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17/05/2020

Le nom

Tu n’es qu’un nom
Qui bourdonne dans la tête
Comme une mouche qui tourne
Et t’enlace dans ses pièges

Parfois elle s’arrête
Je dors sans scrupule
Jusqu’à ce qu’elle revienne
Et m’entraîne dans une nouvelle aventure
Qui me laisse le cœur battant
Ouvert à toutes les turpitudes
D’une absence de ta présence

D’autres fois, enlacé dans tes bras
Je baigne dans le bonheur…
Mon corps devenu enfant…
Cela ne dure pas longtemps
Mais me permet de poursuivre ma quête

Dieu, où es-tu ?
Je te cherche au réveil
L’œil ouvert sur la nuit
Et je ne trouve que le vide
Des étoiles et des gouffres
Qu’offre la nature au passant
En recherche de désolation

Ton nom n’est qu’un point
A l’horizon du désespoir
Car il cache ta réalité
Qui ne se dévoile jamais
Tu possèdes plusieurs noms
Tous plus révérés que l’autre
Celui de ton voisin de palier…
Comment unir ces contraires
Tenant au plus profond de l’être
Là où la chair rougie
Se montre dans sa vérité d’homme ?

Quel mirage me fait courir ?
A l’horizon je distingue
Ce point noir et brillant
Qui s’appelle Dieu
Et que j’appelle Déité
Nom abstrait de l’au-delà
Qui ouvre sur le calme
Qui suit la tempête
Tous s’entrecroisent
L’arme agitée et menaçante
Jusqu’au jour où ce nom
Devient celui de la délivrance

Plus de rancœur, plus s’affrontements
La mer de volupté intérieure
Velours sous les doigts de la main
Boisson enivrante qui s’empare de l’être
Et te rend autre, mais toi-même
Debout devant ton Dieu
Empli d’irréalité
Gonflé au gaz de la félicité
Reposant au nid de la création
Jusqu’au jour de son retour
Dans ta divine chaleur

Ce nom n’est qu’un symbole
D’une réalité plus grande
Que la moindre pensée
Ou la moindre sensation
Ou le moindre sentiment
Il te prend tout entier
Te secoue tout ton être
Et te rend transparent
Nu et vide de tout ce moi
Qui te gonfle d’impatience
Empêche ta vision unique
D’un Dieu devenu autre
Au-delà des mots…

Silence…

 ©  Loup Francart

16/05/2020

Le monde et Dieu

Comment ne pas se sentir petit devant ce monde à aimer et ce Dieu qui ne demande que notre amour.

Une vie ne suffit pas pour apprendre à aimer le monde, mais dans le même temps elle ne suffit pas pour s’emplir de la déité.

Pourtant elle ne nous demande pas un choix. Elle veut l’un et l’autre. Sans doute parce qu’ils sont liés. On ne peut aimer pleinement le monde que grâce à l’amour porté à Dieu.

15/05/2020

Singularité gravitationnelle

L’espace réagit à ce qu’il contient
Que ce soit matière ou énergie
Et se déforme à tel point
Qu’il s’effondre à l’infini

Trop de masse ou d’énergie
Rendent l’espace-temps imprévisible
Concentrés dans un volume trop petit
Ces métriques créent l’indéfini

L’horizon des événements devient piège
Pour la matière et même la lumière
Où vont donc objets et énergies
Au-delà de cette censure cosmique ?

Nul ne sait ce qu’il en advient
On ne peut admirer la singularité nue
Comme l’homme prude
Ne peut voir une femme nue

Ce principe de censure cosmique
Permet néanmoins un effondrement
D’objets cosmiques tels les étoiles
Jusqu’à atteindre une taille nulle

Alors plus rien n’est visible
Où donc est passé l’astre
Effondré sur lui-même ?
Y a-t-il un au-delà de l’espace-temps ?

Si l’on tend le cou vers le passé
On aperçoit la bille d’énergie
D’un univers venu d’une singularité
D’où sont nés et l’espace et le temps

Cette singularité première
Se retrouve dans les profondeurs
Des trous noirs jonchant l’univers
Y aurait-il des singularités multiples ?

Ces trous noirs seraient-ils des galeries
Permettant d’atteindre d’autres univers
Sans matière ni énergie physique
Où la psyché règnerait en maître ?

Cosmologie, poésie, poème, écriture

14/05/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (16)

Au moment où la troupe prenait position pour le défilé final, l’alerte retentit. Ce fut un cri perçant, bref, qu’ils entendirent tous dans le silence du mouvement de troupe. Immédiatement le capitaine appela les chefs de section, leur donna des ordres brefs et laissa partir au pas de course les soldats, expliquant à la population les raisons de l’arrêt de la prise d’armes. Puis, il se rendit auprès de la sentinelle qui avait donné l’alerte. Celui-ci, lui montrant un mouvement de terrain à quatre cent mètres des remparts de bois, lui expliqua :

– j’ai vu là un homme seul, debout sur la butte, contemplant le village, l’air dégagé, fumant un cigarillo. Il avait l’air intéressé par la prise d’armes qu’il regardait avec des jumelles. A un moment, il s’est retourné, s’est soulagé par terre, puis se reboutonnant, il poursuivit ses observations. Il était vêtu comme les chiliens, mais son uniforme semblait fatigué, poussiéreux. Seul brillait, propre, astiqué, son étui à pistolet. Celui-ci étincelait sous le soleil. C’est ce qui m’a incité à donner l’alarme. Il a alors fait demi-tour, tranquillement, et est parti. Il m’a fait froid dans le dos.

Etonné d’une description aussi précise et malgré tout littéraire, le capitaine remercia chaleureusement l’homme, le regardant pour s’imprégner de son identité. Il revint vers les locaux de sa compagnie et demanda au lieutenant qui il était. Celui-ci lui expliqua qu’il s’agissait d’un prisonnier appartenant à la section de l’adjudant major :

–  C’est un ancien officier chilien. Il est parmi nous depuis deux ans. Il semble heureux de son sort et il est effectivement cultivé. Je le vois souvent un livre à la main pendant les heures de repos.

– Lorsque sa garde sera finie, vous le ferez venir, je voudrai le voir.

13/05/2020

nudité de l'âme

Soupir silencieux de l’être :
Craquelure de l’apparence
Chute du personnage
Derrière : l’apesanteur
L’aspiration, la dissolution

Tu es l’alpha de l’être
L’appel du bonheur
L’oubli des pauvretés
J’aspire à m’éveiller
Et m’endors, lové
Au creux de mes insuffisances

Tu es l’oméga du désir
Lieu de nos éternités rêvées
Quand, épuisés par nous-mêmes
Nous recueillons le vide
Au fond de nos mains ouvertes

J’aspire à la nudité de l’âme

©  Loup Francart

12/05/2020

La vie

La vie est dans l'autre et le monde

non en soi

mais il faut entrer en soi pour la trouver

 

05:19 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, destin, avenir |  Imprimer

11/05/2020

Énergie sombre

Sociale, la nature se cherche
Tout s’attire l’un vers l’autre
Le soleil attire les planètes
Les astéroïdes ce qui passe à leur portée
L’autre se laisse hypnotiser,
Captiver, emporter, avaler
Et pousse un soupir de soulagement
D’être ainsi dissous dans l’atmosphère
D’un plus grand que soi
Même si ce kidnapping est mortel

Si la nature poursuivait son œuvre
L’univers rétrécirait, se condenserait
Deviendrait une balle propulsée
Si massive qu’elle grossit sans cesse
Si lourde qu’elle s’écrase elle-même
Si dure qu’elle tranche même
La trame de l’espace-temps

Alors il fallait un contrepoids
Pour s’opposer à la gravitation
Sinon l’univers ne serait plus
Pas trop d’opposition tout de même
Il ne fallait pas semer à tout vent
Les céphéides permettent de mesurer
L’effet sur les étoiles grâce à leur oscillation
Mieux même les naines blanches
Permettent de mesurer l’accélération de l’expansion
De l’univers et la fuite des galaxies

Ainsi est née l’énergie sombre
Explication dont on ne sait pas grand-chose
Sinon que c’est une force antigravitationnelle
Qui repousse la matière au lieu de l’attirer
Une énergie qui s’oppose à la gravité
Qui n’a ni forme ni force d’attraction
Et qui entraîne le cosmos vers une fuite éperdue
Dans les immensités glaciales d’un cosmos libéré
Des cailloux gisant au fond de ses poches

©  Loup Francart