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02/09/2012

Chers disparus, de Claude Pujade Renaud

 

Leurs chers disparus sont Jules Michelet, Robert Louis Stevenson,écrivains,littérature,écriture,histoire Marcel Schwob, Jules Renard ou Jack London. Les héroïnes sont les veuves de ses écrivains. Elles décrivent leur vie au côté du grand homme et ont en commun de poursuivre le travail de leur mari. Non, il ne s’agit pas de poursuivre ses écrits, mais de les trier, classer, organiser, publier les œuvres inédites, voire les œuvres complètes. Non, ce n’est pas un livre de bibliothécaire, ni de chercheur. C’est la vie de plusieurs femmes, subjuguées par leur cher mari, grand écrivain.

Au-delà de cette sommaire description de ce que représente le livre, je n’ai aimé que le premier récit, intitulé La jolie morte. Athénaïs Mialaret ose adresser une lettre à l’historien connu dans toute l’Europe. Très vite, elle se retrouve mariée, entre l’auteur et sa famille, une belle-mère, une fille et son mari. Ce n’est pas un récit organisé chronologiquement. Ce sont des impressions, des événements qui ont marqué soit leur vie en commun, soit sa vie après la mort de Michelet, dont la rencontre d’Emile-Antoine Bourdelle, sculpteur, soit aussi des événements de sa vie de jeune fille. Elle parle de l’amour de Michelet, parfois de manière crue, voire érotique. Elle raconte ses recherches sur les manuscrits de son mari. Elle découvre que dans son journal, Michelet parle d’elle et de leur vie intime :

A soixante-quatre ans, il se livre à une étude comparée de ses deux épouses. Pauline faisait jouir en jouissant beaucoup. Avec Athénaïs, il goutte l’exquise volupté qu’on a d’entrer dans un esprit. A-t-il rêvé d’une femme alliant les deux registres ? Je n’en suis pas certaine. Ma pureté, ma perpétuelle virginité, voire mon air de première communiante lui plaisaient, le stimulaient, je crois.

Elle déclare à ses amis qu’elle est moins la veuve de Jules Michelet que son âme attardée, un prolongement de lui-même qui veille à la publication intégrale de son œuvre. Enfin, elle signe le bon à tirer du quarantième volume. Sa tâche est achevée.

Le récit est intéressant, ses souvenirs sont vifs, amusants parfois, malgré les répétitions voulues concernant ses maux et leurs conséquence sur leur rapport avec Michelet.

 

Les autres récits de chacune des femmes des auteurs cités sont une répétition de ce premier récit. Certes différents, mais qui racontent leur histoire avec les mêmes détails, les mêmes thèmes. L’ennui s’installe assez vite. Toutes ses vieilles femmes entourées de leurs chats, parlant de leurs maux, finissent par lasser.

L’histoire de la femme en elle-même disparait devant les histoires de famille et l’évocation du grand homme. La femme s’annihile, malgré ses souvenirs.

Dommage !

 

 

 

 

01/09/2012

Le monde s'est évadé de ma mémoire

Le monde s’est évadé de ma mémoire

Aux confins de l’univers
Je contemple l’inconnu
Et je ne le reconnais pas
La couleur elle-même ne fait plus loi
La forme n’atteint plus sa plénitude habituelle
Musique sans notes, aigrelette

Tourne toujours le manège
Dans la tête ou le cœur
Mais à vide, sans consistance
Comme un vent de fronde
Dans le calme des matins d’hiver

Il ne me reste plus que le souvenir
De jours et de nuits délaissés
Quand le temps coulait encore
Qu’il glissait sur nos fronts
L’enlaçant d’une obscure fraicheur
Lui donnant un teint de pêche
Et ravissant nos danses ondulantes
Devant le cerceau de l’écoulement des jours

Oui, nous dansons tous
Mais de manière différente
Le chat ondule
Le canard se dandine
Le cheval se cabre
L’hippopotame s’ébroue
La puce saute
Clair-obscur des attitudes
Dans la tempête de l’avenir

Dorénavant, j’irai sur la pointe des pieds
Chanter l’angélus à la lune
Je hurlerai la soif des humains
Et la faiblesse de leur rapprochement
Pour enfin m’étendre sur la pierre froide
Et contempler la ronde sans fin
Des hommes et des femmes
Qui courent dévêtus de pudeur
Devant la vie qui va, qui vient
Sans vraiment savoir
Ce qu’il en advient

Détaché, je suis
Tant et tant que plus rien
N’atteint mon cœur de pierre
Le satellite passe, rose
Dans le ciel vert
Un petit pois précis
Qui parcourt sans faiblir
L’espace de la journée
Et je tourne en rond
Autour d’une boule ronde
Jusqu’au vertige
Et la chute, douloureuse

Rendors-toi
Retire-toi de tes songes
Et laisse le vent
Emporter tes lambeaux
De vie,
Pour enfin dormir
Unique

31/08/2012

Noir et blanc

 

poésie, peinture, dessin, poème, littérature, écriture, art cinétique, optique art

 

Noir et blanc


Ils sont mariés depuis des lustres
Ils vont bien ensemble, ils s’aiment
Le noir soutient le blanc
Le blanc reçoit le noir
Et l’un et l’autre enchevêtrés
Soutiennent le monde des formes
Certes, pas celui des couleurs
Qui folâtrent autour des régnants
Qui trônent au-dessus des flots
D’une multitude bigarrée et indécente
Comme il tranche ce trait
Et un trait, suivi de plusieurs autres
Devient un monde en soi
Qui divague dans l’obscurité
Blanche, infinie et froide
Ainsi se fabrique l’univers
Du rien apparaît le tout
Ou juste un petit peu de matière
Comme une pomme sur un arbre
En hiver, aux premières gelées
La tache noire sur fond blanc
A-t-elle une signification ?
N’est-ce pas un présent
Du passé et de l’avenir mêlés
Il faut trancher, noir ou blanc !

  

30/08/2012

L’Ensemble Sete Lagrimas au Festival baroque de Sablé sur Sarthe

Triste Vida Vivyre :

http://www.youtube.com/watch?v=cstGLeW3_3k&NR=1&feature=endscreen

 

Senhora del Mundo :

http://www.youtube.com/watch?v=AHggF61ft3c&feature=related

 

Quel magnifique concert, malgré un manque d’acoustique dans cette église du XIXème siècle ! Un ensemble exceptionnel portugais interprète la musique des XVIIème et XVIIIème siècles conçue au Portugal, mais créolisée dans les colonies : Amérique latine, Goa, Afrique du Sud. La musique de la métropole est reprise, améliorée aux modes du pays :

Dans le champ de la musique, par exemple, c’est ainsi que nous rencontrons dès les XVI et XVIIèmes siècles, des rythmes amérindiens et afro-brésiliens dans les vilancicos des églises de la Péninsule. De même, au XVIII et XIXèmes siècles, les salons et les théâtres lisboètes soont envahis par les lunduns et Modinhas brésiliennes, auxquelles bientôt se joindra le fado, tout cela au grand étonnement des voyageurs étrangers, qui considéraient cette hybridation culturelle comme un simple phénomène de décadence. (…) Il n’est pas étonnant, dès lors, qu l’espace de la lusophonie, bien au-delà de l’expérience coloniales portugaises, a continué de révélé un territoire si fertile en expressions interculturelles. (Rui Vieira Nery)

 

Triste Vida Vivyre : Le rythme lent, puissant qui fait place ensuite à la pureté de la voix du chanteur, puis à nouveau une petite ritournelle, voici qui émeut même le chat présent, assis sur les genoux de sa maîtresse. Instant de calme, de jeunesse, d’émerveillement devant la magnificence de l’univers. Quelle triste vie, et pourtant, « si je dois m’en aller, mon amour restera ». Le chant n’est pas triste. Paisible, détendant, il évoque cet amour qui existe en chaque homme et chaque femme et qui fait le sel de la terre. Il n’est pas choquant que les deux voix soient des voix d’homme. La seconde voix est plus un écho qu’un dialogue ou un échange amoureux. Elle donne du relief au chant, l’amplifie, l’aide à sortir de sa peine solitaire pour lui faire atteindre l’universalité des sentiments. Oui, c’est une belle chanson très simple et tellement universelle qu’elle en atteint une beauté compréhensible par tous.

 

Senhora del Mundo : Là aussi le rythme prime. Quelle prière ou plutôt quel conte : Princesse de vie, la Dame du monde donne naissance à son fils. Chant des troubadours qui enjolivaient tout événement et bien sûr ce qui était universel, la naissance du christianisme, mais sous des accents et des sons inusités au monde européen de l’époque. De même la seconde voix est écho de la première, donnant de la profondeur au chant comme un retour de la terre au don divin. Et tout se finit dans un délire de flutes et de percussions, comme pour mettre en évidence le moment solennel de cette naissance.

 

Merci à l’ensemble Sete Lagrimas qui fait revivre ces petits chefs-d’œuvre perdus. Ils méritent bien les heures de déchiffrement et de répétitions qu’ils exigent des chanteurs. Enfin, merci au festival de Sablé sur Sarthe qui fait preuve de discernement dans le choix des ensembles. Bravo !

29/08/2012

Qu'est-ce que la poésie ?

Qu’est-ce que la poésie ?

Si on ouvre le dictionnaire, on lit que la poésie est un genre littéraire associé à la versification et soumis à des règles prosodiques particulières, variables selon les cultures et les époques, mais tendant toujours à mettre en valeur le rythme, l’harmonie et les images (Centre national des ressources textuelles et lexicales : http://www.cnrtl.fr/definition/po%C3%A9sie).

Belle définition, mais qui ne nous fait pas rêver. Or la poésie, c’est une chimère mise en bouteille. Peu importe le genre d’écriture, ce qui compte c’est l’évocation surgie de l’imagination d’un fait, d’une sensation, d’une attitude, d’un sentiment ou toute autre chose. En un mot, une phrase, l’événement évoqué revient à l'esprit alors que la mémoire factuelle l’avait complètement oubliée.

Mais considérons que la poésie est comprise différemment par le poète et ses lecteurs. Dans le premier cas, c’est en lui qu’a surgi la formule mystérieuse qui rappelle l’événement, ce poème, cette petite phrase, ce petit mot, qui sous la seule force d’une image, une comparaison ou toute autre litote poétique évoque un instant particulier empli d’un charme distinctif. Il est évident que sa relecture lui permet aussitôt d’enchaîner sur le souvenir. Dans le second cas, celui du lecteur, celui-ci n’a rien à quoi se raccrocher pour évoquer l’événement que l’auteur cherche à lui faire partager. Seule la pudeur de l’expression lui permet d’évoquer l’événement. C’est là que se trouve l’alchimie véritable de la poésie, la transmission de l’intimité de l’auteur, la vision nue de son âme, comme si le lecteur chaussait des lunettes de vérité et que la brume de la relation sociale s’estompait pour faire place à une communion jusque-là impossible. Certes cette communion varie selon de nombreux critères : la culture commune, le thème abordé, l’humeur du moment, l’affinité entre deux êtres, l’auteur et le lecteur.

Tout ceci pour vous dire que toutes les définitions de la poésie qui n’évoquent que les aspects purement techniques de la poésie ne sont que des façades qui affichent une indifférence du genre littéraire pour se lancer dans l’intellectualisme cher aux Français. Oui, reconnaissons-le ces définitions sont vraies, mais disent-elles la vérité ? Quelle question idiote, me direz-vous. Eh bien, peut-être pas. Il y a l’apparence et la consistance, la forme et le fond, la construction conceptuelle et l’âme évocatrice. Or, avec la poésie, nous sommes à la recherche non pas du temps perdu, mais d’un événement sensible qui nous a donné une nouvelle vision de nous-même, de la vie, du monde. Cet événement est perdu pour le souvenir factuel et il resurgit à travers l’évocation d’une image qui ne nous permet certes pas de revivre l’événement, mais de revivre l’impression ressentie ce jour-là et de faire vivre l'événement à ceux qui ne l’ont pas vécu.

C’est la magie de la poésie, sa folie et le bonheur qu’elle engendre. Elle conduit à l'intimité totale : je suis celui qu’était l’auteur au vécu de l’événement. D’une vie, je vis plusieurs vies et celles-ci me comblent du bonheur de l’intimité réelle. Mieux même, je n’ai nullement la sensation de ce dédoublement, l’auteur n’existe pas indépendamment de moi, je vis ce qu’il a vécu et c’est bien moi qui le vit. L’auteur a disparu.

Alors remercions-le de cette évaporation voulue qui nous laisse pantelant et émerveillé.

 

28/08/2012

Pluie sur un moment de campagne

Il faisait chaud ce début d'après-midi. Je m'arrête au bord de la route pour contempler un village dans le lointain qui laisse passer les nuages, indifférent à l'évolution du monde. A côté, un élevage de poules qui ne cessent de faire entendre leurs voix. Et l'éternité se dévoile, le temps s'arrête...

Elles caquettent, elles caquettent…
Remets-toi de cet engourdissement

Dans l’audition de l’après-midi d’été
Le souffle emporte le vague à l’âme

Couche sur couche le nuage passe
Preuve que le temps coule toujours

Urticants, les orties bardées de fleurs
Qui secouent leur peine au creux du chemin

L’immobilité, comme un sort attaché
A ce vide plein de vert comme un océan

Parfois… Non, deux fois
Passe un avion, peur de l’air

S’en va la ferveur nouvelle
Pour chaque goutte tombée

27/08/2012

Rectitude

On dirait une séquence d’ADN. On peut aussi y lire une qualité morale : la rectitude. Et pourtant, elle fait preuve de turpitude. Certains maillons se brisent et divaguent. Mieux, certaines zones donnent à penser qu’il y a des erreurs. Ce sont pourtant ces erreurs qui font du personnage son charme.

Hormis ces divagations, ce tableau est en cours de réalisation. J’aime la rectitude du geste pour tracer la ligne droite, l’épanchement du noir sur le blanc, ces interruptions souhaitées, voulues, qui donnent à l’esprit sa singularité.

Oui, se laisser enchanter par quelques traits, n’est-ce pas singulier !

 

 

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