10/06/2012
Laisse résonner en toi le monde
Laisse résonner en toi le monde
Laisse venir du fond de tes entrailles
Les bruits délicieux de l’immensité
Inquiétante du grouillement de la vie
Ecoute, les yeux fermés et les oreilles closes
Les paroles de la nuit ouverte
Qui danse comme les serpents
Sur l’antre des échos vibrant en toi
Entend ces chants silencieux et fuyants
Qui entretiennent en toi
Cette humanité rougeoyante
Et ces épanchements écarlates
Que monte vers toi les flammes
De l’inconnue extasiée
Qui crie sa douleur d’être seule
Marche sur les chemins de silex
Soulage tes pieds de misère
Et continue à avancer, toujours
Vers l’obscur point qui se trouve en toi
Et que tu cherches inlassablement
Sous la peau que tu revêts
Derrière les apparences de l’homme
Mais dans un cœur d’enfant
Et une âme divine se tient
L’aboutissement de ta destinée
Ce point ultime qui est ton but
Que tu peines à connaître
Et encore plus à décrire
Alors, oublie-toi,
Et qu’avance le vaisseau
De tes éclaircies divines !
06:41 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture | Imprimer
09/06/2012
De l’impression au rêve, paysage de Henner (2ème partie)
Mais là où excelle Jean-Jacques Henner, ce sont les nues de femmes, toujours estompées, pleines de grâce, sortant de la noirceur du paysage, comme un éclair de flash, inattendues, éblouissantes d’innocence, si naturelles dans ce milieu qui semble inhospitalier, où seul le bleu turquoise de la pièce d’eau, en réponse au ciel, fait une autre tâche claire.
« La source » : très belle huile avec une jeune fille de dos au corps blanchâtre contrastant avec le fond d’arbres brossé à grands traits.
Les Naïades ou baigneuses, huile 1877 : Très beau tableau faisant contraster les fonds du paysage, très sombres hormis le bleu émeraude du ciel et de la pièce d’eau, avec la blancheur des corps. Six jeunes filles nues, entre elles, un peu endormies par la chaleur de l’été, indolentes. Elles semblent à la fois figées et bien vivantes, occupées de leur féminité.
Jean-Jacques Henner est un esthète. Il pratiqua la peinture comme on pratique une religion : jour après jour, se refaire dans le rite des formes et des couleurs, à sa manière : jamais un trait fin, une confrontation nette entre une forme et une autre, et pourtant des contrastes à n’en plus finir, taches vives dans l’obscurité des paysages.
« Il importe cependant de faire une exception pour le peintre Henner qui fut parmi les bons artistes de la seconde partie du XIXème siècle, parce que, contrairement à la plupart de ses contemporains, il modelait, non pas des aplats, mais par des rondes bosses. Si l’on a dit, avec raison, que ses modelés sont trop régulièrement ronds, ils n’en sont pas moins charmants et abondants ; il sut faire tourner, évoluer ses figures dans une lumière sans sécheresses ; si ses « Madeleines », ses « Naïades » et ses « Nymphes » gainées dans leurs peaux aux clartés d’ivoire n’offrent rien de ces chars succulentes qui, chez Jordaens, appellent le Faune, elles donnent l’impression d’un épiderme souple, satiné, mobile et cependant résistant. » [Extrait des Entretiens avec Rodin par Dujardin-Beaumetz (1913)]
07:52 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, impressionnisme | Imprimer
08/06/2012
Canon de Pachelbel revisité par Hiromi Uehara
http://www.youtube.com/watch?v=FKGwIjqdm3A
Quelle merveille, des sons coulants, qui tombent en cascade, qui vous lavent de vos impuretés tout en vous dynamisant, le tout avec une facilité et une aisance déconcertante.
Pachelbel joué, puis imité, puis revisité et enfin oublié dans une frénésie de notes rythmées, mais restant néanmoins dans une perspective classique, plus ou moins.
C’est le propre de l’improvisation, partir sur une mélodie connue avec un arrangement classique et progressivement en dévier, doucement, mais surement vers d’autres cieux, d’autres horizons jusqu’à changer complètement les sensations, les impressions, les images suggérées. Alors se déchaîne l’esprit de l’improvisation, où la fougue et le rythme deviennent le seul motif de la poursuite débridée. Une petite pose (voir à 5 mn) et l’improvisation repart dans une autre direction, toujours aussi entraînante. Hiromi Uehara est espiègle, elle sait préparer ses effets et elle en rit, comme d’une bonne blague alors qu’il s’agit d’un instant de virtuosité que peu de pianistes pourraient donner. Quel prodige que cette japonaise qui joue comme un jazz man de Chicago !
Seul bémol, le bricolage de la table d’harmonie avec des instruments qui ne sont sans doute pas utiles pour démontrer la virtuosité de la pianiste. Nous verrons cependant qu'en d'autres occasions, elle s'en sert pour produire des effets plus qu'intéressants.
08:35 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jazz, musique classique | Imprimer
07/06/2012
Cadeau
A cheval donné, on ne regarde pas la bride
Pourtant ils sont bien là, tous ceux qui
Regardent derrière le papier grenat
Enveloppant le mystère du don
Il ne fallait pas ! Susurrez-vous au donateur
Etes-vous heureux d’un tel privilège ?
Certes se fendre d’une offrande
Est mieux que demander un bakchich
Il est incontournable, dit la précieuse
Oui, il se tient au doigt, visible et précis
Comme une pomme de pin sur une branche
Ou un hanneton sur la fleur violette
Il est royal, osez-vous dire à votre bienfaiteur
Ce n’est pas un couscous, ni un festin
Ce n’est qu’un présent à l’image du cœur
Comme une bulle d’air montant dans l’eau
Il est tombé du ciel, un coup de tonnerre
Qui éclate au matin, à peine réveillé
Il vous touche le troisième œil
Et vous retourne sur le dos, tortue
Plus rien ne sera comme avant
Me voici transformé, vibrant
De surprise, d’attente satisfaite
J’embrasse la donatrice aux lèvres charnues
07:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, poème, écriture | Imprimer
06/06/2012
De l’impression au rêve, paysage de Henner (1ère partie)
Exposition au musée Henner (peintre : 1829-1905), qui était auparavant l’atelier d’un autre peintre, Guillaume Dubufe. Magnifique musée dans le style de celui de Gustave Moreau (voir le 26 janvier 2012) avec des éléments architecturaux empruntés un peu partout. Ainsi on trouve au premier étage des moucharabiehs égyptiens, une cheminée chinoise et des colonnes doriques.
Mais ce qui nous intéresse est aux murs.
On entre au premier étage dans un atelier salon, très lumineux, de grande dimension (celui que vous venez de voir). Quelques portraits, élégants, souvent assez sombres, aux contours vagues le plus souvent. Une belle jeune fille qui dort, la bouche entrouverte, un teint de pêche sur fond noir, intitulé « Le sommeil » et peinte en 1880. Elle semble morte, mais l’on sent également les battements de son cœur à la fraicheur de sa peau. Evanouie, le temps d’un sommeil !
Des paysages et des nymphes, multiples. Les paysages à l’huile sont sombres, presque noires, avec des ciels bleu turquoise, très lumineux. La végétation y est peinte à grands traits, en vastes coups de pinceau. Ce sont plutôt des ombres, des lignes d’horizon, avec, parfois, un chemin ou un étang, plus clair.
D’autres paysages, Capri, Naples, Rome, et d’autres encore, sont au contraire pastels ou presque, avec des ciels plus travaillés. La campagne italienne est un bon motif de paysage.
De beaux dessins, avec la silhouette de Saint Pierre dessinée au crayon.
« Je rêve quelque chose et je n’arrive pas à réaliser mon rêve ; il faut trouver la forme et la couleur appropriées », dit Jean-Jacques Henner.
Les dessins de paysage ou de vues faits au fusain, sont, pour la plupart, rehaussés de craie blanche, comme un rappel du ciel des toiles à l’huile.
07:01 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, impressionisme, henner | Imprimer
05/06/2012
Nuit d'été à New York
Je l'ai vu en rêve, puis réalisé
Quelques gratte-ciels,
la seconde lune d'Haruki Murakami dans 1Q84
la mer, omniprésente
verticalité et horizon
au centre, l'absence
07:33 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, op'art, peinture, dessin | Imprimer
04/06/2012
Menus abîmes, poèmes d’Emily Dickinson, traduit par Antoine de Vial (2ème partie)
« Le rivage est plus sûr, mais j’aime me battre avec les flots
Un mot peut vous inonder quand il vient de la mer »
Emily Dickinson est une femme restée adolescente dans l’esprit, spirituellement toujours en mouvement. Mais ses interrogations ne se disent pas ouvertement, elles se laissent deviner au fil des vers. En cela, elle se laisse laver chaque matin par son inspiration et peut alors déclamer fortement sa vision du monde.
Les mots prolongent sa pensée, la rythment au fil du jour et s’éteignent le soir après les avoir couchés sur le papier. Et chaque jour est un émerveillement de tout, bien qu’elle n’ait jamais que vécue dans sa maison familiale. Vide de toute pensée utilitaire et personnelle, elle se laisse griser par la toute-puissance de la nature, s’enivre du soleil, du vent et des couleurs de l’univers.
N’en disons pas plus et laissons-nous porter par ce poème :
Ce fut un chemin de silence –
Il demanda si j’étais sienne –
Je répondis sans mots –
Mais du regard –
Alors – il m’emporta si haut
Avant même ce bruit mortel
De la fougue d’un Char –
Loin – comme le ferait des roues –
Notre monde avait disparu –
Comme les champs au pied
De qui se penche d’un ballon
Pour scruter une rue d’éther –
Le gouffre – derrière nous – n’était plus –
Les continents étaient nouveaux
C’était l’éternité avant –
L’éternité prévue –
Plus de saisons pour nous –
Ni nuits et ni matins –
Mais un soleil – qui en ce lieu –
S’était fixé en son aurore –
Merci, Emily, pour cette bouffée de fraicheur et votre délicate espérance.
06:20 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, amérique | Imprimer