial où tout s’arrête, là

22/09/2012

Puissance du trait

Le trait possède des propriétés insoupçonnées. Qui eut cru que de simples traits parallèles pouvaient avoir une puissance émotionnelle, voire sentimentale. Certes, la couleur joue également. C’est ce mariage entre traits et couleurs qui donnent autant d’élégance à ce tableau.

 

 

12-09-22 Traits encadrés.jpg

 

21/09/2012

Fontaines en Périgord

L’eau, source de vie, rassemblée, condensée, qui s’écoule d’un tuyau à profusion, pour le plaisir des yeux, le rafraichissement du visage, la satisfaction de la soif. Presque chaque village a sa fontaine, de la plus simple à la plus monumentale :

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Mais que font là ce robinet et ce seau rouillé. Est-ce pour nettoyer les pinceaux du décorateur de ces lieux ? Est-ce par dérision que les habitants conservent une telle fontaine ? Elle est modeste, on ne la remarque pas, et cela vaut mieux !

 

 

 

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On dirait un monument funéraire, quel classicisme. Mais la symétrie lui donne une beauté certaine. Accolée à une maison, à quoi pouvait-elle servir : à mettre en évidence la richesse du propriétaire, à rafraîchir ses habitants, à ravitailler le quartier ? Peut-être manque-t-il une statue dans l’évidement central ? Imaginons une nymphe laissant couler la vie de son amphore. Les fleurs la remplacent et caressent d’autres sens.

 

De tous temps, les hommes ont été fascinés par le mystère des eaux qui sourdent des profondeurs de la terre. Force de fécondité, de fertilité, de purification, l'eau était vénérée par les Celtes, comme les arbres ou les pierres. On attribue aux eaux des vertus bienfaisantes.

L'Eglise, après avoir essayé en vain d'interdire les cultes païens, christianise ces lieux en les plaçant sous le nom d'un saint. A Sarlat, il y a plus qu’une fontaine, un véritable bassin. Non, ce n’était pas un lavoir ! C’est la fontaine Sainte Marie, située en plein centre-ville, dans une grotte naturelle aménagée au XIIe siècle. Polluée au XIXe siècle, elle fut murée. Ce n’est que depuis 1970 qu’elle fut de nouveau accessible au public.

 

Fontaine Sainte Marie.jpg

 

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Périgueux : au pied de la cathédrale, une fontaine dédiée aux pèlerins de Compostelle. Elle orne bien ce petit jardin qui donne accès à l’Isle.

 

 

 

 

La fontaine Médicis de Brantôme coule dans l’ancien jardin privéP9190157.JPG des Abbés sous la façade de leur château abbatial. On y voit l'Abbé Pierre de Bourdeille, mieux connu sous son nom de "Brantôme", homme d'épée, Abbé commendataire de 1558 à 1614, chroniqueur (auteur entre autres des célèbres Dames Galantes). Il sauva sa ville des guerres de religion. En fait, son buste n’a été inauguré qu’en 1895 sur cette fontaine du XVIIème siècle.

Elle paraît incongrue sous les parois de la falaise. Mais elle apporte une note de frivolité dans ce cadre à la fois austère et grandiose.

 

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P9190163.JPGEnfin, toujours à Brantôme, cette petite vasque décorative, au pied de l’église. Elle réjouit les fidèles à la sortie de la messe dans les chaleurs d’été et leur rappelle que Brantôme est aussi appelé la Venise du Périgord, appellation exagérée, mais sympathique.

 

 

 

20/09/2012

La vérité affective

 

Dans Ultime dialogue entre Jorge Luis Borges et Osvaldo Ferrari (Editions Zoé/éditions de l’aube, 1988), Osvaldo Ferrari parle de vérité affective et Borges lui répond :

– La vérité affective ? Oui. En d’autres termes, j’invente une histoire, je sais que cette histoire est fausse ; c’est une histoire fantastique ou une histoire policière (un autre aspect de la littérature fantastique), mais tout le temps que j’écris, je dois y croire. En cela je coïncide avec Coleridge, pour qui la foi poétique est la suspension momentanée de l’incrédulité.

Ces considérations sont à rapprocher de celles d’Alexandre Vialatte, dans « La porte de Bath-Rabbim » :

Tout ce qu’on invente est vrai, a dit Gustave Flaubert. (…) C’est le bon sens même. Il y a une vérité de la vie et une vérité littéraire. La vérité de la vie est vraie avant même qu’on la raconte, et elle reste vraie après ; elle est vraie avant, pendant, après. La vérité littéraire n’en demande pas tant. C’est pourtant elle qui survit aux faits ; on se rappelle les mots historiques qui sont presque tous apocryphes, mieux que l’histoire de ceux qui les ont prononcés. Qui ne se souvient du vase de Soissons ? (…) « Tout ce qu’on invente est vrai. » (Alexandre Vialatte, La porte de Bath-Rabbim, Presses Pocket, Julliard, 1986, Fictions et réalités, p. 33-34).

Au-delà de ces considérations sur la vérité de la littérature, dont la réalité tient à l’angle d’attaque que l’on se donne, il est sûr que l’écrivain doit croire à ce qu’il écrit. Qui pourrait y croire si lui-même n’y croit pas.

Mais croire à quoi ? Croire à sa fiction ? Croire qu’elle va devenir vraie parce qu’il aura des lecteurs ? Croire enfin qu’il est vrai parce qu’il a écrit cette fiction ? C’est sans doute la dernière assertion qui transforme la fiction en réalité. L’écrivain, comme tout artiste, doit ressortir transformé par son œuvre, devenir plus détaché. Sinon, il reproduira sans cesse ce premier écrit et ne saura se renouveler. Il doit croire à sa possibilité de se renouveler.

 

19/09/2012

Passion

Passionné je suis, pour tout et tous.
En même temps, indifférent et solitaire,
Aux autres et à moi-même.
Je préfère voler dans le ciel pur !

Fruit de la passion : l’achèvement de l’œuvre.
Alors vous la laisser partir, mener sa vie
Propre, sur sa barque enchantée,
Et vous contemplez ce désir qui fuit.

Plus rien ne vous rattache à l’objet
De vos attentions longues, hésitantes.
Il s’en va solitaire et vous laisse seul,
Face à une nouvelle inspiration, en ébullition.

L’énergie de la vie et de la mort.
Quelle émotion ! Je bous, je tremble.
Plus rien d’autre ne m’attire.
Ce nouveau mirage est mon unique bien.

Si cette passion devient amour, libre à toi
Le mirage se transforme en paradis
Et vous montez, bulle d’air
Au plus haut des cimes de votre exaltation

Mais passion signifie aussi mort cruelle
Asservissement au destin des grands hommes
Ou de l’inconnu ignoré et découvert
Lorsqu’enfin son corps repose, détendu

Quel mystère, un si grand bonheur
De telles peines encouragées et joyeuses
Comme le fil ténu à tirer sans cesse
Jusqu’à l’instant ailé du mot fin

18/09/2012

Le Talisman, nouvelles de Vaikom Muhammad Basheer (Zulma, 2012)

« Vaikom Muhammad Basheer (1908-1994) est né à Vaikom, au Kerala (côte sud-ouest de l'Inde). À l'adolescence, il s'échappe de chez ses parents afin de participer au mouvement de lutte pour l'Indépendance de l'Inde. Il connaît la prison pour ses positions et activités politiques, puis passe de nombreuses années à voyager à travers toute l'Inde, côtoyant sages hindous et mystiques soufis. Il est l'un des écrivains les plus importants de la littérature malayalam contemporaine. Et l'auteur de très nombreuses nouvelles et plusieurs romans courts. Le gouvernement indien lui a attribué le prestigieux prix Padmashri en 1982. »

(from : http://www.zulma.fr/auteur-vaikom-muhammad-basheer-281.html )

Surnommé le Maupassant indien, Basheer nous entraîne dans la vie quotidienne, mais poétique de son Kerala natal. Avec simplicité, il nous conte de courtes et fraiches histoires d’amour (L’empreinte, La maison vide, La faim, Les cœurs accordés) et met en valeur l’intelligence des femmes et leur discrétion. Autre thème : les luttes raciales et les systèmes ancestraux (Par une nuit de lune, Les cœurs accordés). Mais tout ceci est dit de manière drôle, vivante, tendre.

Il termine quelques nouvelles par ces mots :

– Que la chance vous sourit.

– Que tous les bonheurs vous sourient.

Et c’est une invitation à la poésie et l’élégance du vivant, dont le symbole est La Femme.

 

17/09/2012

Rencontre

Rose pâle d’un ciel du soir
Lorsque l’ombre gagne les clairières
Et envahit le mur encore chaud
Arrivée dans cette atmosphère
Où rien ne trouve l’équilibre
Et se trouver apaisés, allégés
Par l’étendue des voiles du cèdre
Qui volent au-dessus du moulin
Et s’enfoncent dans le miroir de l’eau
Elle coule avec parcimonie
Mais respire la quiétude éternelle
L’envie soudaine de s’y plonger
Dominés par les murs rafraichis
De ce rose tenace et bienvenu
Nous contemplons le vide
Prêt à prendre notre élan
Pour sauter à pieds joints
Dans le salon gris
Ouvrant sur ce paradis