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01/10/2011

L’Aesthetic Movement, exposition au Musée d’Orsay

 

L’Aesthetic Movement ou mouvement esthétique a précédé, en Angleterre dans les années 1860, l’art nouveau français du début du XIXème siècle. Ces précurseurs ne se voulaient ni école, ni théorie, mais formaient un groupe diversifié qui cherchaient à réagir contre le formalisme de l’ère victorienne accompagné du matérialisme industriel.

Il n’y a pas en effet d’unité de style dans ce mouvement. Les influences viennent d’un peu partout géographiquement et historiquement. On trouve ainsi des peintres inspirés par la sensibilité italiennes comme Rossetti, d’autres plus attirés par la Grèce antique  comme Frederick Leighton, d’autres encore cherchant des réminiscences dans l’art égyptiens. Enfin, un certain nombre prospectent auprès de la Chine et du Japon des formes et des motifs inusités en Europe.

Mais tous sont en recherche de beauté, tous veulent pratiquer l’art pour l’art, sans chercher à influencer un public par des considérations autres que l’esthétisme. Ils réfutent les intentions des pré-raphaéliques qui, en tant que prédécesseurs, cherchaient à élever les sentiments et favoriser de meilleures pensées. La beauté conçue par les adeptes du mouvement est une beauté mystérieuse, féminine d’abord, mais la femme y est représentée de manière légendaire et hiératique ; c’est également une beauté d’ordre décoratif, comme les meubles stylisés et les papiers peints aux couleurs chatoyantes ; c’est aussi une beauté fragile et affectée à l’image des porcelaines blanches aux dessins bleus très chinoises ; enfin c’est une beauté accaparante et obsédante puisqu’elle concerne l’ensemble du cadre de vie de ces anglais fortunés qui collectionnent tous ces objets jusqu’à transformer leurs maisons en musée.

Toutes les œuvres exposées ne sont pas des chefs d’œuvre. De nombreux tableaux et autres objets semblent même plus d’ordre mondain ou à visée esthétique. J’ai retenu deux tableaux qui sont très différents, mais procurent une émotion assez semblable. La « mère et l’enfant » de Frédéric Leighton et le « Champ de foin » de Thomas Armstrong. Malheureusement le premier est mal placé et il est difficile de le contempler assez longuement, car il se trouve dans un couloir où passent les visiteurs qui s’arrêtent le nez dessus sans comprendre l’importance d’un certain recul pour extraire une impression d’ensemble de l'oeuvre.

Champ de foin.jpg

Pour le « champ de foin », il n’y a en fait qu’un petit coin de champ et, de plus, un mur qui barre l’horizon, ne donnant aucune perspective. C’est en fait un quasi couché de soleil, dont on aperçoit le disque, sur un décor de ferme. Le tableau représente trois femmes, dont les visages ne cherchent pas à exprimer une beauté transcendante. Celle de gauche tient un enfant dans ses bras et les deux femmes de droite la regardent. Ces trois femmes semblent arrêtées, figées dans leur attitude. Elles sont graciles par leur taille étirée, leurs atours sont en désaccord avec l’environnement, elles sont comme des beautés fragiles, intouchables, étrangères à ce qui les entoure, malgré les outils que portent celles qui se trouvent à droite.