04/10/2017
Le poids
D’un geste grandiloquent, en un tour de passe-passe
Il engouffra le monde et même l’univers
Dans ce sac de plastique bariolé et froissé
Dont la pauvreté se charge au sortir d’un supermarché
Et il partit, le nez au vent, dans l’ombre
La poussière et le bruit, avec pour seul bagage
Le contenu de son cerveau, c’est-à-dire rien
Il pesait lourd ce sac de rien
Mais il contenait tout, ses espoirs et ses craintes
Le film d’une vie et le cri d’un oiseau
Et pendant qu’il marchait, il se remémorait
Les heures où le ciel s’ouvrait et laissait percevoir
La goutte de rosée, le pépiement du moineau
Les pleurs d’un enfant au seuil de la vie
La plainte du vieillard qui au moment de partir
Appelle les muses et chante l’éclaircie
Partir le monde dans son sac, plein de trésors
À piocher aux moments opportuns
Sans l’ombre d’un remord, ni même d’un recul
Puisant dans le grand livre de la vie
Où tout bascule du rêve à la réalité
Dans le fracas des événements et de la fureur
Des humains en mal d’exister et de jouir
Et lui, petitement, récolte imperturbable
Dans son cabas de pauvre les trous noirs
D’un renouveau étiqueté et plein de charme
La destinée d’un humain a bon dos
Pour être portée à bout de bras
Puis abandonnée au fond de la mémoire
Dans ce mélange de bien et de mal
Gélatine pesant moins lourd qu’un courant d’air
Mais comme il avance sur le chemin
Le sac devient ballon d’air chaud et tendre
Il monte sans cesser de vivre
Et l’homme s’accroche à ses poignées
Bientôt tiré vers le ciel il se déplie
Dans l’azur ensoleillé et silencieux
Pour contempler ce rien qui emplit tout
Et devient le tout contenu dans son sac
Alors, d’un coup de dents, il crève l’artifice
Et se retrouve seul dans les bras
D’un Dieu inconnu, si semblable à lui-même
Et pourtant si différent de ce qu’il fut !
06:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
Les commentaires sont fermés.