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24/12/2017

Mécanicité

 Ne serais-tu qu'un simple tuyau

ou même un robinet

qui subit la volonté d'un mécanicien

qui tourne au hasard

la clé de la vie ?

Mécanicité 3.jpg

23/12/2017

L'homme sans ombre (42)

Quatre jours plus tard, un autre article concernant la même secte paraît à nouveau dans la presse : « La secte bouddhiste Pingya continue à faire parler d’elle. Divisée sur les choix pris par son guide spirituel, elle s’entredéchire entre les partisans du tulkou et ceux qui s’opposent à ses innovations, dont en particulier l’annonce de son prochain mariage. En effet, un maître tibétain, qui appartient à tous, ne se marie pas. Des heurts se sont produits à l’intérieur du monastère, à tel point qu’une intervention de la police a été demandée par quelques fidèles. Le calme est revenu, mais rien ne va plus entre les deux parties. Il semble que le jeune Rimpoché qui déjà n’habitait pas dans le monastère, ait donné sa démission au profit d’un de ses partisans qui sera chargé de traiter avec le monastère de la secte resté en Inde de l’avenir de l’école parisienne. Mathis Letourneur, nous venons d’apprendre le nom occidental du Rimpoché, est depuis introuvable et semble avoir quitté définitivement le monastère parisien. »

Le lecteur retrouve Mathis, sa fiancée et le couple ami dans la petite maison, au pied de la colline où ils se rendaient tous les soirs et où les deux femmes avaient observé le comportement étrange de Mathis. Mathis est souriant, décontracté, mais concentré. La révélation de Bourges lui fait voir les choses de plus loin, avec moins de passion et même d’émotion. Chaque jour, il a longuement médité, poursuivi ses tâches personnelles pour atteindre la vacuité du soi. Dans le même temps, il a effectué avec Noémie de longs échanges au sujet de leurs désirs et de leur accomplissement à deux. Ils se savent prêts à tout et ils attendent. Ils attendent un signe qui leur indique leur devenir. Ils sont ouverts, calmes et aimant. C’est l’heure de sa troisième méditation, celle pendant laquelle il développe les bienfaits des deux premières et entre en lévitation. Mais aujourd’hui, il n’arrive à rien. Il a beau reconstruire en lui les conditions habituelles du corps, du cœur et de l’esprit, rien ne vient. Il sent même que rien ne viendra. Il est déconnecté. De quoi ? Il ne sait pas. Ce n’est pas une lourdeur inhabituelle, mais plutôt  une liberté nouvelle qui le ramène à la réalité, mais une réalité spirituelle inusitée, une délivrance du cœur qui retourne la vision. Il sourit et tout lui sourit. Il redevient comme tout un chacun, mais dans le même temps il voit le monde transformé, riant, aspirant au bonheur. Peu importe toute lévitation, peu importe tout signe d’une quelconque atteinte d’un niveau spirituel reconnu au Tibet. Seul compte le vide silencieux et furtif du vent céleste qui passe à travers son corps et nettoie son esprit. Il sent son être atteindre l’accomplissement, malgré ses ennuis, son découragement, ses adversaires. Tout cela a disparu.

22/12/2017

La singularité

Définition singulière que celle de la singularité :
Caractère de ce qui est unique ou acte la révélant

Nous sommes tous singuliers, sans le savoir
Pourtant nous errons dans la reconnaissance
De nos ressemblances sans nous douter
De la présence de l’être singulier
Que chacun de nous est et se doit de découvrir

C’est un véritable déconditionnement à pratiquer
Se défaire de l’apprentissage de l’humain
Pour errer dans la singularité de mon être lui-même

C’est un au-delà du moi à découvrir
Un point concentrant le soi unique et singulier
Qui donne à l’être sa force et sa valeur
L’affirmation de de son accomplissement
La transparence totale de son existence

C’est lorsque je ne suis plus que je suis
Voilà la singularité de chaque être humain

Alors, franchis le pas et saute dans le trou noir
Tu ressortiras immaculé comme neige,
Dans un trou blanc, transfiguré

Mais, attention, n’oublie pas ta blancheur nouvelle
Garde ton regard ébloui et oublie ce que tu étais

 

 ©  Loup Francart

21/12/2017

Hypnose

Quel étonnant pouvoir pour une petite fille...


 

20/12/2017

La tendresse présente : location à Lisbonne

Que retenir ?
Le masque sur le poêle
Chinoise au sourire rougi
La course au mouton sauvage
De Muraki, écrivain étrange
Mais d’un réalisme absolu
La fenêtre de la salle de bain
Baignée de lumière au matin
L’autre fenêtre sous la table
Où l’on s’encastre pour réfléchir
Le grenier blanc soleil
Qui s’endort au déjeuner
Et la présence invisible
De l’hôtesse toujours là, dans ces objets
Doucement offerts au creux des mains
Lorsque, les locataires endormis
La maison reprend vie, la vraie
Celle du jeu de cache-cache
L’ignorance de cette danse dans la nuit
Comme le cosmologue face au mur quantique
Laisse percer des anomalies incompréhensibles
Derrière les certitudes du juste raisonnable
C’est un feu bouillonnant et indéfinissable
Qui engendre en l’être humain allégé
La conviction d’un infini invisible
Plus prégnant que le temps et l’espace

 ©  Loup Francart

19/12/2017

L'homme sans ombre (41)

Quelques jours plus tard, paraît dans la presse française un article intitulé « Étrange affaire de succession dans une secte bouddhiste » : Une étrange affaire s’est déroulée à Paris dans les milieux tibétains. La secte Pingya venait d’installer un monastère dans le quartier du 13ème arrondissement et commençait à s’étoffer sous la conduite d’un tulkou qui serait d’origine française. C’est cette origine qui a suscité des jalousies, puis des antagonismes au sein des lamas de la secte. Ils leurs semblent inconcevables qu’un grand maître puisse se réincarner dans un enfant étranger aux traditions tibétaines. De plus, pour se justifier, ces adversaires font état de comportement tout à fait contraire aux coutumes du Tibet. Les tulkous sont et doivent rester célibataires. Ils ont, comme nos prêtres catholiques, une obligation de renoncement à la chair pour se consacrer à l’amour divin qui se porte vers tous les hommes et les femmes. Or celui-ci (nous n’avons encore pas réussi à identifier son nom réel) prétend se marier avec une française qui n’est même pas bouddhiste. Un sacrilège que les contestataires mettent en avant pour refuser dorénavant l’exercice du pouvoir par le rimpoché [1]. Ce n’est cependant pas un fait nouveau. Plusieurs Rimpoché se sont mariés tout en demeurant à la tête de leur secte. Ainsi le Sakyong Mipham Rinpoché s’est marié récemment avec la fille d’un autre Rimpoché et est devenu un véritable occidental. On constate d’ailleurs que les problèmes sexuelles sont aussi nombreuses dans le bouddhisme que dans le catholicisme. Ainsi, en novembre 1994, en Californie, Sogyal Rimpoché  a fait l'objet d'une plainte pour « mauvais traitements physiques, psychiques et sexuels ». Après de nombreuses polémiques entre les deux parties, Sugyal Rimpoché démissionne de la direction spirituelle de Rigpa, laissant celle-ci à un groupe d'anciens étudiants et de lamas tibétains.

Que va-t-il se passer pour cette  nouvelle secte bouddhiste qui jusque-là n’avait pas fait parler d’elle ? Nous n’avons pu approcher le jeune Rimpoché. Celui-ci a bien, en effet, été désigné tulkou par une commission de recherche d’un successeur. Ces parents se trouvaient en Inde où le père, ingénieur, dirigeait la construction d’un pont. Cette désignation ne posa pas de problème auprès des populations locales et il fut pris en main par les lamas de la secte sans difficulté. Devenu jeune homme, il décida de se rendre en Occident et d’y créer un monastère comme d’autres sectes bouddhistes ont pris l’habitude de le faire depuis plusieurs décennies. C’est au cours de ce retour dans sa patrie d’origine que le tulkou a rencontré une jeune fille qui, semble-t-il, embrouilla ses relations avec sa secte. Rien ne va plus au sein des fidèles et la rupture semble proche entre le maître et ses fidèles. »

 

[1] Rimpoché est une épithète honorifique propre au bouddhisme tibétain. Employé comme adjectif, il signifie littéralement « précieux ». Le titre Rimpoché est le plus souvent réservé à un lama incarné.

18/12/2017

Le mur quantique de la noosphère (1)

La poésie et l’imagination peuvent amener à des découvertes surprenantes. Cette nuit, devisant avec moi-même dans la cuisine devant un bol de café, s’assimilèrent en un éclair le monde physique et le monde des idées, c’est-à-dire la noosphère. Dans ce dernier monde, on navigue entre des idées, des impressions, des sentiments, des réactions, bref, en un univers ordonné et cohérent dès l’instant où l’on a su le découvrir avec rationalité et en tirer quelques règles relativement simples. Cette cohérence est donnée par la parole qui lie entre elles les représentations visuelles, sonores, tactiles, gustatives, odorantes et qui permet de les exprimer et de les partager. On pourrait dire que la parole est comme la gravité, elle maintient en cohérence le monde des idées qui nous entoure et nous permet d’appréhender la vie.

L’homme a toujours senti une attirance pour aller au-delà de notre monde physique. Tous les grands mystiques, chercheurs, artistes ont tenté de faire comprendre à leurs contemporains cette vision d’un monde tout autre qui les a transformés. Ils se sont exprimés selon l’objet de leurs recherches, mais derrière les apparences, c’est bien une même présence qui les attire et à laquelle ils consacrent leur vie. Certes, ce nouveau monde n’est pas perceptible directement et ne se dévoile jamais clairement. Mais des éclairs d’intuitions ont fait franchi le mur à ces élus et pénétrer dans le calme et la tempête, là où le temps et l’espace n’existe plus. On pourrait comparer cela à un trou noir du monde de la matière, mais c’est ici un trou blanc qui éclaire et guide la vision. Quelle exaltation les saisit ! Ces éclairs les transforment, les allègent, les enchantent. Revenu dans le monde habituel, ils ont contemplé leur vie et décidé d’approfondir cette surprise stupéfiante : il y a un monde invisible derrière le monde visible.

De même qu’il y a une frontière conceptuelle entre le monde de la physique gravitationnelle et le monde de la physique quantique, l’un et l’autre se comportant avec des lois différentes, on constate, par expérience personnelle, l’existence d’une frontière entre le moi bien ancré dans notre monde physique habituel et le soi appartenant au monde du sacré ou monde des symboles dont parle Jung. Peut-être même peut-on dire que ce monde qui se dévoile à nous est en lui-même une frontière qui mène au monde spirituel, frontière entre le moi et l’âme. Disons frontière parce que cet état est trouble et fait vivre dans les deux mondes sans que le choix soit fait définitivement par celui qui l’expérimente. Numineux, tel est le terme que certains emploient. Et ce terme est volontairement à double sens : d’une part, fascination à l’égard de la perception du divin et séduction  par cette présence immatérielle, d’autre part effroi et terreur  face à l’incompréhensible et au mystère. L’expérience de ce numineux est donc trouble et difficilement définissable, de même que l’expérience entre le monde physique géré par la gravitation et le monde quantique dont les lois sont fondamentalement différentes. Ainsi, dans le monde quantique, on peut être et ne pas être en même temps, comme l’a mis en évidence l’expérience du chat de Schrödinger à laquelle le physicien Everett a donné une étrange explication. L’univers serait une immense onde quantique, somme des possibilités et impossibilités de tout ce qu’il contient, imaginables ou non, toutes ces possibilités existant simultanément, comme autant de chats à la fois morts ou vivants. Toutes les possibilités existent à chaque instant, mais elles ne sont pas visibles. Il existerait donc une inconcevable multitude d’univers parallèles où toutes les possibilités sont réalité.

Pour ce qui est du monde de la pensée que l’on pourrait également appelé monde de l’information, on constate la même frontière entre le monde du rationnel (celui de la noosphère, somme des pensées sur le monde physique) et le monde spirituel ou monde du sacré, seul accessible par le numineux, état trouble et indéfinissable qui contraint l’être à revoir sa vision de l’univers et de la vie. Mais ce n’est que l’ouverture sur plusieurs mondes : le soi permet d’accéder à la connaissance de l’âme, entité du monde spirituel, puis, au-delà, au monde du Tout divin que certains appellent le Tout autre pour ne pas employer un terme rappelant celui de "Dieu", trop empli d'appropriations exclusives.