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06/01/2019

Bouquet

La rose traverse l’hiver
Laissant flétrir ses pétales
En tortillons affutés
Et pendre sa végétation assoiffée.
Le vase reste de marbre
Où l’eau déborde d’envie.
Ma vue ne porte pas plus loin.
C’est déjà beaucoup pour un scarabée !

©  Loup Francart

05/01/2019

Blessure

Entre deux nuages
L’éclat parvient
Blessure de l’être
Tu vagabondes
L’arbre n’est plus
Il a froid
Devant cet embrasement
Que pense-t-il ?

 

IMG_7904.JPG

 

04/01/2019

Flashmob

https://www.youtube.com/watch?v=a23945btJYw


 

La joie,
C’est cet élan du cœur irrésistible
Qui jaillit de celui que l’on connaît peu
Et qui pourtant est bien nous-même.
Il sortit, un jour, de la boîte Pandore
Et, depuis, on le cherche sans cesse.
Il apparaît caché derrière un arbre
De la forêt humaine, se montre rarement
Mais quelle joie lorsqu’il est, par hasard, enfin là !

 

03/01/2019

Mystère de l'incarnation

 

L'incarnation est l'association des extrêmes,

l'infini et le fini confondus,

l'éternel et le mortel,

comme une preuve de la non-ambiguïté de l'esprit et du corps

dans la notion de personne.

Tendre à l'union des incompatibilités apparentes.

 

02/01/2019

Ephistole Tecque (29)

Depuis cette nuit, Ephistole craignait et attendait avec impatience les heures de sommeil. Retiré dans sa chambre, hors du bruit diurne, allongé sur son lit, pas tout à fait couché parce qu’encore habillé, il rêvait éveillé à des jours sans fin, aux courtes nuits de son enfance lorsque ses parents ouvraient la porte de séparation avec le salon et écoutaient une respiration qu’il s’efforçait de rendre la plus symétrique possible. Le déclic discret de la serrure lui indiquait le commencement d’une nuit indicible dans laquelle tout le séparait de la vie de chacun des jours vécus au bureau dans les chiffres et les statistiques. Autant dans la journée son univers était rationnel, fait de conjugaison subtile de logique, de causes et de conséquences, autant dans ces longues nuits dans une chambre noire, nue et exempte de bruits, il découvrait un autre monde, qui effleurait ses perceptions, donnait le jour à des sensations nouvelles jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se contenter d’une image organisée d’un cosmos immuable de rigueur. Il découvrait aussi le pouvoir du corps à l’encontre de celui de l’esprit, un pouvoir subtil, car échappant aux vaines exigences de règles toujours plus difficiles à mettre en œuvre, aux colonnes de chiffres dont la rationnelle organisation permettait de projeter un avenir défini, inexorable, conduisant, malgré sa magnifique cohérence, à une vacuité impalpable.

 

FIN

01/01/2019

Voeux 2019

 

Tu peux envoyer des vœux à tous, c’est une gageure !
Les vœux aux dieux, sont un engagement
A soi-même, c’est une résolution
Enfin aux êtres chers et ce devient un souhait
Mais le meilleur vœu que tu puisses faire
C’est un jour de découvrir et de chérir
Celui qui, en toi, existe, éternel et vivant
Puis, d’en faire ton ambassadeur
Tous les jours de l’année
Jusqu’à l’an prochain
Alors tu pourras recevoir
Les vœux de la terre entière

 

Bonne année 2019

 

31/12/2018

Le feu

– Et si nous faisions le feu ?

Aussitôt chacun se souvient de vacances antérieures le nez sur la braise, soufflant bravement sur quelques brindilles, regardant monter une fumée rare et odorante. Chaque membre de la famille y passa une journée ou deux, s’affairant dans le froid, se réchauffant les mains au-dessus des flammes et se laissant engourdir devant la magie du feu dansant dans le souffle d’un petit vent d’hiver.

Aujourd’hui, il fait froid. Un degré. Mais il fait beau. Quasiment pas un nuage.

– Sud-est, apparemment.

Une direction du vent assez rare, mais impérative pour nous lancer dans l’allumage d’un feu qui n’envahisse pas le village et ses habitants d’une fumée qui ferait pleurer les enfants et les vieillards et jurer les adultes mâles.

Alors on se rend au chevet du tas de feuilles et de branchages qui est caché derrière une haie au bord de la rivière. C'est l'aboutissement d'une année de ratissage. Il est bien là, énorme, trempé, encombré, ayant pris possession de toute la place qui lui est réservé. Chacun regarde, ausculte le ciel, met son doigt dans la bouche pour ensuite le lever en l’air et vérifier la direction du vent.

– Eh bien, cela me semble parfait pour entamer  la destruction par le feu !

Sitôt dit, sitôt fait. L’un va chercher les allumettes, l’autre les cubes allume-feu qui soutiennent la flamme d’un feu débutant, le troisième la fourche, instrument indispensable au maintien d’un bon feu. Il faut dire que le sol est détrempé et que l’on patauge dans la boue. Mais il ne faut décourager personne. Après quelques timides essais, nécessitant bonne humeur et bonne volonté, le feu ne se montre guère coopérant.

– Va chercher le sèche-cheveux.

Cinq minutes plus tard, l’appareil et sa rallonge sont installés. Mise en route. Immédiatement la flamme hésitante monte dans le ciel encombrée de milliers d’étoiles. C’est la gloire, ça marche ! Et progressivement, un trou rouge creuse le tas de feuilles qui, malgré l’eau ruisselante, brûle et creuse un trou dans l’humidité ambiante.

– Ouais, c’est bien, mais on en a pour un mois à faire brûler le tas de feuilles. Va chercher un second sèche-cheveux !

récit,anecdote,feu,vacances,réunion de familleSitôt dit, sitôt fait. Il est vrai que cela fait de la fumée qui monte en tourbillon et, selon le vent, se plaque au sol ou s’évade dans tous les sens. Bientôt (une heure après tout de même), la nuit descend sur la rivière, emplissant de fraîcheur l’air ambiant. Le feu est bien parti, il creuse ses galeries sous les feuilles détrempées, ne laissant apparaître que de maigres fumerolles réparties sur l’ensemble du tas. Sous la surface, un volcan qui ronfle dès que l’on met en route les sèche-cheveux, au-dessus une légère brume qui roule au gré du vent. A demain, disons-nous au brasier. Chacun rentre à la maison, comme enivré par l’odeur des feuillages.

Durant la nuit, sans le révéler à quiconque, chacun rêva au feu : entrer dans la braise chaude, tendre les mains vers le foyer, sentir l’odeur curieusement délicieuse de bois brûlé et de pourriture de feuilles décomposées, attendre le claquement sec des marrons du plus gros arbre du jardin qui explosent, respirer la fumée exhalée par tous les pores du tas. Et de rêver, rêver, rêver… Jusqu’à s’endormir, épuisé.

Le lendemain, après un café but à la hâte, les trois protagonistes enfilent leurs bottes et courent aurécit,anecdote,feu,vacances,réunion de famille jardin dans le noir pour contempler, caché par la haie, les restes du feu. De lentes fumeroles continuent à sortir  du tas. Mais celui-ci s’est considérablement affaissé et prend l’aspect d’un ballon dégonflé. Les apparences sont semblables, mais la bravoure qu’il avait maintenu jusqu’à maintenant s’est évaporée. C’est un animal mort, enfin… pas tout à fait. Il faut sauver l’âme du feu pensons-nous chacun de son côté.

Deux minutes plus tard, l’un d’entre nous surgit avec le souffleur de feuilles qui sert à entasser celles-ci dans un coin du jardin avant de les charger dans une brouette. Il le branche sur la prise, nous regarde hilare et met en route. Un ronronnement puissant nous percute les oreilles. Il rapproche le jet d’air du tas et, au bout d’une minute, de magnifiques braises rouges apparaissent, au bout de cinq minutes, le cratère sous la poussée du courant d’air se reforme, commence à ronfler et fait jaillir de petites flammèches. Un volcan miniature ouvrant sa bouche monstrueuse. Chacun alors s’active pour fournir de la matière à son appétit en utilisant la fourche ou même ses mains.

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Oui ! Nous avons vaincu la mort du brasier ! Vive le feu !

Au lendemain de Noël, la vie était repartie, toujours bruyante, exaltée, chatoyante, un mirage permanent annonçant la nouvelle année.