07/03/2018
Sable
Les sables sont le plus souvent mouvants
La confiance n’est pas de mise avec eux
Qu’un papillon passe, la tempête se produit
Vous étiez au sommet et vous voici à terre
Les vents sont contraires, vous dit-on
Le Sahara apporte les fantômes d’une nuit
Une neige jaune et gluante recouvre cet été
La campagne habituée au blanc hivernal
Chaque grain de sable n’est rien
Qu’un pet dans la symphonie de l’univers
Mais quel bruit effroyable se produirait
Si venait le vent du doute irrationnel
Bâtie sur le sable, votre vie s’affole
Vous avancez un foulard sur le nez
Et même vos yeux sont fermés. Seul
Le bruit de l’innocence vous fait avancer
Et pourtant, le sable peut servir de moule
Mais il ne sert qu’une fois et meurt
C’est la beauté du provisoire et de l’unique
Où l’on se moule pour la vie, seul au monde
Certains échouent et proclament haut et fort
Je suis sur le sable, sur un banc en pleine mer
Aucun fou ne vient les voir. Personne n’ose
Affronter l’infini des mers et du sable réunis
D’autres ont les yeux qui piquent
Le marchand de sable est toujours présent pour eux
Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez
Et se contentent de leur myopie reposante
Il arrive cependant que d’autres s’élèvent
En une rage incompressible et fugace
En statue de sable érigée sur la notoriété
Qui, un jour, fondra au soleil de la vérité
Les psychologues bâtissent des jeux de sable
Où l’inconscient s’ébat lourdement dans les grains
Jusqu’au moment où jaillit la guérison
Alors le patient s’étale au soleil et pleure
Dans le sablier s’écoule votre destin…
Se perdre dans les sables
Et ne plus voir l’horizon
Est bien une souffrance humaine...
© Loup Francart
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02/03/2018
Dédoublement
Il est quatre heures du matin, une heure humaine…
Je rentre en moi-même, ne sachant où je vais…
Soudain, un bouton déclenche le dédoublement
Comme si l’aile d’un oiseau l’avait enfoncé…
La vue se dédouble, comme une brisure
Je louche dans mon être et me sens bien
Je prends de la distance et me regarde
Je sens la fragilité de mon enveloppe corporelle
Comme une membrane déchirable
Qu’il faut protéger des meurtrissures…
La rendre transparente est mon premier devoir…
Je reviens à moi en suspension interne
Au lieu où rien ne peut m’atteindre
Là où se creuse le dédoublement
Et où se bâtit la réunion des contraires…
Descente en soi-même et montée hors de soi
D’un même mouvement instantané…
L’autre, l’ancien, reste à sa place
Ou plutôt s’efface dans le brouhaha
Des tableaux temporels quotidiens…
Je deviens ballon d’air chaud, libre
Tranquillisé, l’œil ouvert, le cerveau vide…
Plus de pensée, plus d’être non plus ?
Non, j’ai simplement changé de véhicule
Montée en flèche dans le noir protecteur
J’erre dans la mousse vaporeuse
D’une réalité nouvelle, enveloppante
Sur un nuage de brume chaude
Où le cœur fond et le corps repose
Ah ! Se tenir là toujours et...
S’ouvrir à la réunification…
© Loup Francart
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27/02/2018
Ta vie, ma fille
Ne te fais pas prendre ta vie, ma fille
Ne te laisse pas enjôler par les courants d’air
Par un regard subtil ou l’attrait du rêve
Traverse au large sur le trait pâle et vertueux
De l’insensible qui court en flèche, éperdu
D’étirement et d’enroulement sur lui-même
Seules celles éprouvant le feu intérieur
Qui entraîne l’être au-delà du néant
Et qui donne au visage l’étincelle vitale
Sont les vestales ignorées des égarés
Elles contemplent la foule immense et béate
D’un œil expert. Alors elles pleurent, en solitaires
Poursuis encore, seule, ton chemin scabreux
Dédaigne les temples d’une douceur douteuse
Enjambe l’ombre des vertiges attirants
Et daigne offrir ton corps d’espérance
A la face lunaire des nuits sans sommeil
Qui portent en elles-mêmes leur accomplissement
Enfin, ne laisse pas disperser par les chants
De ceux qui n’ont que leur solitude à mettre
Aux côtés du chœur envié des déracinés
Pleine de toi-même et de désir de vivre
Ouvre-toi à ce long chemin dépouillé
Qui part devant toi jusqu’à la ligne
L’étincelle de ta rencontre avec la droiture
Qui se courbe dans l’espace vivifiant
Et qui se déroule dans le temps des amours
Te procurera l’apaisante délivrance
Tu te retourneras et admireras cette tangente
Qui te mène à toi-même en pleine conscience
© Loup Francart
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22/02/2018
Le sacre final
Tu vas bientôt recevoir le sacre final
Quand ? Tu ne sais…
L’attends-tu ?
Sûrement pas, bien trop occupé…
La découverte à tâtons du monde
Reste un job très prenant
Et les voies sont multiples
Aucune n’échappe à ton regard
Mais tes mains sont insuffisantes
Pour entreprendre le périple
De l’extérieur vers l’intérieur
De l’homme vers l’univers
Il est cependant probable
Que cette connaissance viendra d’elle-même
Le saut élégant du solitaire
Remplacera les multiples essais
Couronnés sans succès ni bonheur
La tête ne peut tout contenir
Ni, non plus, le corps ou le cœur
Alors attends patiemment le sacre
Cet instant indéfini et impalpable
Où tu souriras à tous et à toutes
A bientôt, direz-vous, sur l’autre face !
Là-bas, sans corps ni intellect
Avec juste ce souffle qui coule seul
Dans tes veines désormais désertées
Du sang de tes ancêtres humains
Tu contempleras ton passé
Tu t’assiéras sur ton présent
Et n’aura pour avenir
Que la beauté des poètes
Et l’amour des anges
Les yeux retournés, tu proclameras :
C’était comment le monde ?
L’univers est si vaste…
© Loup Francart
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17/02/2018
Corps et âme
Il y a quelques jours, il s’est dédoublé
Quel frémissement !
La tête dans les nuages
Et les chaussettes dans la boue
Entre les deux, rien… Le vide…
Il ne s’en aperçut pas immédiatement
Il vivait des jours intenses dans la clarté
Puis des nuits noires comme l’encre
Entre les deux, l’enfouissement…
Un sommeil de plomb, lourd comme l’absence…
Il fermait les yeux
Devant lesquels les étoiles dansaient
Son corps n’était plus qu’un voile transparent
Quatre poteaux de bois revêtus de plastique
Qui claquent au gré d’une brise fraîche
Et il comprit le don du corps
A la terre ferme, dans l’odeur des feuilles mortes
Toutes portes ouvertes, les narines frémissantes
Il entre dans l’univers, nu et prudent
Cette bulle d’infini qui gratte parfois
La plante des pieds ou le crâne chauve
Il baigne entre deux eaux, épanoui
Son esprit est ailleurs… Loin, très loin
Dans son autre moi, ce soi
Qui se tient coi et joue les rois…
Mais il sait que tout cela
N’est que passager
Comme la traîne d’un avion dans le ciel
Et que bientôt il faudra revenir
A plus de réalité…
Mais que doit-il abandonner ?
La tente translucide
Ou l’immatériel sans mesure
Il sait cependant que les deux ne font qu’un
Quand d’un revers de main
Il balaye l’espace et rompt l’écoulement du temps
Cette unité finale ne dure qu’un instant
Et est le fruit de toute une vie
La danse sur le fil de la vérité
Ferme l’œil
Ouvre ton corps
Libère ton esprit
L’âme est là
Sans pensées ni sensations
Dans son éternité dévoilée
Nage jusqu’à elle
Et… Envole-toi !
© Loup Francart
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13/02/2018
L'araignée
L’araignée serait-elle bonne mathématicienne
Ou même peut-être est-elle créatrice intemporelle ?
La durée d’une nuit, elle crée son espace-temps
Où s’englue chaque grain de matière vivante
Courbant davantage les fils ténus et accrocheurs
Et là, l’être prisonnier, pris dans la nasse élastique
Regarde désespéré approcher le dieu vengeur
Plus rien ne peut le cacher et le sauver
Sur le plan souple et huilé de la toile
Il apparaît comme une proie indéfendable
Et sera gobé en un instant par le pillard…
Pourtant qu’elle est belle cette toile symétrique
Épanouie aux rayons de l’aube, vêtue de rosée
Cachée entre deux brins d’herbe inoffensifs
La rigueur mathématique de sa construction
Ne laisse pas place à l’improvisation
La chasse devient chose aisée et ludique
Tendez vos filets et observez !
Il arrive, l’innocent sifflotant
Il se heurte à la barrière qui colle
Plus il tente de se dégager, plus il est pris
Il ne lui reste qu’à attendre et voir
La mort approcher, souriante et légère
Il contemple l’indécence et la force
L’inévitable et l’insouciance
L’araignée dévorante à la panse gonflée
Qui conduit à la fin, sans échappatoire
© Loup Francart
07:48 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
07/02/2018
Clore l'écriture
Il existe de nombreuses manières d’achever l’écriture d’un livre pour l’améliorer et le rendre lisible et présentable. C’est une étape indispensable, périlleuse et… bénéfique.
La première manière est celle de l’écolier. Je relie mon texte et corrige les fautes d’orthographe évidentes, les fautes de français et les quelques coquilles de langage qui sautent aux yeux. Nous le faisons tous chaque jour dès l’instant où l’on s’adresse par écrit à quelqu’un. Mais cela ne fait pas de vous un écrivain, ni même un bon correspondant. Vous n’êtes qu’un informateur sur toutes sortes de sujets qui tente d’influencer maladroitement les autres.
La deuxième manière est plus professionnelle. Elle procède en deux temps, voire trois, séparant les corrections orthographiques des corrections de style, voire des corrections d’expression française. Cela demande une attention plus soutenue, une connaissance supérieure de la langue et une volonté très nette de s’améliorer. Malheureusement, tout cela certes est utile, indispensable même, mais n’améliore que la forme du texte sans en modifier, sinon à la marge, le fond.
Pour aller plus loin, il faut pour beaucoup d’auteurs, demander l’aide de quelqu’un qui sera capable de lire, d’analyser ce que vous avez voulu exprimer, puis de se poser la question d’une amélioration de la manière de présenter le récit. Il vous donnera ou non des pistes ; mais dans tous les cas, vous saurez ce qu’il faut corriger, ajouter ou retirer. Là, vous avez franchi une étape importante qui vous amène à une nouvelle version qui s’avère assez différente du texte initial.
Pour poursuivre avec assiduité votre amélioration de vos écrits, il faut changer de règles. Jusqu’à présent, vous êtes resté dans votre rôle d’auteur qui améliore sa composition pour la rendre la plus lisse possible. Maintenant, il faut vous mettre dans la peau d’un lecteur. Non pas de quelqu’un qui est un clone de vous-même, mais d’un liseur qui s’imagine ce qu’il lit et crée sa propre vision de votre récit au fur et à mesure de son avancée. Cela suppose que vous vous détachiez de vous-même, que vous preniez de la hauteur, que vous vous fassiez autre, l’inconnu qui lit votre texte pour la première fois. Et cela, ce n’est pas facile. Pendant quelques instants, vous arrivez à prendre de la distance, vous vous trouvez transporté dans votre imagination, donnant une coloration nouvelle à vos formules, voyant des scènes différentes de celles que vous avez-vous-même imaginées. Et puis un mot, une tournure de phrases habituelles, vous ramène à l’auteur que vous êtes. Vous perdez le charme de la nouveauté et retombez dans la lourdeur d’un texte écrit, réécrit, modifié, remodifié, transformé. Les pieds redeviennent lourds, le cerveau embué, la main moins leste. Alors, il faut refaire le chemin inverse, respirer lentement, jusqu’à sentir à nouveau le souffle de la nouveauté des paysages et des personnages. Vous mesurez l’éloignement de cette scène par rapport à ce que vous avez écrit et cette distance est la garantie d’un bon travail de correction. Vous laissez votre deuxième personnalité s’infiltrer dans la première et vous flottez dans un nuage d’impressions totalement différentes qui vous révèlent une autre vision du monde. Ah, si chaque jour nous pouvions créer notre environnement et notre comportement, combien la vie serait encore plus passionnante : finies les dépressions, finie la morosité sans fin, fini le coup de cafard en hiver, fini le blues des matins d’été.
Mais revenons à notre texte. Vous avez corrigé quelques phrases, voire des paragraphes entiers en vous coulant dans la peau d’un lecteur. Mais, au fond, qu’est-ce qu’un vrai lecteur en pense ? Eh bien, il suffit de le lui demander et ce dernier passage auprès de vos aides est indispensable. Oui, il retarde le moment de la proposition aux éditeurs, instant important que vous avez attendu en peinant. C’est une assurance, c’est la corde de rappel que vous utilisez pour descendre de votre enchantement afin de tendre la main aux vrais lecteurs, ceux de tous les jours. Si vous avez bien fait le travail déjà décrit, vous ne devriez pas avoir de grosses surprises. Mais sait-on jamais ?
Enfin, les professionnels de la littérature ou les mordus de l’écriture destinée à ravir les lecteurs réécrivent complètement leur roman d’une autre manière. Certes, c’est plus simple que la première fois puisque vous connaissez déjà l’intrigue et vous la maîtrisez. Néanmoins, cela demande un certain courage que bien peu ont. Car ensuite, il faudra comparer les deux textes, emprunter les meilleurs passages à l’un ou à l’autre, ré-articuler le fond de l’intrigue pour concilier les deux versions et, enfin, reprendre toutes les étapes décrites précédemment. Mais qui est assez fou pour s’infliger un tel calvaire !
11:37 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, littérature, auteur, romancier, écrivain | Imprimer
05/02/2018
Échafaud
Il est des jours où tout se brouille
Il ne reconnaît pas le chameau du dromadaire
Lequel passe par le chas d’une aiguille ?
Il est des jours où tout s’emmêle
Il laisse le chat jouer avec la pelote
Mais jamais il ne lui donne sa langue !
Il est des jours où tout s’enchevêtre
Il ignore la tromperie du politiquement correct
Mais prend-il des vessies pour des lanternes ?
Il est des jours où rien ne va plus
Il a tout perdu, sauf l’honneur
Alors il marche, rasséréné, vers l’échafaud
© Loup Francart
07:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
01/02/2018
L'objectivité
L’objectivité n’est pas un gros mot.
Pourtant, à écouter les parleurs
Qui laissent filer leurs pensées
Aux vues et sus de tous,
Elle est dite dépourvue de partialité,
Contrairement à celui qui affirme
Et qui juge avec parti-pris.
Il est dit : "L’objectivité existe en soi,
Indépendamment du sujet pensant."
Ne pensez pas, vous serez objectif !
Pourtant qui ne sait la hauteur de vues
A encourager pour devenir objectif,
C’est-à-dire ne voir que l’objet
Sans tenir compte du sujet.
Einstein a cependant écrit :
"Désintégrer un atome est plus facile
Que détruire un préjugé."
C’est vrai ! Regarder un objet,
C’est lui accorder une part de soi.
Mais si vous ne le regardez pas,
Que pouvez-vous dire sur lui ?
L’objectivisme, nous dit-on,
N’utilise que les données
Contrôlables par les sens.
Mais qui contrôle les sens,
Si ce n’est un sujet pensant ?
Le sens serait-il la synthèse des sens ?
Oui, donner du sens à un objet,
C’est bien l’observer indépendamment,
Mais toujours du point de vue
De la finalité de l’observateur
Qui au fond de lui-même
Fait de l’objet un sujet indépendant
Qui rend objective sa subjectivité.
Être objectif, c’est finalement
Aller au bout de sa pensée.
Et pour revenir à ce que dit Einstein :
"Nous ignorons comment sont les choses
Et n’avons que la représentation
Que nous nous en faisons."
Ne la perdons pas, nous serions aveugles !
© Loup Francart
07:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
25/01/2018
C'est ainsi
C’est ainsi
Il n’y a rien qui soit de trop
Ni l’étoile, ni le noir
Ni le soleil présomptueux
C’est ainsi
Il y a toujours des cris
Le jour où l’homme remue
Et sort, ivre de fureur
C’est ainsi
Il n’y a pas d’eau dans l’abreuvoir
Ni même d’avoine dans l’auge
Le cheval part, seul au monde
C’est ainsi
Il y a encore des abeilles
Qui bourdonnent au fond de l’air
Et prennent peur de fleurs vertes
C’est ainsi
Il n’y a plus de folles courses
Entre les filles de Waltaïra
Ni d’arrivée dans les bras dorés
C’est ainsi
Il y a des jeunes gens
Bouche ouverte et poils au nez
Qui courent sans vergogne
C’est ainsi
Il n’y aura bientôt plus
D’oiseaux dans l’azur
Ni de fourmis sur la terre
C’est ainsi
Viendra bien le jour
Où il fermera les yeux
Pour ouvrir ses sens épuisés
© Loup Francart
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20/01/2018
Plus rien
Plus rien ne sera comme hier
C’était le temps d’un sourire
Volé aux lèvres des jeunes filles
Et échangé dans l’impatience
Plus rien ne sera comme l’été
Où la chaleur embrase le corps
Et donne aux pensées l’image
D’élan de tendresse collante
Plus rien ne sera comme au commencement
Quand le monde s’ouvrait sous nos yeux
Et caressait une mémoire vierge
Pour y déposer le tremblement de la vie
Plus rien ne sera comme demain
Tiens… Pourquoi ? Que sais-tu de demain ?
Demain sera le temps quiétiste
La panne sèche en plein désert
Mais rien ne pourra être comme la fin
En une nuit lointaine et chaste
Où l’abandon et la tendresse se côtoieront
Pour revivre en un éclair l’existence
© Loup Francart
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18/01/2018
L'autre
Il était autre, un être inconnaissable
Qui saurait encore l’apercevoir
Lorsqu’il courrait entre les voitures
Évitant les roues et les bosses
Et qu’il levait parfois la tête
Humant l’odeur du vent d’automne
Il était autre, un être inconnaissable
Qui criait sa lourdeur d’homme de paille
Et pleurait la perte du contact brûlant
Avec cette peau pleinement douce
D’un bras de femme le soutenant
Et le hissant vers les hauteurs
Il était autre, un être inconnaissable
Qui s’enfermait volontairement à l’intérieur
D’un lui-même déchu et pantelant
Marchant sans but dans la ville
Couvrant d’un pas menu et étiré
Chaque rue connu ou inconnu
Il était autre, un être inconnaissable
Qui tentait de sortir de la pierre
Pour découvrir l’ouverture de l’horizon
Et courir à perdre haleine, hors du temps
La liberté retrouvée, jamais réellement perdue
Mais jamais accessible directement
Il était autre, un être inconnaissable
Qui finit enfin par se connaître
En franchissant la porte du désenvoûtement
Il se retourna, les cheveux dressés
Marchant sur la pointe des pieds
Fit un signe et s’envola, loin de tous
Il était autre, un être inconnaissable
Il devint un être inconsolable, autre
Double de ce qu’il avait été
Errant dans les plis du temps
Sans pouvoir jamais se réunir
Et enfin dormir sans inquiétude
© Loup Francart
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
11/01/2018
Chance
Il est là, seul regard lointain
La femme passe, sans le voir
Il ne bouge pas, l’a-t-il vu ?
Elle poursuit sa route, indifférente
Soudain, elle lève la main, fait signe
A qui ?
Il cherche l’autre
Fait le tour de l’horizon
Rien, personne, néant
Qu’a-t-elle ?
Elle sourit maintenant
Elle a du charme et de l’allure
Mais elle n’ose se dire
Alors elle minaude et rit
De ses grands yeux bleus
Il comprend, mais il joue
Indifférence et lassitude
Alors elle s’échappe et court
Et lui, sans rien ni personne
Se retrouve seul, face au vide
Sa chance est passée
Qu’il faut saisir toujours
Quel que soit le sujet
© Loup Francart
07:12 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
06/01/2018
Réveil
Ne plus voir dans l’œil que l’on croise
Ignorer les doigts fragiles qui se tendent
Ne plus même entendre les pas derrière soi
Ou la plainte silencieuse arrêtée sur les lèvres
Partir sur l’asphalte les yeux clos
L’oreille sourde, la main sur son bâton
Souvenirs encore de ce rêve ébauché
Un matin où le soleil rouge sur la ville
Ensanglantait les visages inexpressifs et muets
Puis le vide silencieux du dernier sommeil
Jusqu’au réveil inquiet, dans la froideur du lit
© Loup Francart
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20/12/2017
La tendresse présente : location à Lisbonne
Que retenir ?
Le masque sur le poêle
Chinoise au sourire rougi
La course au mouton sauvage
De Muraki, écrivain étrange
Mais d’un réalisme absolu
La fenêtre de la salle de bain
Baignée de lumière au matin
L’autre fenêtre sous la table
Où l’on s’encastre pour réfléchir
Le grenier blanc soleil
Qui s’endort au déjeuner
Et la présence invisible
De l’hôtesse toujours là, dans ces objets
Doucement offerts au creux des mains
Lorsque, les locataires endormis
La maison reprend vie, la vraie
Celle du jeu de cache-cache
L’ignorance de cette danse dans la nuit
Comme le cosmologue face au mur quantique
Laisse percer des anomalies incompréhensibles
Derrière les certitudes du juste raisonnable
C’est un feu bouillonnant et indéfinissable
Qui engendre en l’être humain allégé
La conviction d’un infini invisible
Plus prégnant que le temps et l’espace
© Loup Francart
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13/12/2017
Femme
Toi, femme, origine et avenir de l’univers
Ignorée de la force destructrice de l’évolution
Assise dans l’éternel repos du cœur
En mouvement discret entre les êtres
Reliant les uns aux autres avec aménité
Emplissant l’âme d’absence rayonnante
Comment ne pas te dire, en toute fraîcheur :
« En toi, je suis ; par toi j’étais ; avec toi, je serai »
Coule-toi dans sa quiétude tranquille
Épouse ces courbes chaleureuses
Immerge-toi dans l’être chéri et revivifiant
Laisse parler en elle la vie et l’amour
Et considère-toi chanceux de côtoyer
L’origine de ton être dans sa pleine lumière
La femme n’est rien pour être tout
La femme est l’avenir du monde
Éveillant la vie entre les entités
Leur donnant élasticité et reliance
Mettant en convergence les sons
Pour devenir contrepoint et harmonie
Oui, tu es belle, femme parmi les femmes
Amour donnant ton amour à tous
Centre de l’être, infini par humilité
Tout en recherche de l’unité
Et pourtant rien aux yeux du cri sauvage
Sur le pouvoir et l’arrogance de la force
© Loup Francart
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12/12/2017
Bouteilles vertes échappées de l’oubli
Bouteilles vertes échappées de l’oubli
Qui dorent leurs liquides au soleil de l’oubli
Bienfaisantes, chaudes, dépouillées
Vous êtes ce que nous sommes au regard
La consistance et la racine de la gaité
Vides, ignorées, vous sombrez dans l’oubli
De nos corps gorgés et repus
© Loup Francart
07:43 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
08/12/2017
Souvenirs
Parfois reviennent des bribes de souvenirs
Elles sont ténues, orphelines et soumises au vent
Elles errent comme les atomes dans l’espace quantique
Apparaissent où on ne les attend pas, indiscrètes
Et mêlent leur irruption d’un parfum de déjà vu
Mais te souviens-tu de leur lieu et du moment
Où elles frappèrent de surprise ton attention
Jusqu’au bout de tes certitudes et désolations
L’effet produit, elles repartent aussi vite que possible
Et s’oublie cet instant, béni ou non, de l’apparition
Dans l’horizon des possibles et le ciel du probable
D’une certitude d’un fait sans rappel de sa naissance
Le jour où la larme rappela ta détresse sans motif
La nuit où ton corps fut mon dernier refuge
Le matin quand la fraîcheur des vies t’enivre
Le soir quand l’espoir endort tes défenses
Et tous ces entre-deux, de surprise en surprise
Qui frappent à ta porte et enfoncent leurs doigts
Dans le cerveau brûlant des jours d’antan
© Loup Francart
07:53 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
04/12/2017
Comment ?
Comment s’épousent mes angles droits
Avec tes courbes et tes douceurs ?
Comment encore peux-tu dormir sans douleur
Auprès du paillard ronflement des organes outranciers ?
Comment tes exclamations rafraîchissantes
Rivalisent-elles avec la profondeur de nos vitalités ?
Comment ton rire et ta joie de vivre
Se concilient-ils avec l’éclat de nos moqueries ?
Comment la tendresse envoûtante de ta nudité
Accepte-t-elle la gaillarde prétention de nos manifestes dressés ?
C’est un miracle bien léger, mais si débordant
Que chaque jour l’homme et la femme se retrouvent
Serrent ensemble leurs peines et leurs espoirs
Dans une félicité conjointe et revivifiante
Qui chante joyeusement l’amour et la filiation
Et contemplent du haut de leur union le mystère humain
Deux en un, divergents et pourtant étroitement emboîtés
© Loup Francart
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23/11/2017
Affection
Trois jours de folie… Dans mon lit…
Étendu sur ma couche, sans volonté…
Un rat crevé, la bouche de fièvre embellie…
Rien ne pouvait m’en faire bouger…
Les vagues bruits de la circulation
Les cris d’une cour de récréation
L’automne sale qui coule aux murs
Et rend la traversée d’une rue si peu sûre
Et moi, engoncé dans mon cocon
L’oreille pâle et l’œil hagard
Clignotant à l’ombre du balcon
Ecrasé dans les draps du placard
Seul, perdu dans la chaste défaite
De l’être gaillard et sûr de lui
Je me laisse partir, nu, sans fête
Glissant jusqu’au bout des nuits
J’entends les voix des jeunes filles
Qui devisent et courent dans la rue
Esquivant à l’image des anguilles
Regards et gestes des malotrus
Pourtant que ferais-je sans relève
Sans ces rappels incessants
De la vie, des corps et de la sève
Qui gonfle un sommeil rayonnant
L’être encore maintient son rire
Et évacue sa torpeur envahissante
L’œil agite son iris pour s’enquérir
De toute originalité resplendissante
Les jours s’écoulent, sans répit
Pour celui qui git, sourit, pâlit
Se caresse les joues rêches
Et rêve d’un verre d’eau fraîche
© Loup Francart
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
12/11/2017
Transcendance
Au sein du bouillon habituel de l’être
Se lève parfois une bulle différente
Elle explose avec vigueur sans réémettre
La langueur d’une habitude accaparante
C’est un éclair dans ce paysage désolant
Qui illumine la vie et la rend enviable
Une chevauchée mortelle du cerf-volant
Reliant l’immonde et l’inconnaissable
Une montée asphyxiante vers le bonheur
Une apnée subite dans un hoquet convoyeur
Un réveil éclairant dans un monde sans pensées
Elle plane la victime de cet évènement
Elle déploie ses ailes avec raffinement
Et s’envole réjouie avant même de s’élancer
© Loup Francart
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09/11/2017
Course
Accélération…
Mes jambes vont-elles encore me porter ?
Les poumons me brûlent !
Encore, encore un effort, un peu, beaucoup
C’est la dernière côte, il faut accélérer
Malgré l’extinction du souffle
L’évanouissement des sensations
Je ne suis plus qu’un serpent qui court
Dans l’air respiré en saccade…
Allez, les autres ne tiendront pas ton rythme…
Voilà, j’entends les râles de mes voisins,
Ils ralentissent, asphyxiés, à bout
Surmonte ta fin, pousse encore
Malgré le trou dans ta poitrine
Malgré le crissement de tes genoux
Malgré la sueur coulant entre les sourcils
Oui, tu es seul en haut de cette côte
Ils sont derrière, ne peuvent plus te suivre
Ne t’arrête pas malgré l’envie
Tire ton souffle au-delà de toi-même
Agite le soufflet, laisse-le chanter
Plus que trois cent mètres…
Tu les entends revenir sur toi
Il faut tenir,
Exalter ce corps qui peine
Devancer l’être qui s’épuise
L’imaginer courant devant toi
Libre d’une volonté implacable
Survolant sa faiblesse joyeusement
Ils reviennent…
Ils reviennent à ta hauteur
Des forges… Ils n’en peuvent plus
Moi non plus d’ailleurs…
Mais encore un dernier effort
Malgré l’absence d’air
Qui ne parvient plus aux jambes
Malgré le vide qui se creuse en toi
Malgré la mollesse qui s’empare de tes pas
Allez, poursuis, encore
Plus que cinquante mètres
Tu ne sais comment cela va finir
Mais tu veux la victoire
Tu la veux, tu la veux !
Les soufflets s’éloignent
Ils capitulent…
D’un râle tu franchis la ligne
Tu pars titubant, inconscient
Tu ne peux t’arrêter
Tu t’écroule à terre
Tu n’es plus qu’un tuyau en feu
Un pot d’échappement exsangue
Tu t’enfonces dans l’eau salée
D’une transpiration violente
Tu ne sais où tu es
Ni même qui tu es
Plus que ce souffle
Criant sa douleur
Et sa satisfaction
Tu as tenu jusqu’au bout
Quelle belle victoire...
Tu la réalises… Tu la vis…
Plus rien n’existe que cette envolée
Qui t’as propulsé en tête
Dans l’ivresse d’un infini
Où seul le souffle existe
Hors de toute pensée
Et dans cet instant sublime
Tu entrevois les perles de rosée
Autour de la bouche de ton poursuivant
Son extinction et son admiration
Oui, tu as gagné
Dieu, que ce fut dur et exaltant
Tu as couru derrière ton être
Et tu l’as rattrapé
Fondu en un seul
Au dernier moment !
© Loup Francart
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02/11/2017
Larmes de crocodile
Il vit mille vies
Et pourtant, il n’en a qu’une
Il habite à l’autre bout du monde
Mais il n’est jamais sorti de chez lui
Il est ermite
Et pourtant élastique
Même le temps ne peut rien contre lui
Aussi à l’aise au casino qu’à l’église
Il est tout ce qui n’est pas lui
Il n’est rien de tout ce qui est lui
Il a trouvé la paix un jour de marché
Lorsqu’il a vu les femmes volages
Et les évolutions des hommes
Dans des orbites resserrées
Jusqu’à ne plus former qu’un bloc
Qui prend la fuite sitôt créé
Il reste seul, imaginaire
Au pays des couples ensorceleurs
Où deux font un et un rien du tout
Il n’a qu’un avantage
S’immiscer en trois dans l’un
Et contempler les éclats du deux
Certes, les mathématiques tremblent
Devant cet être chevauchant
L’irrationnel et le merveilleux
Et n’en tirant qu’une larme
L’œil du crocodile s’ouvre
Et la voix profère :
« Que la larme rejoigne les eaux
De l’anonymat et de la luxure ! »
© Loup Francart
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28/10/2017
Délire doux
Retour aux prémices de l’horloge
Là où rien ne frotte ni ne pèle
Ça gratte la tête jusqu’à la sortie
Et ça crie plus fort que toi-même
D’où vient ce froid plaisir
Qui obscurcit la douceur de l’avenir
Une boule dans la gorge, pesante
T’empêche de délirer sans raison
Mais est-ce si logique que cela
Je ne sais d’où tu viens ni où tu vas
Mais je pars avec toi, t’accompagnant
Dans ce délire de mots et de cris
Jusqu’à ne plus dire tout haut
Ce que je pense tout bas
Seul reste l’air pur et envoûtant
Des matins d’automne, pesant
Sur le ventre écarlate des enfants
Jusqu’à les faire rire de peu
Et même parfois de rien
Réjouis, ils attendent de toi-même
Ce que tu as toujours su faire
Ce personnage insolite et burlesque
Qui pleure le soir dans le noir
Et fait rire le jour sans vergogne
Nous sommes bien au creux de la nuit
Là où l’ombre devient l’unique objet
D’une attention soutenue et molle
Évanescent, tu divagues sous les pierres
Et cries de trop de divergences
Les mots sortent en chapelets,
Parfois hésitants, toujours bêlants
Tu ne peux les retenir
Même en fermant les doigts
Sur leurs plaintes et regrets
Non, rien ne vient
Que l’obscur dédain des mites
Qui transpercent les vêtements
Et rient de te voir dénudé
Alors tu cours au-devant des autres
Quémandant un mot aimable
Pour t’enorgueillir de si peu :
Va et ne dis rien
Car le peu que tu dis
N’a que l’apparence de la déraison
Mais qu’importe cet espoir
De divaguer sans fin ni soif
Seul compte le silence des agneaux
Un soir d’automne dans le frais
Et la chaleur d’un regard
Elle est là, belle au pied de l’escalier
Attendant ta venue, souriante
Et te regarde amoureusement
Te tendant les mains
Ouvrant les doigts, la poitrine en avant
Plus rien ne t’intéresse que ce silence
Sans fin qui t’angoisse et te glace
Tu gèles sur place, ouvre ton stylo
Avant de mourir dans le froid
Et note tes derniers souhaits
Même s’ils ne valent plus la peine
D’être vécus ni même évoqués
© Loup Francart
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25/10/2017
Clinique
L’odeur lisse et sans parfum
Des cliniques d’un jour ou d’une nuit
Vous entrez dans la chambre, éteint
Pour sortir vert comme un fruit
© Loup Francart
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21/10/2017
Devenir
Un rêve me poursuit
Comme un orage le long d’une vallée
Il revient à tout moment
Sans jamais me séduire
Ce n’est pas qu’il ne le cherche pas
Il emprunte les voies délaissées
Me tend la main derrière le mur
Il ne barre pas la route du bonheur
Il ne crie pas pour me faire peur
Il m’enveloppe de brume
Et je marche dans la poudreuse
Levant haut les genoux
Sous son toit, j’enrage
Qu’attend-il de moi ?
Un sourire complaisant
Une plaisanterie fine
Ou le silence des agneaux
Il est là, derrière moi
Me poussant à la faute
M’ouvrant le placard de la complaisance
Enfermant mon esprit
Aspirant mon âme
Dans sa bouteille vide
Pour me conserver vivant
Mais peu, un semblant de vivant
Qui devient le fantôme de l’être que je fus
Et de celui en devenir
Mi-mort, mi-vivant
Ne laissant que quelques pas
Dans la neige qui fond
Et dont les dernières gouttes
Réclament plus d’efforts
Et moins de vérité
C’est vrai, je deviens…
Quoi ?
Je ne sais…
© Loup Francart
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17/10/2017
Créativité
L’ombre plane dans la nuit
Elle se meut avec patience et conviction
Elle éclaire par intermittence
Une route sans indicateurs
Elle peut parfois précéder l’être
Mais le plus souvent elle folâtre
Pour éviter de donner de la voix
Tu ne ressens que sa nostalgie
Ce pincement excitant de clairvoyance
Qui donne compréhension et légèreté
Comme l’ouverture d’une bonde
Qui vide le lac du quotidien
Et le remplace par le vide
Qui prend les pas et te conduit
Vers une noyade transcendante
Tu sors d’une routine hospitalière
Par petites touches affriolantes
Tu pénètres hors de ton existence
En équilibre sur la pointe du raisonnement
Sur le plongeoir de la créativité
Et tu te lances dans le néant
Sans connaître ton avenir
Tu te laisses guider dans la lumière
Tu te revêts de chaleur bienfaisante
Et tu nages à contre-courant
De ceux qui ne se fient
Qu’à ce qu’on leur a appris
Tel le sanglier dans sa bauge
Sors de ton humide savoir
Et marche vers l’inconnu
Lumière jamais déçue
Qui éclaire ta tendresse
Et t’offre le meilleur de toi-même
Dans le papier de soie
Qui cache la lueur de l’être
Qui souffle en toi la liberté
Et une transcendance bienheureuse
L’ombre alors te rejoint et t’enveloppe
Enfin tu respires l’éther de la créativité
Tes poumons se dilatent et s’embrasent
Tu montes, libéré de toi-même
Et contemples le paysage dénudé
Il n’y a rien, c’est à toi de trouver
De puiser dans le limon fertile
Pour le rendre productif
Cela demande effort et persévérance
C’est la rançon du pouvoir
Transformer l’éther en matière
Qu’elle devienne poésie, dessin, peinture
Ou essai, invention, voire vision
Ou même imagination pure
Ou encore insomnie et turbulence
Ne laisse pas s’éteindre ta fièvre
Entretiens-la, fais la gonfler
Qu’elle obscurcisse ton horizon
Et t’emporte loin du connu
Ne t’occupe pas du succès
Tu crées pour toi-même
Les autres mettront du temps
A reconnaître ta créativité
Peu importe, ta vie vaut ce sacrifice
Tu t’endormiras dans l’éther
Et tu rejoindras tous ceux
Qui apportent à l’autre
La lumière de l’inconnu
Et l’intuition du tout
© Loup Francart
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14/10/2017
Manque
Tout est là !
Mais que te manque-t-il ?
Le sang bat dans tes veines
La conceptualisation prolifère
Le mollet reste fier
Le cœur pleure à tout va
Tu t’émeus de rien
Tu ris de tout
Tu souris de peu
Tu exploses d’émotion
Sans savoir pourquoi
Ainsi va le monde
A fleur de peau
A rebrousse-poil
Dans la chair de poule...
Quels bruits pour si peu !
Silence, on tourne !
Grise-toi d’images
De cris, de faits divers
Mais oui,
Ce qui te manque
C’est toi !
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04/10/2017
Le poids
D’un geste grandiloquent, en un tour de passe-passe
Il engouffra le monde et même l’univers
Dans ce sac de plastique bariolé et froissé
Dont la pauvreté se charge au sortir d’un supermarché
Et il partit, le nez au vent, dans l’ombre
La poussière et le bruit, avec pour seul bagage
Le contenu de son cerveau, c’est-à-dire rien
Il pesait lourd ce sac de rien
Mais il contenait tout, ses espoirs et ses craintes
Le film d’une vie et le cri d’un oiseau
Et pendant qu’il marchait, il se remémorait
Les heures où le ciel s’ouvrait et laissait percevoir
La goutte de rosée, le pépiement du moineau
Les pleurs d’un enfant au seuil de la vie
La plainte du vieillard qui au moment de partir
Appelle les muses et chante l’éclaircie
Partir le monde dans son sac, plein de trésors
À piocher aux moments opportuns
Sans l’ombre d’un remord, ni même d’un recul
Puisant dans le grand livre de la vie
Où tout bascule du rêve à la réalité
Dans le fracas des événements et de la fureur
Des humains en mal d’exister et de jouir
Et lui, petitement, récolte imperturbable
Dans son cabas de pauvre les trous noirs
D’un renouveau étiqueté et plein de charme
La destinée d’un humain a bon dos
Pour être portée à bout de bras
Puis abandonnée au fond de la mémoire
Dans ce mélange de bien et de mal
Gélatine pesant moins lourd qu’un courant d’air
Mais comme il avance sur le chemin
Le sac devient ballon d’air chaud et tendre
Il monte sans cesser de vivre
Et l’homme s’accroche à ses poignées
Bientôt tiré vers le ciel il se déplie
Dans l’azur ensoleillé et silencieux
Pour contempler ce rien qui emplit tout
Et devient le tout contenu dans son sac
Alors, d’un coup de dents, il crève l’artifice
Et se retrouve seul dans les bras
D’un Dieu inconnu, si semblable à lui-même
Et pourtant si différent de ce qu’il fut !
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23/09/2017
Il n’y a rien qu’une maison
Apparemment, il n’y a rien qu’une maison
Une maison charmante au pied d’une colline,
Une porte blanche qu’il suffit de pousser
Et quelques fleurs autour de la maison
Mais si le passant s’attarde davantage,
Au fil des heures, la maison l’ensorcelle
Il croit d’abord que ce sont les dorures des livres
Ou la calme chaleur des abat-jours
Puis il découvre une fée. Elle n’a pas de baguette,
Elle n’a pas de chapeau, mais elle porte la lumière.
Elle règne sur la maison, silencieuse et sereine
Et sa gaité réchauffe le passant.
Si celui-ci doit repartir à l’appel du chemin
Il laisse dans la maison une part de ses pensées
Et sur une table un petit mot
Qui ne suffira pas à dire sa reconnaissance
© Loup Francart
07:17 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer