02/10/2011
Cosmétique de l’ennemi, roman d’Amélie Nothomb
Désolé, mais cette fois-ci je ne crierai pas au chef d’œuvre. Ce roman m’a paru plat, sans consistance, une performance littéraire peut-être, mais surement pas un livre enchanteur ou passionnant. Un exercice de style, sans intérêt littéraire.
"COSMETIQUE, l’homme se lissa les cheveux avec le plat de la main. Il fallait qu’il fût présentable afin de rencontrer sa victime dans les règles de l’art." Ainsi commence le livre qui raconte, dans un hall d’aéroport où les passagers attendent un avion en partance, l’étrange rencontre entre Jérôme Angust, qui part en voyage d’affaires, et Textor Texel, un homme qui veut à tout prix engager la conversation et ne plus le quitter. Jeux de passe verbaux, refus, redémarrage de la conversation, injures, rien n’y fait, Textor ne décolle pas de Jérôme.
Je ne vous raconterai pas la suite, je me suis arrêté à la page 75 après que Textor ait raconté le viol d’une jeune fille dans le cimetière de Montmartre, puis sa rencontre quelques années plus tard. J’ai estimé à cet endroit du livre que j’en avais assez lu pour me faire une idée de son contenu. J’avais tenu bon jusque là, mais je craquais. C’en était trop.
Alors, je regardais à la fin du livre. Oh stupeur (sans tremblement). Il finissait en suicide (dernière page) ou en meurtre (avant-dernière page). De quel personnage, me direz-vous ? Si le meurtre de Textor par Angus est bien conté de manière à peu près clair en quelques lignes, le suicide reste incertain, malgré une demi-page, entre une deuxième mort de Textor ou celle de l’auteur du meurtre précédent. Cela finissait aussi mal que cela avait commencé.
Que dire ? Amélie Nothomb ne signe pas là son meilleur livre, c’est certain. Elle a voulu jouer, jouer avec les mots, jouer avec l’échange entre deux êtres, jouer à tromper ses lecteurs au travers d’un dialogue qui lasse très vite, tel un échange de balles interminables entre deux mauvais joueurs de tennis. La seule fois où l’on entend la frappe sèche sur les raquettes se trouve en fin de livre, par la mort de l’un, puis peut-être de l’autre. Et encore, il faut dresser l’oreille pour l’entendre !
05:30 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman | Imprimer
01/10/2011
L’Aesthetic Movement, exposition au Musée d’Orsay
L’Aesthetic Movement ou mouvement esthétique a précédé, en Angleterre dans les années 1860, l’art nouveau français du début du XIXème siècle. Ces précurseurs ne se voulaient ni école, ni théorie, mais formaient un groupe diversifié qui cherchaient à réagir contre le formalisme de l’ère victorienne accompagné du matérialisme industriel.
Il n’y a pas en effet d’unité de style dans ce mouvement. Les influences viennent d’un peu partout géographiquement et historiquement. On trouve ainsi des peintres inspirés par la sensibilité italiennes comme Rossetti, d’autres plus attirés par la Grèce antique comme Frederick Leighton, d’autres encore cherchant des réminiscences dans l’art égyptiens. Enfin, un certain nombre prospectent auprès de la Chine et du Japon des formes et des motifs inusités en Europe.
Mais tous sont en recherche de beauté, tous veulent pratiquer l’art pour l’art, sans chercher à influencer un public par des considérations autres que l’esthétisme. Ils réfutent les intentions des pré-raphaéliques qui, en tant que prédécesseurs, cherchaient à élever les sentiments et favoriser de meilleures pensées. La beauté conçue par les adeptes du mouvement est une beauté mystérieuse, féminine d’abord, mais la femme y est représentée de manière légendaire et hiératique ; c’est également une beauté d’ordre décoratif, comme les meubles stylisés et les papiers peints aux couleurs chatoyantes ; c’est aussi une beauté fragile et affectée à l’image des porcelaines blanches aux dessins bleus très chinoises ; enfin c’est une beauté accaparante et obsédante puisqu’elle concerne l’ensemble du cadre de vie de ces anglais fortunés qui collectionnent tous ces objets jusqu’à transformer leurs maisons en musée.
Toutes les œuvres exposées ne sont pas des chefs d’œuvre. De nombreux tableaux et autres objets semblent même plus d’ordre mondain ou à visée esthétique. J’ai retenu deux tableaux qui sont très différents, mais procurent une émotion assez semblable. La « mère et l’enfant » de Frédéric Leighton et le « Champ de foin » de Thomas Armstrong. Malheureusement le premier est mal placé et il est difficile de le contempler assez longuement, car il se trouve dans un couloir où passent les visiteurs qui s’arrêtent le nez dessus sans comprendre l’importance d’un certain recul pour extraire une impression d’ensemble de l'oeuvre.
Pour le « champ de foin », il n’y a en fait qu’un petit coin de champ et, de plus, un mur qui barre l’horizon, ne donnant aucune perspective. C’est en fait un quasi couché de soleil, dont on aperçoit le disque, sur un décor de ferme. Le tableau représente trois femmes, dont les visages ne cherchent pas à exprimer une beauté transcendante. Celle de gauche tient un enfant dans ses bras et les deux femmes de droite la regardent. Ces trois femmes semblent arrêtées, figées dans leur attitude. Elles sont graciles par leur taille étirée, leurs atours sont en désaccord avec l’environnement, elles sont comme des beautés fragiles, intouchables, étrangères à ce qui les entoure, malgré les outils que portent celles qui se trouvent à droite.
07:53 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mouvement esthétique, art nouveau, beauté | Imprimer
30/09/2011
Peuplement
L'oeuf primordial, issu de la rencontre opportune de deux entités, engendre la multitude. Et cet engendrement est coloré, contrasté, ininterrompu.
Ainsi en est-il du vivant, éternel jusqu'à quand ?
05:47 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : op'art, art cinétique, peinture, dessin numérique | Imprimer
29/09/2011
Groznjan Blues - Bojan Z au piano et Nenad Vasilic à la contrebasse
http://www.youtube.com/watch?v=fjWj63VaAF0&feature=related
Quelle merveilleuse et surprenante introduction. Un pianiste qui fourrage dans son piano pour en sortir des sons inusités, une sorte de raga rythmée à laquelle se mêle la contrebasse qui ajoute une sonorité plus chaude, plus chatoyante et qui donne à l’ensemble une harmonie singulière, une sorte de danse en préparation, inachevée, mais bien présente.
Puis le jazz, avec son rythme propre, ses conventions, fait son apparition, et c’est un festival de sons, d’accords, entre le piano et la contrebasse, très syncopés, très classiques en jazz, mais très beau parce que ne cherchant aucun effet contrairement à la première partie. Le morceau est endiablé, mais il se déroule dans le calme, comme une course dans la neige ou comme une répétition de danse quand les danseurs s’échauffent progressivement jusqu’à danser sans y penser, dans une symbiose totale, presque mystiquement. Le piano égraine ses notes comme la pluie tombant sur une verrière, mais avec harmonie, tendresse, presqu’intimité. La contrebasse rythme avec discrétion, apportant une note chaleureuse, enrobant la solitude de chaque note séparée d’un halo de féminité, comme les émanations qui sortent de la bouche d’une fumeuse.
La rupture du charme se fait en final après un accord qui n’en est pas un, une reprise du thème au ralenti et un glissando vers les aigus pour conclure.
05:28 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, jazz, piano | Imprimer
28/09/2011
Elle est là, glorieuse de féminité
Elle est là, glorieuse de féminité,
Assise, allongée sur le banc sous le rosier.
Elle lit, calme, la tête dans une main,
Concentrée, mais détendue, entière.
Je la revois au temps de notre connaissance ;
Quand j’aspirais à ces jours de quiétude,
Ne sachant si ce serait toi, ou une autre,
Ou même personne, peut-être.
Et tu es là, toujours, belle comme au premier jour,
Reine du jardin, évadée des songes,
Et je te regarde, rêveur, transi encore,
Je caresse mentalement ton visage épanoui,
Je baise ta bouche de feu, rose,
Je contemple ton attitude, fière,
Et derrière le feuillage qui obscurcit en partie
Ton corps, je rêve à nouveau à ces jours vécus,
A ces instants où le monde était toi.
Tu étais l’or des soirs d’automne,
La fraicheur des matins de printemps,
La chaleur des journées d’hiver,
Le rire enjôleur des nuits d’été.
Oui, c’est bien toi que j’aime,
Et que je continue de voir avec les yeux
De celui qui s’envole en te contemplant.
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
27/09/2011
Qu'est-ce que l'art ?
Vous êtes-vous demandé un jour ce qu’était l’art ? Il est, relativement, aisé de répondre à une telle question lorsqu’il s’agit de la science ou de la philosophie. Mais l’art ne se laisse pas définir aussi facilement. Si l’on s’en tient au sens étymologique, le mot vient du latin Ars, artis qui signifie habilité, métier, connaissance technique. C’est une activité humaine au même titre que la science et la philosophie. Mais le terme art concerne également l’œuvre, produit de cette activité. Enfin, il implique une réflexion sur sa nature même, l’idée que l’on s’en fait.
Aller au-delà de ces définitions trop vagues, donne des éclairages imprécis qui ne permettent que d’accumuler d’autres sens sans pouvoir les englober dans une définition unique et universelle. Alors tentons autre chose. Qu’est-ce que j’appelle art au sens le plus authentiquement personnel ? Essayons de le définir d’une phrase simple qui résume sa complexité.
Il me semble que l’art est avant tout une aspiration à la création de beauté. Concrètement, il se caractérise par la représentation d’une idée qui a germé dans l’esprit de l’artiste et qui s’est affinée progressivement dans une sorte d’accouchement conceptuel, d’abord, puis matériel, jusqu’à la réalisation de l’œuvre et la reconnaissance de sa finition par l’artiste lui-même. Eh oui, je ne parle pas de sa perception par le public et de la reconnaissance de son esthétisme par les connaisseurs. L’art implique ces dernières fonctions. Mais sont-elles essentielles à la définition de ce qu’il est ? Je ne le crois pas, au moins dans le temps court d’une vie d’artiste. Un siècle, le temps de la maturation par les connaisseurs, est parfois nécessaire à cette reconnaissance, et même parfois plus, comme ce fut le cas pour Vivaldi, connu en son temps, oublié, puis redécouvert.
L’aspiration implique l’inspiration artistique, c'est-à-dire tout un mécanisme difficile à analyser parce que propre à chaque artiste. Mais l’inspiration ne suffit pas et doit être également aspiration, car elle est le résultat d’un désir, d’une transcendance qui pousse l’artiste à accomplir une œuvre. Cette aspiration est essentielle pour l’artiste, elle est source et cause de l’inspiration et elle est universelle chez tous les artistes, alors que l’inspiration est un processus individuel et différent selon les arts auxquels elle s’applique.
L’art est création, non pas imitation, ni reproduction en série de variantes proches d'un sujet. Chaque œuvre est unique, produit d’un artiste, fruit de son inspiration jusqu’à sa réalisation et la reconnaissance de sa finition. C’est ce qui distingue l’art de l’artisanat.
Enfin, l’art aspire à la beauté et c’est sa caractéristique principale. Beaucoup d’artistes contemporains, de critiques d’art, de connaisseurs diront que la beauté ne caractérise plus l’art, et même, ne l’a jamais caractérisé. Ils pensent que le but de l’art est de donner une représentation du monde à une époque particulière et que cette représentation change selon le temps. Avant la photographie, l’art pictural était en charge de la représentation de la réalité. Il était seul à fournir une image du réel. Cependant, les plus belles œuvres ne sont pas forcément des images exactes du monde, mais une représentation idéalisée qui en fait ressortir la beauté. Ainsi l’odalisque d’Ingres a probablement trois vertèbres de trop et c’est ce qui en fait sa beauté. De nos jours, ces experts pensent que l’art a avant tout une fonction sociétale (philosophique, religieuse, sociale, etc.), sans souci d’esthétisme. L’artiste, si l’on peut continuer à l’appeler ainsi, privilégie l’interaction et l’échange. Son objectif est le plaisir ou l’éducation du spectateur plutôt que la recherche à son adhésion intérieur à l’aspiration créative de l’auteur. Alors l’art se transforme en paillettes multicolores en charge d’attirer le public. Il rentre dans les vues de l’homme de la rue et renforce sa propre vision des choses au lieu d’apporter un éclairage unique et particulier qui enrichit ce que Teilhard de Chardin appelait la noosphère ou, mais c’est plus utilitaire et moins propre à l’aspect mystique de l’art, ce que Pierre Levy appelle l’intelligence collective.
A la réflexion, et cela dépasse l’idée d’une fonction sociétale de l’art, chaque œuvre se doit d’être unique, chaque artiste est unique et c’est en cela que l’art est une activité humaine intéressante, aspirante pourrait-on dire. Copier les autres artistes et produire ce que le public attend n’a rien de véritablement artistique. On revient à l’artisanat. Ce fut une tendance permanente dans le milieu artistique, que ce soit entre artistes (l’on copie plus ou moins celui qui a du succès), mais également pour chaque artiste qui a tendance à refaire les œuvres qui ont reçu un bon accueil du public. L’art y perd son esprit, sa magie, son aspiration et devient un simple objet de commerce ou de communication.
L’art est le sel de la vie, un inutile propre à l’homme, mais combien rafraichissant et goûteux sous le palais. Il nous donne une respiration d’un morceau d’univers, entièrement et humainement créé. Il élargit les dimensions de l’esprit et le conduit en des lieux personnels, celui de notre affection pour la vie. Pourrions-nous vivre sans l’art ?
05:01 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, beauté | Imprimer
26/09/2011
Détruire l’inéluctable enchaînement du temps
Détruire l’inéluctable enchaînement du temps en se contentant de l’instant pur, instant psychologique sans appel à la mémoire.
De même l’amour ne peut exister réellement dans un désir de devenir. Il faut qu’il soit, simplement. On le découvre en s’abstenant de toute recherche, de toute préoccupation, en s’ouvrant vers l’ensemble des choses, comme une porte derrière laquelle il n’y a que du vide à combler.
L’être réel ne se trouve que dans l’absence de conscience d’être.
01:19 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, temps | Imprimer