Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/12/2018

Nouvel an : épine ou bonheur

 

Encore une année

Et tu vois l’autre monter

Épine ou bonheur ?

 

18-11-02 Myriades.jpg

29/12/2018

Ephistole Tecque (28)

En fait, il n'avait même pas une idée très nette de ces questions qui se présentaient simultanément à son esprit de la même manière qu'un opérateur chargé du radar ne peut donner la position d'une infinité de points en mouvement sur son écran et produits malencontreusement par une brusque interférence d'ondes multiples. Il ressentait l'importance de ces questions, leur complexité, la difficulté de les résoudre, mais il n'aurait pu les énumérer une à une et les classer par ordre d'importance. Il était conscient d'avoir vécu un instant d'extraordinaire lucidité, d'une clairvoyance insoupçonnable, qu'il n'avait même pas imaginé, comme si brusquement son cerveau s'était libéré des voies habituelles de l'influx nerveux et qu'un autre système de connexion se fut établi, permettant des relations analogiques d'idées jusque-là séparées par un obstacle indestructible, celui de la matière cervicale. Il sentait bien cependant que cet état d'intensité suprême diminuait sensiblement, ayant de plus en plus de mal à voir clair dans cet enchevêtrement de révélations. En même temps qu'il reprenait conscience du crépitement de la pluie sur la verrière de la cour, du ronronnement des voitures qui passaient à intervalles réguliers dans la rue, trouant l'obscurité d'un faisceau jaunâtre qui venait se refléter sur la glace de l'armoire et était renvoyé vers un coin de la pièce où les objets entassés reprenaient quelques formes géométriques. La fenêtre était à nouveau fermée, sa poignée figée dans une position horizontale qui indiquait bien le verrouillage des deux battants, les rideaux de tulle légère reposaient le long des vitres soumis uniquement à la pesanteur et non plus soulevés de temps à autre par un courant d'air frais pénétrant par la jointure mal ajustée des deux battants. Il entendait à nouveau le léger gargouillis produit par la mauvaise fermeture d'un des robinets du lavabo, un chuintement imperceptible en plein jour, mais qui la nuit, dans le silence apparent de la ville, s'amplifiait démesurément jusqu'à parfois l'empêcher de dormir. Il sentait maintenant sur son corps étendu, relâché, la fine rugosité des draps maintenus contre lui par le poids des couvertures et du couvre-lit, de même qu'il entendait contre son oreille appuyée sur le polochon les battements rythmés de son cœur. Puis peu à peu, doucement, tous ces bruits, ces sensations s'estompèrent, faisant place au sommeil.

28/12/2018

Enfants

 

Pourquoi est-on à la fois intrigué et émerveillé devant les enfants ?

Ils représentent le mystère de la vie humaine. On y retrouve l’homme à l’état originel, encore vierge des incidents de la vie.

 

27/12/2018

Amour

 

Je t’aime, car je n’ai pas besoin de toi.
Tu es pur don,
Au-delà de tout besoin.
C’est vrai, on t’attend,
On t’espère, on te cherche,
On agit sans te connaître.
On se passe de toi, enfermé en nous-même.
Mais un instant de ta présence
Suffit à remplir la vie.
Je deviens pleinement humain,
Au-delà même de l’humain,
Là où le baiser à l’inconnu
Me remplit de silence
Et m’envahit de bonheur.
Non, je n’ai pas besoin de toi,
Mais lorsque tu es là,
Je ne suis plus
Et j’erre, empli de vide,
Ouvert à tous vents,
Baignant d’absence,
Immergé dans l’Autre
Qui est Toi, en dehors du moi.

©  Loup Francart

 

26/12/2018

Ephistole Tecque (27)

Il y a six mois un ingénieur avait quitté l'usine pour travailler dans un centre de recherche. Il avait eu avec lui une conversation portant sur le pouvoir des chiffres et le monde des équations qui créent un espace imaginaire, rationnel, démontrable, mais que nos sens ne pouvaient atteindre. Ils avaient longuement discuté pour savoir si cet espace était ou non du néant et l'ingénieur lui avait exposé la conception tirée de la Kabbale selon laquelle existaient deux principes essentiels : l’Être et le Néant, dont le rapport fait naître des êtres contingents dans le temps. Le Néant possède l'impuissance, l'ignorance et la haine ; l’Être est muni de la puissance, la sagesse et l'amour. Tout être humain participerait de l’Être, dont les principes sont exposés dans l'arbre des Sephirot, et du Néant, fruit vide de l'arbre des Queliphoth. Ephistole sentit que ces paroles auxquelles il n'avait pas fait attention, auxquelles vous n'auriez pas pris garde non plus, si ce n'est peut-être pour noter l'érudition de l'ingénieur, venaient à l'instant de prendre une subtile explication, bien que les faits lui paraissaient encore suffisamment embrouillés. Sans doute ne vivait-il que dans une sorte de néant, attaché à des objets inutiles, enfermé dans une cloche sous vide où l'être se dessèche inexorablement, ne pouvant rien par lui-même, soumis au déroulement impitoyable du mécanisme céleste. Comment se faisait-il qu'il n'eût rien soupçonné auparavant, que sa vie se soit déroulée ainsi, uniformément, sans même avoir conscience de la possibilité de n'être rien ? Il se souvint des recherches qu'il avait faites récemment pour l'usine, pas tout à fait des recherches, mais plutôt un dossier d'information pour les cadres sur les ensembles de mesure nulle utilisés en physique mathématique. Il avait été particulièrement surpris et impressionné par ces mesures sur des univers inconcevables et pourtant réels où des êtres mathématiquement existants engendraient inlassablement d'autres êtres, d'autres chiffres, d'autres signes aux fins d'un élargissement toujours plus vaste de ces univers. Aurait-il trouvé par hasard la méthode qui manquait pour franchir cette frontière et concevoir en un éclair l'étendue des choses et des êtres ?

25/12/2018

Noël : la vie


Quand enfants, nous vivions ce jour
Qui n’en était pas un
Parce que la nuit n’était pas une nuit

On se couchait, transis
Dans l’attente du réveil douloureux
Ouvrant sur l’église froide
Et les chants de magnificence

On se coulait, endormis
Sous le manteau d’un proche
Et attendions, vainement
Le vacarme des cloches

On adjurait l’enfant, si petit !
Quelle gageure de rester éveillés
Lorsque du sommeil tirés
S’échappait les larmes de froid

Enfin du clocher venait l’orage
D'un carillon époumoné...
Plongée dans la nuit noire
Dessinant des sourires ébahis...

Le rêve se précisait, pressant
Vainqueur des inclinaisons de tête
Et de l’absence de conscience
Les yeux ouverts sur l’espoir

Les enfants que nous étions,
Désormais éveillés et vivants
Ayant vécu l’enchantement de l’esprit
Attendaient courageusement à l’entrée
La libération de l’impatience
Et l’envol vers l’affairement
Du déballage des mystères empaquetés

Et bien que couchés tard
Et levés tôt d’excitation fervente
La journée s’écoulait
Portée par une ardeur sans fin

Aujourd’hui, dans le vide du souvenir
Renaît en nous l’enfant si nu
Qui s'étreint le cœur et l’élève
Dans le cri de l’humanité :
« Viens, toi qui es plus que moi-même
Emplis-moi de ta présence
Transparente et unique »

 ( ©  Loup Francart)


Il nous faut maintenant célébrer cette vie perpétuelle d'où procède toute vie, et par qui tout vivant, à la mesure de sa capacité, reçoit la vie...
Que tu parles de vie spirituelle, rationnelle ou sensible, de celle qui nourrit et fait croître, ou de quelque vie que ce puisse être, c'est grâce à la vie qui transcende toute vie qu'elle vit et qu'elle vivifie...
Car c'est trop peu de dire que cette vie est vivante.
Elle est principe de vie, source unique de vie.
C'est elle qui parfait et qui différencie toute vie, et c'est à partir de toute vie qu'il convient de célébrer sa louange...
Donatrice de vie et plus que vie, elle mérite d'être célébrée par tous les noms que les hommes peuvent appliquer à cette vie indicible.

Denys l'Aéropagite

 

 

 

24/12/2018

Pensée et action

C’est le faible qui parle de la force. C’est l’’homme mou qui parle de la volonté. L’homme fort ne parle pas, il vit. D’où cette éternelle contradiction entre la pensée et l’action, car ceux qui, par la pensée, prône l’action, n’agissent pas et ceux qui, par l’action, recherche la pensée, n’en parle pas.

C’est dans l’action que tu trouveras la joie, mais tu ne trouveras cette dernière que grâce à la pensée.