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22/06/2014

L’amour dure trois ans, de Frédéric Beigbeder (Gallimard, 1997)

Le premier chapitre résume tout le livre. Au début tout est beau, même vous. Le bonheur existe, et il est simple : c’est un visage. Vous vous mariez le plus vite possible. Pourquoi réfléchir quand on est heureux ? Penser rend triste ; c’est la vie qui doit l’emporter. La deuxième année, vous comprenez votre femme à demi-mot ; quelle joie de ne faire qu’un. La troisième année, vous ne parlez plus à votre femme. Vous êtes tombé amoureux d’une autre. Il n’y a qu’un seul point sur lequel vous ne vous étiez pas trompé ; effectivement, c’est la vie qui a le dernier mot.

Parler du mariage et de sa fin pendant deux cent pages est en soi une performance. Peut-être se lasse-t-on à la moitié du livre, mais il y a toujours de bons mots, quelques phrases assassines, alors on continue quitte à sauter14-06-20 L'amour dure 3 ans.jpg quelques longueurs. C’est vrai, l’auteur écrit bien et nous fait partager son désarroi. Il a de la verve et cela lui sert pour ses conquêtes, mais la vie passe et qu’en reste-t-il ? Sa thèse : Personne ne vous prévient que l’amour dure trois ans. Le complot amoureux repose sur un secret bien gardé. On vous fait croire que c’est pour la vie alors que, chimiquement, l’amour disparait au bout de trois années. Je l’ai lu dans un magazine féminin… Le coup de foudre, ce sont les neurones du système limbique qui sont saturés en PEA. La tendresse, ce sont les endorphines (l’opium du couple).

Quelques bons mots : La case départ promet tellement. C’est comme si on s’était jusque-là retenu de respirer sous l’eau, en apnée juvénile. L’avenir est l’épaule nue d’une inconnue. La vie vous donne une seconde chance ; l’Histoire repasse les plats.

Ce qu’il y a de beau chez une femme, c’est qu’elle soit saine… Des dents aussi blanches que le blanc des yeux, une bouche fraîche comme un grand lit, des lèvres cerise dont chaque baiser est un bijou, une peau tendue comme un tam-tam, des clavicules fines comme des ailes de poulet, des jambes dorées comme le ciel de Toscane, un cul rebondi comme une joue de bébé et surtout, surtout PAS DE MAQUILLAGE.

Mais aussi de nombreuses inélégances pour faire moderne : Alors il s’est passé une chose terrible : j’ai commencé à garder mes chaussettes pour dormir. Il fallait réagir, sans quoi bientôt je me mettrais à boire ma propre urine. Est-ce utile ?

Bref, un livre, même un roman, mais malgré ses bons mots, qui ne casse trois pattes à un canard ! Un roman de plage ? Non, sans doute un peu mieux.

21/06/2014

La femme, pile ou… face

Vous ne me croirez pas. Ce matin, comme à l’accoutumée, je partis courir dans les rues, le nez au vent, l’haleine fraiche, le pied léger. Mais je n’ai pas les yeux dans ma poche comme ceux qui courent en se concentrant sur eux-mêmes, sans rien voir de ce Paris qui a toujours quelque chose à montrer, voire à dévoiler. Ce fut le cas ce matin. Je m’échauffais doucement, courant en petites foulées, musardant vers une vitrine, regardant pas les fenêtres ouvertes au quatrième étage (les rez-de-chaussée ne sont jamais ouvertes (ça doit cocoter !), observant les passants de dos avant de les considérer de côté, voire de les examiner de face. Une jeune femme marchait élégamment, décontractée, allant dans la vie la tête haute. Je me préparai à la doubler, quand, en m’approchant, je constatai une certaine dissymétrie dans sa démarche. Que se passe-t-il ? me demandai-je. Elle portait une petite robe légère, à mi-cuisse, noire bien sûr, volante et luisante. Tout d’un coup, en m’approchant, je n’en crus pas mes yeux. Si à gauche elle était bien mise et élégante, à droite, sa jambe montait, montait, si haut que l’on voyait non seulement sa cuisse, ferme et galbée, mais également, chose tout de même assez rare à Paris, sa fesse droite, dévoilée, que je ne décrirai pas. Elle allait sans souci, souriant intérieurement, se racontant probablement des histoires, peut-être pensant à ce jeune homme qu’elle avait rencontré la veille dans une de ces invitations à laquelle on se rend pour voir des gens avec qui l’on parle sans  savoir quoi dire. Du coup, je m'interrogeai, me demandant comment j’allais doubler une aussi charmante égérie. Etonnant même… J’arrêtai ma course, fasciné par cette vision insolite, extravagante et peu usitée. Elle poursuivait tranquillement, inconsciente de ses effets. Sa jambe longue comme un canon de fusil, blanche comme une baguette peu cuite, la chair au plus haut tremblante parfois sur un pas moins souple, me laissait béat. Ah, le feu du boulevard ! Dieu soit loué, il est au rouge. Elle n’eut pas à s’arrêter devant les autres passants. Elle traversa en toute dignité, comme si de rien n’était. Pendant ce temps, je me demandais ce que je devais faire. L’arrêter et lui dire discrètement ce qu’il en était. Continuer à courir après m’être amusé quelques instants. Rester derrière elle pour la protéger. Pendant que je m’interrogeais, elle avait traversé la rue et poursuivait sur le trottoir d’en face. Au moment où j’allais moi-même franchir l’asphalte où ne passaient que quelques rares voitures, je la vis poursuivre sa route, toujours digne, encore plus divine, car redevenue symétrique. Entretemps elle s’était aperçue de sa bévue et l’avait corrigée comme si de rien n’était.

Oui, Paris offre toujours quelque chose à voir d’insolite, de drôle, et même parfois d’extraordinaire. Ses femmes restent exemplaires, jamais troublées, l’œil sur l’horizon, jamais inquiétées par un dérangement involontaire qu’elles considèrent comme un épisode sans importance au regard de leur élégance.

20/06/2014

Passage d’une voiture dans la rue à minuit et quatre heures

Dans les seuls bruits de la nuit
Vient ce grand tremblement
Roulement sur les pavés
Il monte dans l’oreille
Il grandit, élégant
Et m’envahit
Impact…
Il s’éloigne
Il se fait oublier
Il se couvre de silence
Mais reste présent, encore
Jusqu’à la lointaine absence
De tout suspect… Il est minuit…

4 heures
Qui d’autre
Se tient éveillé
Contemple le monde
Au creux de l’œil parfait
Allumé dans l’obscurité ailée
Ferme tes oreilles, ouvre ton regard
Seul secours dans les ténèbres destructrices
Flash ! Tout se dévoile. J’ai saisi la fuite du temps
Peu importe l’espace qui court avec vivacité
L’être se dévoile dans ce mouvement
Il respire l’absence d’oxygène
Et s’enivre de ce mystère
Qui éclaire l’univers
La seule parole
Une lumière
Unique

© Loup Francart

19/06/2014

Canto a tenore, chant traditionnel sarde

https://www.youtube.com/watch?v=ydsIH9Nuua0

 

Le chant est une seconde nature pour les Sardes. Bergers de tradition, ils sont également poètes et conteurs. Le chant est un moyen d’expression de l’individualité sarde, avec un particularisme important que l’on ne retrouve qu’en Corse, différemment. Il s’inspire du timbre guttural de la langue sarde et s’exécute en chœur (gruppa) qui se compose de quatre voix masculines. Chacune d’entre elles a une fonction définie. Sa boghe (la voix) chante la poésie et dirige les autres voix. Sa mesa boghe accompagne la voix principale en brodant sur la mélodie avec un chant plus aiguë. Sa contra est la voix central du chœur et accorde les autres voix. Sa bassu est une voix grave, gutturale, assez proche des voix diphonique de Mongolie (voir le 30 décembre 2011). En fait en dehors de la voix principale qui raconte une histoire, les autres voix sont sans réelles paroles. Elles prononcent des syllabes sans signification dont les modulations rythment la mélodie de Sa boghe. Les Sardes disent que chaque voix imitent qui le bœuf (Sa bassu), qui le mouton (Sa contra), qui la brebis (Sa mesa boghe) et que sa boghe est la voix du berger. On retrouve ainsi la civilisation pastorale et ses traditions.

https://www.youtube.com/watch?v=N2axbUL9v9w 

Chaque région, voire chaque village, a ses traditions propres. Ainsi les tenors d'Orgosolo possèdent un style dur et âpre, alors que ceux de Fonni disposent d’un style souple. Les tenors de Bitti font l’intermédiaire entre les deux. À Bitti on trouve trois styles exceptionnels de chants religieux exécutés "a tenore" : le chant de Noël, un dédié à la "Madonna" et le chant des pénitents. Une autre forme à signaler est "su Mutu", qui trouve dans le tenor une exécution spéciale : les autres chanteurs interviennent avec des blocs polyvocaux, basés sur des textes verbaux.

Les Tenores de Bitti sont un des meilleurs groupes polyphoniques sardes.

 

« Les concours de poésies ont un peu partout disparus et pourtant c'est une tradition encore populaire et vivante en Sardaigne grâce entre autre aux occasions qui sont données par les nombreuses fêtes des saints patrons des villages, les partis politiques, etc. Le poète chanteur est accompagné comme les chanteurs a tenores. Ils improvisent sur des thèmes parfois d'actualité qui leur sont proposés par les organisateurs, par exemple " liberté et tyrannie " ou " la paix, la guerre ", " le travail, le chômage ", " la nature, la pollution ", etc. Ce sont des semi-professionnels qui utilisent des schémas traditionnels, l'un chante quelques minutes celui qui lui succède reprend son dernier vers et lui répond en défendant la thèse opposée, même si ce n'est pas son opinion réellement, ce qui est important c'est d'être aussi convaincant que son adversaire. Ces joutes sont très appréciées du public, il n'est pas rare que celui-ci passe la nuit entière à les écouter. »

(http://yves.barnoux.free.fr/sarde/musique.htm)

18/06/2014

La grande cascade du bois de Boulogne

Côté pile, la campagne… ou plutôt le bois ou les bois. Calme, platitude et sérénité. Quelques silhouettes déambulent autour de la pièce d’eau sur laquelle quelques canards cherchent une vaine nourriture. Il fait bon à l’ombre des grands arbres. On s’endormirait facilement en regardant ces scintillements à la surface, les ondulations argentées en perpétuel mouvement, ces reflets palots de la majesté des arbres puissants qui s’élèvent autour des rebords du lac. Calme, platitude et sérénité.

Mais j’étais arrivé côté face, face à la cascade située à un grand carrefour. Impressionnante et harmonieuse. Au fond, une immense grotte enrochée, surmontées de cèdres qui donnent une hauteur supplémentaire. C’est une anfractuosité à deux étages. Du second coule la cascade en un rideau de gouttelettes d’argent qui tombent sur les roches baignant dans l’eau d’une autre pièce d’eau que côté pile. On pourrait être dans les Rocheuses aux Etats-Unis ou encore au Liban. Seul le bruit incessant des voitures nous rappelle la proximité de la capitale. Alors, bouchons-nous mentalement les oreilles et poursuivons cette promenade dans un autre siècle.

Côté intérieur, il est possible de descendre au bord de l’eau, derrière la chute dans un étroit boyau qui sent la verdure pourrissante des roches éclaboussées. Je suis l’acteur face à son public (les voitures tourbillonnantes sur le carrefour), isolé, éperdu de présence.

Un dernier coup d’œil avant d’enfourcher ma monture et de rejoindre la civilisation non civilisée.

« La Grande cascade du Bois de Boulogne a été aménagé en 1856, sous le Second Empire grâce à des rochers en grès amenés depuis Fontainebleau. La nappe d'eau provenant d'un plan d'eau tombe de 7,50 mètres. Napoléon III, afin d'agrémenter ses haltes au bois, fait construire le Buffet de la cascade en 1857. Agrandi pour l'exposition universelle de 1900, il adopte un décor Belle Epoque. Endommagé pendant les bombardements, le pavillon est démoli vers 1950. Il est remplacé par le restaurant actuel de la Grande Cascade au style “rétro-moderne”. »

(http://paris1900.lartnouveau.com/paris16/bois_de_boulogne/la_grande_cascade.htm)

17/06/2014

Eric Roux-Fontaine

Quels étranges paysages : une forêt amazonienne dans laquelle erre un  homme qui vit sa vie ou trône un objet dont la présence est improbable. Et cette forêt devient le concentré de nos lourdeurs et le mausolée de nos aspirations. Elle est abondante, opaque, déraisonnable, recouverte d’eau et de brume, empreinte de clarté et d’ombre. Tiens une piscine entouré d’eau, quelle curiosité !

Et même un plongeur entouré de feu qui se jette dans le vide, fou d’il ne sait quoi !

Et là la forêt dans toute sa magnificence, au matin, émergeant de la brume, montant dans l’azur, ne reposant plus sur terre et dévoilant ses coroles au regard admiratif.

Mieux encore. Le rêve achevé. Il ne reste qu’un lit dans la profusion des fleurs, boutons et akènes. Le ciel se montre, réel, bleu azurin, perçant au travers des feuillages.

« Sa peinture, sensible et pudique, exprime des émotions contenues qui nous touchent au plus profond. Elle transcrit l’insaisissable, l’apparence fugitive, le regard suspendu, dans une relation mystérieuse à la beauté du monde. Bachelard nous dit que « le réel n’est plus que le reflet de l’imaginé », c’est en cela que la peinture d’Eric Roux-Fontaine touche à l’intemporel. » (Gérard Gamand, Rédacteur en chef du magazine Azart)

 

Allez voir son exposition à la galerie Felli (127 rue vieille du Temple 75003), une excellente galerie qui donne de la peinture une vision réconfortante. 

http://www.rouxfontaine.com/publications.php

16/06/2014

Alpha et Oméga

Derrière le cœur
Soupirent les mots.
Craquelure de l’apparence,
Chute du personnage.
Au-delà, l’apesanteur,
L’aspiration, la dissolution.

Tu es l’alpha de l’être,
L’appel du bonheur,
L’oubli de mes pauvretés.
J’aspire à m’éveiller
Et m’endors, lové,
Au creux de mes insuffisances.

Tu es l’oméga des inspirations,
Lieu de nos éternités rêvées,
Quand, épuisés par nous-mêmes,
Nous recueillons le vide
Au fond de nos mains ouvertes.
Je m’éveille à la nudité de l’âme.

© Loup Francart